Au gré du vent.
3 participants
Page 3 sur 3
Page 3 sur 3 • 1, 2, 3
Re: Au gré du vent.
Acacia permit à se lèvres d'esquisser un sourire aussi éphémère que peiné à l'évocation par Kachina, de la possibilité de profiter de ce voyage pour se rapprocher de son amie elfique.
La naïveté innocente de l'atlante la toucha et, l'espace d'un instant, elle envia son approche simpliste au possible de cette situation qui visiblement la dépassait encore. Il ne faisait aucun doute qu'elle attendait encore beaucoup de réponses à ses questions. Cela expliquait en partie la nature optimiste de ses conseils.
La nymphe fut toutefois envahie par une émotion vraie lorsque la pétillante danseuse lui livra son amitié en offrande. Le geste était vrai, évocateur et sans attente d'aucune contrepartie. Acacia apprécia la solennité de l'instant. Il y avait quelque chose de presque mystique dans cette posture désintéressée.
Elle médita un moment pour s’imprégner du karma positif qui se dégageait de Kachina, telle la plante qui se nourrit de la lumière d'un soleil protecteur et qui aurait été absent trop longtemps. Après ce bref épisode, elle sembla rassérénée, épanouie comme une fleur qui s’étire au printemps après un hiver trop vigoureux. Ses yeux livraient à présent l'expression d'une sagesse aussi troublante que bienveillante et fixèrent Kachina. Une sorte d'aura bienfaitrice émanait d'Acacia alors qu'elle s'adressait à l'Altante.
-"J'apprécie ta sollicitude, Kachina et j'accepte ton amitié avec grand plaisir. Ta légèreté et ton insouciance son des trésors précieux sur lesquels il te serait judicieux de veiller. En revanche, si tes intentions sont louables, garde de toi de leurs conséquences. De chaque côtés du Rubicon, des forces incommensurables se toisent, des forces que toi et moi côtoyons au quotidien, pendant que d'autres, plus grandes encore, les observent discrètement, en retrait. Je souhaite la réconciliation plus que tout et t'aiderait volontiers dans ton entreprise, mais il te faudra agir sagement, avec humilité et diplomatie. J'ai foi en l'avenir, mais la tâche sera ardue. Cependant, je crains que le rapprochement des Exilés et de la Caravane ne soit la condition indispensable de la survie des deux clans, à terme. Une menace plane, latente, je le sens. D'autres que moi aussi... Je ne saurais en définir la nature ni les intentions, mais mes feuilles à couper qu'elle est à l'origine de la situation actuelle."
L'au revoir entre Acacia et la danseuse fut bref mais intense en émotions. Alors que Kachina s’éloignait, la nymphe tourna son regard vers l'horizon sablonneux et ces gigantesques conques qui se profilaient au loin, telles des épaves perdues au milieu de cet océan. Lentement, elle croisa ses jambes sous elle, puis ses bras, sous sa poitrine. Sa respiration se fit plus lente et plus profonde et entama une phase de méditation contemplative.
Il ne fallu que quelques minutes à l'Atlante pour gagner le pont opposé. Celui dans lequel s’était installée la gente masculine et notamment Ikaar. Ce petit parcours lui permit de constater la taille honorable du vaisseau sur lequel ils avaient embarqués. Ainsi que l'important effectif du personnel de bord affecté à la sécurité. Un voyage comme celui-ci devait forcément présenter quelque dangers, mais visiblement bien plus que ce à quoi elle pouvait s'attendre.
Nombre de visages toisèrent la jeune femme au pas leste et rapide, qui se hâtait vers la cabine de son "supérieur par défaut", le surnom dont il s'affublait de temps à autre. Visiblement, Kachina n'était pas la bienvenue de ce côté du navire. Les traditions avaient la vie dure et hommes et femmes ne partageaient que de rares moments communs de ce côté ci de Zaerod. Ces coutumes allaient jusqu'à avoir un impact sur la façon dont étaient organisées et construites les villes locales, mais aussi sur l'architecture des bâtiments publics qui prévoyaient souvent des accès et des périmètres restreints pour hommes et femmes. Des dispositifs qui pouvaient sembler naturels dans des bains publics, mais qui s'appliquaient également bien souvent aux lieux de cultes, aux marchés, aux théâtres, les musées et même les tribunaux.
Toutefois, à El Hazeem, la capitale économique et culturelle de la région, du fait de son dynamisme et de son ouverture sur le monde extérieur, on trouvait quand même certains lieux et quartiers un peu plus "tolérant" qui s'affranchissait de ces pesantes exigences misogynes.
Le silence qui suivit les trois coups frappés à la porte d'Ikaar fut pesant lui aussi. Malgré sa brièveté, il dura suffisamment pour paraître inquiétant. Pourtant, la porte finit par s'ouvrir à la jeune femme et devant elle, un homme les yeux encore plein de sommeil, juste vêtu d'un léger pantalon de tissu noir et exposant un torse nu et robuste, qui affichait un nombre honorable de cicatrices.
Ikaar ne cacha pas sa surprise de voir sa nouvelle recrue frapper à sa porte de bon matin. Déchargé de ses obligations habituelles, puisqu'en voyage au beau milieu de la mer de sable, il s’était accordé une grasse matinée bien méritée, qui finalement ne dura guère. Il toisait la jeune femme de ses deux grands yeux, comme s'il cherchait à deviner les raisons de sa présence sans lui poser la question. Le bras en appui sur la tranche de la porte, qui semblait le soutenir suite à sa nuit trop courte, il s'avoua vaincu dans son entreprise de divination et s'adressa finalement à la petite danseuse.
-"Je, heu... oui ? Un soucis ?"
Il lâcha ensuite un bâillement digne de celui d'un lion au réveil, dont l'ampleur aurait pu lui décrocher la mâchoire. Il fronça ensuite les sourcils, intrigué et dans l'attente de la réponse de ce brin de femme qui lui faisait face.
La naïveté innocente de l'atlante la toucha et, l'espace d'un instant, elle envia son approche simpliste au possible de cette situation qui visiblement la dépassait encore. Il ne faisait aucun doute qu'elle attendait encore beaucoup de réponses à ses questions. Cela expliquait en partie la nature optimiste de ses conseils.
La nymphe fut toutefois envahie par une émotion vraie lorsque la pétillante danseuse lui livra son amitié en offrande. Le geste était vrai, évocateur et sans attente d'aucune contrepartie. Acacia apprécia la solennité de l'instant. Il y avait quelque chose de presque mystique dans cette posture désintéressée.
Elle médita un moment pour s’imprégner du karma positif qui se dégageait de Kachina, telle la plante qui se nourrit de la lumière d'un soleil protecteur et qui aurait été absent trop longtemps. Après ce bref épisode, elle sembla rassérénée, épanouie comme une fleur qui s’étire au printemps après un hiver trop vigoureux. Ses yeux livraient à présent l'expression d'une sagesse aussi troublante que bienveillante et fixèrent Kachina. Une sorte d'aura bienfaitrice émanait d'Acacia alors qu'elle s'adressait à l'Altante.
-"J'apprécie ta sollicitude, Kachina et j'accepte ton amitié avec grand plaisir. Ta légèreté et ton insouciance son des trésors précieux sur lesquels il te serait judicieux de veiller. En revanche, si tes intentions sont louables, garde de toi de leurs conséquences. De chaque côtés du Rubicon, des forces incommensurables se toisent, des forces que toi et moi côtoyons au quotidien, pendant que d'autres, plus grandes encore, les observent discrètement, en retrait. Je souhaite la réconciliation plus que tout et t'aiderait volontiers dans ton entreprise, mais il te faudra agir sagement, avec humilité et diplomatie. J'ai foi en l'avenir, mais la tâche sera ardue. Cependant, je crains que le rapprochement des Exilés et de la Caravane ne soit la condition indispensable de la survie des deux clans, à terme. Une menace plane, latente, je le sens. D'autres que moi aussi... Je ne saurais en définir la nature ni les intentions, mais mes feuilles à couper qu'elle est à l'origine de la situation actuelle."
L'au revoir entre Acacia et la danseuse fut bref mais intense en émotions. Alors que Kachina s’éloignait, la nymphe tourna son regard vers l'horizon sablonneux et ces gigantesques conques qui se profilaient au loin, telles des épaves perdues au milieu de cet océan. Lentement, elle croisa ses jambes sous elle, puis ses bras, sous sa poitrine. Sa respiration se fit plus lente et plus profonde et entama une phase de méditation contemplative.
Il ne fallu que quelques minutes à l'Atlante pour gagner le pont opposé. Celui dans lequel s’était installée la gente masculine et notamment Ikaar. Ce petit parcours lui permit de constater la taille honorable du vaisseau sur lequel ils avaient embarqués. Ainsi que l'important effectif du personnel de bord affecté à la sécurité. Un voyage comme celui-ci devait forcément présenter quelque dangers, mais visiblement bien plus que ce à quoi elle pouvait s'attendre.
Nombre de visages toisèrent la jeune femme au pas leste et rapide, qui se hâtait vers la cabine de son "supérieur par défaut", le surnom dont il s'affublait de temps à autre. Visiblement, Kachina n'était pas la bienvenue de ce côté du navire. Les traditions avaient la vie dure et hommes et femmes ne partageaient que de rares moments communs de ce côté ci de Zaerod. Ces coutumes allaient jusqu'à avoir un impact sur la façon dont étaient organisées et construites les villes locales, mais aussi sur l'architecture des bâtiments publics qui prévoyaient souvent des accès et des périmètres restreints pour hommes et femmes. Des dispositifs qui pouvaient sembler naturels dans des bains publics, mais qui s'appliquaient également bien souvent aux lieux de cultes, aux marchés, aux théâtres, les musées et même les tribunaux.
Toutefois, à El Hazeem, la capitale économique et culturelle de la région, du fait de son dynamisme et de son ouverture sur le monde extérieur, on trouvait quand même certains lieux et quartiers un peu plus "tolérant" qui s'affranchissait de ces pesantes exigences misogynes.
Le silence qui suivit les trois coups frappés à la porte d'Ikaar fut pesant lui aussi. Malgré sa brièveté, il dura suffisamment pour paraître inquiétant. Pourtant, la porte finit par s'ouvrir à la jeune femme et devant elle, un homme les yeux encore plein de sommeil, juste vêtu d'un léger pantalon de tissu noir et exposant un torse nu et robuste, qui affichait un nombre honorable de cicatrices.
Ikaar ne cacha pas sa surprise de voir sa nouvelle recrue frapper à sa porte de bon matin. Déchargé de ses obligations habituelles, puisqu'en voyage au beau milieu de la mer de sable, il s’était accordé une grasse matinée bien méritée, qui finalement ne dura guère. Il toisait la jeune femme de ses deux grands yeux, comme s'il cherchait à deviner les raisons de sa présence sans lui poser la question. Le bras en appui sur la tranche de la porte, qui semblait le soutenir suite à sa nuit trop courte, il s'avoua vaincu dans son entreprise de divination et s'adressa finalement à la petite danseuse.
-"Je, heu... oui ? Un soucis ?"
Il lâcha ensuite un bâillement digne de celui d'un lion au réveil, dont l'ampleur aurait pu lui décrocher la mâchoire. Il fronça ensuite les sourcils, intrigué et dans l'attente de la réponse de ce brin de femme qui lui faisait face.
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
HRP: c'est toujours aussi beau ce que vous écrivez bonne continuation
yellowhub- Maître
Re: Au gré du vent.
La petite danseuse avait toujours en mémoire les conseils aussi étranges que judicieux de la jeune pousse au regard triste. Quelque chose avançait dans l'ombre, grandissait et les guettait tous. Une phrase surtout l'interpellait, seul une réconciliation des deux clans pourrait sauver les membres. Acacia aurait-elle des dons de divinations cachés? Etait-ce une sorte de vision, d'instinct ancestral qui l'avait fait parler de la sorte? "Une menace plane" la mise en garde était évidente... serait-ce ses ennemis qui l'avait retrouvée ou était plus grave encore? Toujours est-il qu'elle voyait là une raison de plus d'occulter les griefs des uns et des autres. L'ennemi commun allait peut-être jouer un rôle primordial dans les retrouvailles des belligérants. Ce ne serait peut-être pas une si mauvaise chose après tout. Enfin elle avait au moins une alliée dans la dure tâche qu'elle s'était fixée.
La timide brune sentit les regards réprobateurs suivre son périple plus qu'elle ne les vit vraiment. Enfermée dans une bulle de nervosité mêlée de perplexité elle retournait les dernières phrases de la nymphe des bois dans sa tête, tentant d'en découvrir l'un ou l'autre sens caché. Ce petit exercice prit fin devant la porte, elle resta tétanisé, incapable de la moindre pensée cohérente, juste figée dans une attente qui lui sembla s'éterniser plus que de raison.
Enfin la porte s'ouvrit sur le magnifique jeune homme qui s'était immiscé à son grand désarroi dans son coeur tende de midinette. La petite danseuse manqua s'étrangler devant le spectacle qui s'offrit à elle. Il était là, face à elle, plus beau que jamais. Son torse était celui d'un combattu musclé par la pratique du combat mais également marqué par cet art. Ses cheveux ébouriffés et ses yeux encore plein de sommeil le rendait plus accessible, presque vulnérable. Kachina ne put s'empêcher de fixer le torse de l'homme aux cheveux d'argent sentant une légère rougeur coloré ses joues elle s'extirpa en sursautant de sa contemplation insistante.
La surprise qu'elle lut dans les yeux du chef des caravaniers l'aida à reprendre sa contenance et le fil de ses pensées reprit enfin. En même temps, la raison de sa visite matinale se rappela à son bon souvenir et elle fut soulagée d'avoir quelque chose auquel s'accrocher pour ne plus penser à la semi nudité d'Ikaar.
Pendant quelques minutes, ils se fixèrent tous les deux chacun plongé dans des pensées bien différentes puis il parla rompant le silence et ce moment qu'elle commençait à trouver gênant. En rougissant davantage, elle bafouilla quelques maladroites excuses le nez plongé vers le sol
Heu... je... Désolée de vous... te enfin je pensais que...
*oh dieux mais tu ne vas quand même pas rester là à bafouiller comme une étudiante prisse en faute quand même... allez ma fille ressaisis-toi... ce n'est qu'un homme et pas le plus galant. Il te plante là la plupart du temps et tu devrais t'excuser... aberration que tout cela.*
Ainsi elle nourrissait son ressentiment, la colère contre lui mais surtout contre elle-même l'aida à retrouver ses mots et son courage. La belle princesse redressa la tête d'un coup, bravant son regard une lueur de défi dansant dans ses yeux sombres.
"Je pense que tu me dois des explications Ikaar alors je ne quitterai pas cette pièce sans avoir eu les réponses à mes questions..."
Le tutoiement qu'elle avait utilisé était sorti sans qu'elle s'en rende compte, marquant ses propos et affichant la colère qu'elle ressentait. Tout de suite elle s'en voulut d'avoir été si abrupte avec l'homme taciturne qui lui faisait face. Elle jeta un coup d'oeil en arrière pour toiser les curieux qui observait la scène l'air toujours aussi peu approbateur pour continuer une note d'ironie dans sa voix.
"Sans vouloir inverser les rôles et vous commandez, il serait sans doute préférable pour vous que cette conversation soit en aparté. Me ferez-vous l'honneur de m'inviter à entrer?"
Comme il ne réagissait pas, elle prit une décision folle et irréfléchie et se faufila entre la chambranle et le corps à demi nu du guerrier aussi aisément que s'il lui avait ouvert grand la porte. Le corps souple de la danseuse trouvait instinctivement le chemin en des mouvements grâcieux et étrangement voluptueux. Kachina réussit même l'exploit de ne pas effleurer la peau de l'homme dont cette proximité devenait presque douloureuse. De même, elle prit bien soin de ne pas regarder ce torse musclé, invite à tant de fantasmes qui entravaient ses pensées en cet instant. Il aurait été si facile de lui effleurer la peau d'un geste "maladroit", de sentir sa chaleur, de deviner sa force et d'apprécier le tracé parfait de ses épaules du bout de ses doigts.
*Arrête ça tout de suite et éloignes-toi vite. Tu es princesse de sang que diable conduis-toi donc comme telle. Du sang-froid, n'oublie pas pourquoi tu es là*
Une fois à l'intérieur, elle retint son souffle attendant l'orage qui émanerait de son ombrageux chef. La fluette brunette était prête à recevoir les foudres de son audace et à les assumer. Ce qu'elle avait à demander était trop important pour qu'elle recule. Elle avait l'impression de sentir le sang atlante qui coulait dans ses veines et qui lui donnait de la contenance et le courage d'affronter cet homme distant qui l'intimidait tant. Son maintient n'avait plus rien de l'humble et timide jeune danseuse qu'elle incarnait. Etait-ce son port de tête, la lueur dans ses yeux ou cette aura pleine de majesté qui s'était déjà manifestée dans l'antre de Lo? Toujours est-il que quelque chose chez elle forçait en ce moment le respect.
C'est d'une voix sure, peu habituelle chez la timide Kachina, que l'Atlante continua de s'adresser à lui.
"J'espère que vous pardonnerez cet égard de conduite et cette intrusion dans votre espace vitale si cher à votre coeur mais il est des sujets qu'on ne peut différer plus longtemps. Il est des secrets que vous ne pouvez garder indéfiniment... surtout lorsqu'il est évident que je sois la seule à ne pas savoir. Il m'est venu à l'esprit d'aller demander à d'autres, aux caravaniers ou... à ces gens que vous semblez haïr... "
Elle laissa passer quelques instants pour laisser ses mots l'imprégner, lui donner le temps d'accuser le coup mais aussi pour qu'il ne prenne pas ses paroles comme une agression, puis elle reprit.
"Plutôt que d'écouter les rumeurs véhiculées par un vent tendancieux j'ai préféré m'adresser directement à vous... Après tout il semble bien que vous soyez au coeur même de cette énigme, que ce soit... votre secret, elle hésita avant de lâcher les deux derniers mots, votre fardeau."
La jeune princesse avait terminé son petit discours d'une voix calme, douce il ne perçait aucune exigence dans son timbre mais plutôt l'espoir qu'il lui fasse confiance et lui raconte cette histoire. On aurait pu croire qu'il y avait de la pitié dans ses grands yeux expressifs mais on n'y lisait que l'espoir et la compassion.
La timide brune sentit les regards réprobateurs suivre son périple plus qu'elle ne les vit vraiment. Enfermée dans une bulle de nervosité mêlée de perplexité elle retournait les dernières phrases de la nymphe des bois dans sa tête, tentant d'en découvrir l'un ou l'autre sens caché. Ce petit exercice prit fin devant la porte, elle resta tétanisé, incapable de la moindre pensée cohérente, juste figée dans une attente qui lui sembla s'éterniser plus que de raison.
Enfin la porte s'ouvrit sur le magnifique jeune homme qui s'était immiscé à son grand désarroi dans son coeur tende de midinette. La petite danseuse manqua s'étrangler devant le spectacle qui s'offrit à elle. Il était là, face à elle, plus beau que jamais. Son torse était celui d'un combattu musclé par la pratique du combat mais également marqué par cet art. Ses cheveux ébouriffés et ses yeux encore plein de sommeil le rendait plus accessible, presque vulnérable. Kachina ne put s'empêcher de fixer le torse de l'homme aux cheveux d'argent sentant une légère rougeur coloré ses joues elle s'extirpa en sursautant de sa contemplation insistante.
La surprise qu'elle lut dans les yeux du chef des caravaniers l'aida à reprendre sa contenance et le fil de ses pensées reprit enfin. En même temps, la raison de sa visite matinale se rappela à son bon souvenir et elle fut soulagée d'avoir quelque chose auquel s'accrocher pour ne plus penser à la semi nudité d'Ikaar.
Pendant quelques minutes, ils se fixèrent tous les deux chacun plongé dans des pensées bien différentes puis il parla rompant le silence et ce moment qu'elle commençait à trouver gênant. En rougissant davantage, elle bafouilla quelques maladroites excuses le nez plongé vers le sol
Heu... je... Désolée de vous... te enfin je pensais que...
*oh dieux mais tu ne vas quand même pas rester là à bafouiller comme une étudiante prisse en faute quand même... allez ma fille ressaisis-toi... ce n'est qu'un homme et pas le plus galant. Il te plante là la plupart du temps et tu devrais t'excuser... aberration que tout cela.*
Ainsi elle nourrissait son ressentiment, la colère contre lui mais surtout contre elle-même l'aida à retrouver ses mots et son courage. La belle princesse redressa la tête d'un coup, bravant son regard une lueur de défi dansant dans ses yeux sombres.
"Je pense que tu me dois des explications Ikaar alors je ne quitterai pas cette pièce sans avoir eu les réponses à mes questions..."
Le tutoiement qu'elle avait utilisé était sorti sans qu'elle s'en rende compte, marquant ses propos et affichant la colère qu'elle ressentait. Tout de suite elle s'en voulut d'avoir été si abrupte avec l'homme taciturne qui lui faisait face. Elle jeta un coup d'oeil en arrière pour toiser les curieux qui observait la scène l'air toujours aussi peu approbateur pour continuer une note d'ironie dans sa voix.
"Sans vouloir inverser les rôles et vous commandez, il serait sans doute préférable pour vous que cette conversation soit en aparté. Me ferez-vous l'honneur de m'inviter à entrer?"
Comme il ne réagissait pas, elle prit une décision folle et irréfléchie et se faufila entre la chambranle et le corps à demi nu du guerrier aussi aisément que s'il lui avait ouvert grand la porte. Le corps souple de la danseuse trouvait instinctivement le chemin en des mouvements grâcieux et étrangement voluptueux. Kachina réussit même l'exploit de ne pas effleurer la peau de l'homme dont cette proximité devenait presque douloureuse. De même, elle prit bien soin de ne pas regarder ce torse musclé, invite à tant de fantasmes qui entravaient ses pensées en cet instant. Il aurait été si facile de lui effleurer la peau d'un geste "maladroit", de sentir sa chaleur, de deviner sa force et d'apprécier le tracé parfait de ses épaules du bout de ses doigts.
*Arrête ça tout de suite et éloignes-toi vite. Tu es princesse de sang que diable conduis-toi donc comme telle. Du sang-froid, n'oublie pas pourquoi tu es là*
Une fois à l'intérieur, elle retint son souffle attendant l'orage qui émanerait de son ombrageux chef. La fluette brunette était prête à recevoir les foudres de son audace et à les assumer. Ce qu'elle avait à demander était trop important pour qu'elle recule. Elle avait l'impression de sentir le sang atlante qui coulait dans ses veines et qui lui donnait de la contenance et le courage d'affronter cet homme distant qui l'intimidait tant. Son maintient n'avait plus rien de l'humble et timide jeune danseuse qu'elle incarnait. Etait-ce son port de tête, la lueur dans ses yeux ou cette aura pleine de majesté qui s'était déjà manifestée dans l'antre de Lo? Toujours est-il que quelque chose chez elle forçait en ce moment le respect.
C'est d'une voix sure, peu habituelle chez la timide Kachina, que l'Atlante continua de s'adresser à lui.
"J'espère que vous pardonnerez cet égard de conduite et cette intrusion dans votre espace vitale si cher à votre coeur mais il est des sujets qu'on ne peut différer plus longtemps. Il est des secrets que vous ne pouvez garder indéfiniment... surtout lorsqu'il est évident que je sois la seule à ne pas savoir. Il m'est venu à l'esprit d'aller demander à d'autres, aux caravaniers ou... à ces gens que vous semblez haïr... "
Elle laissa passer quelques instants pour laisser ses mots l'imprégner, lui donner le temps d'accuser le coup mais aussi pour qu'il ne prenne pas ses paroles comme une agression, puis elle reprit.
"Plutôt que d'écouter les rumeurs véhiculées par un vent tendancieux j'ai préféré m'adresser directement à vous... Après tout il semble bien que vous soyez au coeur même de cette énigme, que ce soit... votre secret, elle hésita avant de lâcher les deux derniers mots, votre fardeau."
La jeune princesse avait terminé son petit discours d'une voix calme, douce il ne perçait aucune exigence dans son timbre mais plutôt l'espoir qu'il lui fasse confiance et lui raconte cette histoire. On aurait pu croire qu'il y avait de la pitié dans ses grands yeux expressifs mais on n'y lisait que l'espoir et la compassion.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
Ikaar resta un long moment interdit face au petit numéro de Kachina. Il ne pouvait pas dire qu'elle l'avait habitué à ce genre de frasques. Elle d'un naturel plutôt réservé jusque là, presque effacée se montrait pourtant à présent sûre d'elle, pleine d'assurance, presque revendicatrice. S'il n'approuvait pas la démarche, il ne pouvait néanmoins pas faire mine de ne pas la comprendre. Il n'avait pas dû être aisé pour elle de se faire une place dans la caravane en un contexte comme celui qu'ils traversaient actuellement.
Le divorce était récent, les plaies encore béantes et arrosées du sel des événements fâcheux qui étaient survenus depuis. Il faudrait du temps, et bien plus que cela encore pour que celles-ci ne cicatrisent complètement et cèdent leur place à des stigmates qui jamais ne disparaîtraient complètement.
Le sombre guerrier à la chevelure ivoire laissa, contre son gré, la danseuse prendre possession, dans un sens, de ses quartiers. Il était certain cependant, que ce petit acte héroïque avait du lui coûter plus qu'elle ne voudrait bien l'admettre, il pouvait presque sentir les battements de son petit cœur depuis sa position, comme si celui-ci, honteux, cherchait à s'extirper de sa poitrine. Parallèlement, elle rayonnait. Assez bizarrement d'ailleurs, alors qu'elle devrait, en toute logique, regarder ses pieds depuis une position plus basse que terre. Mais il n'en était rien. Elle lui faisait face, fière et digne, le buste droit, le menton haut, telle un modèle qui poserait pour un sculpteur cherchant à reproduire l'image d'Artémis, partant en chasse.
Cette idée amusa un instant Ikaar, qui se surprit même à sourire, tant l'image était décalée.
-"Mais je t'en prie, entre donc, fais comme chez toi". lança-t-il sur un ton à la fois offusqué et ironique.
Le chef des caravaniers n'attendit aucune réponse. Il poussa la porte suffisamment fort pour que celle-ci claque bruyamment en se refermant. Puis, conscient de sa presque nudité, passa un juste au corps usé sans manche, et prit le temps de verser un peu d'eau fraîche sur son visage pour se réveiller tant que possible. En se rapprochant de l'Atlante, il passa ses mains alors mouillées, dans ses cheveux pour les coiffer à la va vite.
Voila, il était prêt.
Dans un petit coin de sa cabine, étaient installés deux fauteuils confortables en cuir disposés autour d'une table ronde vernies d'un autre temps. Sur celle-ci traînaient deux verres de vin en cristal dont un arborant des traces tenaces d'un rouge à lèvre écarlate. Constatant la présence de ces éléments compromettant, le robuste et taiseux caravanier disposa cette vaisselle non loin et prit place sur l'un des fauteuils avant d'inviter Kachina, d'un geste à en faire de même.
Son regard était grave, mais pas plus que d'habitude, à vrai dire. Son visage ne trahissait aucune émotion. Pas de culpabilité, ni même de surprise. Rien n'a envier au plus impassible des joueurs de poker. Calme et posé, il prit un grand et long soupir avant de monopoliser la parole.
-"Tu penses que je te dois des explications ? Bien. Et à quel titre exactement ? Pour quelle raison inconnue te devrais-je quoi que ce soi en fait ? Simplement parce que tu l'exiges ? C'est assez drôle non ? Tu te pointes là comme ça, un beau matin, tambourinant à ma porte comme un milicien avant une perquisition... et le tout sans information préalable."
La colère du jeune homme était palpable. Le démon qui sommeillait en lui commençait à s'agiter quelque peu. Au delà de ça, de par son éducation stricte influencée par les coutumes du Pays du Thé, Ikaar abhorrait les esclandres. Il n'aimait pas le bruit, les mises en scène, l’exagération, que l'on monte les sujets en épingle, bref, ce que les femmes avaient souvent une fâcheuse tendance à faire lorsqu'un désagrément survenait.
-"Et que suis sensé faire dis-moi ? J'aimerai ton avis éclairé... Suis-je censé m'exposer au premier venu ? Livrer l'intégralité de mes secrets à chaque colporteur que nous croisons ? Souhaites-tu peut-être que je publie le récit de mes mémoires et les porte à la connaissance du grand public ? Fantasque fille et ingénue que tu peux être, Kachina. Tu parais aujourd'hui devant moi, pleine d'incompréhension et d'amertume, semble-t-il ? Mais pourquoi ne pas être venue plus tôt si tu accordes au sujet autant d'importance ? Si l'impatience te ronge. Fallait-il que je devine tes angoisses ? Tu en as de bonnes toi... tu n'es, saches le, pas le centre de mes préoccupations en ce moment. Navré de te décevoir".
La tirade était plutôt vindicative. Ce n'était pas vraiment son genre, mais elle avait cumulé tant d'écarts. Entre le réveil matinal, l'envahissement en règle de sa chambre et son indiscrétion, il ne trouvait que difficilement de raison d'avoir recours à la clémence. Il tenta néanmoins de se tempérer par la suite.
