Lédhèv Anastass Iakov Tchevnabyl

par Zodiac Sam 10 Mar - 16:20

"Lédhèv, comme le conte que maman me racontait quand j'étais petite.. Regarde, on dirait qu'il sourit, on dirait un petit ange.. J'espère que des ailes pousseront un jour, il pourra rejoindre les étoiles.."

Ce furent les premières paroles que le petit Lédhèv entendit, ils s'incrustèrent dans son cerveau de nourrisson tellement ces paroles eurent étés fortes.. Il ne pleura pas comme un enfant craintif, sa première réaction fut de rire, un rire jovial, joyeux, un rire, tout ce qu'il y a de plus humain.. Ses parents le regardèrent et sourirent, le petit Lédhèv reçu aussi les prénoms Anastass et Iakov de ses grands-pères, telle était la coutume dans la petite tribu des montagnes où il vit le jour..

Très vite, il se passionna pour le combat avec les garçons de son âge, il n'hésitait pas à défier des adversaire plus grands que lui d'une tête ou deux.. Bien qu'il était de nature calme, cela ne l'empêchait pas de désobéir à ses parents.. Plus d'une fois il s'aventura plus loin dans les montagnes, là où les loups dévoraient les jeunes enfants.. Sauf qu'une fois.. Il fut poursuivit par une meute toute entière, évitant les branches, glissant dans la neige et dans la boue, il ne parvint pas à semer les animaux, si bien qu'il grimpa à un grand sapin et qu'il y resta jusqu'au matin.. Quand il rentra, il prit peur en voyant son père affublé d'une peau de loup, ce dernier le reconnu et le gifla violemment en lui demandant où il avait trainé.. Quand l'enfant raconta à son père sa mésaventure, il fronça un sourcil, mis un genoux à terre et le serra dans ses bras.. Puis, en le prenant par la main pour le ramener chez eux il dit..

"Mon petit Lédhèv.. Un jour tu ne devras plus fuir, un jour tu devras te battre sans baisser la tête, te battre pour sauver ta vie et celle des autres, je veux bien comprendre que ton combat de hier soir était voué à l'échec.. C'est pour ça que je t'apprendrais à te battre dans les prochains jours.. Viens, ton "étrangère" de mère comme dirait le chef a fait cuire du lapin pour le dîner.. Et sèche ces larmes, c'est fini maintenant.. Le danger est écarté.."

C'était normal dans cette tribu des montagnes de ne pas s'inquiéter du sort des disparus, pour eux, la mort était quelque chose de normale, comme une renaissance, le cycle infini de la vie dirons-nous.. Un homme chasse pour se nourrir, un jour cet homme mourra, et deviendra à son tour un animal, à son tour la proie qui nourrira un autre homme et ainsi de suite.. Cette petite tribu n'avait rien de très différent d'une autre, ils étaient nomades, chasseurs, toujours en quête de gibier.. La seule chose qui la rendait unique était le fait que l'on ne négligeait pas l'apprentissage, les enfants devaient, à raison d'une fois par semaine, rester avec le chaman qui leur enseignait des principes fondamentaux de la survie, la loi entre la nature et les hommes et parfois même des contes et des comptines avec une morale, c'étaient les cours préférés de Lédhèv qui adorait écouter le vieux chaman..

La vie semblait s'annoncer belle pour le petit Lédhèv.. Il allait vivre dans sa tribu, peut-être devenir le nouveau chaman, se marier avec la femme de sa vie et, qui sait, avoir des enfants.. Non, le destin en décida autrement.. Il envoya la tribu montagnarde à la mort.. Une tribu qui avait soif de sang s'arrangea pour exécuter ce travail, pour leur dieu sanglant.. Lédhèv survécu à se massacre

"Du sang pour le dieu du sang !!"

Il assista à la scène de l'exécution de ses parents de loin accompagné des autres enfants et du chaman.. Qui fit signe aux enfants de le suivre en silence.. Mais un malheureux fit s'envoler un corbeau, d'ordinaire, les corbeaux sont annonciateurs de la mort, c'était vrai.. L'envol soudain attira plusieurs des barbares qui rattrapèrent les enfants et blessèrent le chaman.. Dans son dernier souffle, il regarda Lédhèv et lui dit ordonna de fuir le plus loin possible, sans se retourner.. Un des barbare ricana et acheva le vieillard à la longue barbe blanche.. Les enfants, docilement, furent rapatriés dans le camp de la tribu rivale.. Pas Lédhèv.. Il attendit le moment propice et.. S'enfuit.. Poursuivit par trois hommes qui n'avaient pas étanchés leur soif de massacre.. Le pauvre garçon aux neufs hivers se remémora sa promenade dans les bois avec les loups..

