[Légende] L'attaque du monastère

[Jolebo]

Les bruits de pas que l’homme avait fait en marchant dans le couloir de pierre résonnaient encore quelques secondes après son arrêt devant la porte en bois menant à la loge du maitre. Regardant à gauche et à droite, il ne vit que l’obscurité de l’endroit, qui se prolongeait à vingt mètres des deux côtés. Aldhin toqua.
- Entrez, fit la voix après quelques secondes d’attente.

Le moine, habillé d'une tenue souple de couleur brune, entra dans la pièce mal éclairée. A un mètre devant lui se trouvait le bureau du maitre, celui-ci se trouvait juste derrière et avait un sourire forcé vers le nouveau venu, Aldhin.
- Nous sommes prêts pour le combat, grand maitre.

Quelque secondes s’écoulèrent, le vieil homme qu’on appelait maitre réfléchissait, il plissa les yeux et dit :
- Nous devons éviter le combat à tous prix, vous avez vu la taille de leur horde ?
- Oui maitre, mais ils ne semblent pas aptes à négocier, ce ne sont que… des animaux.

Et le maitre se leva en grognant en faisant signe à son apprenti de le suivre, sa cape flottait au gré de ses pas, il quitta la pièce et plongea dans l’obscur couloir…

Ce n’est qu’après quelques minutes de marche dans les sombres couloirs labyrinthiques qu’ils arrivèrent enfin à destination, dans la jardin du monastère. La grande porte d’entrée de la bâtisse avait été ouverte, et l’on avait une vue imprenable sur l’énorme armée qui attendait patiemment le combat. Comptant ses élèves, le maitre parla :
- C’est ici que nous allons voir si mon entrainement vous aura été utile, nous allons enfin monter à ces bons à rien de quoi nous sommes capables, ils vont tâter de nos coups.

Plusieurs apprentis lâchèrent des sourires apeurés, les ennemis étaient vraiment nombreux, trop nombreux.

C’était un groupe de brigands vivant dans la forêt de Bifese depuis plusieurs centaines d’années, ils avaient survécu en pillant et en tuant, allant toujours de plus en lus loin de leur forêt natale. Leur exil durant depuis si longtemps les avait abruti, ils ne savaient même plus parler et se droguaient constamment avec les plantes qu’ils trouvaient. Leur armes étaient rudimentaires, mais leur force devenue innée au fil des temps compensait largement ce défaut. Les moines, eux, se battaient à mains nues.

C’est alors que, ayant pris une formation de combat apprise par le maitre, tous les moines quittèrent le monastère en marchant d’un seul pas, tous accordés sur la vitesse du maitre, la technique avait pour but d’effrayer l’ennemi, ce qui était d’ailleurs peu efficace vu leur nombre.

Une tierce personne se trouvant là par hasard aurait estimé les deux groupes de combattant à deux cents membres pour les brigands et quarante membres pour les autres, ce qui était clairement déloyal. Chaque moine, aussi faible soit-il, devrait en moyenne mettre cinq adversaires hors de combat, à moins qu’ils ne prennent la fuite avant la fin.

Un brigand hurla, une volée de flèches, en bois et de mauvaise qualité, s’envola depuis l’armée d’en face et instinctivement, aidés par leurs heures d’entrainement, les moines bougèrent en cœur. Sans broncher, ils parvinrent à parer la plus grande partie des flèches à mains nues, trois des plus jeunes apprentis tombèrent, les autres se mirent à courir, toujours en suivant la vitesse du maitre, vers l’ennemi.

Le choc des deux armées fut … violent. Dès les premières secondes, une bonne trentaine de brigands furent mis hors de combat tandis que cinq moines périrent par les lances ennemies. En quelques secondes seulement, les moines, qui étaient fort bien entrainés, il faut le rappeler, s’étaient éparpillés au sein de l’armée adverse, ce qui causa une situation ingérable pour les chefs brigands. La dispersion enclenchée par la technique des moines fut fatale à beaucoup de brigands, se retrouvant, bizarrement, encerclés par plusieurs moines.

La rapidité des attaques confirma les soupçons d’Aldhin, le jeune apprenti : ces bandits étaient des animaux, il suffisait de les séparer quelque peu pour qu’ils soient hors d’état de nuire, il suffisait de bien préparer sa défense pour qu’ils soient incapables de contre-attaquer.

Après une petite heure de combat acharné, les brigands restants, moins de cinquante, prirent la fuite devant les trois moines survivants : Le maitre, Aldhin et Creurn, l’un des premiers apprentis du maitre.
- Nous aurons réussi finalement, lâcha ce dernier en contemplant les corps de ses camarades.

[Jolebo]

Depuis l'attaque du monastère, les brigands de la forêt de Bifese ont pris du poil de la bête. Ils sont plus de 75, et meurent d'envie de récupérer leur force d'Antan. Quelqu'un devrait trouver un moyen de réquisitionner un régiment de soldats pour en finir une bonne fois pour toute. On dit que ça ne se fait pas à cause d'une certaines corruption qui sévit à Clantor. Les chefs brigands seraient contraints de livrer une partie de leur pillages aux chefs d'états Clantoriens en échange d'une immunité ...