-"Si je n'approuve pas les formes, en revanche, sur le fond ta demande est légitime. Tu fais partie des nôtres, bien que fraîche recrue, tu as fait suffisamment de route à nos côtés pour mériter quelques éclaircissements. Assez pour te forger ton propre avis sur le sujet".
-"Comme tu dois le savoir, autrefois notre groupe et celui des Exilés ne formions qu'une expédition. Une seule Caravane de Nulle Part. A cette époque, notre rayonnement sur les contrées que nous traversions était encore plus fort, notre réputation en dépassait les frontières. Les affaires étaient florissantes et notre organisation ne souffrait d'aucune faiblesse. Puis comme dans toute idylle, un événement fâcheux survient et remet en cause tout le travail accompli. Trop d'assurance, la force de l'habitude, qui sait vraiment ce qui fut à l'origine de ces errements, mais un soir, la défense de notre camp fut prise à défaut après avoir emprunté un itinéraire plus court mais plus exposé à d’éventuels raids. Face à la rudesse des assauts et en infériorité numérique l'intégrité de notre troupe fut mise en péril. Débordés de toute part, nos forces furent contraintes à se replier. Nombre de caravaniers furent blessés et neutralisés. Conscient que nous ne pourrions nous en sortir de façon conventionnelle, je fut contrait de ...."
Alors qu'il s’apprêtait à poursuivre un récit dont le contenu devenait aussi palpitant qu’intéressant, la porte de la cabine s'ouvrit brutalement. D'abord ébloui par la lumière du jour qui venait d’inonder la pièce dans laquelle régnait la pénombre, Ikaar parvint à reconnaître le propriétaire de la silhouette qui se dessinait dans l'encadrement de la porte.
Un homme à la posture noble et élégante se tenait devant eux, comme en représentation, les deux pieds ancrés dans le sol et écartés d'un bon demi-mètre. Il était paré de riches atours, une verste cousue de fins tissus brodés de liserés d'or et d'argent, un pantalon de velours parfaitement accordé et d'un sabre oriental fermement tenu dans sa main droite. Ses cheveux de feu, en bataille tombaient avec une négligence parfaite sur ses épaules larges et parfaitement proportionnées par rapport au reste de son corps. Chacun de ses mouvement était gracieux, même le plus anodin. Le son de sa voix, qui ne tarda pas à se faire entendre, dégageait un charme fou, à la fois suave et viril à souhait.
-"Ikaar, Mnénos m'a mandé à toi. Tu sembles trop occupé pour t'en être rendu compte mais les troupes du passeur ont déserté le navire à l'instant, en empruntant les canots de sauvetage. La manœuvre devait être prévue à l'avance, tant tout s'est déroulé sans éveiller aucun soupçon et en un temps record. - Au passage, mes hommages Madame, Je me présente, Rafael Alceste de Finefleur, pour vous servir, j'ose espérer avoir un jour l'opportunité de faire plus ample connaissance avec vous, tant vous me semblez charmante et je serai véritablement rav..."
Le sieur Rafael n'eut point le temps de finir son argumentaire, qu'il fut interrompu par le son grave d'une corne de brume qui résonnait au loin, comme venue d'outre tombe. Sans demander son reste et remettant de ce fait la conversation à plus tard, Ikaar se jeta hors de sa cabine pour observer, depuis le bastingage, la teneur des événements, suivi de près par l'héritier Finefleur.
De là, il prit connaissance de la menace. Face au spectacle ahurissant qui se jouait face à lui, ses yeux se contentèrent de rester écarquillés.
Au loin s’était propagé un nuage de sable, tel une tempête installant sur des miles et des miles, couvrant presque tout l'horizon et, chose folle, qui semblait parfaitement encercler leur navire. Cela ne pouvait être un phénomène naturel... Cette disposition... et puis ajouté à cela le fait qu'aucun son, aucun bruit, aucun souffle de vent ne parvenait de cet étrange rideau brun.
Puis la corne résonna à nouveau. Enfin, comme transperçant le nuage de sable, un immense galion entra dans le champs de vision des protagonistes, dans le plus grand des silences.
L'embarcation, qui affichait des dimensions deux ou trois fois supérieures à la leur, progressait à une vitesse folle. Si rapide que déjà, elle éperonnait avec une violence colossale la poupe de leur vaisseau convoyeur.
La puissance de l'impact projeta la majorité des passagers au sol, et en sonna quelques uns, auxquels il fallu une poignée de secondes pour reprendre leurs esprits. Il ne fallu pas plus de temps à l'assaillant pour lancer l'abordage. Déjà, des dizaines de guerriers avaient investis le pont, pour se répartir sur tout le vaisseau afin d'en prendre possession. Déjà, un petit groupe de 5 hommes, mélange de pirates, de barbares et de mercenaires se présentait face à eux. Leur allure était sinistre, comme si, morts il y a des siècles, quelqu'un avait jugé bon de les rappeler la vie pour combattre sous ses ordres. Leurs visages étaient émaciés, leur regard vide, leur peaux rongées et leurs vêtements en lambeaux. De leurs bouches entrouvertes s'échappaient un râle d'agonie permanent.
D'ici quelques secondes, la bataille ferait rage.
Le divorce était récent, les plaies encore béantes et arrosées du sel des événements fâcheux qui étaient survenus depuis. Il faudrait du temps, et bien plus que cela encore pour que celles-ci ne cicatrisent complètement et cèdent leur place à des stigmates qui jamais ne disparaîtraient complètement.
Le sombre guerrier à la chevelure ivoire laissa, contre son gré, la danseuse prendre possession, dans un sens, de ses quartiers. Il était certain cependant, que ce petit acte héroïque avait du lui coûter plus qu'elle ne voudrait bien l'admettre, il pouvait presque sentir les battements de son petit cœur depuis sa position, comme si celui-ci, honteux, cherchait à s'extirper de sa poitrine. Parallèlement, elle rayonnait. Assez bizarrement d'ailleurs, alors qu'elle devrait, en toute logique, regarder ses pieds depuis une position plus basse que terre. Mais il n'en était rien. Elle lui faisait face, fière et digne, le buste droit, le menton haut, telle un modèle qui poserait pour un sculpteur cherchant à reproduire l'image d'Artémis, partant en chasse.
Cette idée amusa un instant Ikaar, qui se surprit même à sourire, tant l'image était décalée.
-"Mais je t'en prie, entre donc, fais comme chez toi". lança-t-il sur un ton à la fois offusqué et ironique.
Le chef des caravaniers n'attendit aucune réponse. Il poussa la porte suffisamment fort pour que celle-ci claque bruyamment en se refermant. Puis, conscient de sa presque nudité, passa un juste au corps usé sans manche, et prit le temps de verser un peu d'eau fraîche sur son visage pour se réveiller tant que possible. En se rapprochant de l'Atlante, il passa ses mains alors mouillées, dans ses cheveux pour les coiffer à la va vite.
Voila, il était prêt.
Dans un petit coin de sa cabine, étaient installés deux fauteuils confortables en cuir disposés autour d'une table ronde vernies d'un autre temps. Sur celle-ci traînaient deux verres de vin en cristal dont un arborant des traces tenaces d'un rouge à lèvre écarlate. Constatant la présence de ces éléments compromettant, le robuste et taiseux caravanier disposa cette vaisselle non loin et prit place sur l'un des fauteuils avant d'inviter Kachina, d'un geste à en faire de même.
Son regard était grave, mais pas plus que d'habitude, à vrai dire. Son visage ne trahissait aucune émotion. Pas de culpabilité, ni même de surprise. Rien n'a envier au plus impassible des joueurs de poker. Calme et posé, il prit un grand et long soupir avant de monopoliser la parole.
-"Tu penses que je te dois des explications ? Bien. Et à quel titre exactement ? Pour quelle raison inconnue te devrais-je quoi que ce soi en fait ? Simplement parce que tu l'exiges ? C'est assez drôle non ? Tu te pointes là comme ça, un beau matin, tambourinant à ma porte comme un milicien avant une perquisition... et le tout sans information préalable."
La colère du jeune homme était palpable. Le démon qui sommeillait en lui commençait à s'agiter quelque peu. Au delà de ça, de par son éducation stricte influencée par les coutumes du Pays du Thé, Ikaar abhorrait les esclandres. Il n'aimait pas le bruit, les mises en scène, l’exagération, que l'on monte les sujets en épingle, bref, ce que les femmes avaient souvent une fâcheuse tendance à faire lorsqu'un désagrément survenait.
-"Et que suis sensé faire dis-moi ? J'aimerai ton avis éclairé... Suis-je censé m'exposer au premier venu ? Livrer l'intégralité de mes secrets à chaque colporteur que nous croisons ? Souhaites-tu peut-être que je publie le récit de mes mémoires et les porte à la connaissance du grand public ? Fantasque fille et ingénue que tu peux être, Kachina. Tu parais aujourd'hui devant moi, pleine d'incompréhension et d'amertume, semble-t-il ? Mais pourquoi ne pas être venue plus tôt si tu accordes au sujet autant d'importance ? Si l'impatience te ronge. Fallait-il que je devine tes angoisses ? Tu en as de bonnes toi... tu n'es, saches le, pas le centre de mes préoccupations en ce moment. Navré de te décevoir".
La tirade était plutôt vindicative. Ce n'était pas vraiment son genre, mais elle avait cumulé tant d'écarts. Entre le réveil matinal, l'envahissement en règle de sa chambre et son indiscrétion, il ne trouvait que difficilement de raison d'avoir recours à la clémence. Il tenta néanmoins de se tempérer par la suite.
-"Si je n'approuve pas les formes, en revanche, sur le fond ta demande est légitime. Tu fais partie des nôtres, bien que fraîche recrue, tu as fait suffisamment de route à nos côtés pour mériter quelques éclaircissements. Assez pour te forger ton propre avis sur le sujet".
-"Comme tu dois le savoir, autrefois notre groupe et celui des Exilés ne formions qu'une expédition. Une seule Caravane de Nulle Part. A cette époque, notre rayonnement sur les contrées que nous traversions était encore plus fort, notre réputation en dépassait les frontières. Les affaires étaient florissantes et notre organisation ne souffrait d'aucune faiblesse. Puis comme dans toute idylle, un événement fâcheux survient et remet en cause tout le travail accompli. Trop d'assurance, la force de l'habitude, qui sait vraiment ce qui fut à l'origine de ces errements, mais un soir, la défense de notre camp fut prise à défaut après avoir emprunté un itinéraire plus court mais plus exposé à d’éventuels raids. Face à la rudesse des assauts et en infériorité numérique l'intégrité de notre troupe fut mise en péril. Débordés de toute part, nos forces furent contraintes à se replier. Nombre de caravaniers furent blessés et neutralisés. Conscient que nous ne pourrions nous en sortir de façon conventionnelle, je fut contrait de ...."
Alors qu'il s’apprêtait à poursuivre un récit dont le contenu devenait aussi palpitant qu’intéressant, la porte de la cabine s'ouvrit brutalement. D'abord ébloui par la lumière du jour qui venait d’inonder la pièce dans laquelle régnait la pénombre, Ikaar parvint à reconnaître le propriétaire de la silhouette qui se dessinait dans l'encadrement de la porte.
Un homme à la posture noble et élégante se tenait devant eux, comme en représentation, les deux pieds ancrés dans le sol et écartés d'un bon demi-mètre. Il était paré de riches atours, une verste cousue de fins tissus brodés de liserés d'or et d'argent, un pantalon de velours parfaitement accordé et d'un sabre oriental fermement tenu dans sa main droite. Ses cheveux de feu, en bataille tombaient avec une négligence parfaite sur ses épaules larges et parfaitement proportionnées par rapport au reste de son corps. Chacun de ses mouvement était gracieux, même le plus anodin. Le son de sa voix, qui ne tarda pas à se faire entendre, dégageait un charme fou, à la fois suave et viril à souhait.
-"Ikaar, Mnénos m'a mandé à toi. Tu sembles trop occupé pour t'en être rendu compte mais les troupes du passeur ont déserté le navire à l'instant, en empruntant les canots de sauvetage. La manœuvre devait être prévue à l'avance, tant tout s'est déroulé sans éveiller aucun soupçon et en un temps record. - Au passage, mes hommages Madame, Je me présente, Rafael Alceste de Finefleur, pour vous servir, j'ose espérer avoir un jour l'opportunité de faire plus ample connaissance avec vous, tant vous me semblez charmante et je serai véritablement rav..."
Le sieur Rafael n'eut point le temps de finir son argumentaire, qu'il fut interrompu par le son grave d'une corne de brume qui résonnait au loin, comme venue d'outre tombe. Sans demander son reste et remettant de ce fait la conversation à plus tard, Ikaar se jeta hors de sa cabine pour observer, depuis le bastingage, la teneur des événements, suivi de près par l'héritier Finefleur.
De là, il prit connaissance de la menace. Face au spectacle ahurissant qui se jouait face à lui, ses yeux se contentèrent de rester écarquillés.
Au loin s’était propagé un nuage de sable, tel une tempête installant sur des miles et des miles, couvrant presque tout l'horizon et, chose folle, qui semblait parfaitement encercler leur navire. Cela ne pouvait être un phénomène naturel... Cette disposition... et puis ajouté à cela le fait qu'aucun son, aucun bruit, aucun souffle de vent ne parvenait de cet étrange rideau brun.
Puis la corne résonna à nouveau. Enfin, comme transperçant le nuage de sable, un immense galion entra dans le champs de vision des protagonistes, dans le plus grand des silences.
L'embarcation, qui affichait des dimensions deux ou trois fois supérieures à la leur, progressait à une vitesse folle. Si rapide que déjà, elle éperonnait avec une violence colossale la poupe de leur vaisseau convoyeur.
La puissance de l'impact projeta la majorité des passagers au sol, et en sonna quelques uns, auxquels il fallu une poignée de secondes pour reprendre leurs esprits. Il ne fallu pas plus de temps à l'assaillant pour lancer l'abordage. Déjà, des dizaines de guerriers avaient investis le pont, pour se répartir sur tout le vaisseau afin d'en prendre possession. Déjà, un petit groupe de 5 hommes, mélange de pirates, de barbares et de mercenaires se présentait face à eux. Leur allure était sinistre, comme si, morts il y a des siècles, quelqu'un avait jugé bon de les rappeler la vie pour combattre sous ses ordres. Leurs visages étaient émaciés, leur regard vide, leur peaux rongées et leurs vêtements en lambeaux. De leurs bouches entrouvertes s'échappaient un râle d'agonie permanent.
D'ici quelques secondes, la bataille ferait rage.
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
Il était imposant, comme toujours, il n'avait nul besoin de hausser la voix pour impressionner, ce qu'il dégageait suffisait. Elle l'observait tandis qu'il se rendait plus présentable. En vrai maître, il ne laissait rien paraître de la colère qu'elle devinait pourtant en lui. La jeune femme concentra son attention sur l'homme, refusant de jouer les indiscrètes en plus des intruses. Elle ne put cependant pas fermer les yeux sur les deux rescapés, témoins de la soirée agréable qu'il avait sans doute passée. Une vague de douleur envahit son coeur comme l'image du jeune homme en galante compagnie s'imposa à son esprit. Dans ce tableau, Ikaar lui apparaissait souriant et détendu... comme il ne l'était jamais quand il était en sa compagnie. Le visage de la brunette s'éteignit pour prendre un instant l'air grave du maître des lieux.
La jeune princesse accusa le coup, elle s'attendait à la colère froide d'Ikaar sans éclat, juste le poids des mots, la dureté des paroles. Si le ton acerbe avait fait mouche, l'Atlante n'en montra rien et répondit calmement au jeune chef de la Caravane.
"Pour tout vous avouez, je n'aime pas ces méthodes non plus. Pour ma défense j'ajouterai qu'il n'est pas aisé de vous parler. Vous semblez continuellement sur le qui-vive et en toute franchise chacune de nos entrevues s'est terminée par une fuite en règle du coup je me suis dit que je n'avais d'autre choix que d'assiéger votre antre et vous m'en voyez désolée. Je n'aurais pu venir vous demander d'éclairer mon chemin plus tôt... je n'ai appris que très récemment... hier soir en fait, l'existence des Exilés, de la scission... du frère de Krabulg."
Sur ces paroles ses épaules s'affaissèrent quelque peu et elle s'affala sur la deuxième chaise. Elle ne chercha pas à cacher sa peine, son sentiment de solitude lui pesait. Non bien sûr elle ne s'attendait pas à ce que ses compagnons de route lui raconte tous leurs secrets ouvertement mais elle s'était sentie, encore une fois, rejetée de la Caravane, exclue. Pouvait-elle exprimer clairement ce sentiment? Elle n'arrivait pas à trouver les mots justes.
"Vous savez j'étais vraiment heureuse d'entrer dans votre confrérie, c'était comme si je trouvais ma place dans le monde après une trop longue errance. Maintenant je me rends bien compte que je ne ferai jamais réellement partie des vôtres. Vous avez tous vécus des événements graves. Des événements qui ont créés des liens entre-vous et ... enfin je ne vais pas m'étendre sur mes sentiments... je sais que vous n'aimez qu'on affiche ce qu'on ressent, vous prenez sans doute ça pour de la faiblesse. Je pense au contraire que c'est une force. Chacun son avis."
Il commença son récit d'une voix monocorde, comme un soldat qui ferait le rapport d'une bataille. Cependant, le guerrier était mêlé de trop près aux événements et très vite son intonation changea et, avec elle, l'intensité de l'histoire. Le conteur fut interrompu dans son récit par une intrusion soudaine. La jeune femme cligna plusieurs fois des paupières pour s'habituer à la lumière qui rentrait maintenant à flots dans la chambre de son chef. L'homme qui leur faisait face était grand, élancé et fort bien fait de sa personne. Il se dégageait de lui quelque chose de magnétique, tout était fait pour plaire en lui de sa posture de conquérant étudiée à ses traits finement ciselés. Il n'avait pas la sauvagerie qui se dégageait du chef des caravaniers mais plutôt un raffinement, une attitude noble une voix pleine de chaleur et un sourire avenant.. tout le contraire d'Ikaar. Bien que sensible au charme du jeune Baron, l'Atlante lui préférait, Dieu seul sait pourquoi, le taciturne guerrier à la chevelure neigeuse.
Le temps n'était pas aux bavardages, et la petite danseuse se contenta de sourire timidement à cet inconnu qu'elle avait quand même reconnu comme faisant partie de "l'autre caste". Et pour cause comment aurait-elle pu oublier un tel homme? La charmante diatribe du jeune homme fut d'ailleurs interrompue par un son qui sonna lugubrement aux oreilles de l'Atlante.
Elle ne se précipita pas à la suite des deux hommes mais resta assise sur sa chaise, tétanisée par l'horrible écho de ce son. Elle n'avait pas souvenir d'avoir déjà entendu pareil plainte et pourtant quelque chose la clouait sur place, un sentiment puissant et destructeur à la fois: la peur. Une peur irraisonnée, la jeune princesse sut, ses ennemis l'avaient retrouvée. Ils allaient tous les tuer, tous les passagers de ce navire. Ils ne feraient montre d'aucune pitié. Des images défilaient devant ses yeux agrandis par la terreur qui l'emportait et elle hurla en fermant les yeux avec l'énergie du désespoir, refusant d'en voir plus.
Une voix ironique transperça l'opaque brouillard de sa peur.
"hé bien Princesse est-ce là tout ce que j'ai réussi à vous enseigner? Moi qui me targuais d'être un bon professeur"
Kachina ne put en croire ses oreilles, elle aurait reconnu entre mille cette façon de s'adresser à elle, ce ton à la fois ironique et plein de sollicitude. Il lui avait suffit d'une phrase pour qu'elle se sente assez forte et surmonte sa peur. L'Atlante ouvrit grands les yeux pour découvrir avec un soulagement manifeste que son ange gardien n'avait pas failli à son devoir. Il était habillé comme les hommes d'équipage qui l'avait jugée si sévèrement quelques instants plus tôt. Une chemise de lin blanche d'une propreté douteuse et ouverte sur sa poitrine dont il avait retroussé les manches, un pantalon tanné par l'usure et des bottes en daim tout aussi usitées. Se souciant peu de cette apparence négligée, la jeune princesse bondit de son siège pour se jeter au cou de Keb'. Ce dernier accueillit ce geste stoïquement,sans esquisser un geste avant de la repousser d'une main ferme. Il aurait aimé répondre plus amicalement à son élan spontané, mais la joie n'était pas le sentiment qui la protégerait de ses ennemis. Après une rapide révérence, plus conventionnelle, il reprit la parole. Sa voix avait retrouvé son ton professoral et son sourire s'était transformé en pincement sévère.
"Il est temps pour vous d'arrêter de vous comporter comme une enfant effarouchée. J'ose espérer que je ne risque pas ma vie pour une greluche...il pointa le menton vers les deux hommes dehors ... et qu'eux eux non plus"
La jeune femme eut un regard pour Ikaar et le charmant inconnu à ses côtés. Il avait raison comme toujours, elle prit la décision que, s'il n'y avait pas d'autre choix, elle monnaierait sa propre vie. Ses yeux brillèrent d'une détermination nouvelle. Dans ses mains apparut une étrange épée à la lame d'un bleu sombre veiné d'azur. Elle se contenta de hocher la tête pour lui signifier son accord et il lui répondit en la saluant de son arme: "ma reine".
D'un geste, il lui signifia de passer devant s'effaçant presque dans l'ombre de la cabine. La petite danseuse risqua enfin le nez dehors et ses yeux embrassèrent la scène cauchemardesques plein d'appréhension. La brunette raffermit sa prise sur la garde de l'épée, tentant d'y trouver le courage dont elle aurait besoin pour affronter les monstres qu'elle voyait surgir du néant. Autour d'eux, l'air semblait s'être densifié comme si la tempête de sable qui les submergeaient voulait les asphyxier. Elle découvrit avec horreur les visages de leurs assaillants.
Tout d'abord, une odeur nauséabonde attaqua ses narines. Son nez lui piqua et elle ne parvenait pas à s'habituer à cette puanteur atroce. Puis elle fut projetée violemment au sol par une terrible secousse qui ébranla tout le navire. Elle mit quelques secondes à retrouver ses esprits et à se retrouver à nouveau sur ses deux jambes. A peine fut elle debout qu'elle découvrit avec horreur que l'abordage avait commencé et que plusieurs ennemis leur faisaient déjà face. L'Atlante se retint de fermer à nouveau les yeux, d'occulter la vision de ces abominations mais elle se souvint de qui elle devait être, de ce qu'ils avaient fait: par deux fois ils avaient anéanti le monde dans lequel elle évoluait, avait rasé sa maison et tuer tous ceux qui lui était chers. Elle ne pouvait permettre que cela se reproduise. Cette fois, elle se battrait. La jeune princesse sentit qu'elle était observée, qu'une paire d'yeux ne la lâchaient pas mais elle ne pouvait se permettre de détourner la tête de ses ennemis pour en découvrir le propriétaire. La moindre inattention pourrait lui être fatale. Suivant les leçons de son gardien, elle oublia tout pour se concentrer tout entière sur le combat à venir.
La jeune princesse accusa le coup, elle s'attendait à la colère froide d'Ikaar sans éclat, juste le poids des mots, la dureté des paroles. Si le ton acerbe avait fait mouche, l'Atlante n'en montra rien et répondit calmement au jeune chef de la Caravane.
"Pour tout vous avouez, je n'aime pas ces méthodes non plus. Pour ma défense j'ajouterai qu'il n'est pas aisé de vous parler. Vous semblez continuellement sur le qui-vive et en toute franchise chacune de nos entrevues s'est terminée par une fuite en règle du coup je me suis dit que je n'avais d'autre choix que d'assiéger votre antre et vous m'en voyez désolée. Je n'aurais pu venir vous demander d'éclairer mon chemin plus tôt... je n'ai appris que très récemment... hier soir en fait, l'existence des Exilés, de la scission... du frère de Krabulg."
Sur ces paroles ses épaules s'affaissèrent quelque peu et elle s'affala sur la deuxième chaise. Elle ne chercha pas à cacher sa peine, son sentiment de solitude lui pesait. Non bien sûr elle ne s'attendait pas à ce que ses compagnons de route lui raconte tous leurs secrets ouvertement mais elle s'était sentie, encore une fois, rejetée de la Caravane, exclue. Pouvait-elle exprimer clairement ce sentiment? Elle n'arrivait pas à trouver les mots justes.
"Vous savez j'étais vraiment heureuse d'entrer dans votre confrérie, c'était comme si je trouvais ma place dans le monde après une trop longue errance. Maintenant je me rends bien compte que je ne ferai jamais réellement partie des vôtres. Vous avez tous vécus des événements graves. Des événements qui ont créés des liens entre-vous et ... enfin je ne vais pas m'étendre sur mes sentiments... je sais que vous n'aimez qu'on affiche ce qu'on ressent, vous prenez sans doute ça pour de la faiblesse. Je pense au contraire que c'est une force. Chacun son avis."
Il commença son récit d'une voix monocorde, comme un soldat qui ferait le rapport d'une bataille. Cependant, le guerrier était mêlé de trop près aux événements et très vite son intonation changea et, avec elle, l'intensité de l'histoire. Le conteur fut interrompu dans son récit par une intrusion soudaine. La jeune femme cligna plusieurs fois des paupières pour s'habituer à la lumière qui rentrait maintenant à flots dans la chambre de son chef. L'homme qui leur faisait face était grand, élancé et fort bien fait de sa personne. Il se dégageait de lui quelque chose de magnétique, tout était fait pour plaire en lui de sa posture de conquérant étudiée à ses traits finement ciselés. Il n'avait pas la sauvagerie qui se dégageait du chef des caravaniers mais plutôt un raffinement, une attitude noble une voix pleine de chaleur et un sourire avenant.. tout le contraire d'Ikaar. Bien que sensible au charme du jeune Baron, l'Atlante lui préférait, Dieu seul sait pourquoi, le taciturne guerrier à la chevelure neigeuse.
Le temps n'était pas aux bavardages, et la petite danseuse se contenta de sourire timidement à cet inconnu qu'elle avait quand même reconnu comme faisant partie de "l'autre caste". Et pour cause comment aurait-elle pu oublier un tel homme? La charmante diatribe du jeune homme fut d'ailleurs interrompue par un son qui sonna lugubrement aux oreilles de l'Atlante.
Elle ne se précipita pas à la suite des deux hommes mais resta assise sur sa chaise, tétanisée par l'horrible écho de ce son. Elle n'avait pas souvenir d'avoir déjà entendu pareil plainte et pourtant quelque chose la clouait sur place, un sentiment puissant et destructeur à la fois: la peur. Une peur irraisonnée, la jeune princesse sut, ses ennemis l'avaient retrouvée. Ils allaient tous les tuer, tous les passagers de ce navire. Ils ne feraient montre d'aucune pitié. Des images défilaient devant ses yeux agrandis par la terreur qui l'emportait et elle hurla en fermant les yeux avec l'énergie du désespoir, refusant d'en voir plus.
Une voix ironique transperça l'opaque brouillard de sa peur.
"hé bien Princesse est-ce là tout ce que j'ai réussi à vous enseigner? Moi qui me targuais d'être un bon professeur"
Kachina ne put en croire ses oreilles, elle aurait reconnu entre mille cette façon de s'adresser à elle, ce ton à la fois ironique et plein de sollicitude. Il lui avait suffit d'une phrase pour qu'elle se sente assez forte et surmonte sa peur. L'Atlante ouvrit grands les yeux pour découvrir avec un soulagement manifeste que son ange gardien n'avait pas failli à son devoir. Il était habillé comme les hommes d'équipage qui l'avait jugée si sévèrement quelques instants plus tôt. Une chemise de lin blanche d'une propreté douteuse et ouverte sur sa poitrine dont il avait retroussé les manches, un pantalon tanné par l'usure et des bottes en daim tout aussi usitées. Se souciant peu de cette apparence négligée, la jeune princesse bondit de son siège pour se jeter au cou de Keb'. Ce dernier accueillit ce geste stoïquement,sans esquisser un geste avant de la repousser d'une main ferme. Il aurait aimé répondre plus amicalement à son élan spontané, mais la joie n'était pas le sentiment qui la protégerait de ses ennemis. Après une rapide révérence, plus conventionnelle, il reprit la parole. Sa voix avait retrouvé son ton professoral et son sourire s'était transformé en pincement sévère.
"Il est temps pour vous d'arrêter de vous comporter comme une enfant effarouchée. J'ose espérer que je ne risque pas ma vie pour une greluche...il pointa le menton vers les deux hommes dehors ... et qu'eux eux non plus"
La jeune femme eut un regard pour Ikaar et le charmant inconnu à ses côtés. Il avait raison comme toujours, elle prit la décision que, s'il n'y avait pas d'autre choix, elle monnaierait sa propre vie. Ses yeux brillèrent d'une détermination nouvelle. Dans ses mains apparut une étrange épée à la lame d'un bleu sombre veiné d'azur. Elle se contenta de hocher la tête pour lui signifier son accord et il lui répondit en la saluant de son arme: "ma reine".