"Les humains sont des loups.. Ce sont les prédateurs.. Je suis la proie.. Pourquoi ?"

Il grimpa à un arbre et les barbares rigolèrent en insultant le petit Lédhèv.. Le plus grand des trois saisit sa hache et se mit en tête de l'en déloger.. Mais comme le destin sait se montrer généreux envers ceux qui en ont parfois besoin, des loups sortirent des fourrés et en tuèrent un sur le champ.. Les deux restants se mirent en position et de leurs armes de pierre et d'os, tuèrent les animaux.. Le jeune garçon en avait profité pour récupérer un couteau long fait à partir d'un tibia, sans doute humain, puis il pris la fuite.. Encore.. Il s'arrêta et se remémora les paroles de son père.. Il tourna les talons et revint face aux deux barbares, il avait caché son couteau à l'arrière de son pantalon.. Les deux monstres se retournèrent et se mirent en garde en l'entendant approcher.. Ils ricanèrent et le plus poilu des deux le saisit par le col en le faisant décoller..

"Tu vas souffrir gamin.. Je te le garantis !"

Lédhèv ne voulut plus supporter l'haleine fétide du barbare, lui prit sa lame et planta l'os profondément dans l’œil de son ennemi, qui hurla et tomba à terre, avec à sa suite, Lédhèv.. L'autre, terriblement troublé mais en proie à la rage, gronda de rage en faisant vibrer la forêt.. Le petit ferma les yeux et attendit son sort, mais par le coup du sort justement, deux éclairs gris et blancs bondirent et agrippèrent l'homme à la gorge, il fut vite maitrisé, et réduit au silence.. Lédhèv, trembla de peur, si ce n'était pas l'homme qui lui prenais la vie, ce serais donc la nature.. Mais les loups aux yeux bleus le regardèrent calmement.. Et partirent.. Sans laisser de trace..

"Maman.. Papa.. Merci.."

Le jeune garçon fouilla les guerriers et trouva d'énormes fourrures d'ours, il en ajusta une à sa taille pour en faire une cape, et pleura de joie en trouvant une sacoche de cuir avec une bandoulière, de ses petits doigts bleuis par le froid, il fouilla le sac et y trouva de quoi faire du feu, une gourde en peau, et des lanières de viande séchée.. Il soupira de soulagement et monta dans un arbre pour s'endormir dans son feuillage.. Le lendemain il réfléchit et se décida de partir de cet endroit, les barbares allaient revenir chercher leurs camarades disparus.. Après plusieurs jours dans le froid, il tomba, exténué.. La chance lui sourit encore une fois, car un chasseur d'une "tribu" lointaine le trouva et décida de le ramener chez le médecin du village qui s'occupa de lui et l'adopta, comme son propre fils.. Les gens étaient plutôt distants avec lui.. Le voyant comme un étranger.. Mais pas les enfants, ils trouvèrent en Lédhèv un bon compagnon de jeu, un ami fidèle et une sorte de mentor.. En particulier une petite fille, Eleonora.. Elle y trouva en Lédhèv bien plus qu'un simple ami, elle y trouva en lui l'ange envoyé par les cieux, comme annoncé par la mère du garçon.. Lédhèv était de nature joyeuse, toujours prêt à jouer ou se battre, mais.. Il ignorait tout de l'amour ! Quand, à ses quatorze étés, Eleonora lui avoua son affection lors de la fête des moissons.. Le jeune homme n'y compris rien et commença à prendre peur, il but plus de cinq choppes de bière d'orge ce soir-là.. Puis il fit le vide dans sa tête, et compris que lui aussi, il l'aimait.. Il vécu ainsi ses plus belles années jusqu'à ses vingts ans.. Où il lui demanda sa main.. Pour sûre qu'elle accepta ! Et un grand mariage fut arrangé, le jour où l'on maria Lédhèv et Eleonora, le jour où ils se passèrent la bague au doigt en se promettant jusqu'à la mort.. Ils emménagèrent dans une maison que Lédhèv avait bâti lui-même avec l'aide son meilleur ami, Andrezj.. Il allait enfin pouvoir vivre sa vie comme il l'avait toujours espéré, libre, sans compte à rendre, entourés de gens qu'il aimait..

