Plume et Aurore

[Immoskyl]

Aurore et Plume furent deux anges, sœurs jumelles nées dans une citée oubliée ayant fait vœux d'allégeance au dieu Tyr. Elles cherchèrent naturellement à servir l'ordre et la loi à travers l'Empire, et elles virent donc s'installer à Clantor.

Ferventes servantes de la justice, plus même que de Trapre, Plume fut rapidement acceptée dans la Garde de la ville, en tant qu'inspectrice. Ce poste humble lui offrait toutefois l'autonomie qu'elle souhaitait et lui permettait d'avoir un impact important sur la ville entière. Quand à Aurore, elle eu la joie de se voir acceptée dans la Garde du Palais Impérial. Celui-ci était bien plus avantageux, et nombreux furent les nouvelles recrues à jalouser cette fonction, mais cela ne suscita jamais de différent entre les deux sœurs. Au contraire, Plume était heureuse pour sa jumelle, et se disait que sa foi devait être plus forte que la sienne, et qu'elle se devait d'être plus zélée encore.

Leur conviction et leurs travaux accomplis à la perfection leur firent obtenir des faveurs et des promotions. Tellement bien qu'Aurore fut même la cible de propositions douteuses de la part de certains de ses supérieurs moins sérieux qu'elle. Ces hommes avaient plus sa grande beauté en vue, que sa prédilection dans le jugement de Tyr. Et malgré sa lucidité vis à vis de ce sujet, il arriva un jour inattention ou elle fit une erreur, et finit fatalement aux prises de lieutenants peux scrupuleux à propos des vierges combattantes.

Dès le lendemain, Aurore disparut de la circulation, et sombra dans une dépression sans pareil, et mit fin à ses jours sordidement, ayant honte de ne pas avoir su faire honneur à sa race sacrée.
Plume apprit le drame, et fut touchée au plus profond de son âme. Elle prit une décision jamais envisagée par un ange auparavant. Tout d'abord, elle s'attacha les ailes avec des chaines rouillées. Avoir ses ailes volontairement obstruées signifiait chez un ange la loyauté ultime à un Dieu, lorsqu’il s agissait de chaines d'argent, ou bien alors un signe de la perte de liberté et de rédemption, comme dans ce cas là.
Sa sœur avait fauté, selon le code des Anges, et elle voulait sa peine pour elle, pour son honneur. En plus de garder le mérite de sa jumelle sauf, Plume accepta du même geste de laver l'affront porté envers sa race, même si elle devait à contrepartie perdre son âme. En effet, pour une fois, elle ne laissa pas la justice gérer le problème, et alla à son encontre même. Elle s'abaissa à une vengeance terrestre, indigne des statuts d'ange et d'adoratrice de Tyr, mais le fit pour préserver ces valeurs mêmes, pour qu'elles ne soient pas souillées par la bassesse humaine.

L'ange déserta la Garde de Clantor, et durant trois mois, arpenta chaque recoin de la ville, devenue familière grâce à son expérience d'enquêtrice, à la recherche des responsables de la mort d'Aurore. Elle fut considérée comme un assassin, un hors-la-loi, et fit des condamnations publiques. D'abord attirant les amateurs de sang, une foule plus compacte se rassemblait une fois ses raisons énoncées. Les gens retirent surtout la sentence psalmodiée avant chaque mise à mort, comme une signature: "En cet instant, justice est mienne."

Pourchassée par la garde dont elle fit jadis partie, elle devint un héros martyr, aimée du peuple. Et une fois seulement que sa vengeance fut terminée, elle se rendit devant l'Empereur, les ailes libérées, mais s'étant attaché les mains. L'ordre publique la condamna à mort, et elle fut exécutée. Mais un élan d'empathie général gagna le peuple, et progressivement, elle fut considérée comme un exemple d'honneur et de loyauté à travers toute la ville.

Une statue fut même érigée à son effigie sur une place. On peut encore la trouver, et y voir une ange de grande beauté, auréolée et armée d'une épée de feu, prête à frapper. Son visage est éclaboussé de sang, et ses ailes sont enchainées. Une autre ange, au visage magnifique mais infiniment triste, gît à ses pieds, un glaive planté dans le buste. On peut voir un socle en bas de la statue sa devise en lettres majuscules.