D'un geste, il lui signifia de passer devant s'effaçant presque dans l'ombre de la cabine. La petite danseuse risqua enfin le nez dehors et ses yeux embrassèrent la scène cauchemardesques plein d'appréhension. La brunette raffermit sa prise sur la garde de l'épée, tentant d'y trouver le courage dont elle aurait besoin pour affronter les monstres qu'elle voyait surgir du néant. Autour d'eux, l'air semblait s'être densifié comme si la tempête de sable qui les submergeaient voulait les asphyxier. Elle découvrit avec horreur les visages de leurs assaillants.
Tout d'abord, une odeur nauséabonde attaqua ses narines. Son nez lui piqua et elle ne parvenait pas à s'habituer à cette puanteur atroce. Puis elle fut projetée violemment au sol par une terrible secousse qui ébranla tout le navire. Elle mit quelques secondes à retrouver ses esprits et à se retrouver à nouveau sur ses deux jambes. A peine fut elle debout qu'elle découvrit avec horreur que l'abordage avait commencé et que plusieurs ennemis leur faisaient déjà face. L'Atlante se retint de fermer à nouveau les yeux, d'occulter la vision de ces abominations mais elle se souvint de qui elle devait être, de ce qu'ils avaient fait: par deux fois ils avaient anéanti le monde dans lequel elle évoluait, avait rasé sa maison et tuer tous ceux qui lui était chers. Elle ne pouvait permettre que cela se reproduise. Cette fois, elle se battrait. La jeune princesse sentit qu'elle était observée, qu'une paire d'yeux ne la lâchaient pas mais elle ne pouvait se permettre de détourner la tête de ses ennemis pour en découvrir le propriétaire. La moindre inattention pourrait lui être fatale. Suivant les leçons de son gardien, elle oublia tout pour se concentrer tout entière sur le combat à venir.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
L'effet de surprise passé, Caravaniers et Exilés, unis pour l'occasion, eurent tôt fait de se mettre à l'ouvrage.
Le premier constat que chacun pût tirer de ces premières joutes fut que l'adversaire était loin d'afficher des compétences aussi aguerries que celles des nomades. Les passes d'armes ne duraient jamais bien longtemps, en général, les combattants alliés assignés aux positions de mêlée trouvaient la faille au bout de deux ou trois ripostes, grand maximum.
Les ennemis étaient certes impressionnants, tant par leur aspect que par leur constitution, mais il ne tenaient pas la route face aux troupes d'Ikaar et Mnénos. Au final, leur seule vraie force était celle du nombre, car c'est bien des dizaines et des dizaines de ces tristes sires qui investissaient le pont du vaisseau de traverse. De robustes cordages noués à des grappins en fonte avaient été jetés en premier lieu et permettaient actuellement de rallier l'un ou l'autre des navires.
L'embarcation attaquée l’était en plusieurs endroits, sur chacun de ses trois niveaux, de la proue à la poupe. Bien évidement, la manœuvre défensive qui s'improvisa de concert, visait à barrer l'accès aux zones clefs du navire aux assaillants, telles la machinerie, les réserves à combustibles et dans un second temps, les quartiers dans lesquels étaient entreposés les biens des passagers et enfin, les cales à provisions qui pourraient s'avérer utile pour la suite de l'aventure.
De petits groupes de nomades, formés à la va-vite par les ordres hurlés des deux chefs de clans s'étaient répartis sur chacune de ces positions stratégiques. Le reste des combattants ferait office de brise-lame pour ralentir au maximum l'abordage et l'arrivée de l'ennemi sur leur vaisseau.
Kachina se trouvait alors en compagnie de ce premier rideau des forces de la coalition caravaniers/exilés. En un mot comme en cent, se tenait face à elle ce qui se faisait de mieux en matière de fines lames zaerodiennes. Tout proche de la petite danseuse combattait férocement le Roi Izmir, qui faisait danser les lames de ses cimeterres et pourfendait l'ennemi en un magnifique ballet funeste. Un peu plus loin l'impressionnante épée de Kruul détruisait ses opposants avec une extrême violence. Pour lui, pas de technique, ni de botte secrète, aucune passe d'arme élaborée, seule sa force brute faisait la différence. Tout le contraire de celle qui s'ignorait comme l’élue du cœur du pauvre barbare, la Princesse Solveig Aaricia de Niflheim, dont l'élégance dans l'effort n'avait d'égal que son efficacité à se défaire de ceux qui se risquaient à mener l'assaut contre elle.
Yazzren, la drow était évidement de la partie. Comment aurait-il pu en être autrement, elle qui prenait un malin plaisir à jouer jusqu'au bout avec les les corps mutilés des blessés qui étaient tombés sous le déluge de ses deux poignards elfiques. Reliés l'un à l'autre par une chaîne d'adamantium, elle faisait tournoyer ses deux instruments de mort avec une dextérité déconcertante.. A quelques mètres de l'elfe noire, à l'extrémité droit du front faisant face à l'assaut, se tenait Rafael, qui affichait une posture on ne peut plus décontractée, le sourire aux lèvres, s'amusant à désarmer ses ennemis puis les démembrer à l'aide de manœuvres presqu'aussi fluides qu'imperceptibles pour un œil non averti. On pouvait se moquer volontiers de ses airs de dandy, mais une chose était sûre, le sieur avait du style, dans la vie quotidienne comme au combat.
Le reste des troupes non présentes en première ligne, s’était donc réparti aux quatre coins du navire, pour sécuriser les zones cruciales, ou était en passe de le faire.
Un peu en retrait, tels deux généraux sur une colline surplombant la morne plaine devenue le théâtre d'affrontements sans merci, Ikaar et Mnénos observaient la progression de l'assaut, silencieusement. Le premier, fidèle à lui même, les bras croisés, le buste droit, les sourcils froncés, taiseux jusqu'au bout des ongles. Le second, assis de façon décontractée sur un baril d'eau potable, jouant avec les poils de sa barbe blanche. Comme l'on pouvait s'y attendre, aucun mot n’était échangé entre les deux hommes, rassemblés ici malgré leurs différends. Il sautait véritablement au yeux que tout opposait ces deux là, de leur façon de se tenir, de se mouvoir, jusqu'à leurs convictions profondes, en passant par la façon qu'ils avaient d'élaborer une stratégie.
Après déjà un quart d'heure d'une lutte acharnée, le brise-lame tenait bon, malgré la fatigue qui commençait à se faire sentir dans les membres des combattants dont l'endurance était mise à rude épreuve. Au départ totalement hermétique, ce rideau défensif montrait à présent ses premiers signes de perméabilité. Quelques pirates et mercenaires parvenaient à s'extirper des affrontements et à se soustraire à la vigilance des nomades réunis.
La plupart des chanceux disparaissaient rapidement au détour d'un escalier, d'une porte ou de quelques amas de cargaisons empilées les unes sur les autres. Il fallait espérer que les autres groupes se chargeraient d'eux sans heurts.
Bizarrement, un petit groupe de quatre morts-vivants qui certainement peu conscients des risques qu'ils encouraient envisagea une autre option et décida de se frotter aux deux chefs de clans.
Ikaar et Mnénos échangèrent un regard bref et toujours dans le plus pesant des silences, se préparèrent à recevoir la charge.
Le bellâtre aux cheveux d'argent ne bougea pas d'un iota, impassible, les bras croisés, son arme reposant toujours dans son fourreau. Alors que le premier de ses adversaires lui portait un coup d'estoc à l'aide de sa hache, Ikaar resta stoïque. Son corps sembla alors émettre un léger scintillement tandis que la lame sombre fendait l'air sans lui faire la moindre entaille.
Interloqué, le mercenaire d'outre tombe observa un instant l'ancien membre du célébrissime Clan Nobu. La réplique ne se fit guère attendre, aussi imperceptible que l'esquive qu'il venait de produire. On vit à peine son bras se mouvoir, et dans son sillage, un trait lumineux qu'il venait de dessiner d'un mouvement de sa lame. Le tout ne dura qu'une fraction de seconde et déjà le corps de l'ennemi se séparait en deux parties distinctes, intégralement tranché sur toute sa hauteur.
Témoin de ce macabre spectacle, le second adversaire d'Ikaar se détourna de lui, pour lui préférer Mnénos qui se retrouvait donc confronté à trois assaillants.
Beaucoup plus mobile et démonstratif que son confrère caravanier, il adopta une posture de combat rappelant celle très caractéristique de l'ordre monacal qu'il avait fréquenté autrefois. Mnénos ne portait aucune arme. En réalité il n'en avait pas besoin, tant ses points remplaçaient avantageusement ces dernières.
Les attaques coordonnées des mercenaires des ténèbres furent parées sans encombre, paumes des mains en opposition systématique. Celles-ci, fortes d'un entrainement aussi long qu'intensif et éprouvant pour le corps et l'esprit, étaient devenues plus dures que le métal et pouvaient donc tenir la comparaison face à aux armes forgées. La riposte fut frontale, violente et vint sanctionner chaque assaut porté. Chaque impact de ses poings s'accompagnait d'une légère onde de choc qui faisait vibrer les tympans des personnes se trouvant à proximité. Et en échos à ces bruits étranges, celui des os brisés et des cartilages explosés de ses victimes qui s’écroulaient tout trois au sol, inanimés.
C'est à la faveur du répit offert par ce petit intermède martial qu'Ikaar remarqua la présence de Kachina, non loin.
Ce dernier, ne sachant trop comment se positionner vis-à vis d'elle et ne disposant que de peu de données tangibles à analyser au sujet de ses compétences au combat, préféra la prudence et lui signifier une affectation en retrait, en renfort du groupe de son choix. En outre, ce dernier ne remarqua pas l'étrange individu qui accompagnait la petite danseuse.
-"Kachina, ton aide sera plus précieuse au cœur du navire. Rejoins en un dans l'instant. Le front tiendra sans ton aide. Je crois savoir que les solides combattants que sont Krabulg et son frère défendent actuellement la machinerie,accompagnés de quelques autres. La Marionnette et le Porteguerre Agram entravent l'accès aux cuves. La cantine est défendue par Yao, seul. Il n'aura besoin d'aucune aide. Le reste de forces en présence a dû s'organiser pour bloquer l'accès aux quartiers de vie et y trouver refuge. Je pense qu'il serait une bonne idée pour toi de t'y rendre, sans vouloir t'offenser. Mais je te laisse libre de choisir en ton âme et conscience."
Sans attendre de réponse, Ikaar se désintéressa alors de la réaction de l'Atlante, priorisant l'observation de la bataille. Le choix appartenait donc à Kachina quand à sa prochaine destination et du groupe qu'elle allait rejoindre. A moins qu'elle n'en fasse qu'à sa tête et ne décide de suivre sa propre stratégie.
Le premier constat que chacun pût tirer de ces premières joutes fut que l'adversaire était loin d'afficher des compétences aussi aguerries que celles des nomades. Les passes d'armes ne duraient jamais bien longtemps, en général, les combattants alliés assignés aux positions de mêlée trouvaient la faille au bout de deux ou trois ripostes, grand maximum.
Les ennemis étaient certes impressionnants, tant par leur aspect que par leur constitution, mais il ne tenaient pas la route face aux troupes d'Ikaar et Mnénos. Au final, leur seule vraie force était celle du nombre, car c'est bien des dizaines et des dizaines de ces tristes sires qui investissaient le pont du vaisseau de traverse. De robustes cordages noués à des grappins en fonte avaient été jetés en premier lieu et permettaient actuellement de rallier l'un ou l'autre des navires.
L'embarcation attaquée l’était en plusieurs endroits, sur chacun de ses trois niveaux, de la proue à la poupe. Bien évidement, la manœuvre défensive qui s'improvisa de concert, visait à barrer l'accès aux zones clefs du navire aux assaillants, telles la machinerie, les réserves à combustibles et dans un second temps, les quartiers dans lesquels étaient entreposés les biens des passagers et enfin, les cales à provisions qui pourraient s'avérer utile pour la suite de l'aventure.
De petits groupes de nomades, formés à la va-vite par les ordres hurlés des deux chefs de clans s'étaient répartis sur chacune de ces positions stratégiques. Le reste des combattants ferait office de brise-lame pour ralentir au maximum l'abordage et l'arrivée de l'ennemi sur leur vaisseau.
Kachina se trouvait alors en compagnie de ce premier rideau des forces de la coalition caravaniers/exilés. En un mot comme en cent, se tenait face à elle ce qui se faisait de mieux en matière de fines lames zaerodiennes. Tout proche de la petite danseuse combattait férocement le Roi Izmir, qui faisait danser les lames de ses cimeterres et pourfendait l'ennemi en un magnifique ballet funeste. Un peu plus loin l'impressionnante épée de Kruul détruisait ses opposants avec une extrême violence. Pour lui, pas de technique, ni de botte secrète, aucune passe d'arme élaborée, seule sa force brute faisait la différence. Tout le contraire de celle qui s'ignorait comme l’élue du cœur du pauvre barbare, la Princesse Solveig Aaricia de Niflheim, dont l'élégance dans l'effort n'avait d'égal que son efficacité à se défaire de ceux qui se risquaient à mener l'assaut contre elle.
Yazzren, la drow était évidement de la partie. Comment aurait-il pu en être autrement, elle qui prenait un malin plaisir à jouer jusqu'au bout avec les les corps mutilés des blessés qui étaient tombés sous le déluge de ses deux poignards elfiques. Reliés l'un à l'autre par une chaîne d'adamantium, elle faisait tournoyer ses deux instruments de mort avec une dextérité déconcertante.. A quelques mètres de l'elfe noire, à l'extrémité droit du front faisant face à l'assaut, se tenait Rafael, qui affichait une posture on ne peut plus décontractée, le sourire aux lèvres, s'amusant à désarmer ses ennemis puis les démembrer à l'aide de manœuvres presqu'aussi fluides qu'imperceptibles pour un œil non averti. On pouvait se moquer volontiers de ses airs de dandy, mais une chose était sûre, le sieur avait du style, dans la vie quotidienne comme au combat.
Le reste des troupes non présentes en première ligne, s’était donc réparti aux quatre coins du navire, pour sécuriser les zones cruciales, ou était en passe de le faire.
Un peu en retrait, tels deux généraux sur une colline surplombant la morne plaine devenue le théâtre d'affrontements sans merci, Ikaar et Mnénos observaient la progression de l'assaut, silencieusement. Le premier, fidèle à lui même, les bras croisés, le buste droit, les sourcils froncés, taiseux jusqu'au bout des ongles. Le second, assis de façon décontractée sur un baril d'eau potable, jouant avec les poils de sa barbe blanche. Comme l'on pouvait s'y attendre, aucun mot n’était échangé entre les deux hommes, rassemblés ici malgré leurs différends. Il sautait véritablement au yeux que tout opposait ces deux là, de leur façon de se tenir, de se mouvoir, jusqu'à leurs convictions profondes, en passant par la façon qu'ils avaient d'élaborer une stratégie.
Après déjà un quart d'heure d'une lutte acharnée, le brise-lame tenait bon, malgré la fatigue qui commençait à se faire sentir dans les membres des combattants dont l'endurance était mise à rude épreuve. Au départ totalement hermétique, ce rideau défensif montrait à présent ses premiers signes de perméabilité. Quelques pirates et mercenaires parvenaient à s'extirper des affrontements et à se soustraire à la vigilance des nomades réunis.
La plupart des chanceux disparaissaient rapidement au détour d'un escalier, d'une porte ou de quelques amas de cargaisons empilées les unes sur les autres. Il fallait espérer que les autres groupes se chargeraient d'eux sans heurts.
Bizarrement, un petit groupe de quatre morts-vivants qui certainement peu conscients des risques qu'ils encouraient envisagea une autre option et décida de se frotter aux deux chefs de clans.
Ikaar et Mnénos échangèrent un regard bref et toujours dans le plus pesant des silences, se préparèrent à recevoir la charge.
Le bellâtre aux cheveux d'argent ne bougea pas d'un iota, impassible, les bras croisés, son arme reposant toujours dans son fourreau. Alors que le premier de ses adversaires lui portait un coup d'estoc à l'aide de sa hache, Ikaar resta stoïque. Son corps sembla alors émettre un léger scintillement tandis que la lame sombre fendait l'air sans lui faire la moindre entaille.
Interloqué, le mercenaire d'outre tombe observa un instant l'ancien membre du célébrissime Clan Nobu. La réplique ne se fit guère attendre, aussi imperceptible que l'esquive qu'il venait de produire. On vit à peine son bras se mouvoir, et dans son sillage, un trait lumineux qu'il venait de dessiner d'un mouvement de sa lame. Le tout ne dura qu'une fraction de seconde et déjà le corps de l'ennemi se séparait en deux parties distinctes, intégralement tranché sur toute sa hauteur.
Témoin de ce macabre spectacle, le second adversaire d'Ikaar se détourna de lui, pour lui préférer Mnénos qui se retrouvait donc confronté à trois assaillants.
Beaucoup plus mobile et démonstratif que son confrère caravanier, il adopta une posture de combat rappelant celle très caractéristique de l'ordre monacal qu'il avait fréquenté autrefois. Mnénos ne portait aucune arme. En réalité il n'en avait pas besoin, tant ses points remplaçaient avantageusement ces dernières.
Les attaques coordonnées des mercenaires des ténèbres furent parées sans encombre, paumes des mains en opposition systématique. Celles-ci, fortes d'un entrainement aussi long qu'intensif et éprouvant pour le corps et l'esprit, étaient devenues plus dures que le métal et pouvaient donc tenir la comparaison face à aux armes forgées. La riposte fut frontale, violente et vint sanctionner chaque assaut porté. Chaque impact de ses poings s'accompagnait d'une légère onde de choc qui faisait vibrer les tympans des personnes se trouvant à proximité. Et en échos à ces bruits étranges, celui des os brisés et des cartilages explosés de ses victimes qui s’écroulaient tout trois au sol, inanimés.
C'est à la faveur du répit offert par ce petit intermède martial qu'Ikaar remarqua la présence de Kachina, non loin.
Ce dernier, ne sachant trop comment se positionner vis-à vis d'elle et ne disposant que de peu de données tangibles à analyser au sujet de ses compétences au combat, préféra la prudence et lui signifier une affectation en retrait, en renfort du groupe de son choix. En outre, ce dernier ne remarqua pas l'étrange individu qui accompagnait la petite danseuse.
-"Kachina, ton aide sera plus précieuse au cœur du navire. Rejoins en un dans l'instant. Le front tiendra sans ton aide. Je crois savoir que les solides combattants que sont Krabulg et son frère défendent actuellement la machinerie,accompagnés de quelques autres. La Marionnette et le Porteguerre Agram entravent l'accès aux cuves. La cantine est défendue par Yao, seul. Il n'aura besoin d'aucune aide. Le reste de forces en présence a dû s'organiser pour bloquer l'accès aux quartiers de vie et y trouver refuge. Je pense qu'il serait une bonne idée pour toi de t'y rendre, sans vouloir t'offenser. Mais je te laisse libre de choisir en ton âme et conscience."
Sans attendre de réponse, Ikaar se désintéressa alors de la réaction de l'Atlante, priorisant l'observation de la bataille. Le choix appartenait donc à Kachina quand à sa prochaine destination et du groupe qu'elle allait rejoindre. A moins qu'elle n'en fasse qu'à sa tête et ne décide de suivre sa propre stratégie.
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
La bataille faisait rage de tout côté, si elle n'avait pas la classe de Rafaël ou l'efficacité de la drow ou du Roi Izmir, la petite danseuse s'en tirait honorablement. Les ennemis n'étaient pas rapides et elle réussissait à éviter leurs coups sans trop de difficulté. Son corps, aussi souple qu'un roseau, palliait son manque d'expérience. Elle réussit même à mettre à bas deux ennemis non sans fierté.
A ses côtés, Keb' veillait à ce qu'elle ne soit pas submergée par le nombre des morts-vivants qui ne semblaient pas vouloir se tarir. Il était magistral, chaque coup était donné avec une précision chirurgicale, il mesurait ses mouvements, préservait ses forces. Tantôt il était à un endroit, l'autre tandis que l'ennemi frappait sûr de le toucher il avait disparu, était devenu immatériel pour ensuite riposter semant la destruction.
La princesse n'eut que le temps de fusiller le chef aux cheveux argentés que déjà son guide lui saisissait le poignet pour l'entraîner loin des rixes. Outrée elle tourna vers lui son petit minois déformé par le colère.
"Tantôt il faut que je me batte, maintenant je dois fuir!"
Keb' sourit à la femme qui lui faisait face, elle avait perdu ses airs de petite fille effarouchée et il entrapercevait en ce moment la souveraine qu'elle aurait pu être. Il se pencha pour l'apaiser d'un ton conciliant.
"Il y a un temps pour tout majesté... ce ne sont là que des éclaireurs, ils sont sans doute là pour s'assurer que vous êtes bien parmi les caravaniers, à bord de ce bateau... nous avons une chance qu'ils ne vous ait pas reconnu. Si tel est le cas, ils partiront et... les passagers seront saufs."
Il l'entraînait toujours à sa suite, se dirigeant sans hésitation vers les quartiers des loges. A croire qu'il connaissait le navire comme s'il y avait été matelot et y avait passé la plupart de sa vie. Soudain, l'homme s'arrêta net devant une fenêtre. Son visage reflétait un effroi grandissant, une idée venait de lui traverser l'esprit et il se frappa le front avec force. L'Atlante tourna la tête vers la fenêtre ses yeux s'agrandirent du même effroi comme elle comprenait le cheminement des pensées de son garde du corps. Là, dans la pièce se tenait un vieillard au teint d'olive: Lo. La princesse murmura tout haut ce que leurs yeux s'échangeaient.
"A moins qu'ils ne soient pas là pour moi"
Keb hocha la tête et continua:
"La mémoire du peuple Atlante et..."
Le jeune homme se tut, incapable de continuer, le regard fixé sur le vieil homme. Lo, le dernier des Anciens, ou plutôt une réminiscence du plus puissant des cinq: son créateur, en quelque sorte... son père... Il se détourna de la fenêtre pour faire volte face et se précipiter vers la porte de la petite cabine. Il les protégerait tous les deux. Une résistance cependant l'empêcha d'aller plus avant. C'était à lui de se retourné sur elle le visage défiguré par la colère. Comme lui plus tôt, elle parla d'un ton conciliant, essayant de le ramener à la raison.
"Ecoute-moi s'il te plaît, c'est à toi maintenant de me faire confiance. Ce n'est pas... Ce n'est pas lui qu'il faut protéger, il n'est pas la mémoire réelle des Atlantes. C'est un leurre. Réfléchis, ce sage parmi les sages, il n'aurais jamais créé quelque chose d'aussi évident"
Les paroles firent leur chemin dans l'esprit du jeune homme qui hocha de nouveau la tête. Dans son regard elle vit une pointe de respect s'allumer tandis qu'il se laissait entraîner par la jeune femme. Il ne servait à rien de les mettre tous deux sous le même danger. Cela lui coûtait de laisser à d'autres le soin de défendre le vieillard mais c'était trop risqué, il fallait laisser leur puissant ennemi dans le flou autant que possible. Et cela peu importe le prix que cela pourrait lui coûter. Encore une fois ils pensaient la même chose et n'avait pas besoin de ce concerter. Une nouvelle étape de leur relation venait d'être franchie à cet instant. Tandis qu'ils s'éloignaient, Keb' crispa la mâchoire tandis que sa main serrait bien trop fort celle, toute menue, qui l'entraînait au loin.
Kachina sentait les sentiments qui déchiraient son guide. Elle ne comprenait pas pourquoi Lo revêtait une telle importance pour le guerrier fantôme mais elle savait confusément qu'il n'y avait pas là qu'une histoire de mémoire gardée. La petite danseuse supporta stoïquement la douleur qu'il lui occasionnait se focalisant sur son objectif. Elle avait décidé qu'elle resterait avec les forces qui protégeaient l'accès au quartier de vies, conformément aux ordres de Sieur Ikaar mais elle choisit l'endroit qu'ils défendraient avec un soin tout particulier, éclairée par les nouvelles données. La princesse décida donc d'autorité d'un endroit où ils pouvaient obéir aux ordres tout en pouvant garder un œil sur leur caravane et leur monture. Dans le chaos qui régnait, la petite danseuse essayait d'apercevoir l'objet de ses inquiétudes: Lorna, la véritable mémoire de son peuple.
A ses côtés, Keb' veillait à ce qu'elle ne soit pas submergée par le nombre des morts-vivants qui ne semblaient pas vouloir se tarir. Il était magistral, chaque coup était donné avec une précision chirurgicale, il mesurait ses mouvements, préservait ses forces. Tantôt il était à un endroit, l'autre tandis que l'ennemi frappait sûr de le toucher il avait disparu, était devenu immatériel pour ensuite riposter semant la destruction.
La princesse n'eut que le temps de fusiller le chef aux cheveux argentés que déjà son guide lui saisissait le poignet pour l'entraîner loin des rixes. Outrée elle tourna vers lui son petit minois déformé par le colère.
"Tantôt il faut que je me batte, maintenant je dois fuir!"
Keb' sourit à la femme qui lui faisait face, elle avait perdu ses airs de petite fille effarouchée et il entrapercevait en ce moment la souveraine qu'elle aurait pu être. Il se pencha pour l'apaiser d'un ton conciliant.
"Il y a un temps pour tout majesté... ce ne sont là que des éclaireurs, ils sont sans doute là pour s'assurer que vous êtes bien parmi les caravaniers, à bord de ce bateau... nous avons une chance qu'ils ne vous ait pas reconnu. Si tel est le cas, ils partiront et... les passagers seront saufs."
Il l'entraînait toujours à sa suite, se dirigeant sans hésitation vers les quartiers des loges. A croire qu'il connaissait le navire comme s'il y avait été matelot et y avait passé la plupart de sa vie. Soudain, l'homme s'arrêta net devant une fenêtre. Son visage reflétait un effroi grandissant, une idée venait de lui traverser l'esprit et il se frappa le front avec force. L'Atlante tourna la tête vers la fenêtre ses yeux s'agrandirent du même effroi comme elle comprenait le cheminement des pensées de son garde du corps. Là, dans la pièce se tenait un vieillard au teint d'olive: Lo. La princesse murmura tout haut ce que leurs yeux s'échangeaient.
"A moins qu'ils ne soient pas là pour moi"
Keb hocha la tête et continua:
"La mémoire du peuple Atlante et..."
Le jeune homme se tut, incapable de continuer, le regard fixé sur le vieil homme. Lo, le dernier des Anciens, ou plutôt une réminiscence du plus puissant des cinq: son créateur, en quelque sorte... son père... Il se détourna de la fenêtre pour faire volte face et se précipiter vers la porte de la petite cabine. Il les protégerait tous les deux. Une résistance cependant l'empêcha d'aller plus avant. C'était à lui de se retourné sur elle le visage défiguré par la colère. Comme lui plus tôt, elle parla d'un ton conciliant, essayant de le ramener à la raison.
"Ecoute-moi s'il te plaît, c'est à toi maintenant de me faire confiance. Ce n'est pas... Ce n'est pas lui qu'il faut protéger, il n'est pas la mémoire réelle des Atlantes. C'est un leurre. Réfléchis, ce sage parmi les sages, il n'aurais jamais créé quelque chose d'aussi évident"
Les paroles firent leur chemin dans l'esprit du jeune homme qui hocha de nouveau la tête. Dans son regard elle vit une pointe de respect s'allumer tandis qu'il se laissait entraîner par la jeune femme. Il ne servait à rien de les mettre tous deux sous le même danger. Cela lui coûtait de laisser à d'autres le soin de défendre le vieillard mais c'était trop risqué, il fallait laisser leur puissant ennemi dans le flou autant que possible. Et cela peu importe le prix que cela pourrait lui coûter. Encore une fois ils pensaient la même chose et n'avait pas besoin de ce concerter. Une nouvelle étape de leur relation venait d'être franchie à cet instant. Tandis qu'ils s'éloignaient, Keb' crispa la mâchoire tandis que sa main serrait bien trop fort celle, toute menue, qui l'entraînait au loin.
Kachina sentait les sentiments qui déchiraient son guide. Elle ne comprenait pas pourquoi Lo revêtait une telle importance pour le guerrier fantôme mais elle savait confusément qu'il n'y avait pas là qu'une histoire de mémoire gardée. La petite danseuse supporta stoïquement la douleur qu'il lui occasionnait se focalisant sur son objectif. Elle avait décidé qu'elle resterait avec les forces qui protégeaient l'accès au quartier de vies, conformément aux ordres de Sieur Ikaar mais elle choisit l'endroit qu'ils défendraient avec un soin tout particulier, éclairée par les nouvelles données. La princesse décida donc d'autorité d'un endroit où ils pouvaient obéir aux ordres tout en pouvant garder un œil sur leur caravane et leur monture. Dans le chaos qui régnait, la petite danseuse essayait d'apercevoir l'objet de ses inquiétudes: Lorna, la véritable mémoire de son peuple.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
A mesure que les deux compagnons progressaient dans les coursives du navire, l'agitation et le bruit se faisaient moins présents au profit d'un calme angoissant et d'un silence presque surnaturel.
Kachina et Keb' avaient pris la direction des quartiers de vie, et plus précisément celle du compartiment de la soute, où étaient entreposés les biens volumineux et encombrants des passagers. En fait de compartiment, il s'agissait en réalité d'un vaste hangar aménagé à fond de cale, probablement la salle qui accusait les dimensions les plus importantes du vaisseau.