Mais un problème demeurait.. Dans cette région éloignée de tout, sévissait un ordre religieux, un ordre qui avait pour règle une pureté raciale, aussi Lédhèv fut-il accusé à tort, sous un quelconque prétexte.. Il promit à sa femme de rentrer le plus tôt possible et partit se cacher dans les bois, le temps que les choses se calment, elle ne pouvait pas le suivre, elle était faible.. Après une semaine, il rentra au village et fut abattu lorsqu'il ne vit que les cendres et les ruines de son foyer, il alla discrètement retrouver Andrezj qui lui annonça que Eleonora ne l'avait pas trahi, et qu'ils l'avaient pris à sa place, elle allait se faire brûler comme sorcière pour hérésie, le lendemain.. Lédhèv pleura, comme jamais il n'avait pleuré.. Il resta chez son ami jusqu'au jour de l’exécution, là, il frapperait.. Armé avec son couteau en os qu'il n'avait jamais abandonné depuis.. Le bûcher était bien là, Eleonora aussi tout comme l'inquisiteur et ses sbires.. Du sang coulait du front de la pauvre femme.. Ils l'avaient battue.. Lédhèv patienta encore un peu, puis il saisit sa lame en s'aidant de son autre main pour monter l'estrade et tua deux des hommes, qui étaient ralentis par leurs armures.. Il hurla de rage et continua de tuer ceux qui venaient.. Mais l'un des fanatiques l'assomma par derrière et le maitrisa.. D'un signe de la main, l'inquisiteur arrêta celui qui s'apprêtait à le tuer et ordonna qu'on allume le feu.. Lédhèv hurla de désespoir en contemplant sa femme brûler, impuissant.. Le monstre vêtu de noir s'approcha de lui et coupa son annulaire, récupéra l'alliance et lui dit..

"Le monde ne veut pas de gens comme toi, encore moins ta progéniture.."

Lédhèv demanda ce qu'il voulait dire par là.. L'un de garde ricana et sectionna le ventre de Eleonora.. Comme une frêle poupée de chiffon, une petite forme humaine sortit.. C'était un bébé.. L'homme ne put plus en supporter davantage et devint fou.. Il tordit le bras de celui qui le retenait et lui brisa le crâne avec un coup de poing digne d'un ours.. Il se saisit de la lame du mort prestement et l'enfonça dans le ventre de celui qui venait, à mains nue, il s'avança de l'inquisiteur, armé d'une dague, et lui cassa le poignet avant de le saisir par le cou et de l'envoyer en bas de l'estrade, il lui sauta dessus et frappa, frappa, frappa, frappa.. Jusqu'à ce que son visage ne fut plus qu'un tas de chair sanguinolent.. Là seulement il se remit debout en contemplant la foule, son vieux père adoptif sortit du lot et lui demanda calmement de partir après que le feu se soit éteint.. Lédhèv érigea deux tombes dans lesquelles il enterra sa femme et son enfant qu'il n'entendra jamais rire.. Les larmes aux yeux, il fixa les deux alliances qu'il avait récupérées.. Il les mis sur son collier avec une dent de loup.. Puis il partit, après s'être équipé comme tout bon aventurier qui se respecte, avec une épée bâtarde récupérée sur un des fanatiques, un luth que Andrejz lui offrit, un manteau en fourrure d'ours noir, des bottes en cuir de bonne facture ainsi que des mitaines, une pipe et du tabac de son frère adoptif, et finalement des provisions et des affaires de voyages de son père adoptif..

Cela fait dix-huit ans que Lédhèv voyage, toujours à la recherche de nouvelles connaissances, de nouvelles choses à apprendre, il s'informait beaucoup sur les cultes et proposait ses services en tant que mercenaire.. Il n'avait rien perdu de son côté bon vivant et rieur, mais quelque chose avait germé en lui, il était devenu plus posé, plus calme, plus froid.. Il avait fait halte dans un petit village, là il bu à la fontaine et s'assit sur la pierre froide, il sortit son luth et joua quelques accords.. Quelques rares passants lui jetaient des pièces, dans ces passants se trouvaient un groupe d'enfant qui lui demandèrent de jouer un morceau..