En chemin, ils croisèrent plusieurs connaissances, notamment le petit Liam, accompagné de Shana, patrouillant au détour d'un corridor étroit. Un peu plus loin, ils tombèrent nez à nez avec Lune et Djez' qui conversaient presque détendues, positionnées en embuscade derrière un bar installé au milieu d'une des cantines de bord. Alertées par les déplacements de la petite danseuse et de son protecteur, les deux femmes avaient surgit de derrière leur cachette pour faire front, avant de se raviser, constatant l'identité de leurs cibles éphémères.
Quelques minutes plus tard, le binôme fut salué subrepticement par Nakoth et le Faune qui effectuaient l'inventaire des denrées alimentaires non périssables, après avoir forcé à l'explosif l'accès au compartiment réfrigéré. C’était plutôt avisé de leur part, dans la mesure où il était difficile de savoir dans quelles conditions se ferait la suite du voyage et que, visiblement, personne ne viendrait plus réclamer ces provisions.
La princesse Atlante et Keb' finirent par trouver ce qu'ils cherchaient. L'endroit où avaient été entreposées les caravanes de chacun des nomades, Exilés comme ceux de Nulle Part. Le hangar était baigné d'obscurité et submergé de silence. Seuls la respiration et les bruits des montures se faisaient entendre occasionnellement.
La progression au cœur de ce dédale de roulottes se faisait avec difficulté, un peu au petit bonheur la chance, dans la mesure où ni Kachina ni Keb' n'avait la moindre idée de l'emplacement sur lequel avait été amenée Lorna. La recherche pourrait donc s'avérée plus longue et compliquée que prévue. Heureusement, aucun ennemi n'avait, semble-t-il réussi à progresser jusqu'à ce lieu. Cela leur permettrait au moins d'investiguer dans le calme. Du moins le crurent-ils jusqu'à ce qu'une voix de femme, autoritaire et mystérieuse se mette à résonner.
-"Tu vois, je te l'avais dit."
-"..."
-"Il ne faisait aucun doute qu'ils viendraient. Pour nous piller. Profitant de l'agitation."
-"..."
-"Ces fourbes de Nulle Part, toujours à fomenter leurs coups en douce".
-"..."
-"Allons, vous voila démasqués ! Vos intentions sont claires, vous cherchez à nous voler."
-"..."
-"Aussi, veuillez rester immobiles, nous allons vous neutraliser et patienter ensemble jusqu'à la fin de l'assaut. Nous vous garderons à l’œil tout ce temps"
-"..."
-"Après quoi nous vous conduirons à Mnénos, pour qu'il décide de votre sort."
Le voix se tue un moment. Puis, de l'ombre surgit la silhouette d'une femme, fluette, aux cheveux ébènes, plus noirs que la nuit, le visage accusant un teint blanc presque maladif. Elle était vêtue légèrement, de bas opaques, noirs et effilés par endroit. Son buste était recouvert d'un gilet de toile noire également, usé et par dessus lequel avait été posée une cape de voyage à capuche pourpre de piètre facture.
Le jeune femme n’était pas armée, mais semblait extrêmement sûre d'elle, d'autant que dans son sillage une deuxième silhouette fit son apparition, dotée de mensurations et d'une apparence similaires aux siennes à un détail près. Son visage avait été maquillé de telle sorte qu'il lui donnait l'aspect d'un crane humain, tel un squelette inquiétant et triste.
Alors la première femme s'exprima. Kachina et Keb' constatèrent rapidement qu'elle était la personne a qui appartenait la voix qui s’était adressée à eux plus tôt. Pendant ce temps, son étrange acolyte restait impassiblement silencieuse, le regard fixé à celui de l'Atlante.
-"A présent, je vous remercierai de bien vouloir déposer les armes à vos pieds, sans gestes brusques ni mouvements ambigus. Après quoi vous voudrez bien placez vos mains en évidence, devant vous, paumes vers le haut."
Une fois ses ordres lancés, la mystérieuse demoiselle adressa un sourire glacé à ses deux interlocuteurs. Dans le même temps, se matérialisa autour d'elle une sorte d'aura sombre au cœur de laquelle semblaient voler un ballet de corbeaux éthérés aux allures menaçantes qui apparaissaient et disparaissaient au gré des mouvements de la jeune femme.
Kachina et Keb' avaient pris la direction des quartiers de vie, et plus précisément celle du compartiment de la soute, où étaient entreposés les biens volumineux et encombrants des passagers. En fait de compartiment, il s'agissait en réalité d'un vaste hangar aménagé à fond de cale, probablement la salle qui accusait les dimensions les plus importantes du vaisseau.
En chemin, ils croisèrent plusieurs connaissances, notamment le petit Liam, accompagné de Shana, patrouillant au détour d'un corridor étroit. Un peu plus loin, ils tombèrent nez à nez avec Lune et Djez' qui conversaient presque détendues, positionnées en embuscade derrière un bar installé au milieu d'une des cantines de bord. Alertées par les déplacements de la petite danseuse et de son protecteur, les deux femmes avaient surgit de derrière leur cachette pour faire front, avant de se raviser, constatant l'identité de leurs cibles éphémères.
Quelques minutes plus tard, le binôme fut salué subrepticement par Nakoth et le Faune qui effectuaient l'inventaire des denrées alimentaires non périssables, après avoir forcé à l'explosif l'accès au compartiment réfrigéré. C’était plutôt avisé de leur part, dans la mesure où il était difficile de savoir dans quelles conditions se ferait la suite du voyage et que, visiblement, personne ne viendrait plus réclamer ces provisions.
La princesse Atlante et Keb' finirent par trouver ce qu'ils cherchaient. L'endroit où avaient été entreposées les caravanes de chacun des nomades, Exilés comme ceux de Nulle Part. Le hangar était baigné d'obscurité et submergé de silence. Seuls la respiration et les bruits des montures se faisaient entendre occasionnellement.
La progression au cœur de ce dédale de roulottes se faisait avec difficulté, un peu au petit bonheur la chance, dans la mesure où ni Kachina ni Keb' n'avait la moindre idée de l'emplacement sur lequel avait été amenée Lorna. La recherche pourrait donc s'avérée plus longue et compliquée que prévue. Heureusement, aucun ennemi n'avait, semble-t-il réussi à progresser jusqu'à ce lieu. Cela leur permettrait au moins d'investiguer dans le calme. Du moins le crurent-ils jusqu'à ce qu'une voix de femme, autoritaire et mystérieuse se mette à résonner.
-"Tu vois, je te l'avais dit."
-"..."
-"Il ne faisait aucun doute qu'ils viendraient. Pour nous piller. Profitant de l'agitation."
-"..."
-"Ces fourbes de Nulle Part, toujours à fomenter leurs coups en douce".
-"..."
-"Allons, vous voila démasqués ! Vos intentions sont claires, vous cherchez à nous voler."
-"..."
-"Aussi, veuillez rester immobiles, nous allons vous neutraliser et patienter ensemble jusqu'à la fin de l'assaut. Nous vous garderons à l’œil tout ce temps"
-"..."
-"Après quoi nous vous conduirons à Mnénos, pour qu'il décide de votre sort."
Le voix se tue un moment. Puis, de l'ombre surgit la silhouette d'une femme, fluette, aux cheveux ébènes, plus noirs que la nuit, le visage accusant un teint blanc presque maladif. Elle était vêtue légèrement, de bas opaques, noirs et effilés par endroit. Son buste était recouvert d'un gilet de toile noire également, usé et par dessus lequel avait été posée une cape de voyage à capuche pourpre de piètre facture.
Le jeune femme n’était pas armée, mais semblait extrêmement sûre d'elle, d'autant que dans son sillage une deuxième silhouette fit son apparition, dotée de mensurations et d'une apparence similaires aux siennes à un détail près. Son visage avait été maquillé de telle sorte qu'il lui donnait l'aspect d'un crane humain, tel un squelette inquiétant et triste.
Alors la première femme s'exprima. Kachina et Keb' constatèrent rapidement qu'elle était la personne a qui appartenait la voix qui s’était adressée à eux plus tôt. Pendant ce temps, son étrange acolyte restait impassiblement silencieuse, le regard fixé à celui de l'Atlante.
-"A présent, je vous remercierai de bien vouloir déposer les armes à vos pieds, sans gestes brusques ni mouvements ambigus. Après quoi vous voudrez bien placez vos mains en évidence, devant vous, paumes vers le haut."
Une fois ses ordres lancés, la mystérieuse demoiselle adressa un sourire glacé à ses deux interlocuteurs. Dans le même temps, se matérialisa autour d'elle une sorte d'aura sombre au cœur de laquelle semblaient voler un ballet de corbeaux éthérés aux allures menaçantes qui apparaissaient et disparaissaient au gré des mouvements de la jeune femme.
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
Le contraste du calme relatif qui régnait et de la bataille qui faisait rage sur le pont était étonnant, non, troublant, dérangeant même. Ici, l'atmosphère restait pesante et un frisson glacé parcourut l'échine de la petite danseuse en une sensation désagréable. Ses yeux sondaient la pénombre, furetaient nerveusement dans toutes les direction espérant tomber sur ce qu'ils recherchaient. Focalisée, elle ne fit pas tout de suite attention aux paroles, à peine perçut-elle le son de la voix qui les invectivait.
Keb' lui se figea, d'un geste il poussa la jeune princesse à l'abri derrière lui. Il se tenait droit, prêt à frapper au moindre signe d'hostilité. Il était clair qu'il n'avait aucune intention d'obtempérer aux ordres des deux donzelles. Un lent sourire déforma ses traits sévères et sa voix s'éleva, calme et pleine de charme.
"Damoiselles, croyez qu'il m'est intolérable de devoir contredire d'aussi charmantes créatures que vos personnes mais hélas je vais être obligé de le faire..."
L'Atlante fut alertée par cette note d'ironie qui lui était si caractéristique et elle cessa un instant de se préoccuper de Lorna pour le couper avant que la situation ne s'envenime vraiment. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était protéger les vestiges de ses origines et surtout pas aggraver encore les relations compliquées entre les Caravaniers et les Exilés. Elle posa une main sur l'épaule de son protecteur et lui signifia d'un signe de tête que tout allait bien. Les yeux du jeune homme devinrent deux rocs acérés et une colère glacée figea ses traits. Pourtant, il obéit et la laissa parler.
"Ce que mon compagnon veut dire c'est qu'il n'était nullement dans nos intentions de voler quoi que ce soit. D'ailleurs où vouliez vous qu'on mette ce qu'on aurait pris? On est sur un bateau, un endroit où personne ne peut aller vraiment loin. Or je suppose que la première chose que vont faire vos amis et les miens une fois cet assaut terminé sera de vérifier que l'autre partie n'a pas... profité du moment de trouble. Non notre seule motivation en réalité était de protéger l'une des nôtre... ou en tout cas j'ai la faiblesse de la considérer comme tel. S'il s'avérait que cette partie soit attaquée, je serais votre obligée si vous nous apportiez votre aide."
Kachina levait vers les deux femmes des yeux plein d'espoir, une fois encore, la jeune femme avait décidé de faire confiance. Elle savait que jamais un Caravanier ne se serait abaissé à demander ainsi de l'aide à un Exilé mais elle s'en fichait, cette querelle n'avait que trop duré, l'instant était grave et elle considérait qu'il était plus important de défendre certaines valeurs plutôt que de se laisser bouffer par une haine qui les détruisait tous et irait à leur perte.
Keb' leva les yeux au ciel mais ne pipa mot. Encore une fois il ne savait pas vraiment s'il devait rire de sa naïveté ou applaudir son ingéniosité. Un regard sur sa protégée lui confirma qu'encore une fois, l'Atlante n'avait encore aucune arrière-pensée et il se retint de soupirer presque dépité. Au moins n'avait-elle pas lâché son arme.
Comme pour le contredire, l'incroyable jeune femme laissa tomber l'épée à la lame irisée de bleu à ses pieds. Décidée à ne la reprendre que lorsque leurs interlocutrices l'y autoriseraient. Encore une fois le jeune homme se retint de ne pas se frapper le front du plat de la main pour signifier ce qu'il pensait de ce geste inconsidéré. N'apprendrait-elle jamais? Comment pouvait-il la laisser seule l'esprit serein quand elle agissait de la sorte?
Tout reposait maintenant sur la réponse des deux inconnues. La petite danseuse ne cachait pas son angoisse d'une réponse négative et pour cause elle ne savait absolument pas ce qu'elle pourrait faire. La brunette redoutait d'être obligée de faire face à ses deux étranges femmes et de contribuer ainsi à creuser le fossé entre leur deux mondes. Pourtant elle ne faillirait pas. Elle n'en avait pas le droit. Ainsi à l'espoir et la prière muette que ses yeux livraient, venait se mêler une curieuse étincelle de détermination. Détermination qui se renforça lorsque la Princesse trouva au hasard d'un regard perdu l'aboutissement de ses recherches. Elle était là, si proche, leurs yeux se croisèrent l'espace d'un battement de coeur et le monde cessa de tourner autour d'elles. Un battement de cil et c'était fini, l'instant était passé.
Keb' lui se figea, d'un geste il poussa la jeune princesse à l'abri derrière lui. Il se tenait droit, prêt à frapper au moindre signe d'hostilité. Il était clair qu'il n'avait aucune intention d'obtempérer aux ordres des deux donzelles. Un lent sourire déforma ses traits sévères et sa voix s'éleva, calme et pleine de charme.
"Damoiselles, croyez qu'il m'est intolérable de devoir contredire d'aussi charmantes créatures que vos personnes mais hélas je vais être obligé de le faire..."
L'Atlante fut alertée par cette note d'ironie qui lui était si caractéristique et elle cessa un instant de se préoccuper de Lorna pour le couper avant que la situation ne s'envenime vraiment. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était protéger les vestiges de ses origines et surtout pas aggraver encore les relations compliquées entre les Caravaniers et les Exilés. Elle posa une main sur l'épaule de son protecteur et lui signifia d'un signe de tête que tout allait bien. Les yeux du jeune homme devinrent deux rocs acérés et une colère glacée figea ses traits. Pourtant, il obéit et la laissa parler.
"Ce que mon compagnon veut dire c'est qu'il n'était nullement dans nos intentions de voler quoi que ce soit. D'ailleurs où vouliez vous qu'on mette ce qu'on aurait pris? On est sur un bateau, un endroit où personne ne peut aller vraiment loin. Or je suppose que la première chose que vont faire vos amis et les miens une fois cet assaut terminé sera de vérifier que l'autre partie n'a pas... profité du moment de trouble. Non notre seule motivation en réalité était de protéger l'une des nôtre... ou en tout cas j'ai la faiblesse de la considérer comme tel. S'il s'avérait que cette partie soit attaquée, je serais votre obligée si vous nous apportiez votre aide."
Kachina levait vers les deux femmes des yeux plein d'espoir, une fois encore, la jeune femme avait décidé de faire confiance. Elle savait que jamais un Caravanier ne se serait abaissé à demander ainsi de l'aide à un Exilé mais elle s'en fichait, cette querelle n'avait que trop duré, l'instant était grave et elle considérait qu'il était plus important de défendre certaines valeurs plutôt que de se laisser bouffer par une haine qui les détruisait tous et irait à leur perte.
Keb' leva les yeux au ciel mais ne pipa mot. Encore une fois il ne savait pas vraiment s'il devait rire de sa naïveté ou applaudir son ingéniosité. Un regard sur sa protégée lui confirma qu'encore une fois, l'Atlante n'avait encore aucune arrière-pensée et il se retint de soupirer presque dépité. Au moins n'avait-elle pas lâché son arme.
Comme pour le contredire, l'incroyable jeune femme laissa tomber l'épée à la lame irisée de bleu à ses pieds. Décidée à ne la reprendre que lorsque leurs interlocutrices l'y autoriseraient. Encore une fois le jeune homme se retint de ne pas se frapper le front du plat de la main pour signifier ce qu'il pensait de ce geste inconsidéré. N'apprendrait-elle jamais? Comment pouvait-il la laisser seule l'esprit serein quand elle agissait de la sorte?
Tout reposait maintenant sur la réponse des deux inconnues. La petite danseuse ne cachait pas son angoisse d'une réponse négative et pour cause elle ne savait absolument pas ce qu'elle pourrait faire. La brunette redoutait d'être obligée de faire face à ses deux étranges femmes et de contribuer ainsi à creuser le fossé entre leur deux mondes. Pourtant elle ne faillirait pas. Elle n'en avait pas le droit. Ainsi à l'espoir et la prière muette que ses yeux livraient, venait se mêler une curieuse étincelle de détermination. Détermination qui se renforça lorsque la Princesse trouva au hasard d'un regard perdu l'aboutissement de ses recherches. Elle était là, si proche, leurs yeux se croisèrent l'espace d'un battement de coeur et le monde cessa de tourner autour d'elles. Un battement de cil et c'était fini, l'instant était passé.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
Un sourire d'abord amusé puis perplexe égaya le visage de la mystérieuse jeune femme brune.
-"Vous avez le don, vous autres, pour vous mettre dans des situations ambiguës. Et plus encore pour tenter de vous en extirper de la façon la plus absurde qui soit. Orphée, saisis toi de son arme je te prie."
Exécutant l'ordre donné par sa compagne, Orphée, la femme au visage maquillé étrangement tendit le bras droit devant elle, paume ouverte en direction de Kachina, sans rompre son silence mortuaire. Aussitôt, la lame laissée au sol par la petite danseuse rallia de son propre chef la main de la sorcière muette, qui s'en empara fermement.
Après quoi la magicienne plus loquace reprit.
-"Votre discours ne m’intéresse guère, mon amie et vos arguments ne m'ont pas convaincus. Protéger l'une des vôtres ? Ici ? Vraiment ? Mais nous n'avons croisé personne ! Qui pourriez-vous bien vouloir rejoindre ? Quand savoir où vous auriez entreposer votre butin... peu m'importe en vérité, nous vous savons pleins de ressources lorsqu'il s'agit de nous nuire."
La jeune femme vêtue de noir sonda ses deux interlocuteurs un moment avant de reprendre le fil de ses pensées
-"Vous pouvez me taxer de vous faire un procès d'intention. J'en assumerai les conséquences. Les plaies et les cicatrices liées à vos exactions à notre endroits sont encore trop béantes et trop fraîches pour que je puisse vous faire confiance sans réserve. Même si, de toute évidence, vous n’étiez pas là au moment des faits. Cela dit, cela ne vous innocente pas pour autant à mes yeux. Pas jusqu'à preuve du contraire. Aussi m'en tiendrais-je à ce que j'ai annoncé plus tôt."
Elle se tourna alors vers Keb', tandis que ses sourcils se froncèrent. Lentement sa main se leva à hauteur de son visage, poing fermé, sur lequel vint se poser un corbeau qui semblait fait d'une épaisse fumée noire.
-"Aussi, je vous le demanderai modestement une dernière fois, Messire, déposez les armes, dans l'instant."
Quelques secondes interminables s'écoulèrent alors que la menaçante exilée toisait l'aide de camp de Kachina qui visiblement ne semblait pas disposer à changer facilement de posture. C'est alors que le destin sembla décider pour l'ensemble du petit groupe de la meilleure conduite à tenir. Comme surgit de nulle par un pirate d'outre tombe émergea du néant sombre situé dans le dos de l’Atlante. Alerte et réactive, Opale, la magicienne ne put retenir son sort en attente en dépit de l'animosité ostensible qu'elle vouait à ses deux opposants Caravanier. Lancé comme une flèche, le corbeau éthéré se projeta semblable à un trait sifflant dans l'air en direction de sa cible, qu'il frappa de plein fouet, pour se ficher net dans sa boite crânienne.
Le monstre s'effondra aussitôt sur le sol en remettant de léger gargouillis sanguinolents.
Le statu quo et le répit ne furent que de courte durée. Déjà une bonne dizaine de non-morts investissaient les lieux et se répartissaient tout autours des quatre protagonistes.
Devant ce constat, amère, Orphée fit glisser l'arme en direction de sa propriétaire initiale tout en la dévisageant, comme pour savoir si son initiative allait lui coûter plus tard, et si oui, dans quelle mesure.
Puis l'heure du combat sonna.
-"Vous avez le don, vous autres, pour vous mettre dans des situations ambiguës. Et plus encore pour tenter de vous en extirper de la façon la plus absurde qui soit. Orphée, saisis toi de son arme je te prie."
Exécutant l'ordre donné par sa compagne, Orphée, la femme au visage maquillé étrangement tendit le bras droit devant elle, paume ouverte en direction de Kachina, sans rompre son silence mortuaire. Aussitôt, la lame laissée au sol par la petite danseuse rallia de son propre chef la main de la sorcière muette, qui s'en empara fermement.
Après quoi la magicienne plus loquace reprit.
-"Votre discours ne m’intéresse guère, mon amie et vos arguments ne m'ont pas convaincus. Protéger l'une des vôtres ? Ici ? Vraiment ? Mais nous n'avons croisé personne ! Qui pourriez-vous bien vouloir rejoindre ? Quand savoir où vous auriez entreposer votre butin... peu m'importe en vérité, nous vous savons pleins de ressources lorsqu'il s'agit de nous nuire."
La jeune femme vêtue de noir sonda ses deux interlocuteurs un moment avant de reprendre le fil de ses pensées
-"Vous pouvez me taxer de vous faire un procès d'intention. J'en assumerai les conséquences. Les plaies et les cicatrices liées à vos exactions à notre endroits sont encore trop béantes et trop fraîches pour que je puisse vous faire confiance sans réserve. Même si, de toute évidence, vous n’étiez pas là au moment des faits. Cela dit, cela ne vous innocente pas pour autant à mes yeux. Pas jusqu'à preuve du contraire. Aussi m'en tiendrais-je à ce que j'ai annoncé plus tôt."
Elle se tourna alors vers Keb', tandis que ses sourcils se froncèrent. Lentement sa main se leva à hauteur de son visage, poing fermé, sur lequel vint se poser un corbeau qui semblait fait d'une épaisse fumée noire.
-"Aussi, je vous le demanderai modestement une dernière fois, Messire, déposez les armes, dans l'instant."
Quelques secondes interminables s'écoulèrent alors que la menaçante exilée toisait l'aide de camp de Kachina qui visiblement ne semblait pas disposer à changer facilement de posture. C'est alors que le destin sembla décider pour l'ensemble du petit groupe de la meilleure conduite à tenir. Comme surgit de nulle par un pirate d'outre tombe émergea du néant sombre situé dans le dos de l’Atlante. Alerte et réactive, Opale, la magicienne ne put retenir son sort en attente en dépit de l'animosité ostensible qu'elle vouait à ses deux opposants Caravanier. Lancé comme une flèche, le corbeau éthéré se projeta semblable à un trait sifflant dans l'air en direction de sa cible, qu'il frappa de plein fouet, pour se ficher net dans sa boite crânienne.
Le monstre s'effondra aussitôt sur le sol en remettant de léger gargouillis sanguinolents.
Le statu quo et le répit ne furent que de courte durée. Déjà une bonne dizaine de non-morts investissaient les lieux et se répartissaient tout autours des quatre protagonistes.
Devant ce constat, amère, Orphée fit glisser l'arme en direction de sa propriétaire initiale tout en la dévisageant, comme pour savoir si son initiative allait lui coûter plus tard, et si oui, dans quelle mesure.
Puis l'heure du combat sonna.
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
Tout cela était tellement ridicule, cette situation, ces phrases sans intérêts lancées dans les airs et que personne ne semblait écouter véritablement. Ils étaient plus bornés les uns que les autres. Kachina était désolée de constater qu'il faudrait quelque chose de vraiment gros pour qu'à nouveau les deux clans se tolèrent et, à défaut de se faire confiance à nouveau, tout le moins se respectent. La déception qu'on lisait dans le regard de la brunette en disait long sur l'espoir qu'elle avait soutenu.
L'altercation semblait inévitable. Les secondes défilaient et Keb' ne montrait aucune intention d'obéir aux ordres de cette femme. La petite danseuse soupira intérieurement. Donc, il leur faudrait se battre... et vaincre. Son épée était aux mains de la femme siliencieuse, Orphée, mais il lui serait facile de la faire disparaître et réapparaître dans sa main. Quoique, il vaudrait mieux qu'elle s'arme autrement dans cet espace... c'était telement absurde... ils n'étaient pas ennemis.
C'est alors que la Providence vint au secours de la jeune princesse. Tout d'abord elle ne vit que le visage de son guide changer d'expression: ils étaient là, leurs vrais ennemis. Keb' voulut faire volte face prêt à pousser l'Atlante mais il n'en eut pas besoin, leur interlocutrice fut plus rapide. Kachina suivit d'un regard abasourdi la trajectoire de l'oiseau noir qui atteint sa cible aussi sûrement que les flèches de Lune. Elle avait été loin de se douter que le corbeau était en fait un projectile magique. Le mort-vivant s'écroula tandis que l'espoir renaissait dans le coeur de l'Atlante. Cette femme, elle aurait pu la laisser se faire attaquer, peut-être même serait-elle morte sous l'assaut qu'elle n'avait pas vu venir mais elle avait choisi de la protéger.
C'est l'esprit désormais serein que la jeune princesse tendit la main pour reprendre son épée. Son regard croisa celui d'Orphée. Il n'y avait pas dans ses yeux cette petite lueur de triomphe qui aurait signifié "je vous avais prévenu qu'on serait attaqués" mais juste une immense gratitude. Elle referma les doigts sur son arme et lança un merci. Ce mot était plus destiné à la magicienne qui l'avait protégée qu'à son acolyte mais le temps n'était pas aux discussions.
Keb' et la femme aux corbeaux étaient tous deux en première ligne, l'espace dont ils disposaient était réduit, rendu étroit par l'amoncellement de caisses et de roulottes. Kachina fit un tour d'horizon, à son côté gauche se trouvait une roulotte qui lui était inconnue mais qui lui sembla facile à escalader. Sans attendre plus longtemps, la petite danseuse usa de ses talents d'acrobate pour grimper souplement sur le toit de cette dernière. De là-haut, elle pouvait embrasser toute la scène du regard et même apercevoir Lorna quelques mètres derrière eux. La lame dans son poing disparu subitement pour faire place à un grand arc effilé. Il lui suffisait de faire le geste d'encocher une flèche pour que celle-ci apparaisse, prête à être tirée.
En bas un ballet avait commencé à prendre forme, il était étrange de voir ceux qui quelques instants plus tôt se regardaient avec une terrible animosité combattre côte à côte. En effet, Keb et la femme aux oiseaux se protégeaient mutuellement formant un couple aussi meurtrier qu'efficace. Kachina n'avait pas la dextérité de Lune et ne s'attaquait qu'à ceux qui était plus éloignés empêchant ainsi le ras-de-marée de submerger les deux assaillants sans les exposer à une flèche perdue.
Du coin de l'oeil, la jeune princesse observait l'étrange femme au visage peint. Elle voulait savoir de quoi était capable ces deux demoiselles à l'aura si particulier mais elle était surtout curieuse d'éprouver cette dernière. Qui étaient-elles donc? Elles semblaient si sûres d'elles, comme si rien ne pourraient jamais les vaincre.
L'altercation semblait inévitable. Les secondes défilaient et Keb' ne montrait aucune intention d'obéir aux ordres de cette femme. La petite danseuse soupira intérieurement. Donc, il leur faudrait se battre... et vaincre. Son épée était aux mains de la femme siliencieuse, Orphée, mais il lui serait facile de la faire disparaître et réapparaître dans sa main. Quoique, il vaudrait mieux qu'elle s'arme autrement dans cet espace... c'était telement absurde... ils n'étaient pas ennemis.
C'est alors que la Providence vint au secours de la jeune princesse. Tout d'abord elle ne vit que le visage de son guide changer d'expression: ils étaient là, leurs vrais ennemis. Keb' voulut faire volte face prêt à pousser l'Atlante mais il n'en eut pas besoin, leur interlocutrice fut plus rapide. Kachina suivit d'un regard abasourdi la trajectoire de l'oiseau noir qui atteint sa cible aussi sûrement que les flèches de Lune. Elle avait été loin de se douter que le corbeau était en fait un projectile magique. Le mort-vivant s'écroula tandis que l'espoir renaissait dans le coeur de l'Atlante. Cette femme, elle aurait pu la laisser se faire attaquer, peut-être même serait-elle morte sous l'assaut qu'elle n'avait pas vu venir mais elle avait choisi de la protéger.
C'est l'esprit désormais serein que la jeune princesse tendit la main pour reprendre son épée. Son regard croisa celui d'Orphée. Il n'y avait pas dans ses yeux cette petite lueur de triomphe qui aurait signifié "je vous avais prévenu qu'on serait attaqués" mais juste une immense gratitude. Elle referma les doigts sur son arme et lança un merci. Ce mot était plus destiné à la magicienne qui l'avait protégée qu'à son acolyte mais le temps n'était pas aux discussions.
Keb' et la femme aux corbeaux étaient tous deux en première ligne, l'espace dont ils disposaient était réduit, rendu étroit par l'amoncellement de caisses et de roulottes. Kachina fit un tour d'horizon, à son côté gauche se trouvait une roulotte qui lui était inconnue mais qui lui sembla facile à escalader. Sans attendre plus longtemps, la petite danseuse usa de ses talents d'acrobate pour grimper souplement sur le toit de cette dernière. De là-haut, elle pouvait embrasser toute la scène du regard et même apercevoir Lorna quelques mètres derrière eux. La lame dans son poing disparu subitement pour faire place à un grand arc effilé. Il lui suffisait de faire le geste d'encocher une flèche pour que celle-ci apparaisse, prête à être tirée.
En bas un ballet avait commencé à prendre forme, il était étrange de voir ceux qui quelques instants plus tôt se regardaient avec une terrible animosité combattre côte à côte. En effet, Keb et la femme aux oiseaux se protégeaient mutuellement formant un couple aussi meurtrier qu'efficace. Kachina n'avait pas la dextérité de Lune et ne s'attaquait qu'à ceux qui était plus éloignés empêchant ainsi le ras-de-marée de submerger les deux assaillants sans les exposer à une flèche perdue.
Du coin de l'oeil, la jeune princesse observait l'étrange femme au visage peint. Elle voulait savoir de quoi était capable ces deux demoiselles à l'aura si particulier mais elle était surtout curieuse d'éprouver cette dernière. Qui étaient-elles donc? Elles semblaient si sûres d'elles, comme si rien ne pourraient jamais les vaincre.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
En l'espace de quelques minutes, les mort-vivants avaient investi la soute du navire et se répandaient massivement dans les étroits boyaux du labyrinthe que formaient les dizaines de roulottes et les immenses caisses de bagages et autres cargaisons entreposées dans ce sous-sol sombre.
Pour les exilés et les caravaniers présents en ces lieux, l'heure n'était plus de savoir comment repousser les assauts de l'ennemi, mais plutôt comment s'y soustraire, tant il avait l'avantage du nombre sur les quatre alliés de fortune. Accessoirement, cette situation suggérait un constat alarmant. En effet, si tant de ces macabres combattants avaient pu parvenir jusqu'ici, cela signifiait que quelque part sur le pont, la première ligne de défense avait faillit et cela était fort inquiétant pour la suite des événements.
En contrebas de Kachina Keb' et Opale poursuivaient tant bien que mal leur ballet de combat, l'un se débarrassant de ses adversaires à l'aide d'habiles moulinets de son épée effilée, et l'autre usant de sa magie noire et de ses corbeaux funestes, tantôt comme projectile, tantôt comme protection, en opposant quelques uns de ses volatiles pour contrer les assauts ennemis qui se faisaient plus nombreux à chaque seconde.
La masse de mort-vivants devenait oppressante si bien qu'Opale fut contrainte à battre en retraite, se matérialisant presque instantanement un corbeaux éthéré qui vint se positionner à son tour au sommet de l'une des roulottes et gagna de ce fait un peu de temps pour reprendre son souffle et ses esprits.
De son côté Orphée elle aussi était passée à l'action, à sa façon. La sombre jeune femme se mua en une sorte de nuage de matière noire et informe en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire et entreprit de flotter en direction d'un groupe d'ennemi qui la menaçait. Comme un serpent se mouvant dans les airs, elle se rapprocha du premier combattant et esquiva l'assaut de ce dernier avant de s'enrouler autour de sa nuque. Le "nuage" sembla ensuite exercer une pression énorme, tant le guerrier se débattait, avant qu'un "crac" sec ne retentisse dans la soute dont les dimensions étaient propice à la propagation de son écho.
Le mort-vivants sombra une nouvelle fois et alors se produisit l'impensable. Avant que son cadavre ne s'effondre au sol, le nuage infiltra son corps en s'y immisçant par la bouche. Les yeux de sa victime prirent alors une teinte d'un violet sombre et inquiétant. Peu de temps après, le monstre obéissait au doit et à l’œil de son hôte, telle une marionnette et se jeta sur ses alliés d'autrefois, les pourfendant de son arme avec une rage folle.
Une fois ses méfaits achevés, Orphée et le corps qu'elle parasitait furent à leur tour contraints au replis, alors qu'un groupe d'une vingtaine de zombies avaient surgit de l'angle formé par deux roulottes et un tas de caisses de bois.
Le nuage de matière quitta donc sa victime qui cette fois, rendit l'âme pour de bon et s’écrasa au sol. L'incarnation magique de la redoutable magicienne s'éleva de plusieurs mètres en l'air et vint se placer aux côtés de sa sœur avant qu'elle ne reprenne sa forme humanoïde. Son visage était toujours aussi impassible, comme si rien ne s'était passé, comme si tout ce qui se produisait devant ses yeux était le plus normal au monde. A peine étira-t-elle sa nuque comme pour en évacuer une douleur lancinante en un audible craquement d'os.
De leur position, on pouvait clairement constater l'envahissement de la soute par de larges vagues de combattants ranimés. Il en venait de toutes parts, et aucune issue ne semblait praticable.
Orphée, qui malgré la situation refusait de céder à la panique, rapprocha ses mains à hauteur de ses hanche et commença à canaliser son énergie magique entre ses deux paumes. Au creux de ses mains, une boule de magie sombre instable s'agitait, tel du mercure à l'état liquide. Après plusieurs précieuses secondes utilisées à cette manœuvre, la sorcière façonna un corbeau de taille beaucoup plus imposante que les précédents. Elle projeta ensuite le grand oiseau ébène vers le plafond qu'il fit voler en éclats, ouvrant une large brèche qui menait sur le pont.
Elle s'adressa ensuite à sa soeur, d'un ton sec
-"Emmène nous là-haut, vite".
Aussitôt passé l'ordre, Orphée s’exécuta et recouvra sa forme immatérielle. Elle s’étira sur trois bons mètres et vint s'enrouler autours des poignets d'Opale, laquelle prit une nouvelle fois la parole, en criant à l'attention de Kachina
-"Vous venez ou vous comptez mourir ici ???"
Le nuage noir se propagea jusqu'à la toute proximité de la danseuse et n'attendait que son accord de principe pour se saisir d'elle et de son compagnon.
Pour les exilés et les caravaniers présents en ces lieux, l'heure n'était plus de savoir comment repousser les assauts de l'ennemi, mais plutôt comment s'y soustraire, tant il avait l'avantage du nombre sur les quatre alliés de fortune. Accessoirement, cette situation suggérait un constat alarmant. En effet, si tant de ces macabres combattants avaient pu parvenir jusqu'ici, cela signifiait que quelque part sur le pont, la première ligne de défense avait faillit et cela était fort inquiétant pour la suite des événements.
En contrebas de Kachina Keb' et Opale poursuivaient tant bien que mal leur ballet de combat, l'un se débarrassant de ses adversaires à l'aide d'habiles moulinets de son épée effilée, et l'autre usant de sa magie noire et de ses corbeaux funestes, tantôt comme projectile, tantôt comme protection, en opposant quelques uns de ses volatiles pour contrer les assauts ennemis qui se faisaient plus nombreux à chaque seconde.
La masse de mort-vivants devenait oppressante si bien qu'Opale fut contrainte à battre en retraite, se matérialisant presque instantanement un corbeaux éthéré qui vint se positionner à son tour au sommet de l'une des roulottes et gagna de ce fait un peu de temps pour reprendre son souffle et ses esprits.
De son côté Orphée elle aussi était passée à l'action, à sa façon. La sombre jeune femme se mua en une sorte de nuage de matière noire et informe en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire et entreprit de flotter en direction d'un groupe d'ennemi qui la menaçait. Comme un serpent se mouvant dans les airs, elle se rapprocha du premier combattant et esquiva l'assaut de ce dernier avant de s'enrouler autour de sa nuque. Le "nuage" sembla ensuite exercer une pression énorme, tant le guerrier se débattait, avant qu'un "crac" sec ne retentisse dans la soute dont les dimensions étaient propice à la propagation de son écho.
Le mort-vivants sombra une nouvelle fois et alors se produisit l'impensable. Avant que son cadavre ne s'effondre au sol, le nuage infiltra son corps en s'y immisçant par la bouche. Les yeux de sa victime prirent alors une teinte d'un violet sombre et inquiétant. Peu de temps après, le monstre obéissait au doit et à l’œil de son hôte, telle une marionnette et se jeta sur ses alliés d'autrefois, les pourfendant de son arme avec une rage folle.
Une fois ses méfaits achevés, Orphée et le corps qu'elle parasitait furent à leur tour contraints au replis, alors qu'un groupe d'une vingtaine de zombies avaient surgit de l'angle formé par deux roulottes et un tas de caisses de bois.
Le nuage de matière quitta donc sa victime qui cette fois, rendit l'âme pour de bon et s’écrasa au sol. L'incarnation magique de la redoutable magicienne s'éleva de plusieurs mètres en l'air et vint se placer aux côtés de sa sœur avant qu'elle ne reprenne sa forme humanoïde. Son visage était toujours aussi impassible, comme si rien ne s'était passé, comme si tout ce qui se produisait devant ses yeux était le plus normal au monde. A peine étira-t-elle sa nuque comme pour en évacuer une douleur lancinante en un audible craquement d'os.
De leur position, on pouvait clairement constater l'envahissement de la soute par de larges vagues de combattants ranimés. Il en venait de toutes parts, et aucune issue ne semblait praticable.
Orphée, qui malgré la situation refusait de céder à la panique, rapprocha ses mains à hauteur de ses hanche et commença à canaliser son énergie magique entre ses deux paumes. Au creux de ses mains, une boule de magie sombre instable s'agitait, tel du mercure à l'état liquide. Après plusieurs précieuses secondes utilisées à cette manœuvre, la sorcière façonna un corbeau de taille beaucoup plus imposante que les précédents. Elle projeta ensuite le grand oiseau ébène vers le plafond qu'il fit voler en éclats, ouvrant une large brèche qui menait sur le pont.
Elle s'adressa ensuite à sa soeur, d'un ton sec
-"Emmène nous là-haut, vite".
Aussitôt passé l'ordre, Orphée s’exécuta et recouvra sa forme immatérielle. Elle s’étira sur trois bons mètres et vint s'enrouler autours des poignets d'Opale, laquelle prit une nouvelle fois la parole, en criant à l'attention de Kachina
-"Vous venez ou vous comptez mourir ici ???"
Le nuage noir se propagea jusqu'à la toute proximité de la danseuse et n'attendait que son accord de principe pour se saisir d'elle et de son compagnon.
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
Il en venait toujours plus, à peine en avaient-ils mis un hors d'état de nuire que deux autres prenaient sa place. La marée que formaient les revenants semblaient ne vouloir se tarir, bien au contraire. La peur s'insinua à nouveau dans le coeur de la petite danseuse. Que se passait-il donc là-haut? Les combattants étaient-ils eux aussi en train de faillir sous le nombre bien trop important de leurs assaillants ou tous s'étaient-ils amassés en ces lieux?
Quand la jeune sorcière l'apostropha d'une voix sans équivoque, l'Atlante chercha une réponse dans les yeux de son guide. Le jeune homme n'avait pas bougé de sa position, Il semblait que la fatigue ne pouvait avoir d'emprise sur lui. Il attaquait inlassablement ses ennemis désormais seul face à la marée qui menaçait de le submerger d'un instant à l'autre.
Quand il comprit que son combat ne faisait que reculer une issue aussi certaine que fatale, il enchaîna des coups si rapides qu'elle ne put plus le suivre de ses yeux. L'instant d'après, il bondissait à ses côtés profitant de la reculée momentanée des morts-vivants autour de sa personne. Ses yeux croisèrent les siens et sa mâchoire se contracta comme il serrait les dents. Tous deux partageaient le même dilemme,
La jeune princesse serra les poings, elle ne voulait pas les laisser gagner. Keb' lut la détermination dans son regard et et il secoua la tête tristement. Il avait compris ses intentions. La voix de sa reine s'éleva pour répondre à la question de l'étrange magicienne.
Nous vous l'avons dit, certains des nôtres sont ici et nous ne pouvons les laisser...
Elle ne termina pas sa phrase, le jeune homme d'un mouvement aussi rapide que précis avait frappé du plat de la main dans la nuque de la brunette. Comme elle sombrait dans l'inconscience, il la rattrapa d'un bras tandis qu'il tendait l'autre vers le ciel offrant ainsi son poignet à la prise d'Orphée. Il murmura des excuses à sa reine qui ne pouvait les entendre.
¤Désolé majesté, vous êtes ma priorité¤
Quand il s'éleva dans les airs, il affichait une mine des plus sombres. Son regard avait perdu toute sa fierté pour ne refléter que la douloureuse décision qu'elle lui avait infligée. Il aurait voulu pouvoir rester là, se battre pour son passé et sa mémoire, se battre pour préserver la seule source qui aurait pu donner des réponses à ses questions, peut-être aurait-il mieux compris s'il avait pu voir les trésors et les secrets de Lorna. Il ne pouvait pas, son devoir était de la protéger et, en ce moment même, il la haïssait pour ça, pour cet abandon.
La lueur alors présente dans son regard azuré aurait dissuadé même le plus téméraire de lui adresser une parole. Il eut un dernier regard pour la salle désormais envahie par les zombies et ferma les yeux pour occulter cette vision qui le torturerait sans doute longtemps... et pour ne pas en voir plus.
Quand la jeune sorcière l'apostropha d'une voix sans équivoque, l'Atlante chercha une réponse dans les yeux de son guide. Le jeune homme n'avait pas bougé de sa position, Il semblait que la fatigue ne pouvait avoir d'emprise sur lui. Il attaquait inlassablement ses ennemis désormais seul face à la marée qui menaçait de le submerger d'un instant à l'autre.
Quand il comprit que son combat ne faisait que reculer une issue aussi certaine que fatale, il enchaîna des coups si rapides qu'elle ne put plus le suivre de ses yeux. L'instant d'après, il bondissait à ses côtés profitant de la reculée momentanée des morts-vivants autour de sa personne. Ses yeux croisèrent les siens et sa mâchoire se contracta comme il serrait les dents. Tous deux partageaient le même dilemme,
La jeune princesse serra les poings, elle ne voulait pas les laisser gagner. Keb' lut la détermination dans son regard et et il secoua la tête tristement. Il avait compris ses intentions. La voix de sa reine s'éleva pour répondre à la question de l'étrange magicienne.
Nous vous l'avons dit, certains des nôtres sont ici et nous ne pouvons les laisser...
Elle ne termina pas sa phrase, le jeune homme d'un mouvement aussi rapide que précis avait frappé du plat de la main dans la nuque de la brunette. Comme elle sombrait dans l'inconscience, il la rattrapa d'un bras tandis qu'il tendait l'autre vers le ciel offrant ainsi son poignet à la prise d'Orphée. Il murmura des excuses à sa reine qui ne pouvait les entendre.
¤Désolé majesté, vous êtes ma priorité¤
Quand il s'éleva dans les airs, il affichait une mine des plus sombres. Son regard avait perdu toute sa fierté pour ne refléter que la douloureuse décision qu'elle lui avait infligée. Il aurait voulu pouvoir rester là, se battre pour son passé et sa mémoire, se battre pour préserver la seule source qui aurait pu donner des réponses à ses questions, peut-être aurait-il mieux compris s'il avait pu voir les trésors et les secrets de Lorna. Il ne pouvait pas, son devoir était de la protéger et, en ce moment même, il la haïssait pour ça, pour cet abandon.
La lueur alors présente dans son regard azuré aurait dissuadé même le plus téméraire de lui adresser une parole. Il eut un dernier regard pour la salle désormais envahie par les zombies et ferma les yeux pour occulter cette vision qui le torturerait sans doute longtemps... et pour ne pas en voir plus.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
Peu de temps après leur bref envol, le petit groupe se trouva au niveau du pont supérieur. Orphée abandonna alors sa forme immatérielle et récupéra son corps tangible.
Après quoi le quatuor put faire le point sur la situation. En réalité, elle n'apparaissait guère plus rassurante que celle de laquelle ils venaient de s'extraire. L'organisation défensive des premières heures avait cédé place à une sorte de réplique anarchique au cœur de laquelle chacun tentait de faire de son mieux, y allant de sa propre initiative décidée à la hâte et sa concertation aucune. Partout ou se pouvait se poser le regard, les seules choses à contempler se trouvaient être des scène de luttes désespérées, des replis, des assauts improvisés faisant parfois mouche, mais dont les effets ne faisaient que retarder une échéance à présent inévitable.
Le rapport de force était bien trop en leur défaveur, tous Caravaniers ou Exilés furent-ils. Dans de telles proportions le talent ne se suffisait plus à lui seul lorsqu'il était opposé à un ennemi cent fois supérieur en nombre.
La plupart des compagnons observés étaient blessés, certains assez grièvement. De large plaies au flanc pour Agram, une épaule meurtrie chez Yazzren, une main entaillée empêchait la belle Solveig de pourfendre l'opposant avec son habituelle dextérité.
Les autres nomades étaient ailleurs, ou passèrent trop brièvement devant Keb et les deux jumelles pour être clairement distingués.
A présent il ne restait plus que deux options à envisager. Fuir le navire, ou périr au combat l'épée à la main, ce qui ne présentait que peu d’intérêt, il fallait bien l'avouer, mais il semblait impossible de pouvoir s'extraire de cette situation. Le combat était perdu. Il ne restait plus qu'à mourir avec honneur.
La bataille dura bien deux bonnes heures de plus et ne fit qu'accentuer le constat précédemment dressé. Les forces nomades furent contenues et brisées, aussi bien physiquement que dans leur orgueil. Pourtant, aucun d'entre eux ne fut achevé sur place, comme si l'ennemi semblait vouloir jouer avec ces héros déchus, se repaître de leurs souffrance, se nourrir de leur peine. Alors que tout semblait finit, la retraite fut sonnée, par la même corne qui, en début de journée avait annoncé la charge. Les guerriers d'outre tombe cessèrent alors le combat, affichant un air hagard, comme s'ils imploraient leur commanditaire de les libérer de leurs tourments.
Alors seulement, l'instigateur se présenta aux yeux de tous, sans avoir pris la peine de participer au combat, comme si lui même se sentait à des années lumières au dessus de ces considérations futiles, de mortels. Sa stature était incomparable, son aura oppressante, son regard provoquait le malaise à quiconque le croisait. Une véritable incarnation du mal qui ne tentait aucun effort pour masquer sa nature démoniaque.
Simplement se posa-t-il là, au milieu du pont, silencieux, toisant l'assemblée de toute sa superbe et de tout son dédain. Puis, à la façon d'un César décidant de la survie d'un gladiateur ayant livré bataille devant lui, il leva bien haut sa main droite vers le ciel. Puis il dit un mot dans une langue si ancienne que l'on aurait pu croire qu'elle n'existait pas.
Sitôt ce son rauque et grave lancé au gré du vent, les milliers de soldats défunts s'effondrèrent au sol, et à son impact, se changèrent en un amas de cendre inertes qui furent balayés par le souffle chaud des alizés sablonneux l'instant d'après. Ces mêmes créatures qui avaient tant fait souffrir la petite danseuse et ses alliés, éliminés et réduits à néant en un mot prononcé, sans autre forme de procès...
Après quoi le démon s'intéressa à ses victimes. Les observa plusieurs minutes durant, un sourire léger au lèvres, satisfait de son oeuvre. Il se frotta les mains de plaisir avant de les lever à nouveau vers le ciel, puis prononçant une nouvelle funeste sentence. De cette incantation mystérieuse se matérialisèrent aux quatre coins du navire d’immenses tambours fait d'assemblages d'os et de peaux visiblement humaines. Chacun d'entre eux était plus grand que deux hommes et probablement plus larges encore.
Ces instruments monstrueux furent rapidement rejoints par une escouade d'abominations morte-vivantes, surgies de nulle part, qui semblaient elles aussi être le résultat d’enchevêtrements de chairs et de membres humains, cousus à la va-vite. Ces horreurs à la démarche malhabiles, se dodelinèrent tant bien que mal jusqu'à se trouver à proximité des tambours. Arrivées là, elles empoignèrent les immenses rondins de bois faisant office de baguettes et se mirent à battre la cadence à un rythme lent et morne.
*BrrrrrRRRRRooooooooooooMMMMMM*
*BrrrrrRRRRRooooooooooooMMMMMM*
*BrrrrrRRRRRooooooooooooMMMMMM*
A nouveau satisfait de son oeuvre, le démon se mit à sourire plus largement, dévoilant ses dents acérées et noyées de sang. Il se laissa même aller à applaudir la funeste mélodie orchestrée par ses rejetons putréfiés et à balancer sa tête de gauche et de droite comme s'il s'essayait à un pas de danse macabre.
Enfin, il reprit son sérieux et s'adressa à qui pouvait l’entendre, c'est à dire, à tout le monde, puisque sa voix tonitruante résonna jusque dans chaque recoin du navire.
-"Aujourd'hui est un jour heureux, car c'est le jour ou Il se rappelle aux bons souvenirs de ceux qui ont défié son autorité. Et moi, Démétrion, sa main fidèle, Gardien du 7ème Cercle, suis l'instrument de sa vengeance. Que ceux qui survivent à ce rendez-vous gardent à l'esprit que leur salut n'est dû qu'à Sa seule volonté car Il estime que vos vies, si minables et insignifiantes soient-elles, peuvent-encore servir ses desseins"
Les derniers mots prononcés s’élevèrent dans l'air chaud et s'abattirent sur les épaules des nomades comme de véritables chapes de plomb.
Alors, le démon ravi s'effaça, se volatilisant à la façon d'un nuage de vapeur.
Sur le pont les tambours résonnaient plus que jamais et leur vacarme redoublait d'intensité.
Progressivement, de tremblements de plus en plus vigoureux qui semblaient provenir des profondeurs de l'Océan de Sable faisaient vibrer le pont.
Quelque chose de gros, de très gros se rapprochait du navire...
Après quoi le quatuor put faire le point sur la situation. En réalité, elle n'apparaissait guère plus rassurante que celle de laquelle ils venaient de s'extraire. L'organisation défensive des premières heures avait cédé place à une sorte de réplique anarchique au cœur de laquelle chacun tentait de faire de son mieux, y allant de sa propre initiative décidée à la hâte et sa concertation aucune. Partout ou se pouvait se poser le regard, les seules choses à contempler se trouvaient être des scène de luttes désespérées, des replis, des assauts improvisés faisant parfois mouche, mais dont les effets ne faisaient que retarder une échéance à présent inévitable.
Le rapport de force était bien trop en leur défaveur, tous Caravaniers ou Exilés furent-ils. Dans de telles proportions le talent ne se suffisait plus à lui seul lorsqu'il était opposé à un ennemi cent fois supérieur en nombre.
La plupart des compagnons observés étaient blessés, certains assez grièvement. De large plaies au flanc pour Agram, une épaule meurtrie chez Yazzren, une main entaillée empêchait la belle Solveig de pourfendre l'opposant avec son habituelle dextérité.
Les autres nomades étaient ailleurs, ou passèrent trop brièvement devant Keb et les deux jumelles pour être clairement distingués.
A présent il ne restait plus que deux options à envisager. Fuir le navire, ou périr au combat l'épée à la main, ce qui ne présentait que peu d’intérêt, il fallait bien l'avouer, mais il semblait impossible de pouvoir s'extraire de cette situation. Le combat était perdu. Il ne restait plus qu'à mourir avec honneur.
La bataille dura bien deux bonnes heures de plus et ne fit qu'accentuer le constat précédemment dressé. Les forces nomades furent contenues et brisées, aussi bien physiquement que dans leur orgueil. Pourtant, aucun d'entre eux ne fut achevé sur place, comme si l'ennemi semblait vouloir jouer avec ces héros déchus, se repaître de leurs souffrance, se nourrir de leur peine. Alors que tout semblait finit, la retraite fut sonnée, par la même corne qui, en début de journée avait annoncé la charge. Les guerriers d'outre tombe cessèrent alors le combat, affichant un air hagard, comme s'ils imploraient leur commanditaire de les libérer de leurs tourments.
Alors seulement, l'instigateur se présenta aux yeux de tous, sans avoir pris la peine de participer au combat, comme si lui même se sentait à des années lumières au dessus de ces considérations futiles, de mortels. Sa stature était incomparable, son aura oppressante, son regard provoquait le malaise à quiconque le croisait. Une véritable incarnation du mal qui ne tentait aucun effort pour masquer sa nature démoniaque.
Simplement se posa-t-il là, au milieu du pont, silencieux, toisant l'assemblée de toute sa superbe et de tout son dédain. Puis, à la façon d'un César décidant de la survie d'un gladiateur ayant livré bataille devant lui, il leva bien haut sa main droite vers le ciel. Puis il dit un mot dans une langue si ancienne que l'on aurait pu croire qu'elle n'existait pas.
Sitôt ce son rauque et grave lancé au gré du vent, les milliers de soldats défunts s'effondrèrent au sol, et à son impact, se changèrent en un amas de cendre inertes qui furent balayés par le souffle chaud des alizés sablonneux l'instant d'après. Ces mêmes créatures qui avaient tant fait souffrir la petite danseuse et ses alliés, éliminés et réduits à néant en un mot prononcé, sans autre forme de procès...
Après quoi le démon s'intéressa à ses victimes. Les observa plusieurs minutes durant, un sourire léger au lèvres, satisfait de son oeuvre. Il se frotta les mains de plaisir avant de les lever à nouveau vers le ciel, puis prononçant une nouvelle funeste sentence. De cette incantation mystérieuse se matérialisèrent aux quatre coins du navire d’immenses tambours fait d'assemblages d'os et de peaux visiblement humaines. Chacun d'entre eux était plus grand que deux hommes et probablement plus larges encore.
Ces instruments monstrueux furent rapidement rejoints par une escouade d'abominations morte-vivantes, surgies de nulle part, qui semblaient elles aussi être le résultat d’enchevêtrements de chairs et de membres humains, cousus à la va-vite. Ces horreurs à la démarche malhabiles, se dodelinèrent tant bien que mal jusqu'à se trouver à proximité des tambours. Arrivées là, elles empoignèrent les immenses rondins de bois faisant office de baguettes et se mirent à battre la cadence à un rythme lent et morne.
*BrrrrrRRRRRooooooooooooMMMMMM*
*BrrrrrRRRRRooooooooooooMMMMMM*
*BrrrrrRRRRRooooooooooooMMMMMM*
A nouveau satisfait de son oeuvre, le démon se mit à sourire plus largement, dévoilant ses dents acérées et noyées de sang. Il se laissa même aller à applaudir la funeste mélodie orchestrée par ses rejetons putréfiés et à balancer sa tête de gauche et de droite comme s'il s'essayait à un pas de danse macabre.
Enfin, il reprit son sérieux et s'adressa à qui pouvait l’entendre, c'est à dire, à tout le monde, puisque sa voix tonitruante résonna jusque dans chaque recoin du navire.
-"Aujourd'hui est un jour heureux, car c'est le jour ou Il se rappelle aux bons souvenirs de ceux qui ont défié son autorité. Et moi, Démétrion, sa main fidèle, Gardien du 7ème Cercle, suis l'instrument de sa vengeance. Que ceux qui survivent à ce rendez-vous gardent à l'esprit que leur salut n'est dû qu'à Sa seule volonté car Il estime que vos vies, si minables et insignifiantes soient-elles, peuvent-encore servir ses desseins"
Les derniers mots prononcés s’élevèrent dans l'air chaud et s'abattirent sur les épaules des nomades comme de véritables chapes de plomb.
Alors, le démon ravi s'effaça, se volatilisant à la façon d'un nuage de vapeur.
Sur le pont les tambours résonnaient plus que jamais et leur vacarme redoublait d'intensité.
Progressivement, de tremblements de plus en plus vigoureux qui semblaient provenir des profondeurs de l'Océan de Sable faisaient vibrer le pont.
Quelque chose de gros, de très gros se rapprochait du navire...
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
Partout où se posait son regard il ne voyait que l'inexorable défaite. Harassés, à bout de force et d'espoir il était évident que tous livraient là leur dernier combat. Le guerrier solitaire baissa les yeux sur la forme inconsciente allongée à ses pieds. Ils ne pouvaient abandonner, tous ils incarnaient une idée de liberté, la flamme d'un espoir qui ne pouvait se perdre.
Il savait que c'était trop tôt, la jeune princesse venait à peine de découvrir ses origines, elle n'en mesurait pas encore toute la portée, tout ce qu'elle représentait, l'utopie que deux peuples avaient réussi à rendre réelle. L'Atlantide renaîtrait de ses cendres et, cette petite fille à peine sortie de l'enfance était la graine. Pourtant, ils avaient moins de temps que ce qu'il avait espéré... ses pouvoirs devaient évoluer, s'étoffer, grandir et devenir assez puissants pour faire face au Prince démon lui-même.
Keb' s'efforça de rester en retrait, se gardant bien d'attirer l'attention de quiconque sur lui ou sur l'Atlante. Il joua les jeune garçon inquiet de l'état de santé de son amie et alla jusqu'à s'agenouiller à ses côtés se cachant à moitié derrière les vaincus. Heureusement pour lui, toute l'attention semblait focalisée sur l'immonde humanoïde qui avait investi la place de toute sa présence. Il semblait que son aura enveloppait tout, que sa présence étouffait toutes les autres, on ne voyait que lui. Il leur offrait une superbe parade, épaules relevées, tête haute et sourire aux lèvres il déambulait d'un côté à l'autre du pont toisant ses pauvres mortels qu'il avait défaits si facilement.
.............
Sa tête, elle avait mal, des bruits sourds qui cognaient dans son crâne, que s'était-il passé? Les battements continuaient, ils n'étaient pas dans sa tête, ils venaient de quelques mètres à côté. Kachina bougea pour se relever la panique voilant ses yeux cherchant quelque chose à quoi se raccrocher. Deux mains la maintinrent doucement mais fermement au sol l'image lui parvint enfin nette et elle avisa le visage de Keb' penché sur elle. Il mit un doigt sur ses lèvres lui intimant le silence. Ce qu'elle lut dans ses yeux la fit obtempérer et elle se contenta de fusiller son assaillant du regard. Alors elle entendit cette voix sortie de l'enfer qui parlait haute et claire. Tout son corps se crispa dans sa mémoire, cette voix semblait faire écho. Du regard elle tenta d'apercevoir l'auteur de ce discours mais, allongée derrière les survivants, elle ne vit rien d'autre qu'une paire de jambes qui passait et repassait. L'instant d'après... il avait disparu.
Son garde lui tendit la main pour l'aider à se relever. Dans les rangs des Caravaniers et des Exilés, la stupeur se mêlait au désarroi, à la honte et à la colère. D'un geste sec elle se dégagea de lui exaspérée. Il fallait qu'elle trouve Ikaar et qu'elle lui parle. Elle avait l'intention de tout lui dire, cette mascarade n'avait que trop duré et les avait tous mis en danger. De toute façon il semblait évident qu'Il savait exactement où elle était alors pourquoi encore se cacher?
Elle se boucha les oreilles, elle ne s'entendait plus réfléchir, ces horribles tambours, ils faisaient trop de bruit. Le sol tremblait encore et encore mais ce n'était pas le rythme infernal qui faisait bouger ainsi le navire. Quoi alors? Elle ne savait plus, où était Krabulg, et Lune, où était "La Marionnette"? Etaient-ils tous saufs? Et Lo? La jeune femme bouscula quelques combattants encore debout se dégageant tant bien que mal de la foule relative présente sur le pont.
Des cris lui parvinrent surmontant les tamtams lancinants. Les hommes encore valides s'apprêtaient visiblement pour un nouveau combat, l'effervescence autour d'elle lui fit tourner la tête. Elle ferma les yeux toujours étourdie par le coup qu'elle avait reçu et par les battements dans son crâne. Un cri plus puissant que les autres lui parvint, elle ne pouvait dire à qui appartenait la voix mais elle entendit qu'on l'appelait avant d'être happée par le vide. Un éclair de lucidité et elle comprit qu'elle était en train de passer par dessus la rambarde du navire.
Il savait que c'était trop tôt, la jeune princesse venait à peine de découvrir ses origines, elle n'en mesurait pas encore toute la portée, tout ce qu'elle représentait, l'utopie que deux peuples avaient réussi à rendre réelle. L'Atlantide renaîtrait de ses cendres et, cette petite fille à peine sortie de l'enfance était la graine. Pourtant, ils avaient moins de temps que ce qu'il avait espéré... ses pouvoirs devaient évoluer, s'étoffer, grandir et devenir assez puissants pour faire face au Prince démon lui-même.
Keb' s'efforça de rester en retrait, se gardant bien d'attirer l'attention de quiconque sur lui ou sur l'Atlante. Il joua les jeune garçon inquiet de l'état de santé de son amie et alla jusqu'à s'agenouiller à ses côtés se cachant à moitié derrière les vaincus. Heureusement pour lui, toute l'attention semblait focalisée sur l'immonde humanoïde qui avait investi la place de toute sa présence. Il semblait que son aura enveloppait tout, que sa présence étouffait toutes les autres, on ne voyait que lui. Il leur offrait une superbe parade, épaules relevées, tête haute et sourire aux lèvres il déambulait d'un côté à l'autre du pont toisant ses pauvres mortels qu'il avait défaits si facilement.
.............
Sa tête, elle avait mal, des bruits sourds qui cognaient dans son crâne, que s'était-il passé? Les battements continuaient, ils n'étaient pas dans sa tête, ils venaient de quelques mètres à côté. Kachina bougea pour se relever la panique voilant ses yeux cherchant quelque chose à quoi se raccrocher. Deux mains la maintinrent doucement mais fermement au sol l'image lui parvint enfin nette et elle avisa le visage de Keb' penché sur elle. Il mit un doigt sur ses lèvres lui intimant le silence. Ce qu'elle lut dans ses yeux la fit obtempérer et elle se contenta de fusiller son assaillant du regard. Alors elle entendit cette voix sortie de l'enfer qui parlait haute et claire. Tout son corps se crispa dans sa mémoire, cette voix semblait faire écho. Du regard elle tenta d'apercevoir l'auteur de ce discours mais, allongée derrière les survivants, elle ne vit rien d'autre qu'une paire de jambes qui passait et repassait. L'instant d'après... il avait disparu.
Son garde lui tendit la main pour l'aider à se relever. Dans les rangs des Caravaniers et des Exilés, la stupeur se mêlait au désarroi, à la honte et à la colère. D'un geste sec elle se dégagea de lui exaspérée. Il fallait qu'elle trouve Ikaar et qu'elle lui parle. Elle avait l'intention de tout lui dire, cette mascarade n'avait que trop duré et les avait tous mis en danger. De toute façon il semblait évident qu'Il savait exactement où elle était alors pourquoi encore se cacher?
Elle se boucha les oreilles, elle ne s'entendait plus réfléchir, ces horribles tambours, ils faisaient trop de bruit. Le sol tremblait encore et encore mais ce n'était pas le rythme infernal qui faisait bouger ainsi le navire. Quoi alors? Elle ne savait plus, où était Krabulg, et Lune, où était "La Marionnette"? Etaient-ils tous saufs? Et Lo? La jeune femme bouscula quelques combattants encore debout se dégageant tant bien que mal de la foule relative présente sur le pont.
Des cris lui parvinrent surmontant les tamtams lancinants. Les hommes encore valides s'apprêtaient visiblement pour un nouveau combat, l'effervescence autour d'elle lui fit tourner la tête. Elle ferma les yeux toujours étourdie par le coup qu'elle avait reçu et par les battements dans son crâne. Un cri plus puissant que les autres lui parvint, elle ne pouvait dire à qui appartenait la voix mais elle entendit qu'on l'appelait avant d'être happée par le vide. Un éclair de lucidité et elle comprit qu'elle était en train de passer par dessus la rambarde du navire.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
La panique qui avait secoué le navire durant les précédentes heures cessa brusquement, alors que de vigoureux tremblements frappaient la coque à intervalles réguliers. Un statu quo s'installa, de fait, comme par convention. Chacun patientait, immobile et silencieux, s'attendant au pire.
Durant cet éphémère répit, les combattants encore valides paraient au plus pressé, improvisaient des bandages de fortune, recouvraient leurs esprits, se désaltéraient lorsque cela fut possible. Les lames furent nettoyées, les flèches restantes dans les carquois furent comptées, on rechargea les carreaux des arbalètes, et les objets contondants furent consolidés.
Ikaar, isolé sur un côté du pont, était l'un des rares combattants dont l'intégrité physique n'avait eut à souffrir d'aucune offense. Son regard perçant, scrutait avec attention la scène désolante qui s'offrait à lui, sans aucune pudeur. Caravaniers et Exilés mis à mal, unis dans la douleur, mais vaincus, et plus humiliant encore, sans que leur adversaire n'ait eut vraisemblablement à forcer son talent.
Le redoutable guerrier senti alors une indicible colère s’immiscer dans toutes les parties de son corps. Se diffusant en lui tel un poison puissant qui aurait infecté son système nerveux. Impuissant, mais lucide, il savait exactement ce qui était en train de se passer. La violence se rependant en lui. Toute lutte était inutile, et bien au contraire, s'il fallait mourir aujourd'hui, si le destin était écrit, alors il serait dit qu'il aurait tout tenté. Peu importe les moyens invoqués.
La transformation déjà s'opérait. Alors que sa masse musculaire augmentait à vue d'oeil et que sa carrure se faisait plus imposante que jamais, deux ailes sombres et osseuses s'extirpèrent de son dos dans un craquement écœurant. Son visage changeait lui aussi, jusqu'à perdre quasiment toute son humanité. Son regard devint plus sombre et noir que l'encre, ses traits se firent plus marqués, plus déterminés, plus sévères. Sur le sommet de son crâne, deux énormes cornes s’érigèrent fièrement et indiquaient à présent clairement la nature cachée du leader des Caravaniers de nulle part.
Sa peau affichait une rougeur écarlate, comme si elle avait été baignée par le feu éternel des enfers. Par endroit, celle-ci c’était durcie à l’extrême, comme recouverte d'une sorte de carapace de corne inaltérable.
Pour finir, une longue queue hérissée de pointes noires balayait le sol, derrière ses pas.
Cette mutation fut extrêmement douloureuse, aussi bien physiquement que mentalement et sa complétion poussa le fier guerrier à abandonner un cri de rage qui résonna dans l'air chaud et sablonneux.
Dans son esprit, la transformation avait également fait son office. Ses pensées s’étaient obscurcies. Il n'y avait plus de place pour la compassion, la pitié, l'empathie ou tout autre forme de sentiments dévoués. Ses autres traits, en revanches, avaient été exacerbés. Plus calculateur que jamais, stratège froid et sans âme, ne pouvant souffrir la contestation, pas plus que l'abandon ni la faiblesse.
Devant ses yeux, ses amis étaient devenus des ressources, au mieux, des alliés fiables. Il pesta devant ceux qui, trop sévèrement blessés, ne purent se relever, et les transperça de son regard accusateur, soupirant face à cet inacceptable constat d’échec.
Alors qu'il progressait sur sa partie du pont, il retrouva nez à nez avec une des abominations de chairs qui frappait sur son tambour immense. Le colosse putréfié se désintéressa alors derechef de son instrument funeste et sembla se réjouir du combat qui se profilait, quand bien même son opposant semblait aussi minuscule qu'un moucheron lorsqu'on le comparait à lui.
Le géant souleva alors son immense rondin de bois et d'un geste lent, accompagné d'un râle bruyant, tenta de l'abattre mollement sur son adversaire arrogant.
La maladresse du monstre amusa le démon qui se soustrait sans difficulté de son assaut ridicule, puis d'une impulsion presque imperceptible de ses jambes puissantes, il se propulsa, toutes ailes déployées et la tête la première vers le thorax de l'abomination qu'il traversa de part en part, telle un boulet de canon, laissant dans son sillage une gerbe d'entrailles et de viscères purulents.
La masse de chair s’écroula au sol l'instant d'après, tandis que le démon, observait la scène à une dizaine de pas de là, comme attristé par le peu de résistance que lui avait offert son adversaire.
C'est alors que la donne changea.
L'appel avait été entendu.
Et Celui qui avait été appelé se présentait alors à eux.
Pareil à celui d'un animal sauvage, l'instinct de survie poussa Ikaar à s’élever dans les airs. De là, il dominait la situation. Pouvait en observer le moindre déroulement. Evaluer les forces en présences encore mobilisables. Constater les défections, estimer des soins à fournir. Recenser les pertes et les disparitions.
Puis son regard s’arrêta sur elle, chancelante, l'esprit embrumé, le pas mal assuré, l'équilibre perturbé, comme sous l'effet d'une ivresse qui n'aurait provoqué aucun plaisir.
Étrangement, alors que sa nature impartiale et prompte à se défaire des faiblesses aurait du le pousser à la laisser se débrouiller de son triste sort, voire au pire de l'achever, le démon s'interrogea à son endroit. Comme si une force extérieure lui en intimait l'ordre expressément, sans qu'il puisse s'en prémunir d'aucune façon.
Alors le navire explosa.
Pareil à un coquille de noix sous un marteau.
Dans le ciel sombre s’élevèrent les milliers de débris de la carcasse du bateau, littéralement ventilé en moins d'une seconde par la puissance de Celui qui venait de manifester sa présence. Planches de bois, cargaisons, passagers, caravanes, montures, tous rejoignirent ce ballet aérien aussi improvisé qu’éphémère.
Il avait été réveillé de son sommeil millénaire.
Et comme tous les Dieux très anciens au réveil, il était de fort mauvaise humeur.
Loak'thaeb, le Fléau du Désert avait frappé, une seule fois, avant de s'enfoncer à nouveau dans le cœur de l'Océan de Sable où il chercherait bientôt à retrouver le sommeil.
Une pluie d'objets et de formes hétéroclite se déversa ensuite sur l'onde de sable avec une extrême violence.
Les rescapés se hâtèrent d'agripper planches et bouées de fortunes. Quelques radeaux de secours s'improvisèrent rapidement.
Mais Kachina n'eut pas à s'inquiéter de ces considérations de naufragés.
Alors que son corps basculait par dessus la rambarde et avant que Loak'thaeb ne pulvérise le navire. Alors qu'elle se dirigeait vers une mort certaine, un main puissante s'empara de la sienne et l’éleva vers les cieux, comme si elle fut emportée dans un rêve.
A l'extrémité de ce bras se trouvait un démon. A la fois monstrueux et d'une rare beauté. Menaçant et bienveillant. Animé d'un regard qui inspirait confiance et peur dans le même temps. Comme si lorsqu’on le contemplait, l'on fut frappé conjointement par la chance et l'infortune.
Il fixait calmement la petite danseuse. Son souffle était bruyant et rauque. Il se dégageait de lui, alors que ses larges ailes battaient l'air, une sensation de chaleur extrême comme si son corps n'était constitué que d'un gigantesque brasier.
En dessous d'eux, les embarcations de fortunes se dispersaient, au gré des courants. La plupart était déjà à plusieurs minutes de vol de leur position aérienne.
Après avoir repéré la plus accessible d'entres elles, Ikaar, piqua brusquement vers le sol, provoquant à Kachina une désagréable sensation au creu de son ventre, comme si toutes ses entrailles cherchaient à s'en échapper contre sa volonté.
Quelques instants plus tard l’étrange couple posa pied à terre, sur un amas de planches fixées ensembles à la va-vite à l'aide d'un imbroglio de cordage de récupération.
Sur cette embarcation se trouvaient déjà quatre personnes.
Yazzren, l'elfe noire qui, allongée dans un coin, souffrait de multiples blessures. A ses côtés se tenait Osmeth Daerdïl Silmïs plus connue sous le sobriquet de Oz. La Graine tentait avec les moyens du bord d’atténuer les souffrances de sa compagne de Guilde, en dépit du fait qu’initialement tout opposait leurs deux nations elfiques. Les années passées ensemble au sein de la caravane avaient su gommé leurs différences et les rancœurs héréditaires.
A l'opposée de leur position, on trouvait deux Exilés, plutôt en bonne forme, en dépit des plaies et contusions qui parsemaient leurs corps. Il s'agissait de la ravissante Solveig, la Princesses des fjords nordiques et de l'Orc Narzog, l'imposant grand-frère de Krabulg.
Les quatre rescapés cessèrent toute activité lorsqu'Ikaar se présenta à eux sous sa forme démoniaque. Kachina passa presque inaperçue jusqu'à ce que Oz, réalisant sa présence, s'empresse de s'enquérir de son état.
-"Comment te sens-tu ? " lui demanda-t-elle simplement
Durant cet éphémère répit, les combattants encore valides paraient au plus pressé, improvisaient des bandages de fortune, recouvraient leurs esprits, se désaltéraient lorsque cela fut possible. Les lames furent nettoyées, les flèches restantes dans les carquois furent comptées, on rechargea les carreaux des arbalètes, et les objets contondants furent consolidés.
Ikaar, isolé sur un côté du pont, était l'un des rares combattants dont l'intégrité physique n'avait eut à souffrir d'aucune offense. Son regard perçant, scrutait avec attention la scène désolante qui s'offrait à lui, sans aucune pudeur. Caravaniers et Exilés mis à mal, unis dans la douleur, mais vaincus, et plus humiliant encore, sans que leur adversaire n'ait eut vraisemblablement à forcer son talent.
Le redoutable guerrier senti alors une indicible colère s’immiscer dans toutes les parties de son corps. Se diffusant en lui tel un poison puissant qui aurait infecté son système nerveux. Impuissant, mais lucide, il savait exactement ce qui était en train de se passer. La violence se rependant en lui. Toute lutte était inutile, et bien au contraire, s'il fallait mourir aujourd'hui, si le destin était écrit, alors il serait dit qu'il aurait tout tenté. Peu importe les moyens invoqués.
La transformation déjà s'opérait. Alors que sa masse musculaire augmentait à vue d'oeil et que sa carrure se faisait plus imposante que jamais, deux ailes sombres et osseuses s'extirpèrent de son dos dans un craquement écœurant. Son visage changeait lui aussi, jusqu'à perdre quasiment toute son humanité. Son regard devint plus sombre et noir que l'encre, ses traits se firent plus marqués, plus déterminés, plus sévères. Sur le sommet de son crâne, deux énormes cornes s’érigèrent fièrement et indiquaient à présent clairement la nature cachée du leader des Caravaniers de nulle part.
Sa peau affichait une rougeur écarlate, comme si elle avait été baignée par le feu éternel des enfers. Par endroit, celle-ci c’était durcie à l’extrême, comme recouverte d'une sorte de carapace de corne inaltérable.
Pour finir, une longue queue hérissée de pointes noires balayait le sol, derrière ses pas.
Cette mutation fut extrêmement douloureuse, aussi bien physiquement que mentalement et sa complétion poussa le fier guerrier à abandonner un cri de rage qui résonna dans l'air chaud et sablonneux.
Dans son esprit, la transformation avait également fait son office. Ses pensées s’étaient obscurcies. Il n'y avait plus de place pour la compassion, la pitié, l'empathie ou tout autre forme de sentiments dévoués. Ses autres traits, en revanches, avaient été exacerbés. Plus calculateur que jamais, stratège froid et sans âme, ne pouvant souffrir la contestation, pas plus que l'abandon ni la faiblesse.
Devant ses yeux, ses amis étaient devenus des ressources, au mieux, des alliés fiables. Il pesta devant ceux qui, trop sévèrement blessés, ne purent se relever, et les transperça de son regard accusateur, soupirant face à cet inacceptable constat d’échec.
Alors qu'il progressait sur sa partie du pont, il retrouva nez à nez avec une des abominations de chairs qui frappait sur son tambour immense. Le colosse putréfié se désintéressa alors derechef de son instrument funeste et sembla se réjouir du combat qui se profilait, quand bien même son opposant semblait aussi minuscule qu'un moucheron lorsqu'on le comparait à lui.
Le géant souleva alors son immense rondin de bois et d'un geste lent, accompagné d'un râle bruyant, tenta de l'abattre mollement sur son adversaire arrogant.
La maladresse du monstre amusa le démon qui se soustrait sans difficulté de son assaut ridicule, puis d'une impulsion presque imperceptible de ses jambes puissantes, il se propulsa, toutes ailes déployées et la tête la première vers le thorax de l'abomination qu'il traversa de part en part, telle un boulet de canon, laissant dans son sillage une gerbe d'entrailles et de viscères purulents.
La masse de chair s’écroula au sol l'instant d'après, tandis que le démon, observait la scène à une dizaine de pas de là, comme attristé par le peu de résistance que lui avait offert son adversaire.
C'est alors que la donne changea.
L'appel avait été entendu.
Et Celui qui avait été appelé se présentait alors à eux.
Pareil à celui d'un animal sauvage, l'instinct de survie poussa Ikaar à s’élever dans les airs. De là, il dominait la situation. Pouvait en observer le moindre déroulement. Evaluer les forces en présences encore mobilisables. Constater les défections, estimer des soins à fournir. Recenser les pertes et les disparitions.
Puis son regard s’arrêta sur elle, chancelante, l'esprit embrumé, le pas mal assuré, l'équilibre perturbé, comme sous l'effet d'une ivresse qui n'aurait provoqué aucun plaisir.
Étrangement, alors que sa nature impartiale et prompte à se défaire des faiblesses aurait du le pousser à la laisser se débrouiller de son triste sort, voire au pire de l'achever, le démon s'interrogea à son endroit. Comme si une force extérieure lui en intimait l'ordre expressément, sans qu'il puisse s'en prémunir d'aucune façon.
Alors le navire explosa.
Pareil à un coquille de noix sous un marteau.
Dans le ciel sombre s’élevèrent les milliers de débris de la carcasse du bateau, littéralement ventilé en moins d'une seconde par la puissance de Celui qui venait de manifester sa présence. Planches de bois, cargaisons, passagers, caravanes, montures, tous rejoignirent ce ballet aérien aussi improvisé qu’éphémère.
Il avait été réveillé de son sommeil millénaire.
Et comme tous les Dieux très anciens au réveil, il était de fort mauvaise humeur.
Loak'thaeb, le Fléau du Désert avait frappé, une seule fois, avant de s'enfoncer à nouveau dans le cœur de l'Océan de Sable où il chercherait bientôt à retrouver le sommeil.
Une pluie d'objets et de formes hétéroclite se déversa ensuite sur l'onde de sable avec une extrême violence.
Les rescapés se hâtèrent d'agripper planches et bouées de fortunes. Quelques radeaux de secours s'improvisèrent rapidement.
Mais Kachina n'eut pas à s'inquiéter de ces considérations de naufragés.
Alors que son corps basculait par dessus la rambarde et avant que Loak'thaeb ne pulvérise le navire. Alors qu'elle se dirigeait vers une mort certaine, un main puissante s'empara de la sienne et l’éleva vers les cieux, comme si elle fut emportée dans un rêve.
A l'extrémité de ce bras se trouvait un démon. A la fois monstrueux et d'une rare beauté. Menaçant et bienveillant. Animé d'un regard qui inspirait confiance et peur dans le même temps. Comme si lorsqu’on le contemplait, l'on fut frappé conjointement par la chance et l'infortune.
Il fixait calmement la petite danseuse. Son souffle était bruyant et rauque. Il se dégageait de lui, alors que ses larges ailes battaient l'air, une sensation de chaleur extrême comme si son corps n'était constitué que d'un gigantesque brasier.
En dessous d'eux, les embarcations de fortunes se dispersaient, au gré des courants. La plupart était déjà à plusieurs minutes de vol de leur position aérienne.
Après avoir repéré la plus accessible d'entres elles, Ikaar, piqua brusquement vers le sol, provoquant à Kachina une désagréable sensation au creu de son ventre, comme si toutes ses entrailles cherchaient à s'en échapper contre sa volonté.
Quelques instants plus tard l’étrange couple posa pied à terre, sur un amas de planches fixées ensembles à la va-vite à l'aide d'un imbroglio de cordage de récupération.
Sur cette embarcation se trouvaient déjà quatre personnes.
Yazzren, l'elfe noire qui, allongée dans un coin, souffrait de multiples blessures. A ses côtés se tenait Osmeth Daerdïl Silmïs plus connue sous le sobriquet de Oz. La Graine tentait avec les moyens du bord d’atténuer les souffrances de sa compagne de Guilde, en dépit du fait qu’initialement tout opposait leurs deux nations elfiques. Les années passées ensemble au sein de la caravane avaient su gommé leurs différences et les rancœurs héréditaires.
A l'opposée de leur position, on trouvait deux Exilés, plutôt en bonne forme, en dépit des plaies et contusions qui parsemaient leurs corps. Il s'agissait de la ravissante Solveig, la Princesses des fjords nordiques et de l'Orc Narzog, l'imposant grand-frère de Krabulg.
Les quatre rescapés cessèrent toute activité lorsqu'Ikaar se présenta à eux sous sa forme démoniaque. Kachina passa presque inaperçue jusqu'à ce que Oz, réalisant sa présence, s'empresse de s'enquérir de son état.
-"Comment te sens-tu ? " lui demanda-t-elle simplement
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
c'était le grand saut, pas un cri n'avait franchi la barrière de ses lèvres. Il lui semblait que le monde ralentissait autour d'elle pourtant, tout se passa très vite. Inconsciemment, la petite danseuse avait commencé son sauvetage. Hélas, elle ne maîtrisait pas encore parfaitement ses transformations. Elle avait besoin d'ailes. Un ange ou une fée. Un ange, oui ce serait parfait.
Malheureusement, les longues plumes blanches qui auraient du constituer la magnifiques paire d'ailes qu'elle imaginait ne furent pas le premier changement qu'elle aurait souhaité. L'Atlante sentit ses os s'alléger, sa musculature s'affiner. Soudain, la stupeur arrêta sa concentration et Kachina se sentit happée vers le haut. Une main venait de saisir la sienne. Elle la maintenait fermement et la jeune femme s'éleva bientôt dans les airs... sans ailes.
La danseuse releva la tête tentant d'apercevoir le visage de son sauveur. A sa connaissance, personne sur le bateau ne possédait le don de voler.
Elle eut un sursaut d'effroi en découvrant la face rougeoyante du démon qui la fixait de ses yeux d'encre. Elle eut l'impression de tomber dans un abîme bien plus dangereux que celui duquel il la tirait. A n'en pas douter, il s'agissait là d'un démon. Un vrai, de la tête aux pieds fourchus. Son premier réflexe fut d'ouvrir la main pour lâcher celle de celui qui l'entraînait. Le Grand Ténébreux en avait donc eu marre d'envoyer ses traînes-savates, Il avait décidé de passer un cran (voire plusieurs) plus haut.
Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi, mais, le premier moment de stupeur passé, la jeune princesse resserra la main sur celle de son sauveur. Ses doigts fins serrèrent la main rugueuse du démon avec une confiance qu'elle ne s'expliquait pas. Pourquoi ce représentant de l'Enfer ne l'avait-il pas laissé chuter vers une mort certaine? La seule hypothèse acceptable qu'elle put trouver fut qu'il voulait lui amener sa proie vivante afin qu'Il puisse en disposer comme bon lui semblait. Si son maître avait enfin ce qu'il voulait, toute cette folie s'arrêterait peut-être enfin.
Les yeux de la jeune princesse balayaient la scène de désolation. Autour de ce cocon étrange qui s'était formé dans le ciel, entre peur et soulagement, le monde explosait. Les débris du navire dépecé flottaient disséminés un peu partout sur la mer de sable. Accrochés à ces bouées de fortune, plusieurs rescapés attendaient, la peur au ventre, une nouvelle attaque. Kachina n'avait fait qu'entre-apercevoir leur assaillant. L'horreur était encore montée d'un cran. La petite danseuse essaya de se raccrocher à des souvenirs heureux pour ne pas sombrer dans le même désespoir qui s'abattait sur chaque survivant avec plus ou moins de force. Chacun le combattant à sa manière.
De plus en plus étrange, son improbable sauveur la déposa sur un de ces radeaux improvisés où quelques naufragés avaient trouvé un semblant de refuge.
Entre les occupants et les arrivants, un ange passa tandis qu'ils se dévisageaient l'oeil mauvais. Kachina profita de ce que personne ne semblait faire attention à elle pour étudier le démon. Il était différent de l'idée qu'elle s'était faite de ceux de sa race. Entendons-nous bien, il avait en lui cette monstruosité qui le rendait beau et il ne faisait aucun doute qu'il était aussi implacable que dangereux. Son regard froid trahissait son sentiment de supériorité. Le menton haut, la queue fièrement dressée il ne lui manquait qu'un haussement de sourcil pour paraître hautain.
Pourtant, bien qu'il soit effrayant, elle le trouvait attirant et son aura puissante la réconfortait. C'était incompréhensible. Tous ces paradoxes la déroutaient.
Il n'avait pas été brutal avec elle, n'avait serré sa main pour l'emprisonner dans son étau. La jolie princesse en détresse ne s'était pas sentie en danger, mal à l'aise oui mais pas terrorisée comme elle avait pu l'être au début de l'attaque sur le bateau.
Encore perdue, incertaine sur la conduite à tenir la petite danseuse ne put que hocher la tête pour signifier à Osmeth que tout allait bien. Elle se sentait incapable de parler craignant de perdre le fil de ses pensées elle s'adressa directement au monstre ailé.
"Vous m'avez sauvée... pourquoi? Vous n'aviez qu'à me regarder tomber et vous auriez sans doute été bien récompensé par votre maître."
Surmontant l'aversion qu'il lui inspirait, elle marcha vers lui ses yeux rivés au noir des siens, comme s'il elle cherchait une réponse dans le fond de ces abysses infernales. Puis, comme si la question lui venait comme une illumination, elle demanda enfin:
"Qui êtes-vous?"
Quelque chose clochait, enfin, son regard se porta sur les autres témoins de leur conversation. Même si elle lisait une certaine hostilité chez les deux Exilés, ils ne faisaient pas mine d'attaquer leur passager démoniaque. Oz' semblait légèrement mal à l'aise et son regard fuit celui de la petite danseuse comme sa question restait dans le vent. Apparemment, elle connaissait la réponse à sa question mais estimait que ce n'était pas à elle de la donner.
Yazzren quant à elle était trop faible pour qu'autre chose que la douleur se lise sur ses traits déformés. Oubliant les premiers instant plus que houleux avec l'elfe noire, Kachina fut en quelques enjambées à son chevet. Inquiète, elle s'enquit de l'état de la redoutable guerrière. Une chaleur étrange se déversa dans son coeur pour s'étendre dans sa poitrine puis le long de ses bras. Au bout de quelques secondes, ses mains devinrent chaudes, puis brûlantes. L'Atlante les regardaient sans comprendre ce qui se passait en elle.
D'instinct, la jeune femme posa ses mains sur la guerrière allongée à ses côtés. Aussitôt, la chaleur quitta ses mains et se déversa sur l'elfe. La douleur disparut et, si les blessures étaient toujours présentes, elles semblaient s'être résorbées et avaient cessé de saigner. Kachina ne put s'interroger sur cet étrange phénomène, à peine eut elle le temps de le voir qu'elle détourna la tête.
Dans son dos, l'Atlante entendit un cri de rage indicible. Elle se retourna pour voir un Keb' fondre sur l'être démoniaque un rictus de haine étirant son visage. L'homme était apparu derrière son adversaire et l'attaquait par derrière, de manière fort peu honorable. Cynfelyn hurla elle aussi mais il ne l'écouta pas. C'était un démon, tôt ou tard, cela deviendrait un ennemi et comme tout ennemi, il se devait d'être éliminé. C'était aussi simple que ça dans l'esprit du protecteur. Que cet adversaire soit dangereux ou trop puissant ne l'effleura même pas. Il ne doutait pas de sa propre capacité.
La jeune princesse se jeta en avant dans l'intention évidente de s'interposer entre les deux combattants.
Malheureusement, les longues plumes blanches qui auraient du constituer la magnifiques paire d'ailes qu'elle imaginait ne furent pas le premier changement qu'elle aurait souhaité. L'Atlante sentit ses os s'alléger, sa musculature s'affiner. Soudain, la stupeur arrêta sa concentration et Kachina se sentit happée vers le haut. Une main venait de saisir la sienne. Elle la maintenait fermement et la jeune femme s'éleva bientôt dans les airs... sans ailes.
La danseuse releva la tête tentant d'apercevoir le visage de son sauveur. A sa connaissance, personne sur le bateau ne possédait le don de voler.
Elle eut un sursaut d'effroi en découvrant la face rougeoyante du démon qui la fixait de ses yeux d'encre. Elle eut l'impression de tomber dans un abîme bien plus dangereux que celui duquel il la tirait. A n'en pas douter, il s'agissait là d'un démon. Un vrai, de la tête aux pieds fourchus. Son premier réflexe fut d'ouvrir la main pour lâcher celle de celui qui l'entraînait. Le Grand Ténébreux en avait donc eu marre d'envoyer ses traînes-savates, Il avait décidé de passer un cran (voire plusieurs) plus haut.
Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi, mais, le premier moment de stupeur passé, la jeune princesse resserra la main sur celle de son sauveur. Ses doigts fins serrèrent la main rugueuse du démon avec une confiance qu'elle ne s'expliquait pas. Pourquoi ce représentant de l'Enfer ne l'avait-il pas laissé chuter vers une mort certaine? La seule hypothèse acceptable qu'elle put trouver fut qu'il voulait lui amener sa proie vivante afin qu'Il puisse en disposer comme bon lui semblait. Si son maître avait enfin ce qu'il voulait, toute cette folie s'arrêterait peut-être enfin.
Les yeux de la jeune princesse balayaient la scène de désolation. Autour de ce cocon étrange qui s'était formé dans le ciel, entre peur et soulagement, le monde explosait. Les débris du navire dépecé flottaient disséminés un peu partout sur la mer de sable. Accrochés à ces bouées de fortune, plusieurs rescapés attendaient, la peur au ventre, une nouvelle attaque. Kachina n'avait fait qu'entre-apercevoir leur assaillant. L'horreur était encore montée d'un cran. La petite danseuse essaya de se raccrocher à des souvenirs heureux pour ne pas sombrer dans le même désespoir qui s'abattait sur chaque survivant avec plus ou moins de force. Chacun le combattant à sa manière.
De plus en plus étrange, son improbable sauveur la déposa sur un de ces radeaux improvisés où quelques naufragés avaient trouvé un semblant de refuge.
Entre les occupants et les arrivants, un ange passa tandis qu'ils se dévisageaient l'oeil mauvais. Kachina profita de ce que personne ne semblait faire attention à elle pour étudier le démon. Il était différent de l'idée qu'elle s'était faite de ceux de sa race. Entendons-nous bien, il avait en lui cette monstruosité qui le rendait beau et il ne faisait aucun doute qu'il était aussi implacable que dangereux. Son regard froid trahissait son sentiment de supériorité. Le menton haut, la queue fièrement dressée il ne lui manquait qu'un haussement de sourcil pour paraître hautain.
Pourtant, bien qu'il soit effrayant, elle le trouvait attirant et son aura puissante la réconfortait. C'était incompréhensible. Tous ces paradoxes la déroutaient.
Il n'avait pas été brutal avec elle, n'avait serré sa main pour l'emprisonner dans son étau. La jolie princesse en détresse ne s'était pas sentie en danger, mal à l'aise oui mais pas terrorisée comme elle avait pu l'être au début de l'attaque sur le bateau.
Encore perdue, incertaine sur la conduite à tenir la petite danseuse ne put que hocher la tête pour signifier à Osmeth que tout allait bien. Elle se sentait incapable de parler craignant de perdre le fil de ses pensées elle s'adressa directement au monstre ailé.
"Vous m'avez sauvée... pourquoi? Vous n'aviez qu'à me regarder tomber et vous auriez sans doute été bien récompensé par votre maître."
Surmontant l'aversion qu'il lui inspirait, elle marcha vers lui ses yeux rivés au noir des siens, comme s'il elle cherchait une réponse dans le fond de ces abysses infernales. Puis, comme si la question lui venait comme une illumination, elle demanda enfin:
"Qui êtes-vous?"
Quelque chose clochait, enfin, son regard se porta sur les autres témoins de leur conversation. Même si elle lisait une certaine hostilité chez les deux Exilés, ils ne faisaient pas mine d'attaquer leur passager démoniaque. Oz' semblait légèrement mal à l'aise et son regard fuit celui de la petite danseuse comme sa question restait dans le vent. Apparemment, elle connaissait la réponse à sa question mais estimait que ce n'était pas à elle de la donner.
Yazzren quant à elle était trop faible pour qu'autre chose que la douleur se lise sur ses traits déformés. Oubliant les premiers instant plus que houleux avec l'elfe noire, Kachina fut en quelques enjambées à son chevet. Inquiète, elle s'enquit de l'état de la redoutable guerrière. Une chaleur étrange se déversa dans son coeur pour s'étendre dans sa poitrine puis le long de ses bras. Au bout de quelques secondes, ses mains devinrent chaudes, puis brûlantes. L'Atlante les regardaient sans comprendre ce qui se passait en elle.
D'instinct, la jeune femme posa ses mains sur la guerrière allongée à ses côtés. Aussitôt, la chaleur quitta ses mains et se déversa sur l'elfe. La douleur disparut et, si les blessures étaient toujours présentes, elles semblaient s'être résorbées et avaient cessé de saigner. Kachina ne put s'interroger sur cet étrange phénomène, à peine eut elle le temps de le voir qu'elle détourna la tête.
Dans son dos, l'Atlante entendit un cri de rage indicible. Elle se retourna pour voir un Keb' fondre sur l'être démoniaque un rictus de haine étirant son visage. L'homme était apparu derrière son adversaire et l'attaquait par derrière, de manière fort peu honorable. Cynfelyn hurla elle aussi mais il ne l'écouta pas. C'était un démon, tôt ou tard, cela deviendrait un ennemi et comme tout ennemi, il se devait d'être éliminé. C'était aussi simple que ça dans l'esprit du protecteur. Que cet adversaire soit dangereux ou trop puissant ne l'effleura même pas. Il ne doutait pas de sa propre capacité.
La jeune princesse se jeta en avant dans l'intention évidente de s'interposer entre les deux combattants.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
La séquence d'observation ne dura qu'un temps. Au calme paranoïaque succéda la violence déchaînée qui fit écho à l'appel du devoir ressenti par Keb.
Comment lui en vouloir après tout, lui qui avait voué son existence immatérielle à préserver celle en qui son peuple avait placé tant d'espoir ? Il avait en face de lui un démon, immobile certes, qui n'avait en outre manifesté aucun comportement belliqueux. Mais sa condition suffisait. Quand bien même avait-il ramené Kachina saine et sauf à bord de leur radeau de fortune.
Quand on est mû par tant de certitude on en finit par voir ce que l'on veut, on ne pas voir ce qui nous gêne ou nous dépasse. Tous ces signes qui pourtant, plaidaient la cause de cet être, abject d'un certain point de vue et dont la nature en avait fait un coupable idéal.
Résigné, le démon observa l'assaut du protecteur zélé. Dans sa perception du monde, il le vit avancer vers lui, au ralenti, les mains crispées autour du manche de son épée.
Il la vit elle aussi, intenter l'impensable, courant dans sa direction, comme pour opposer sa vie à l'erreur faite par celui qui devait la préserver.
Tout allait si lentement pour un démon. Cette "aptitude" l'avait toujours impressionné. Chaque protagoniste évoluant face à lui semblait devoir se dépêtrer d'une mélasse poisseuse qui aurait entravé chacun de ses mouvements.
En réalité, c’était beaucoup plus simple que cela. Il distordait le temps.
Comme un enfant qui s'amuserait avec de la pâte à modeler. A la différence prêt que cet enfant modèlerait son jouet par la seule force de sa pensée. Et que le jouet en question serait une sorte de continuum espace-temps.
Ce don inestimable lui laissa tout loisir de décider de la meilleure conduite à tenir. En son âme et conscience. Plutôt ironique de mêler l'âme à tout cela d'ailleurs, quand on est démon.
Son premier geste fut de tendre le bras en direction de la petite danseuse, paume face à elle. Elle n'eut le temps que de constater une sorte de lumière vive se reflétant comme sur une sorte de mur invisible. L'instant d'après elle se heurta violemment à cet obstacle qui rendait impossible tout progression vers les deux combattants.
Puis, il s’intéressa à Keb'
Il ne désirait pas le tuer. Du moins pas pour le moment. Visiblement la toute jeune caravanière semblait tenir à lui et elle aurait très certainement du mal à accepter sa mort. La question se posa néanmoins, dans la mesure où sa nature prenait le pas sur le caractère mesuré d'Ikaar et sa volonté de se montrer magnanime la plupart du temps.
Le démon céda pourtant aux doléances de l'humain. Sans riposter, il se contenta d'effectuer une manœuvre d’évitement. L'assaut du guerrier avait été mené avec une grande habilité, et il ne fut pas commode à Ikaar de s'en prémunir sans faire montre lui aussi d'une bonne dose d'agilité dans ses déplacement.
Avant que le protecteur de Cynfelyn ne revienne à la charge, le démon invoqua des chaines infernales et immatérielles surgit du néant qui entravèrent Keb.
Ce sort, très consommateur d’énergie, ne serait que de très courtes durée, ajouté à cela que son adversaire avait certainement quelques stratagèmes en tête pour s'en défaire. Mais l'idée était de pouvoir profiter de ces quelques secondes de répit pour plaider sa cause.
Il tourna alors son visage sévère et déshumanisé vers Kachina, et s'adressa à elle, sur un ton dénué de toute émotion.
-"Tu souhaitais connaitre la vérité. La voici. Brute et sans détour. Tu souhaitais connaitre les causes de discordes entre Caravaniers et Exilés. Les voici mises à nu face à toi. Tu veux savoir qui je suis. Je suis la personne qui t'a accueillie dans cette caravane. Cette même personne qui t'a ouvert les portes de notre communauté. Certains me voient comme un guide. D'autre comme un monstre. La vérité, puisque c'est de cela qu'il s'agit, se situe certainement entre ces deux notions. Je suis Ikaar, tout simplement. Et ce que tu vois fait partie de moi."
Comment lui en vouloir après tout, lui qui avait voué son existence immatérielle à préserver celle en qui son peuple avait placé tant d'espoir ? Il avait en face de lui un démon, immobile certes, qui n'avait en outre manifesté aucun comportement belliqueux. Mais sa condition suffisait. Quand bien même avait-il ramené Kachina saine et sauf à bord de leur radeau de fortune.
Quand on est mû par tant de certitude on en finit par voir ce que l'on veut, on ne pas voir ce qui nous gêne ou nous dépasse. Tous ces signes qui pourtant, plaidaient la cause de cet être, abject d'un certain point de vue et dont la nature en avait fait un coupable idéal.
Résigné, le démon observa l'assaut du protecteur zélé. Dans sa perception du monde, il le vit avancer vers lui, au ralenti, les mains crispées autour du manche de son épée.
Il la vit elle aussi, intenter l'impensable, courant dans sa direction, comme pour opposer sa vie à l'erreur faite par celui qui devait la préserver.
Tout allait si lentement pour un démon. Cette "aptitude" l'avait toujours impressionné. Chaque protagoniste évoluant face à lui semblait devoir se dépêtrer d'une mélasse poisseuse qui aurait entravé chacun de ses mouvements.
En réalité, c’était beaucoup plus simple que cela. Il distordait le temps.
Comme un enfant qui s'amuserait avec de la pâte à modeler. A la différence prêt que cet enfant modèlerait son jouet par la seule force de sa pensée. Et que le jouet en question serait une sorte de continuum espace-temps.
Ce don inestimable lui laissa tout loisir de décider de la meilleure conduite à tenir. En son âme et conscience. Plutôt ironique de mêler l'âme à tout cela d'ailleurs, quand on est démon.
Son premier geste fut de tendre le bras en direction de la petite danseuse, paume face à elle. Elle n'eut le temps que de constater une sorte de lumière vive se reflétant comme sur une sorte de mur invisible. L'instant d'après elle se heurta violemment à cet obstacle qui rendait impossible tout progression vers les deux combattants.
Puis, il s’intéressa à Keb'
Il ne désirait pas le tuer. Du moins pas pour le moment. Visiblement la toute jeune caravanière semblait tenir à lui et elle aurait très certainement du mal à accepter sa mort. La question se posa néanmoins, dans la mesure où sa nature prenait le pas sur le caractère mesuré d'Ikaar et sa volonté de se montrer magnanime la plupart du temps.
Le démon céda pourtant aux doléances de l'humain. Sans riposter, il se contenta d'effectuer une manœuvre d’évitement. L'assaut du guerrier avait été mené avec une grande habilité, et il ne fut pas commode à Ikaar de s'en prémunir sans faire montre lui aussi d'une bonne dose d'agilité dans ses déplacement.
Avant que le protecteur de Cynfelyn ne revienne à la charge, le démon invoqua des chaines infernales et immatérielles surgit du néant qui entravèrent Keb.
Ce sort, très consommateur d’énergie, ne serait que de très courtes durée, ajouté à cela que son adversaire avait certainement quelques stratagèmes en tête pour s'en défaire. Mais l'idée était de pouvoir profiter de ces quelques secondes de répit pour plaider sa cause.
Il tourna alors son visage sévère et déshumanisé vers Kachina, et s'adressa à elle, sur un ton dénué de toute émotion.
-"Tu souhaitais connaitre la vérité. La voici. Brute et sans détour. Tu souhaitais connaitre les causes de discordes entre Caravaniers et Exilés. Les voici mises à nu face à toi. Tu veux savoir qui je suis. Je suis la personne qui t'a accueillie dans cette caravane. Cette même personne qui t'a ouvert les portes de notre communauté. Certains me voient comme un guide. D'autre comme un monstre. La vérité, puisque c'est de cela qu'il s'agit, se situe certainement entre ces deux notions. Je suis Ikaar, tout simplement. Et ce que tu vois fait partie de moi."
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
Coupée dans son élan, la petite danseuse se heurta au mur d'énergie que le démon avait érigé entre les deux combattants et les autres naufragés. Impuissante, elle assistait au combat les yeux remplis d'anxiété. Devant elle, il était évident que l'être démoniaque était plus puissant que son protecteur. Leur mouvement était si rapide, l'un comme l'autre se mouvait avec une agilité incroyable et même étonnante chez un être doté d'une telle corpulence.
Très vite, la charge aveugle de Keb' se brisa sur les défenses du démon. Immobilisé par le sort de celui-ci, le défenseur resta un instant incrédule dans ses liens. Durant ces quelques secondes gagnées, l'horrible bête tourna sa face vers la princesse pour enfin répondre à sa question restée en suspens.
La petite danseuse fut frappée d'horreur. Elle aurait dû le comprendre, comment n'avait-elle pas vu? Elle avait consciencieusement écarté tous les indices les uns après les autres refusant de voir ce qui était. Maintenant, la vérité la tétanisait. Kachina sentait son vis-à-vis sur le qui-vive ou plutôt il semblait désabusé. Il s'attendait sans doute à la réaction naturelle précédait toujours cette révélation. Pourtant, la petite brune crut apercevoir dans la lueur de son regard, derrière ce ton neutre, l'espoir d'une réaction différente.
L'Atlante secoua la tête, prise malgré elle d'un fou-rire comme une pensée traversait son esprit. Malgré sa carrure imposante et son allure effrayante, le colossal démon l'impressionnait moins que l'air toujours sévère qu'arborait Ikaar. Devant cette facette de lui, elle se sentait moins petite fille qui attend les remontrances de son professeur. C'était étrange, paradoxal, incohérent même mais cet aspect de lui le rendait plus humain à ses yeux.
Keb' avait disparu se dérobant de ses liens, il avait fait un saut dans l'ombre pour réapparaître derrière l'incarnation de tous ses problèmes. Jamais il n'avait tant haï. C'était comme si tout ce qu'il avait enduré depuis son improbable naissance s'était cristallisé et trouvait une personnification en cet être dressé contre lui.
Une voix cassante arrêta le geste implacable du défenseur. Cynfelyn avait de nouveau reporté son attention sur lui. Furieuse désormais, elle laissa sa colère tomber sur le responsable de cette situation grotesque. Sa colère était froide, pas ces sautes d'humeur emportées dont l'infortuné chef de la Caravane avait déjà fait les frais mais d'un calme glacial. Ses yeux avaient pris des reflets métalliques et sa voix cingla l'air comme la lanière d'un fouet.
"Tu es pathétique. Tu m'as laissée à l'orée de cette forêt dans l'unique but qu'ils me trouvent, que je fasse partie des leurs. J'y serais protégée. Et là, tu oses t'attaquer à leur chef. Range ton arme."
Elle n'en revenait pas, il ne savait pas. Il l'avait abandonnée aux mains de personnes qu'il pensait de confiance et il ignorait que leur chef était rien de moins qu'un des ennemis qu'elle tentait désespérément de fuir.
Dire que le jeune homme était stupéfait était bien en deçà de la réalité. Ses yeux exprimaient l'incrédulité la plus complète. Le temps était comme suspendu et, un combat muet s'engagea entre le combattant et sa protégée. Pour la première fois, ce fut lui qui baissa les yeux et sa garde le premier. Il eut un regard meurtrier vers l'engeance démoniaque témoin de son affront mais rangea son arme et quitta sa posture hostile.
Pourtant il n'y avait pas que la rage aveugle qui animait le protecteur. Dans son esprit commença à s'instiller le doute. Si cette abomination vivante n'était pas l'ennemi, pourquoi était-il encore là. Le danger n'était pas écarté, quelque chose se tramait et l'ombre ne s'était pas dissipée. Il n'eut pas un mot pour se défendre des accusations implacables qui pesaient sur lui. Si l'Abomination n'était pas l'ennemi aujourd'hui, il montrerait un jour l'instinct qui'il portait en lui. Ce jour-là, il le trouverait sur son chemin, et cette fois, il serait prêt...
Pour l'heure, la jolie princesse ne se préoccupait déjà plus de lui ce qui augmenta encore sa rancœur envers l'ennemi. Kachina était repartie dans ses questionnements, dans cette curiosité toute innocente qui la caractérisait. L'éclat avait disparu et ses yeux avaient retrouvés leur naïveté. La petite danseuse fit quelques pas en direction d'Ikaar. Il lui était difficile d'associer Ikaar et l'être plein d'arrogance présent maintenant. Dire qu'il ne faisait qu'un avec le taciturne et discret chef des caravaniers.
Elle se heurta au mur toujours présent entre-eux et s'arrêta une seule question franchi ses lèvres. A peine énoncée, elle lui sembla aussi absurde que la situation.
"Ça va? Vous n'avez rien?"
Très vite, la charge aveugle de Keb' se brisa sur les défenses du démon. Immobilisé par le sort de celui-ci, le défenseur resta un instant incrédule dans ses liens. Durant ces quelques secondes gagnées, l'horrible bête tourna sa face vers la princesse pour enfin répondre à sa question restée en suspens.
La petite danseuse fut frappée d'horreur. Elle aurait dû le comprendre, comment n'avait-elle pas vu? Elle avait consciencieusement écarté tous les indices les uns après les autres refusant de voir ce qui était. Maintenant, la vérité la tétanisait. Kachina sentait son vis-à-vis sur le qui-vive ou plutôt il semblait désabusé. Il s'attendait sans doute à la réaction naturelle précédait toujours cette révélation. Pourtant, la petite brune crut apercevoir dans la lueur de son regard, derrière ce ton neutre, l'espoir d'une réaction différente.
L'Atlante secoua la tête, prise malgré elle d'un fou-rire comme une pensée traversait son esprit. Malgré sa carrure imposante et son allure effrayante, le colossal démon l'impressionnait moins que l'air toujours sévère qu'arborait Ikaar. Devant cette facette de lui, elle se sentait moins petite fille qui attend les remontrances de son professeur. C'était étrange, paradoxal, incohérent même mais cet aspect de lui le rendait plus humain à ses yeux.
Keb' avait disparu se dérobant de ses liens, il avait fait un saut dans l'ombre pour réapparaître derrière l'incarnation de tous ses problèmes. Jamais il n'avait tant haï. C'était comme si tout ce qu'il avait enduré depuis son improbable naissance s'était cristallisé et trouvait une personnification en cet être dressé contre lui.
Une voix cassante arrêta le geste implacable du défenseur. Cynfelyn avait de nouveau reporté son attention sur lui. Furieuse désormais, elle laissa sa colère tomber sur le responsable de cette situation grotesque. Sa colère était froide, pas ces sautes d'humeur emportées dont l'infortuné chef de la Caravane avait déjà fait les frais mais d'un calme glacial. Ses yeux avaient pris des reflets métalliques et sa voix cingla l'air comme la lanière d'un fouet.
"Tu es pathétique. Tu m'as laissée à l'orée de cette forêt dans l'unique but qu'ils me trouvent, que je fasse partie des leurs. J'y serais protégée. Et là, tu oses t'attaquer à leur chef. Range ton arme."
Elle n'en revenait pas, il ne savait pas. Il l'avait abandonnée aux mains de personnes qu'il pensait de confiance et il ignorait que leur chef était rien de moins qu'un des ennemis qu'elle tentait désespérément de fuir.
Dire que le jeune homme était stupéfait était bien en deçà de la réalité. Ses yeux exprimaient l'incrédulité la plus complète. Le temps était comme suspendu et, un combat muet s'engagea entre le combattant et sa protégée. Pour la première fois, ce fut lui qui baissa les yeux et sa garde le premier. Il eut un regard meurtrier vers l'engeance démoniaque témoin de son affront mais rangea son arme et quitta sa posture hostile.
Pourtant il n'y avait pas que la rage aveugle qui animait le protecteur. Dans son esprit commença à s'instiller le doute. Si cette abomination vivante n'était pas l'ennemi, pourquoi était-il encore là. Le danger n'était pas écarté, quelque chose se tramait et l'ombre ne s'était pas dissipée. Il n'eut pas un mot pour se défendre des accusations implacables qui pesaient sur lui. Si l'Abomination n'était pas l'ennemi aujourd'hui, il montrerait un jour l'instinct qui'il portait en lui. Ce jour-là, il le trouverait sur son chemin, et cette fois, il serait prêt...
Pour l'heure, la jolie princesse ne se préoccupait déjà plus de lui ce qui augmenta encore sa rancœur envers l'ennemi. Kachina était repartie dans ses questionnements, dans cette curiosité toute innocente qui la caractérisait. L'éclat avait disparu et ses yeux avaient retrouvés leur naïveté. La petite danseuse fit quelques pas en direction d'Ikaar. Il lui était difficile d'associer Ikaar et l'être plein d'arrogance présent maintenant. Dire qu'il ne faisait qu'un avec le taciturne et discret chef des caravaniers.
Elle se heurta au mur toujours présent entre-eux et s'arrêta une seule question franchi ses lèvres. A peine énoncée, elle lui sembla aussi absurde que la situation.
"Ça va? Vous n'avez rien?"
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
Oz', Solveig, Narzog et dans une moindre mesure Yazzren, assistaient incrédules à la joute verbale qui opposait Kachina à son protecteur. Plus qu'une joute en réalité, il s'agissait plus d'une condamnation sans autre forme de procès, tant le jeune homme se vit accusé de tous les maux que la demoiselle avait bien pu subir depuis son intégration dans la caravane.
Keb' avait été tancé, réprimandé, humilié aux yeux de tous les observateurs. Ikaar, pourtant empreint de son essence démoniaque et plus prompt que jamais à desservir haine et inimitié trouva presque sévère la posture qu'avait adoptée l'Atlante.
Il attribua a sa démarche un probable stress post traumatique, une expiation du soulagement de se retrouver là, saine et sauve, au milieu de nulle part alors qu'elle, comme tous les autres, avaient été promis à une mort certaine.
Mais il n'en fut rien. Une fois de plus, ils s'étaient joué du destin. A moins que ce ne fût le contraire et que le grand Marionnettiste qui tirait une à une les ficelles de leurs vies, prenait un malin plaisir à se jouer d'eux en faisant se succéder les moments de détresses et ceux dans lesquels ils pouvaient se laisser aller à retrouver un semblant d'espoir.
-"Peut importe en fait... Mais. Oui. Je vais bien. Merci de ta sollicitude." répondit alors Ikaar, dont le charisme et la stature liés à son apparence austère occupaient l'intégralité du radeau de fortune et pesaient sur chacun des protagonistes, comme si ces dernier espéraient secrètement qu'il retrouva au plus vite ses traits humains.
Chose qu'il fit dans les minutes qui suivirent, conscient du malaise qu'il provoquait et à la faveur d'un état d'esprit plus apaisé.
Ainsi à nouveau lui même, il lui fut plus aisé de s’inquiéter du moral de ses compagnons d'infortune.
Yazzren s’était assoupie, son état était stationnaire. Ses blessures ne saignaient plus et un bref échange avec Oz' le rassura sur ses capacité à s'en sortir sans trop de séquelles et à être remise sur pieds rapidement. Les capacité de régénération des elfes noirs le surprendraient toujours...
L'elfe sauvage, quand à elle, affichait son air des mauvais jours. Les yeux tristes et les mots rares. Elle en voulait visiblement à Ikaar de son "intervention", mais pour autant, il lui vouait un trop grand respect pour le lui faire remarquer. En réalité, il l'effrayait terriblement lorsqu'il revêtait ses atours infernaux.
L'orgueil et la fierté masculine tinrent éloignées les deux figures mâles présentes sur le rafiot. Narzog et Ikaar n’échangèrent qu'un bref mais poli signe de tête comme pour se dire que l'un comme l'autre se suffiraient bien à eux seuls et qu'ils n'avaient nulle envie de s’épancher tous les deux sur leur mésaventure commune. Les hommes n'aimaient pas vraiment parler de leurs problèmes... encore moins avec un autre homme.
Alors Ikaar se tint aux côté de la très belle et très digne Solveig, dont les yeux bleus cristal scrutait le gris du ciel et de l'horizon. Ses cheveux or, étaient balayés par un vent chaud et chargé de sable, et fouettaient son visage aussi lisse et blanc que l'ivoire. Fille de la Reine Eïr du Niflheim, Princesse des Fjords, ses traits nobles était largement mis en valeur par les conditions dramatiques qu'elle toisait en l'instant, comme si elle avait souhaité montrer à qui l'observait, que rien n'avait de prise sur elle.
Elle n'adressa aucun regard au chef des caravanier, qui se contenta de rester silencieux, son regard tourné vers le même axe que la nordique.
-"Une tempête se prépare" commenta-t-elle simplement
Au loin le ciel s'assombrissait de plus en plus, faisant grossir les nuages dont la teinte grisonnante se muait progressivement en noir charbon.
Ikaar acquiesça d'un signe de tête et ajouta
-"Il veut en finir maintenant."
La princesse se mit à sourire.
-"Quelle triste conclusion. J'aurais, à choisir, préféré une mort un peu plus épique... Avec un semblant de panache, l'arme à la main"
-"Il le sait. C'est pourquoi il a choisit cette fin. Comme un dernier affront qu'il nous fait".
Il posa sa main bandée et tachée de sang sur l'épaule de la femme en signe de compassion et s'en éloigna avec pudeur. Il se rapprocha alors de Kachina, qu'il avait délaissée depuis.
-"D'ici une heure tout au plus, à en juger par l'avancée de la tempête qui nous fait fasse, nous ne serons plus. Je suis désolé. J'aurai aimé te proposer autre chose. Une vie remplie d'aventures, de découvertes, de voyages, de joies et de peines, mais... je n'ai plus les cartes en main. Et notre adversaire s'est lassé du jeu et semble vouloir mettre un terme à la partie promptement."
Ses yeux se plongèrent dans ceux de la danseuse
-"Je t'ai trouvée dure avec ton... compagnon. Je ne crois pas avoir tous les tenants et aboutissants de votre histoire commune mais il me semble injuste de condamner ainsi une personne qui voue sa vie à protéger la tienne. Tu passerai presque pour une petite fille capricieuse. Lui imputer le fait de tes mésaventures est indigne d'une personne telle que toi, et emprunt de mauvaise fois. Mais après tout, ce n'est que mon point de vue..."
Keb' avait été tancé, réprimandé, humilié aux yeux de tous les observateurs. Ikaar, pourtant empreint de son essence démoniaque et plus prompt que jamais à desservir haine et inimitié trouva presque sévère la posture qu'avait adoptée l'Atlante.
Il attribua a sa démarche un probable stress post traumatique, une expiation du soulagement de se retrouver là, saine et sauve, au milieu de nulle part alors qu'elle, comme tous les autres, avaient été promis à une mort certaine.
Mais il n'en fut rien. Une fois de plus, ils s'étaient joué du destin. A moins que ce ne fût le contraire et que le grand Marionnettiste qui tirait une à une les ficelles de leurs vies, prenait un malin plaisir à se jouer d'eux en faisant se succéder les moments de détresses et ceux dans lesquels ils pouvaient se laisser aller à retrouver un semblant d'espoir.
-"Peut importe en fait... Mais. Oui. Je vais bien. Merci de ta sollicitude." répondit alors Ikaar, dont le charisme et la stature liés à son apparence austère occupaient l'intégralité du radeau de fortune et pesaient sur chacun des protagonistes, comme si ces dernier espéraient secrètement qu'il retrouva au plus vite ses traits humains.
Chose qu'il fit dans les minutes qui suivirent, conscient du malaise qu'il provoquait et à la faveur d'un état d'esprit plus apaisé.
Ainsi à nouveau lui même, il lui fut plus aisé de s’inquiéter du moral de ses compagnons d'infortune.
Yazzren s’était assoupie, son état était stationnaire. Ses blessures ne saignaient plus et un bref échange avec Oz' le rassura sur ses capacité à s'en sortir sans trop de séquelles et à être remise sur pieds rapidement. Les capacité de régénération des elfes noirs le surprendraient toujours...
L'elfe sauvage, quand à elle, affichait son air des mauvais jours. Les yeux tristes et les mots rares. Elle en voulait visiblement à Ikaar de son "intervention", mais pour autant, il lui vouait un trop grand respect pour le lui faire remarquer. En réalité, il l'effrayait terriblement lorsqu'il revêtait ses atours infernaux.
L'orgueil et la fierté masculine tinrent éloignées les deux figures mâles présentes sur le rafiot. Narzog et Ikaar n’échangèrent qu'un bref mais poli signe de tête comme pour se dire que l'un comme l'autre se suffiraient bien à eux seuls et qu'ils n'avaient nulle envie de s’épancher tous les deux sur leur mésaventure commune. Les hommes n'aimaient pas vraiment parler de leurs problèmes... encore moins avec un autre homme.
Alors Ikaar se tint aux côté de la très belle et très digne Solveig, dont les yeux bleus cristal scrutait le gris du ciel et de l'horizon. Ses cheveux or, étaient balayés par un vent chaud et chargé de sable, et fouettaient son visage aussi lisse et blanc que l'ivoire. Fille de la Reine Eïr du Niflheim, Princesse des Fjords, ses traits nobles était largement mis en valeur par les conditions dramatiques qu'elle toisait en l'instant, comme si elle avait souhaité montrer à qui l'observait, que rien n'avait de prise sur elle.
Elle n'adressa aucun regard au chef des caravanier, qui se contenta de rester silencieux, son regard tourné vers le même axe que la nordique.
-"Une tempête se prépare" commenta-t-elle simplement
Au loin le ciel s'assombrissait de plus en plus, faisant grossir les nuages dont la teinte grisonnante se muait progressivement en noir charbon.
Ikaar acquiesça d'un signe de tête et ajouta
-"Il veut en finir maintenant."
La princesse se mit à sourire.
-"Quelle triste conclusion. J'aurais, à choisir, préféré une mort un peu plus épique... Avec un semblant de panache, l'arme à la main"
-"Il le sait. C'est pourquoi il a choisit cette fin. Comme un dernier affront qu'il nous fait".
Il posa sa main bandée et tachée de sang sur l'épaule de la femme en signe de compassion et s'en éloigna avec pudeur. Il se rapprocha alors de Kachina, qu'il avait délaissée depuis.
-"D'ici une heure tout au plus, à en juger par l'avancée de la tempête qui nous fait fasse, nous ne serons plus. Je suis désolé. J'aurai aimé te proposer autre chose. Une vie remplie d'aventures, de découvertes, de voyages, de joies et de peines, mais... je n'ai plus les cartes en main. Et notre adversaire s'est lassé du jeu et semble vouloir mettre un terme à la partie promptement."
Ses yeux se plongèrent dans ceux de la danseuse
-"Je t'ai trouvée dure avec ton... compagnon. Je ne crois pas avoir tous les tenants et aboutissants de votre histoire commune mais il me semble injuste de condamner ainsi une personne qui voue sa vie à protéger la tienne. Tu passerai presque pour une petite fille capricieuse. Lui imputer le fait de tes mésaventures est indigne d'une personne telle que toi, et emprunt de mauvaise fois. Mais après tout, ce n'est que mon point de vue..."
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
Il était de nouveau égal à lui-même, moralisateur, défenseur acharné de la bienséance avec un penchant manifeste à condamner les éclats. L'Atlante ignora les nouvelles remontrances de l'homme. Ainsi, il était écrit qu'il serait éternellement contre elle. Comme il l'avait si bien dit, il ne connaissait rien ou presque d'eux, de leur histoire mais elle ne serait jamais qu'une pauvre gamine écervelée à ses yeux.
Ne comprenait-il donc pas ce balourd que c'était la seule solution pour que son protecteur l'entende à travers le brouillard de sa haine et de sa colère. Qu'elle ne voulait pas qu'il perde la vie dans une lutte aussi inutile que perdue.
L'Atlante n'essaya pas de se disculper ou même de se lancer dans une explication. A cet instant précis, il la décevait plus qu'elle n'aurait pu le dire. Elle se contenta donc de le fixer sans rien dire, ses grands yeux parlaient pour elle. Peu importait désormais ce qu'il pouvait penser d'elle.
Le temps manquait pour ces futilités. "J'aurais voulu te proposer autre chose". C'était comme s'il lui avouait qu'il avait pensé à elle, à eux et à leur avenir commun. Bon ce n'était sans doute qu'une autre affabulation de femme amoureuse mais là elle aurait voulu laisser sa déception de côté. Se hisser sur la pointe des pieds, passer ses bras autour du cou de l'homme et tendre ses lèvres pour effleurer les siennes et connaître, au moins une fois, le goût de ses baisers.
Au lieu de ça elle lui répondit avec toute la foi qu'elle plaçait encore en lui malgré l'éclat métallique de son regard argenté qui la fixait sans exprimer la moindre tendresse.
"Tu es leur chef, ils t'ont choisi comme tel. Tu ne peux abandonner ce combat... tu ne peux les laisser tomber. C'est maintenant qu'ils ont besoin de toi, maintenant que tu dois leur montrer qu'ils ont fait le bon choix. Tu ne peux te donner le luxe d'abandonner et ce même si tu penses la bataille perdue. Tu connais chacun d'eux, chacune de leur capacité. N'y a-t-il pas quelque tentative à jouer tous ensemble?"
Dans sa tête elle retournait la situation dans tous les sens. Il devait y avoir une solution, il y en avait toujours une. Ne pouvaient-ils pas tous s'associer pour survivre?
Laissant l'homme à ses pensées, la petite danseuse se dirigea vers le coin dans lequel avait migré Keb'. Il n'avait pas adressé une parole aux occupants du rafiot et s'était assis à l'écart indifférent à leur sort. Il la dévisagea d'un air mauvais quand elle s'approcha de lui de sa démarche aérienne.
Sans un mot, elle vint s'asseoir à ses côtés. Il détourna le regard ses yeux sondant obstinément l'horizon.
"Je suis désolée"
Elle avait parlé assez haut pour que chacun puisse entendre. Les excuses, faites d'un ton humble, ne trouvèrent aucun écho. Un muscle se contracta sur la mâchoire serrée du défenseur mais il garda le regard fixé sur un point imaginaire.
L'indifférence de Keb' la toucha bien plus que toutes les remontrances de son cher Ikaar. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait faire mais elle était sûre d'une chose: elle ne voulait pas mourir sans avoir eu l'opportunité de lui dire qu'elle regrettait son éclat. Même si les arguments de l'Atlante lui paraissaient fondés, il ne méritait pas un tel traitement.
Il aurait pu les sauver, il pouvait l'emmener avec lui dans son plan. Il n'y avait que quelques petits bémols. Premièrement, il n'avait jamais tenter une telle opération et ne savait pas s'il lui était possible de le faire. Deuxièmement, et c'était ce point qui le chiffonnait le plus, les liens qui l'enchaînaient à elle étaient son attache dans ce monde, lui permettaient de faire le voyage, de passer la porte. Qu'en serait-il s'il l'emmenait? Serait-il capable de retrouver le chemin de ce monde ou seraient-ils tous deux prisonniers de ce plan vide, sinistre et froid? Il ne se sentait pas capable de prendre une telle décision.
L'idée l'effleura aussi que le démon pourrait sans doute ouvrir un portail vers... les Enfers. Il pouvait s'abaisser à demander une telle chose mais il ne la mènerait pas dans la gueule du loup. Nerveux, il regardait s'avancer leur fin, impuissant.
Ne comprenait-il donc pas ce balourd que c'était la seule solution pour que son protecteur l'entende à travers le brouillard de sa haine et de sa colère. Qu'elle ne voulait pas qu'il perde la vie dans une lutte aussi inutile que perdue.
L'Atlante n'essaya pas de se disculper ou même de se lancer dans une explication. A cet instant précis, il la décevait plus qu'elle n'aurait pu le dire. Elle se contenta donc de le fixer sans rien dire, ses grands yeux parlaient pour elle. Peu importait désormais ce qu'il pouvait penser d'elle.
Le temps manquait pour ces futilités. "J'aurais voulu te proposer autre chose". C'était comme s'il lui avouait qu'il avait pensé à elle, à eux et à leur avenir commun. Bon ce n'était sans doute qu'une autre affabulation de femme amoureuse mais là elle aurait voulu laisser sa déception de côté. Se hisser sur la pointe des pieds, passer ses bras autour du cou de l'homme et tendre ses lèvres pour effleurer les siennes et connaître, au moins une fois, le goût de ses baisers.
Au lieu de ça elle lui répondit avec toute la foi qu'elle plaçait encore en lui malgré l'éclat métallique de son regard argenté qui la fixait sans exprimer la moindre tendresse.
"Tu es leur chef, ils t'ont choisi comme tel. Tu ne peux abandonner ce combat... tu ne peux les laisser tomber. C'est maintenant qu'ils ont besoin de toi, maintenant que tu dois leur montrer qu'ils ont fait le bon choix. Tu ne peux te donner le luxe d'abandonner et ce même si tu penses la bataille perdue. Tu connais chacun d'eux, chacune de leur capacité. N'y a-t-il pas quelque tentative à jouer tous ensemble?"
Dans sa tête elle retournait la situation dans tous les sens. Il devait y avoir une solution, il y en avait toujours une. Ne pouvaient-ils pas tous s'associer pour survivre?
Laissant l'homme à ses pensées, la petite danseuse se dirigea vers le coin dans lequel avait migré Keb'. Il n'avait pas adressé une parole aux occupants du rafiot et s'était assis à l'écart indifférent à leur sort. Il la dévisagea d'un air mauvais quand elle s'approcha de lui de sa démarche aérienne.
Sans un mot, elle vint s'asseoir à ses côtés. Il détourna le regard ses yeux sondant obstinément l'horizon.
"Je suis désolée"
Elle avait parlé assez haut pour que chacun puisse entendre. Les excuses, faites d'un ton humble, ne trouvèrent aucun écho. Un muscle se contracta sur la mâchoire serrée du défenseur mais il garda le regard fixé sur un point imaginaire.
L'indifférence de Keb' la toucha bien plus que toutes les remontrances de son cher Ikaar. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait faire mais elle était sûre d'une chose: elle ne voulait pas mourir sans avoir eu l'opportunité de lui dire qu'elle regrettait son éclat. Même si les arguments de l'Atlante lui paraissaient fondés, il ne méritait pas un tel traitement.
Il aurait pu les sauver, il pouvait l'emmener avec lui dans son plan. Il n'y avait que quelques petits bémols. Premièrement, il n'avait jamais tenter une telle opération et ne savait pas s'il lui était possible de le faire. Deuxièmement, et c'était ce point qui le chiffonnait le plus, les liens qui l'enchaînaient à elle étaient son attache dans ce monde, lui permettaient de faire le voyage, de passer la porte. Qu'en serait-il s'il l'emmenait? Serait-il capable de retrouver le chemin de ce monde ou seraient-ils tous deux prisonniers de ce plan vide, sinistre et froid? Il ne se sentait pas capable de prendre une telle décision.
L'idée l'effleura aussi que le démon pourrait sans doute ouvrir un portail vers... les Enfers. Il pouvait s'abaisser à demander une telle chose mais il ne la mènerait pas dans la gueule du loup. Nerveux, il regardait s'avancer leur fin, impuissant.
Assiah- Apprentissage terminé
Re: Au gré du vent.
Sans faire mine d'y prêter attention, Ikaar éprouva un sentiment de satisfaction tout personnel lorsque Kachina fit montre d'un semblant de remord à l'endroit de Keb'.
Il savait, ou du moins il imaginait ce que cela pouvait coûter à la danseuse et son orgueil de princesse qu'il savait mis à mal par la démarche. Démarche qui pourtant l'honorait.
Elle avait fait exprès de parler plus fort que de raison. Afin que chacun puisse l'entendre, mais aussi pour que son vassal considère l'entreprise comme un repentir public. Ou du moins, des regrets déguisés.
Malgré tout, cet intermède d'apaisement n'eut pas suffit à regonfler le moral des troupes qui se trouvaient dans une situation inextricable. La tempête grondait au loin, emportant avec elle la menace d'un ciel qui n'en finissait plus de s'assombrir et de rougeoyer et des bourrasques si violentes qu'elles devenaient perceptibles à l’œil nu, projetant en sifflant l'écume poussiéreuse de l'Océan de Sable.
La poussière devenait d'ailleurs un problème. S’immisçant partout, surtout dans les endroits les plus incommodants. Les yeux pleuraient, le nez grattait, la bouche s'emplissait d'une pâte craquante infâme et étouffante. Quant aux oreilles, perturbées à la fois par le vent et ce qu'il transportait, difficile à ce compte d'entendre clairement le protagoniste situé à moins d'un mètre.
Le guerrier était, comme souvent, resté silencieux et sans réactions face aux remarques de l'Atlante au sujet de sa condition de chef et de ses responsabilités. Pour autant, il ne pouvait pas dire qu'il était resté insensible à ses arguments. Mais son éducation et sa culture lui interdisait la surréaction et la prise de décision hâtive. Pire que ça, reconnaître la qualité de ses propos l'aurait implicitement conduit à admettre ses erreurs et sa perfectibilité.
Mais n'en aurait-il pas été une preuve d'humilité ? Qualité qu'il portait aux nues aussi souvent que possible... Savoir se tromper et le reconnaître n'est-il pas le propre de l'Humble ?
En d'autres circonstance, il n'aurait fait nul doute de cette conclusion, mais la situation ne se prêtait guère aux contemplations philosophiques. Et puis... et puis sans aller jusqu'à dire que ce n’était qu'une femme, car il estimait en tout points les avis d'une Solveig ou d'une Yazzren, ce n’était en tout cas pas une guerrière ! Que Diable ! De quel passif pouvait-elle se vanter pour ainsi lui faire la leçon.
Et puis, les grands discours pompeux l'avaient toujours agacé. Ils étaient emplis de poncifs, de phrases toutes faites, prononcées par des personnes qui avaient tout vu et tout vécu et avaient un avis sur tout. Ce genre de personnes qui pourtant se retrouvaient bien mal à l'aise lorsque, sorties de leur petit confort, elles se retrouvaient sur le front, et devant faire face au destin.
Ses yeux gris fixant l'horizon mortel, le sourire aux lèvres, d'une façon inexplicable, il se trouva soudain dur envers la danseuse qui payait le prix de son impuissance. Lui fallait il absolument un bouc émissaire sur qui passer la frustration de sa déveine ? Et au final, n'avait elle pas raison, sur le fond ?
Bien sûr que si.
En vérité, elle l'agaçait depuis le début. Parce qu'elle avait raison. Sur lui, sa façon d'être, ses choix, sa nature, ses secrets.
Son naturel franc et direct mettait à mal sa réserve et sa mesure. Et il n'avait trouver que la distance pour atténuer les effets indésirables de sa proximité.
Pourtant, comme souvent, on s'attache à ce qui fait souffrir, car cela rappelle à chacun qu'il existe et rend plus appréciables encore les rares moments de plénitude et de joie. Comment savoir si l'on est heureux lorsque l'on a jamais été malheureux ?
Comment savoir si l'on a tord si jamais personne ne s'oppose à vous.
Elle, pourtant l'avait fait. A sa façon, avec plus ou moins d'allant et de succès. De façon plus ou moins adroite. Mais sans jamais tricher.
Alors que tout semblait finit, il pensait à elle. Mais elle n'en saurait rien. Jamais
Une tempête d'idées chamboulait son esprit tandis que la véritable tornade les frappa de plein fouet.
L'embarcation de fortune vola en éclat, et les naufragés furent happés littéralement par la puissance du souffle qui les projeta vers le ciel, secoués dans tous les sens comme des pantins désarticules par les courants qui parcouraient le tourbillon.
Bizarrement, il ne semblait plus y avoir aucun bruit, ni aucun son.
Les compagnons sombrèrent dans l'inconscience les uns après les autres, dispersés aux quatre coins de ce maelstrom venteux. Le sinistre manège s'estompa en moins de dix minutes, laissant retomber à la mer les aventuriers qu'il avait transformé en poupées de chiffons.
D'ici le même délais, ils se noieraient inévitablement.
Mais la Bataille Divine opposant le Bien et le Mal était loin d'être achevée. Un Joueur venait de séparer d'un atout, l'autre se devait de contre-attaquer.
Alors, une lueur finit par percer la noirceur du ciel d'orage, laissant place à de mystérieuses et impossibles éclaircies.
Les rares nomades qui n'avait pas sombré eurent alors une vision surréelle, comme la manifestation d'une Théophanie. Surgissant de nulle part et déchirant le ciel de traîne, une groupe de baleines fit son apparition, flottant dans les airs en défiant toutes les lois de la gravité.
Avant qu'Ikaar ne se perde définitivement dans les limbes de son inconscience, il les vit très clairement se rapprocher de leur position et de celles des groupes de naufragés qu'il avait localisé. Elles étaient visiblement guidées par des chevaucheurs, aux allures humanoïdes mais aux intentions inconnues...
Il savait, ou du moins il imaginait ce que cela pouvait coûter à la danseuse et son orgueil de princesse qu'il savait mis à mal par la démarche. Démarche qui pourtant l'honorait.
Elle avait fait exprès de parler plus fort que de raison. Afin que chacun puisse l'entendre, mais aussi pour que son vassal considère l'entreprise comme un repentir public. Ou du moins, des regrets déguisés.
Malgré tout, cet intermède d'apaisement n'eut pas suffit à regonfler le moral des troupes qui se trouvaient dans une situation inextricable. La tempête grondait au loin, emportant avec elle la menace d'un ciel qui n'en finissait plus de s'assombrir et de rougeoyer et des bourrasques si violentes qu'elles devenaient perceptibles à l’œil nu, projetant en sifflant l'écume poussiéreuse de l'Océan de Sable.
La poussière devenait d'ailleurs un problème. S’immisçant partout, surtout dans les endroits les plus incommodants. Les yeux pleuraient, le nez grattait, la bouche s'emplissait d'une pâte craquante infâme et étouffante. Quant aux oreilles, perturbées à la fois par le vent et ce qu'il transportait, difficile à ce compte d'entendre clairement le protagoniste situé à moins d'un mètre.
Le guerrier était, comme souvent, resté silencieux et sans réactions face aux remarques de l'Atlante au sujet de sa condition de chef et de ses responsabilités. Pour autant, il ne pouvait pas dire qu'il était resté insensible à ses arguments. Mais son éducation et sa culture lui interdisait la surréaction et la prise de décision hâtive. Pire que ça, reconnaître la qualité de ses propos l'aurait implicitement conduit à admettre ses erreurs et sa perfectibilité.
Mais n'en aurait-il pas été une preuve d'humilité ? Qualité qu'il portait aux nues aussi souvent que possible... Savoir se tromper et le reconnaître n'est-il pas le propre de l'Humble ?
En d'autres circonstance, il n'aurait fait nul doute de cette conclusion, mais la situation ne se prêtait guère aux contemplations philosophiques. Et puis... et puis sans aller jusqu'à dire que ce n’était qu'une femme, car il estimait en tout points les avis d'une Solveig ou d'une Yazzren, ce n’était en tout cas pas une guerrière ! Que Diable ! De quel passif pouvait-elle se vanter pour ainsi lui faire la leçon.
Et puis, les grands discours pompeux l'avaient toujours agacé. Ils étaient emplis de poncifs, de phrases toutes faites, prononcées par des personnes qui avaient tout vu et tout vécu et avaient un avis sur tout. Ce genre de personnes qui pourtant se retrouvaient bien mal à l'aise lorsque, sorties de leur petit confort, elles se retrouvaient sur le front, et devant faire face au destin.
Ses yeux gris fixant l'horizon mortel, le sourire aux lèvres, d'une façon inexplicable, il se trouva soudain dur envers la danseuse qui payait le prix de son impuissance. Lui fallait il absolument un bouc émissaire sur qui passer la frustration de sa déveine ? Et au final, n'avait elle pas raison, sur le fond ?
Bien sûr que si.
En vérité, elle l'agaçait depuis le début. Parce qu'elle avait raison. Sur lui, sa façon d'être, ses choix, sa nature, ses secrets.
Son naturel franc et direct mettait à mal sa réserve et sa mesure. Et il n'avait trouver que la distance pour atténuer les effets indésirables de sa proximité.
Pourtant, comme souvent, on s'attache à ce qui fait souffrir, car cela rappelle à chacun qu'il existe et rend plus appréciables encore les rares moments de plénitude et de joie. Comment savoir si l'on est heureux lorsque l'on a jamais été malheureux ?
Comment savoir si l'on a tord si jamais personne ne s'oppose à vous.
Elle, pourtant l'avait fait. A sa façon, avec plus ou moins d'allant et de succès. De façon plus ou moins adroite. Mais sans jamais tricher.
Alors que tout semblait finit, il pensait à elle. Mais elle n'en saurait rien. Jamais
Une tempête d'idées chamboulait son esprit tandis que la véritable tornade les frappa de plein fouet.
L'embarcation de fortune vola en éclat, et les naufragés furent happés littéralement par la puissance du souffle qui les projeta vers le ciel, secoués dans tous les sens comme des pantins désarticules par les courants qui parcouraient le tourbillon.
Bizarrement, il ne semblait plus y avoir aucun bruit, ni aucun son.
Les compagnons sombrèrent dans l'inconscience les uns après les autres, dispersés aux quatre coins de ce maelstrom venteux. Le sinistre manège s'estompa en moins de dix minutes, laissant retomber à la mer les aventuriers qu'il avait transformé en poupées de chiffons.
D'ici le même délais, ils se noieraient inévitablement.
Mais la Bataille Divine opposant le Bien et le Mal était loin d'être achevée. Un Joueur venait de séparer d'un atout, l'autre se devait de contre-attaquer.
Alors, une lueur finit par percer la noirceur du ciel d'orage, laissant place à de mystérieuses et impossibles éclaircies.
Les rares nomades qui n'avait pas sombré eurent alors une vision surréelle, comme la manifestation d'une Théophanie. Surgissant de nulle part et déchirant le ciel de traîne, une groupe de baleines fit son apparition, flottant dans les airs en défiant toutes les lois de la gravité.
Avant qu'Ikaar ne se perde définitivement dans les limbes de son inconscience, il les vit très clairement se rapprocher de leur position et de celles des groupes de naufragés qu'il avait localisé. Elles étaient visiblement guidées par des chevaucheurs, aux allures humanoïdes mais aux intentions inconnues...
Mortelune- En formation de Maître
Re: Au gré du vent.
L'Atlante était restée assise aux côtés de son protecteur. Les rafales de vent, de plus en plus fortes, apportaient leur lot de désagréments. Les minuscules grain de sable qu'elles charriaient griffaient cruellement la peau tendre de la petite danseuse. Ces cheveux châtains s'emmêlaient, se tordaient suivant la fantaisie de la tempête, tantôt lui cachant la vue, tantôt offrant son visage aux attaques du sable.
Dans un mouvement vain pour se protéger de cette agression, Kachina offrit son dos à la tempête et rentra la tête dans ses épaules. A cet instant, elle se sentait terriblement seule. Jamais elle n'avait imaginé qu'elle passerait ses derniers instants comme ça, recroquevillée sur elle-même à attendre impuissante que la mort la cueille.
Le vent mugissait de plus en plus fort à ses oreilles, et, bientôt, elle n'entendit plus que cette plainte. C'est alors qu'elle sentit le réconfort d'une main sur son épaule. Naturellement, Keb' s'était rapproché d'elle et, en un dernier geste de protection, avait passé son bras autour de la frêle jeune femme. Leur regard se rencontra et elle fut soulagée de ne plus trouver trace d'amertume dans le sien.
Il n'avait pas disparu les laissant, la laissant affronter le terrible sort qui leur était à tous promis. De toute façon survivrait-il à la mort de sa protégée? Encore une question à laquelle il n'avait pas envie d'avoir de réponse.
Etrangement, malgré sa constitution, l'Atlante fut une des dernières à sombrer dans l'inconscience. Elle crut mille fois que son corps ne supporterait pas plus longtemps pareil traitement, il allait se disloquer sous les assauts combinés du vent et du sable. Elle n'avait pas la force de lutter, de se protéger, des milliers d'aiguillons l'attaquaient sans relâche, ils déchiraient ses vêtement et son corps entier. Elle brûlait sous les griffes impitoyables de la tempête.
Du sang commença à perler des multiples égratignures qui parsemaient son corps. L'air se raréfiait dans ses poumons et sa bouche, remplacé par le sable. Soudain une accalmie lui fit ouvrir une dernière fois les yeux. La petite danseuse malmenée vit alors apparaître dans un halo de lumière irréelle un cortège encore plus imaginaire. La dernière pensée cohérente qui effleura son esprit fut qu'il était trop tard.
Dans un mouvement vain pour se protéger de cette agression, Kachina offrit son dos à la tempête et rentra la tête dans ses épaules. A cet instant, elle se sentait terriblement seule. Jamais elle n'avait imaginé qu'elle passerait ses derniers instants comme ça, recroquevillée sur elle-même à attendre impuissante que la mort la cueille.
Le vent mugissait de plus en plus fort à ses oreilles, et, bientôt, elle n'entendit plus que cette plainte. C'est alors qu'elle sentit le réconfort d'une main sur son épaule. Naturellement, Keb' s'était rapproché d'elle et, en un dernier geste de protection, avait passé son bras autour de la frêle jeune femme. Leur regard se rencontra et elle fut soulagée de ne plus trouver trace d'amertume dans le sien.
Il n'avait pas disparu les laissant, la laissant affronter le terrible sort qui leur était à tous promis. De toute façon survivrait-il à la mort de sa protégée? Encore une question à laquelle il n'avait pas envie d'avoir de réponse.
Etrangement, malgré sa constitution, l'Atlante fut une des dernières à sombrer dans l'inconscience. Elle crut mille fois que son corps ne supporterait pas plus longtemps pareil traitement, il allait se disloquer sous les assauts combinés du vent et du sable. Elle n'avait pas la force de lutter, de se protéger, des milliers d'aiguillons l'attaquaient sans relâche, ils déchiraient ses vêtement et son corps entier. Elle brûlait sous les griffes impitoyables de la tempête.
Du sang commença à perler des multiples égratignures qui parsemaient son corps. L'air se raréfiait dans ses poumons et sa bouche, remplacé par le sable. Soudain une accalmie lui fit ouvrir une dernière fois les yeux. La petite danseuse malmenée vit alors apparaître dans un halo de lumière irréelle un cortège encore plus imaginaire. La dernière pensée cohérente qui effleura son esprit fut qu'il était trop tard.
Assiah- Apprentissage terminé
Page 3 sur 3 • 1, 2, 3
Page 3 sur 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum