Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
4 participants
Page 1 sur 1
Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
Sa tête raisonnait, il s’efforça d’ouvrir les yeux mais ne vit que des formes floutées, d’autant que son arcade avait tellement gonflé qu’il ne pouvait rien voir avec son œil droit, ses mains étaient en sang, les fers qui l’entravaient étaient trop serrés pour lui. Il se mit à rire, mais un violent coup de poing le stoppa net, il cracha du sang. Dans la salle d’interrogatoire, le superviseur leva la main, les gardes cessèrent de frapper l’homme pour ramener sa chaise près de la table.
« Bien, on recommence. Zaccharie d’Ambreciel dit Sibilare, vous avez été reconnu coupable du meurtre d’une vingtaine de femmes sans distinction d’âge, mais nous ne savons toujours pas le motif, parle ou je dis à ces messieurs de continuer leur charmant travail. »
« Je m’appelle Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D’Ambreciel, pauvre con d'illettré. »
D’un simple signe de tête, l’un des gardes projeta son coude dans les côtes dudit Zaccharie, le faisant tousser comme un pestiféré à l’agonie.
« Ma patience a des limites. Pourquoi tu les as tuées ? L’archevêque a besoin de cette info pour son discours quand on te fera cramer comme le pourceau que t’es. »
« Bon, ça ne m’amuse plus de toute façons, je vous le dit si vous sortez vos gorilles, dac ? »
Le superviseur hésita, puis soupira d’exaspération avant de congédier les deux hommes.
« A quoi bon, votre histoire sera bientôt publiée et on fera un châtiment exemplaire avec tes restes. »
« Oh, la postérité, fascinant… Je vais y réfléchir, même si ça ne vaut pas celle d’un chanteur d’opéra. »
« Chanteur d’opéra mon cul, t’es pas monté sur les planches depuis des années. »
« Ah… Le bon temps, où tout allait pour le mieux. »
« Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu deviennes un pareil fumier. »
« Ce qui énerve tous les hommes, une femme ! »
« Quoi ? C’est quoi ces conneries ! Prend moi pour un con, mais je serais le dernier dans la liste, l’heure tourne, et t’ira bientôt rejoindre ton taré de frère dans les Flammes. »
« Boh, j’y crois pas trop à ces trucs, de toutes façons, mon frère a sans doutes détrôné tous les démons à coup de pompes dans l’cul à l’heure qu’il est. »
« Pff… J’perd mon temps et j’ai trois autres fêlés à interroger, bon, j’te met un motif à la con comme ça je m’débarasse de toi. Gardes ! Et toi oublie pas, le grand jour c’est demain. »
Les deux hommes rentrèrent et saisirent Zaccharie par les épaules avant de le trainer vers sa cellule. Il ne se débattit pas, il devait économiser ses forces pour le grand final. Une fois la porte verrouillée et les gardes partis chercher un autre criminel à interroger, l’ancien chanteur d’opéra se mit à sourire en contemplant le mur. Il ne clignait pas des yeux, on aurait dit une statue de cire. Tout à coup, il se tordit en deux et porta deux doigts à sa bouche pour se faire vomir. Entre les acides gastriques et le reste d’une miche de pain rassis, il tira quelque chose qui lui servirait pour plus tard. Zaccharie souffla un peu et s’allongea sur son lit en fredonnant.
Plus tard, on entendit des bruits de pas, au milieu des hurlements lointain des torturés et des prisonniers tabassés. C’était un autre garde, mais pour les prisonniers c’était le messie, à savoir le type un peu naïf qui s’occupait de distribuer les rations journalières. Dès qu’il passa près de la cellule de Zaccharie, il s’arrêta et sonna aux barreaux, ce qui sortit l’intéressé de ses rêveries.
« Hey Zach’, tu m’en pousse une petite ? »
« C’est-à-dire que j’ai choppé un rhume, va falloir que tu t’approches un peu plus. »
« J’te fais pas confiance à ce point Zach’. »
« On m’exécute demain matin, profites-en… C’est ta dernière chance. »
Il se mit à tousser et se colla aux barreaux avant de chanter d’une voix faible, presque inaudible. Le préposé à la distribution rapprocha sa tête de plus en plus, charmé par les notes qui sortaient de sa gorge, au fur et à mesure qu’il s’approchait, Zaccharie se gonflait d’orgueil et chantait de plus en plus fort. Ses yeux s’emplissaient d’une émotion si forte que la flamme pure de l’artiste prit une toute autre couleur, celle d’un homme désireux de retrouver sa liberté… Et ce à tout prix…
Il passa ses mains entre les barreaux et attrapa la corde d’arc elfique qu’il cachait dans son estomac depuis deux jours, on entendit un craquement puis… Plus rien à part le froissement du cuir clouté contre les barreaux. Zaccharie fouilla le corps pour trouver la clé. Après une bonne dizaine de secondes à fouiller les poches, il fronça un sourcil en les entendant cliqueter au cou de sa victime. Il ouvrit la porte et traina le corps à l’intérieur.
#J’en connais qui ne mangerons rien ce soir… Tant pis, jeuner leur clarifiera les idées ! #
Un peu plus tard, il passa devant la salle des gardes en marchant, ceux-ci le fixèrent un court instant puis reprirent leurs activités. Il ne l’aurait pas cru, mais ce déguisement était plus que convainquant. Il se risqua même à lever la main pour saluer ses ‘’collègues’’ qui lui répondirent d’un hochement de tête et un marmonnement grave.
#Ah… La prison, le seul endroit où l’on picole plus que dans une taverne… Merveilleux.#
Une fois sorti du bâtiment, il respira l’air frais et remonta la visière de son casque. Il se mit en route vers l’une de ses nombreuses planques pour changer de vêtements et passa chez un barbier pour se donner une meilleure allure. Rasé de près, à l’exception d’une moustache et d’une petite barbiche, il se sentit prêt pour continuer son œuvre. La nuit tomba, au loin, dans une ruelle sans lumière, on entendit un hurlement, puis comme un sifflement sinistre et pourtant si mélodieux. Sibilare (le Siffleur) était de nouveau libre.
________________________________________________________________________________________________
Zaccharie était un homme charmant autrefois, un chanteur d’opéra et un homme de théâtre talentueux qui pouvait aussi bien jouer le plus pauvre paysan que le plus puissant des seigneurs. Combiné à une intelligence rare et à un savoir-vivre exemplaire, il était la coqueluche de tous les salons mondains. Il s’amusait même à changer de vêtements plusieurs fois dans la soirée et à se présenter sous d’autres identités. Ce qui l’a poussé à devenir un meurtrier n’est pas vraiment clair. Certains prétendent qu’il est devenu étrange après la mort de son épouse, la chanteuse Esther d’Ambreciel. On raconte que l’affreux sifflement qu’on entend après ses méfaits est en fait l’un des passages de l’opéra qu’il composait pour elle, néanmoins, personne ne comprenais pourquoi un air aussi triste pouvait se trouver dans une œuvre faite pour la glorifier
________________________________________________________________________________________________
Dans une chambre d’auberge où l’on paye plus pour le silence du gérant que pour l’hébergement, Zaccharie était assis à un bureau et lisait le journal à la rubrique nécrologique. Le nom d’une certaine Lena Pauliton était écrit. Son enterrement aura lieu dans deux jours au cimetière de la Petite-Haie. L’artiste sourit et ouvrit une énorme malle d’où il sortit une nécessaire de rasage et du maquillage, ainsi que plusieurs manteaux et habits divers. Il étala parfaitement ses affaires sur une commode et retourna à son bureau, où il fredonnait des airs à voix basses en écrivant sur du papier à musique, raturant parfois, corrigeant, retranchant, ce devait être parfait et il n’avait pas le droit à l’échec, la moindre fausse note pourrait rendre son œuvre aussi insipide que du gruau.
Zaccharie continua jusqu’à ce que la chandelle s’éteigne. Il lui suffit alors d’ouvrir les volets et la lumière du jour lui permit de continuer de graver des notes. Dans sa tête, des dizaines d’instruments sonnaient, pendant qu’il avait l’impression d’être devant l’orchestre, à leur indiquer les différents mouvements et variations, il était le maître de toute cette beauté combinée, où le son merveilleux des instruments se mêlait aux voix d’un ténor, d’altos et d’une mezzo-soprano. Lorsque que ses yeux s’ouvraient, ils ne voyaient qu’une seule chose sur scène. Une femme du même âge que lui, à la peau blanche et au profil filiforme avec d’épaisses boucles blondes qui tombaient sur les épaules. Esther… Esther… Esther…
Il se réveilla, la joue pleine d’encre et s’ébouriffa les cheveux en se dirigeant vers son nécessaire de toilette. Il se nettoya tout le corps à l’aide d’un chiffon, se rasa complétement et attacha une fausse barbe blanche qu’il poudra, tout comme ses cheveux, il ne lui resta plus qu’à dessiner des rides avec du maquillage et le tour était joué, il ressemblait désormais à un vieillard, quoi de plus inoffensif ? A son déguisement s’ajoutèrent de beaux vêtements de deuil, des lorgnons, un chapeau sombre et une canne avec un pommeau de bronze. Par chance, la chambre disposait d’un miroir où il put s’échauffer, il se vouta légèrement et plissa les yeux avant de se regarder marcher comme un vieillard le ferait. Zaccharie sourit à son propre reflet et d’une voix chevrotante s’exclama.
« Oh… Jeune homme, vous me rappelez la fois où j’ai… »
Il fronça un sourcil et travailla sa voix encore et encore jusqu’à atteindre la perfection.
________________________________________________________________________________________________
Zaccharie entra dans l’église où l’on rendait le dernier hommage à la défunte. On ne fit pas trop attention à lui, tous les yeux étaient rivés sur le prêtre qui sermonnait l’assemblée avec des « Elle a rejoint un monde meilleur », « Nous pouvons être fiers de l’avoir connue » et d’autres politesses du même acabit. L’acteur s’assit à un banc en remerciant poliment un jeune homme qui avait daigné céder sa place pour un ‘’vieillard’’. Ce fut le tour du fiancé de la défunte, dont l’absence s’était traduite par une perte d’appétit visible à sa difficulté à marcher et son visage blême, aux paupières creusées par le manque de sommeil et l’acidité des larmes.
« C’est à la Taverne du Grison que j’ai vu Lena pour la première fois… A l’époque, j’avais un problème avec l’alcool dû à la perte de mon père. Et… C’est alors qu’elle est arrivée… Comme ça… Sans prévenir… Elle était serveuse mais j’avais jamais fait attention à elle. Qui aurait pu croire qu’une serveuse s’arrête comme ça vers moi et commence à me parler… C’est grâce à elle que j’ai arrêté de boire et que j’ai repris un train de vie normal. Pour elle, j’ai changé du tout au tout… Même si… Elle n’est plus là aujourd’hui, je compte bien m’y tenir, en sa mémoire… »
La suite de l’éloge fut fade, avec une puissante émotion certes, mais les mots n’étaient pas les bons, dans sa tête, Zaccharie regrettait d’être celui qui avait causé ce chagrin… Enfin, il s’en voulait d’assister à un spectacle aussi lamentable que grossier. Dès que la cérémonie fut terminée, il faillit s’en aller lorsqu’une vieille mégère l’interpella.
« Je n’ai pas le plaisir de me souvenir de votre visage, vous êtes ? »
« Oh, une vieille connaissance, j’étais un habitué dans l’auberge où travaillait Léna, elle m’a aidé en commentant certains de mes poèmes. »
« Oh, vous êtes un poète ! Pourriez-vous me faire l’honneur de m’en déclamer un ? »
« Pardonnez-moi ma chère dame, je n’ai pas le cœur à composer aujourd’hui. Mon encre s’est tout à coup assombrie… Excusez-moi, je… Ne me sens pas très disposé, je rendrais visite à Léna un autre là où elle reposera. »
« Oh, je vous en prie cher Monsieur, faites donc, les dieux vous gardent ! »
L’acteur s’en alla en maugréant dans sa barbe, maudissant cette vieille dinde qui jasait pour ne rien dire. Toujours en imitant un vieillard, il rentra à sa chambre d’auberge où il retira son costume et se nettoya à nouveau. Triste journée, il regarda le miroir, l’air abattu, son reflet lui semblait bien sinistre.
« Je suis désolé, je n’ai pas pu puiser l’inspiration dans la douleur de cet homme aujourd’hui… Tout est à refaire… Encore… Je te l’ai promis, je ne m’arrêterais pas tant que ta pièce ne sera pas parfaite… Esther… Ô ma chère Esther… Que ne donnerais-je pour revoir ton sourire et sentir ta chaleur réveiller le pauvre artiste qui est en moi… Pourquoi t’es-tu éteinte si vite, merveilleux amour… »
Il tira de sa manche un énorme couteau et le lança en plein dans le miroir. Le fracas des bouts de verre raisonna dans sa tête. Zaccharie soupira et partit se coucher. Demain… Demain lui apportera peut-être un nouvel échantillon pour son Oeuvre.
« Bien, on recommence. Zaccharie d’Ambreciel dit Sibilare, vous avez été reconnu coupable du meurtre d’une vingtaine de femmes sans distinction d’âge, mais nous ne savons toujours pas le motif, parle ou je dis à ces messieurs de continuer leur charmant travail. »
« Je m’appelle Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D’Ambreciel, pauvre con d'illettré. »
D’un simple signe de tête, l’un des gardes projeta son coude dans les côtes dudit Zaccharie, le faisant tousser comme un pestiféré à l’agonie.
« Ma patience a des limites. Pourquoi tu les as tuées ? L’archevêque a besoin de cette info pour son discours quand on te fera cramer comme le pourceau que t’es. »
« Bon, ça ne m’amuse plus de toute façons, je vous le dit si vous sortez vos gorilles, dac ? »
Le superviseur hésita, puis soupira d’exaspération avant de congédier les deux hommes.
« A quoi bon, votre histoire sera bientôt publiée et on fera un châtiment exemplaire avec tes restes. »
« Oh, la postérité, fascinant… Je vais y réfléchir, même si ça ne vaut pas celle d’un chanteur d’opéra. »
« Chanteur d’opéra mon cul, t’es pas monté sur les planches depuis des années. »
« Ah… Le bon temps, où tout allait pour le mieux. »
« Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu deviennes un pareil fumier. »
« Ce qui énerve tous les hommes, une femme ! »
« Quoi ? C’est quoi ces conneries ! Prend moi pour un con, mais je serais le dernier dans la liste, l’heure tourne, et t’ira bientôt rejoindre ton taré de frère dans les Flammes. »
« Boh, j’y crois pas trop à ces trucs, de toutes façons, mon frère a sans doutes détrôné tous les démons à coup de pompes dans l’cul à l’heure qu’il est. »
« Pff… J’perd mon temps et j’ai trois autres fêlés à interroger, bon, j’te met un motif à la con comme ça je m’débarasse de toi. Gardes ! Et toi oublie pas, le grand jour c’est demain. »
Les deux hommes rentrèrent et saisirent Zaccharie par les épaules avant de le trainer vers sa cellule. Il ne se débattit pas, il devait économiser ses forces pour le grand final. Une fois la porte verrouillée et les gardes partis chercher un autre criminel à interroger, l’ancien chanteur d’opéra se mit à sourire en contemplant le mur. Il ne clignait pas des yeux, on aurait dit une statue de cire. Tout à coup, il se tordit en deux et porta deux doigts à sa bouche pour se faire vomir. Entre les acides gastriques et le reste d’une miche de pain rassis, il tira quelque chose qui lui servirait pour plus tard. Zaccharie souffla un peu et s’allongea sur son lit en fredonnant.
Plus tard, on entendit des bruits de pas, au milieu des hurlements lointain des torturés et des prisonniers tabassés. C’était un autre garde, mais pour les prisonniers c’était le messie, à savoir le type un peu naïf qui s’occupait de distribuer les rations journalières. Dès qu’il passa près de la cellule de Zaccharie, il s’arrêta et sonna aux barreaux, ce qui sortit l’intéressé de ses rêveries.
« Hey Zach’, tu m’en pousse une petite ? »
« C’est-à-dire que j’ai choppé un rhume, va falloir que tu t’approches un peu plus. »
« J’te fais pas confiance à ce point Zach’. »
« On m’exécute demain matin, profites-en… C’est ta dernière chance. »
Il se mit à tousser et se colla aux barreaux avant de chanter d’une voix faible, presque inaudible. Le préposé à la distribution rapprocha sa tête de plus en plus, charmé par les notes qui sortaient de sa gorge, au fur et à mesure qu’il s’approchait, Zaccharie se gonflait d’orgueil et chantait de plus en plus fort. Ses yeux s’emplissaient d’une émotion si forte que la flamme pure de l’artiste prit une toute autre couleur, celle d’un homme désireux de retrouver sa liberté… Et ce à tout prix…
Il passa ses mains entre les barreaux et attrapa la corde d’arc elfique qu’il cachait dans son estomac depuis deux jours, on entendit un craquement puis… Plus rien à part le froissement du cuir clouté contre les barreaux. Zaccharie fouilla le corps pour trouver la clé. Après une bonne dizaine de secondes à fouiller les poches, il fronça un sourcil en les entendant cliqueter au cou de sa victime. Il ouvrit la porte et traina le corps à l’intérieur.
#J’en connais qui ne mangerons rien ce soir… Tant pis, jeuner leur clarifiera les idées ! #
Un peu plus tard, il passa devant la salle des gardes en marchant, ceux-ci le fixèrent un court instant puis reprirent leurs activités. Il ne l’aurait pas cru, mais ce déguisement était plus que convainquant. Il se risqua même à lever la main pour saluer ses ‘’collègues’’ qui lui répondirent d’un hochement de tête et un marmonnement grave.
#Ah… La prison, le seul endroit où l’on picole plus que dans une taverne… Merveilleux.#
Une fois sorti du bâtiment, il respira l’air frais et remonta la visière de son casque. Il se mit en route vers l’une de ses nombreuses planques pour changer de vêtements et passa chez un barbier pour se donner une meilleure allure. Rasé de près, à l’exception d’une moustache et d’une petite barbiche, il se sentit prêt pour continuer son œuvre. La nuit tomba, au loin, dans une ruelle sans lumière, on entendit un hurlement, puis comme un sifflement sinistre et pourtant si mélodieux. Sibilare (le Siffleur) était de nouveau libre.
________________________________________________________________________________________________
Zaccharie était un homme charmant autrefois, un chanteur d’opéra et un homme de théâtre talentueux qui pouvait aussi bien jouer le plus pauvre paysan que le plus puissant des seigneurs. Combiné à une intelligence rare et à un savoir-vivre exemplaire, il était la coqueluche de tous les salons mondains. Il s’amusait même à changer de vêtements plusieurs fois dans la soirée et à se présenter sous d’autres identités. Ce qui l’a poussé à devenir un meurtrier n’est pas vraiment clair. Certains prétendent qu’il est devenu étrange après la mort de son épouse, la chanteuse Esther d’Ambreciel. On raconte que l’affreux sifflement qu’on entend après ses méfaits est en fait l’un des passages de l’opéra qu’il composait pour elle, néanmoins, personne ne comprenais pourquoi un air aussi triste pouvait se trouver dans une œuvre faite pour la glorifier
________________________________________________________________________________________________
Dans une chambre d’auberge où l’on paye plus pour le silence du gérant que pour l’hébergement, Zaccharie était assis à un bureau et lisait le journal à la rubrique nécrologique. Le nom d’une certaine Lena Pauliton était écrit. Son enterrement aura lieu dans deux jours au cimetière de la Petite-Haie. L’artiste sourit et ouvrit une énorme malle d’où il sortit une nécessaire de rasage et du maquillage, ainsi que plusieurs manteaux et habits divers. Il étala parfaitement ses affaires sur une commode et retourna à son bureau, où il fredonnait des airs à voix basses en écrivant sur du papier à musique, raturant parfois, corrigeant, retranchant, ce devait être parfait et il n’avait pas le droit à l’échec, la moindre fausse note pourrait rendre son œuvre aussi insipide que du gruau.
Zaccharie continua jusqu’à ce que la chandelle s’éteigne. Il lui suffit alors d’ouvrir les volets et la lumière du jour lui permit de continuer de graver des notes. Dans sa tête, des dizaines d’instruments sonnaient, pendant qu’il avait l’impression d’être devant l’orchestre, à leur indiquer les différents mouvements et variations, il était le maître de toute cette beauté combinée, où le son merveilleux des instruments se mêlait aux voix d’un ténor, d’altos et d’une mezzo-soprano. Lorsque que ses yeux s’ouvraient, ils ne voyaient qu’une seule chose sur scène. Une femme du même âge que lui, à la peau blanche et au profil filiforme avec d’épaisses boucles blondes qui tombaient sur les épaules. Esther… Esther… Esther…
Il se réveilla, la joue pleine d’encre et s’ébouriffa les cheveux en se dirigeant vers son nécessaire de toilette. Il se nettoya tout le corps à l’aide d’un chiffon, se rasa complétement et attacha une fausse barbe blanche qu’il poudra, tout comme ses cheveux, il ne lui resta plus qu’à dessiner des rides avec du maquillage et le tour était joué, il ressemblait désormais à un vieillard, quoi de plus inoffensif ? A son déguisement s’ajoutèrent de beaux vêtements de deuil, des lorgnons, un chapeau sombre et une canne avec un pommeau de bronze. Par chance, la chambre disposait d’un miroir où il put s’échauffer, il se vouta légèrement et plissa les yeux avant de se regarder marcher comme un vieillard le ferait. Zaccharie sourit à son propre reflet et d’une voix chevrotante s’exclama.
« Oh… Jeune homme, vous me rappelez la fois où j’ai… »
Il fronça un sourcil et travailla sa voix encore et encore jusqu’à atteindre la perfection.
________________________________________________________________________________________________
Zaccharie entra dans l’église où l’on rendait le dernier hommage à la défunte. On ne fit pas trop attention à lui, tous les yeux étaient rivés sur le prêtre qui sermonnait l’assemblée avec des « Elle a rejoint un monde meilleur », « Nous pouvons être fiers de l’avoir connue » et d’autres politesses du même acabit. L’acteur s’assit à un banc en remerciant poliment un jeune homme qui avait daigné céder sa place pour un ‘’vieillard’’. Ce fut le tour du fiancé de la défunte, dont l’absence s’était traduite par une perte d’appétit visible à sa difficulté à marcher et son visage blême, aux paupières creusées par le manque de sommeil et l’acidité des larmes.
« C’est à la Taverne du Grison que j’ai vu Lena pour la première fois… A l’époque, j’avais un problème avec l’alcool dû à la perte de mon père. Et… C’est alors qu’elle est arrivée… Comme ça… Sans prévenir… Elle était serveuse mais j’avais jamais fait attention à elle. Qui aurait pu croire qu’une serveuse s’arrête comme ça vers moi et commence à me parler… C’est grâce à elle que j’ai arrêté de boire et que j’ai repris un train de vie normal. Pour elle, j’ai changé du tout au tout… Même si… Elle n’est plus là aujourd’hui, je compte bien m’y tenir, en sa mémoire… »
La suite de l’éloge fut fade, avec une puissante émotion certes, mais les mots n’étaient pas les bons, dans sa tête, Zaccharie regrettait d’être celui qui avait causé ce chagrin… Enfin, il s’en voulait d’assister à un spectacle aussi lamentable que grossier. Dès que la cérémonie fut terminée, il faillit s’en aller lorsqu’une vieille mégère l’interpella.
« Je n’ai pas le plaisir de me souvenir de votre visage, vous êtes ? »
« Oh, une vieille connaissance, j’étais un habitué dans l’auberge où travaillait Léna, elle m’a aidé en commentant certains de mes poèmes. »
« Oh, vous êtes un poète ! Pourriez-vous me faire l’honneur de m’en déclamer un ? »
« Pardonnez-moi ma chère dame, je n’ai pas le cœur à composer aujourd’hui. Mon encre s’est tout à coup assombrie… Excusez-moi, je… Ne me sens pas très disposé, je rendrais visite à Léna un autre là où elle reposera. »
« Oh, je vous en prie cher Monsieur, faites donc, les dieux vous gardent ! »
L’acteur s’en alla en maugréant dans sa barbe, maudissant cette vieille dinde qui jasait pour ne rien dire. Toujours en imitant un vieillard, il rentra à sa chambre d’auberge où il retira son costume et se nettoya à nouveau. Triste journée, il regarda le miroir, l’air abattu, son reflet lui semblait bien sinistre.
« Je suis désolé, je n’ai pas pu puiser l’inspiration dans la douleur de cet homme aujourd’hui… Tout est à refaire… Encore… Je te l’ai promis, je ne m’arrêterais pas tant que ta pièce ne sera pas parfaite… Esther… Ô ma chère Esther… Que ne donnerais-je pour revoir ton sourire et sentir ta chaleur réveiller le pauvre artiste qui est en moi… Pourquoi t’es-tu éteinte si vite, merveilleux amour… »
Il tira de sa manche un énorme couteau et le lança en plein dans le miroir. Le fracas des bouts de verre raisonna dans sa tête. Zaccharie soupira et partit se coucher. Demain… Demain lui apportera peut-être un nouvel échantillon pour son Oeuvre.
Dernière édition par Zodiac le Dim 21 Juin - 9:50, édité 2 fois
Zodiac- Légende
Fiche de personnage
Nom: Karl
Race et classe: Humain Lansquenet
Compétences:
Re: Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
HRP : Je met ça dans un autre post pour aérer un peu et pour une description un peu plus précise.
L'inspiration en deux personnes : Klaus Kinski dans le rôle de Fitzcarraldo... Et Arthuro Brachetti le transformiste.
Zaccharie :
Son arme :
Edit de dernière minute : Désolé, j'ai complétement oublié de mettre l'extrait de son sifflement qui l'a rendu tristement "célèbre". C'est ici -> Sibilare
PS : Comme vous l'aurez peut-être compris, il tue des femmes... Mais il ira au-delà des simples Pnjs... Si vous jouez un personnage féminin, je l'enverrais peut-être vous rendre une petite visite. Quoi ? Ca manque de piment par-ici !
L'inspiration en deux personnes : Klaus Kinski dans le rôle de Fitzcarraldo... Et Arthuro Brachetti le transformiste.
Zaccharie :
- Spoiler:
Pour les puristes, il s'agit de Paul Mounet par Louis-Maurice Boutet de Monvel (et après ça on trouve que les noms de mes persos sont trop longs ?)
Son arme :
- Spoiler:
Edit de dernière minute : Désolé, j'ai complétement oublié de mettre l'extrait de son sifflement qui l'a rendu tristement "célèbre". C'est ici -> Sibilare
PS : Comme vous l'aurez peut-être compris, il tue des femmes... Mais il ira au-delà des simples Pnjs... Si vous jouez un personnage féminin, je l'enverrais peut-être vous rendre une petite visite. Quoi ? Ca manque de piment par-ici !
Dernière édition par Zodiac le Ven 12 Juin - 23:23, édité 1 fois
Zodiac- Légende
Fiche de personnage
Nom: Karl
Race et classe: Humain Lansquenet
Compétences:
Re: Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
Etant donné que je ne joue que des personnages féminins, le plus souvent solitaires, tu n'aura certainement aucun mal à trouver une prochaine victime... ou pas... qui sait, elle te donnera peut-être du fil à retordre...
PS : l'image utilisée pour Zaccharie... corrige-moi si je me trompe, mais... Je trouve un pitit air de famille avec toi, cher Zo...
PS : l'image utilisée pour Zaccharie... corrige-moi si je me trompe, mais... Je trouve un pitit air de famille avec toi, cher Zo...
Tinùviel- Princesse du Nord
Fiche de personnage
Nom:
Race et classe:
Compétences:
Re: Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
J'ai déjà commencé à fureter par-ci par-là pour lui trouver une proie. Mais voilà une excellente idée pour une première attaque !
Re-PS : C'est une pure coïncidence.
Re-PS : C'est une pure coïncidence.
Zodiac- Légende
Fiche de personnage
Nom: Karl
Race et classe: Humain Lansquenet
Compétences:
Re: Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
Préviens-moi par MP ou skype (je sais plus si tu l'as) si jamais tu as envie d'une petite "rencontre" entre Zaccharie et une de mes persos
Tinùviel- Princesse du Nord
Fiche de personnage
Nom:
Race et classe:
Compétences:
Re: Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
Superbe histoire.
Un personnage égoïste, on dirait. Un personnage manipulateur avec des motivations profondément ancrées en lui et des manières sanglantes d'arriver à ses fins...
Intéressant. J'ai beaucoup aimé lire ton personnage. Une fois de plus, tu gères du tonnerre.
Il reste quelques petites fautes d'orthographe. Plusieurs fois, tu confonds certains homonymes.
Un personnage égoïste, on dirait. Un personnage manipulateur avec des motivations profondément ancrées en lui et des manières sanglantes d'arriver à ses fins...
Intéressant. J'ai beaucoup aimé lire ton personnage. Une fois de plus, tu gères du tonnerre.
Il reste quelques petites fautes d'orthographe. Plusieurs fois, tu confonds certains homonymes.
Jolebo- Fondateur
Fiche de personnage
Nom: Groshnak
Race et classe: Sage Demi-orque
Compétences:
Re: Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
Personnage égoïste ? Jo'... Tu sais très bien que je part du principe que les personnages de RP sont devenus ainsi à cause d'un élément perturbateur majeur...
Etait-il reflet où homme ? De quel côté du miroir se trouvait-il ? Son pouls descendait progressivement jusqu’à atteindre une pulsation presque imperceptible. Des coups à la porte de sa loge le sortirent de ses rêveries. C’était Tibalt, un de ses collègues et ami, il entra et salua Zaccharie.
"Alors, en forme pour ce soir Zacch’ ? Pas trop de pression ?"
"Tu m’as encore interrompu en pleine méditation ! »
"Oh pardon, pardon, c’était juste pour m’assurer que tu allais pas t’endormir, comme la fois où l’on devait jouer Clâmeur de la Princesse elfe."
"Tibalt, fiche moi la paix avec ça, c’était il y a deux ans ! J’ai un échauffement à terminer."
"Bien compris, mais tu pourrais au moins me pardonner en partageant cette bouteille avec moi. C’est un Château Sylvanneer."
"Bon sang, tu connais mes points faibles l’ami !"
Tibalt débouchonna la bouteille avant de servir dans des verres que Zaccharie avait sorti de l’armoire.
"A nôtre réussite ce soir !" dirent-ils en chœur avant de vider les verres d’une traite.
"Bien, c’est l’heure de se préparer, le temps file et j’entends déjà le dramaturge criser comme un dément. Comme si j’avais besoin de cette pression…"
"Ne t’inquiète pas, Langétron est un stressé naturel, mais il sait y faire question organisation, on a déjà fait ça des dizaines de fois, c’est comme aux répétitions."
"C’est pas ça… C’est…"
"Ah ? Esther sera présente ? Sa… Son mal, il s’est calmé depuis sa fausse couche de l’an dernier ?"
"Je n’en sais rien, elle est souriante, trop souriante en fait. Je pense qu’elle me cache quelque chose malgré les ‘’bons espoirs’’ des médecins. J’espère être juste assez bon ce soir pour qu’elle se sente un peu mieux…"
"T’inquiète pas va. D’ailleurs, ça avance ton… Petit cadeau pour elle ?"
"Pas trop mal… Bref, dépêchons-nous, on va être en retard."
Après le temps des costumes et des échauffements, les acteurs prirent place sur scène, le dramaturge fit signe de retirer le rideau tandis que la fosse se mit à répandre la musique dans la salle. Zaccharie jouait le rôle d’un soldat qui rentrait de la guerre pour retrouver femme et enfants. Il se mit à chanter tandis que ses yeux se posèrent sur l’alcôve réservée à Esthel et son docteur. Elle était là, pâle comme un linceul, mais souriante comme jamais, les yeux mouillés sous l’émotion provoquée par la voix de son époux. Celui-ci usait de toute son âme pour que chaque note puisse illuminer la salle et c’était d’autant plus facile car sa muse était présente. Au fur et à mesure que ses yeux passaient sur Esther, il lui sembla qu’elle toussait de plus en plus. Au début du premier entracte, il n’attendit pas la tombée du rideau pour quitter la scène, filant comme un ouragan vers l’alcôve, il chercha en vain sa femme mais tomba à la place sur un mot laissé par le docteur. Il le lut le souffle court et parti dans sa loge prendre son manteau, il tomba nez à nez avec Langétron qui lui barra la route.
"Monsieur D’Ambreciel, puis-je savoir ce que vous comptez faire avec votre manteau sur les épaules."
"Ma femme à besoin de moi, écartez-vous !"
"Vous êtes attendu sur scène pour que l’on puisse commencer, exécution !"
"Dégagez !" Il le poussa hors de son chemin et se mit à courir vers la sortie, faisant fi des menaces dans son dos.
"Ambreciel ! Vous êtes viré ! Vous avez fichu toute votre carrière en l’air !"
Il récupéra son cheval et se mit à galoper jusqu’à son manoir, où son majordome l’attendait sur le pas de la porte.
"Monsieur ! Votre femme… Elle a fait une rechute. Monsieur le médecin a dit qu’il souhaitait vous voir dans les plus brefs délais dans la chambre de Madame."
"Merci Gaston, mettez Lucian à l’écurie je vous prie."
Zaccharie gravit les marches en toute vitesse, sans faire attention à son point de côté. Une fois arrivé devant la porte de la chambre à coucher, il se fit interpeller par le médecin. Cet homme avait toujours eu un air grave, mais jamais l’acteur ne l’aurait cru capable d’aller au-delà. Sa moustache était déformée, on devinait qu’une moue inquiète se cachait sous cet amas de poil grisâtre.
« Monsieur D’Ambreciel… J’ai une très mauvaise nouvelle… Madame Esther est souffrante, très souffrante, je ne vais pas vous mentir, elle n’en a plus pour très longtemps. »
« Qu’est-ce que vous voulez dire ! »
« Allez la voir, nous en parlerons ensuite. »
Zaccharie se précipita sur la porte avant de se calmer pour ravaler ses larmes. Les gonds grincèrent lourdement alors qu’il poussa la clenche lentement avant de la refermer et d’aller à son chevet.
"Zaccharie ? C’est toi ? Tu dois retourner sur scène…"
"L’opéra attendra. Que se passe-t-il ?"
"Ce n’est rien, ce n’est rien. Tu as été merveilleux ce soir, comme toujours, j’aurais aimé en entendre un peu plus…"
"Ne t’inquiète pas, demain j’irais voir Langétron pour qu’il me reprenne et tu pourras retourner à l’opéra dans quelques jours pour voir l’opéra en entier, je t’en fais le serment."
"Zaccharie…"
Elle tendit la main pour caresser sa joue d’où coulait une larme, dès qu’elle fut sous son menton, elle lui releva la tête pour pouvoir plonger ses yeux dans les siens.
"J’ai peut-être vécu dix ans avec toi, mais pour rien au monde je ne voudrais échanger ma vie contre celle de n’importe quelle autre femme, mon seul regret est de ne pas avoir été en mesure de porter ton enfant." Elle s’arrêta un moment, hésitante, elle craignait de lui partager son mal. "Serre-moi."
Zaccharie s’approcha et l’étreignit, les yeux pleins de larmes.
"Chante-moi ce que j’entendais l’autre soir, c’était si beau…"
"Je… Je me suis juré de te le faire entendre une fois que j’aurais terminé… Tu… Tu pourras l’entendre… Ca va s’arranger, tout ira bien. Je te le promets."
"Zacch’… Tu sais très bien ce qui va arriver…"
Que pouvait-il dire ? Elle avait raison au fond, elle ne survivrait pas à sa maladie. Dans son regard, le chanteur pouvait comprendre qu’il s’agissait-là de ses derniers instants avec elle. Alors il se mit à lui siffler doucement à l’oreille l’ouverture de la pièce qu’il composait pour elle depuis des années. Elle ferma les yeux en souriant, savourant son dernier instant. J’aurais aimé moi aussi revoir leurs moments passés ensembles comme elle le fit à cet instant, mais ceci restera à jamais de précieux souvenirs. D’un coup, elle se mit à tousser affreusement, Zaccharie se précipita vers la sortie et héla le médecin de tous ses poumons, faisant trembler le manoir dans son intégralité. L’homme accourut avec sa sacoche et entra dans la pièce avec deux servantes. Dès qu'il sentit Zaccharie s'approcher, il se retourna et lui barra la route.
"Non Monsieur D’Ambreciel, vous ne pouvez pas la voir ainsi, ceci vous fendrait le cœur, j’ai trop connu ce genre de situations."
La porte se referma avec un claquement si sec qu’à l’instant même où tout son s’arrêta, Zaccharie se mit à errer dans les longs couloirs de son manoir. Sa femme était mourante, et il ne pouvait rien faire pour elle. Il descendit les escaliers et entra dans la serre où toutes les merveilleuses plantes de Esther croissaient paisiblement, même si elles ne recevaient plus autant de soin qu’à l’époque où la jeune femme pouvait encore le faire. La simple vue des jonquilles, sa fleur préférée, fit pleurer Zaccharie. Je n’ai pas envie de décrire ce genre de choses, je n’en ai pas les mots, disons simplement que quelque chose est mort en lui à ce moment précis. Alors que ses jambes se firent lourdes au point qu’il se mit à genoux, des pas raisonnèrent dans son dos. C’était le médecin.
"Monsieur D’Ambreciel… Je suis désolé…"
"Laissez-moi…"
Il ne dit rien, comprenant qu’il lui faudrait un moment pour accepter cette situation, il fit un simple signe de tête et s’en alla. Zaccharie glissa ses mains le long de la jardinière de pierre et cueillit une jonquille, avant de sombrer, ses yeux versant des torrents salés le long de ses joues.
_______________________________________________________________
Il resta seul devant sa tombe, bien après que le dernier témoin s’en soit allé. A coté, une tombe minuscule où l'on pouvait lire "Déa" il n'y avait qu'une seule date écrite en dessous, de naissance et de mort. Au moins, Esther serait à jamais auprès de son enfant. Belle journée pour un enterrement, plein soleil et peu de nuages pour en profiter, à qui allait-il faire croire ça ? A ce moment-là, ce n’était rien de plus que solitude et néant, il n’avait plus de raison d’être, plus aucun but. Qu’allait-il faire ? Il était pourtant toujours là, déchu et abattu, spectre parmi les vivants, sa belle voix s’était muée en une complainte sordide, une parodie de ce qu’il avait été autrefois.
_______________________________________________________________
Peu à peu, l’argent vint à manquer mais il ne pouvait se résoudre à vendre les meubles de sa demeure. Alors qu’il était comme chaque jour, attablé à son bureau, les doigts crispés sur une plume qui ne parvenait à donner vie à la musique sur du papier, un huissier vint à sa porte. Tandis que celui-ci le salua, Zaccharie resta concentré sur son travail, ne l’ayant même pas entendu venir.
"Bonjour Monsieur D’Ambreciel, je ne souhaite pas vous déranger longtemps, mais j’ai pour mission de récolter l’argent des taxes."
Aucune réponse. Le chanteur grommelait quelque chose qui s’apparentait à une tentative pour créer un rythme.
"Monsieur D’Ambreciel, nous avons été très patients, mais il est l’heure de payer, sinon nous devrons saisir votre maison."
Toujours aucune réponse, l’huissier perdit patience prit la plume des mains de l’acteur. Zaccharie tourna enfin son visage vers lui, il était squelettique, d’immenses cratères se dessinaient sous ses yeux injectés de sang à cause de la fatigue et des larmes. Il se leva et tendit la main.
"Rendez-moi ma plume…"
"Non Monsieur D’Ambreciel, vous devez payer ! Pfeuh, de toutes façons je sais très bien où en sont vos comptes, vous n’avez plus les moyens de garder ce manoir, prenez vos affaires et fichez le camp !"
Il ne pouvait pas lutter, il soupira et acquiesça en silence avant de se diriger vers sa chambre où il empaqueta son travail et différents vêtements dans une immense malle. L’huissier était toujours derrière lui, les bras croisés, impatient. Zaccharie s’approcha du mur et pointa un tableau représentant sa femme.
"Je peux au moins garder ce tableau ?"
"Non Monsieur D’Ambreciel, ces biens appartiennent à la banque désormais !"
C’en était trop, l’acteur sentit sa main se crisper et une nouvelle série de larmes couler le long de sa joue. Il rua sur l’huissier qui tomba à terre. Il le martela de coups mais il était devenu beaucoup trop faible, l’enflure le repoussa facilement et riposta d’un coup de pied dans le ventre. L’acteur plia et toussa, avant de se relever comme un éclair et l’attaquer avec un chandelier en laiton. Son adversaire encaissa le choc en plein dans la mâchoire mais ne fut pas vaincu pour autant, il le força à abandonner son arme qui enflamma le tapis, les deux hommes se séparèrent pour éviter les flammes, mais Zaccharie vacilla et brisa une vitre sous laquelle était religieusement conservée la dague de son défunt frère. Il n’eut pas d’autre choix… Il l’extirpa des débris de verre et la planta dans le cœur de son ennemi qui chargeait. L’atroce gargouillis de l’huissier ne lui fit rien… A ce moment-là, il n’avait pas d’autre choix que d’abandonner sa maison aux flammes. N’emportant pour seuls souvenirs que les vêtements de sa malle, la dague qui lui avait sauvé la vie et un petit camé représentant sa femme. Zaccharie était désormais un criminel, un meurtrier… Depuis le jardin, il regarda sa maison tomber en ruine, rongée par l’incendie qu’il avait lui-même déclenché. Il respira un grand coup…
#Je n’ai jamais voulu tout ça… Mais je dois terminer ce que j’ai commencé… Tout ça pour toi Esther…#
Etait-il reflet où homme ? De quel côté du miroir se trouvait-il ? Son pouls descendait progressivement jusqu’à atteindre une pulsation presque imperceptible. Des coups à la porte de sa loge le sortirent de ses rêveries. C’était Tibalt, un de ses collègues et ami, il entra et salua Zaccharie.
"Alors, en forme pour ce soir Zacch’ ? Pas trop de pression ?"
"Tu m’as encore interrompu en pleine méditation ! »
"Oh pardon, pardon, c’était juste pour m’assurer que tu allais pas t’endormir, comme la fois où l’on devait jouer Clâmeur de la Princesse elfe."
"Tibalt, fiche moi la paix avec ça, c’était il y a deux ans ! J’ai un échauffement à terminer."
"Bien compris, mais tu pourrais au moins me pardonner en partageant cette bouteille avec moi. C’est un Château Sylvanneer."
"Bon sang, tu connais mes points faibles l’ami !"
Tibalt débouchonna la bouteille avant de servir dans des verres que Zaccharie avait sorti de l’armoire.
"A nôtre réussite ce soir !" dirent-ils en chœur avant de vider les verres d’une traite.
"Bien, c’est l’heure de se préparer, le temps file et j’entends déjà le dramaturge criser comme un dément. Comme si j’avais besoin de cette pression…"
"Ne t’inquiète pas, Langétron est un stressé naturel, mais il sait y faire question organisation, on a déjà fait ça des dizaines de fois, c’est comme aux répétitions."
"C’est pas ça… C’est…"
"Ah ? Esther sera présente ? Sa… Son mal, il s’est calmé depuis sa fausse couche de l’an dernier ?"
"Je n’en sais rien, elle est souriante, trop souriante en fait. Je pense qu’elle me cache quelque chose malgré les ‘’bons espoirs’’ des médecins. J’espère être juste assez bon ce soir pour qu’elle se sente un peu mieux…"
"T’inquiète pas va. D’ailleurs, ça avance ton… Petit cadeau pour elle ?"
"Pas trop mal… Bref, dépêchons-nous, on va être en retard."
Après le temps des costumes et des échauffements, les acteurs prirent place sur scène, le dramaturge fit signe de retirer le rideau tandis que la fosse se mit à répandre la musique dans la salle. Zaccharie jouait le rôle d’un soldat qui rentrait de la guerre pour retrouver femme et enfants. Il se mit à chanter tandis que ses yeux se posèrent sur l’alcôve réservée à Esthel et son docteur. Elle était là, pâle comme un linceul, mais souriante comme jamais, les yeux mouillés sous l’émotion provoquée par la voix de son époux. Celui-ci usait de toute son âme pour que chaque note puisse illuminer la salle et c’était d’autant plus facile car sa muse était présente. Au fur et à mesure que ses yeux passaient sur Esther, il lui sembla qu’elle toussait de plus en plus. Au début du premier entracte, il n’attendit pas la tombée du rideau pour quitter la scène, filant comme un ouragan vers l’alcôve, il chercha en vain sa femme mais tomba à la place sur un mot laissé par le docteur. Il le lut le souffle court et parti dans sa loge prendre son manteau, il tomba nez à nez avec Langétron qui lui barra la route.
"Monsieur D’Ambreciel, puis-je savoir ce que vous comptez faire avec votre manteau sur les épaules."
"Ma femme à besoin de moi, écartez-vous !"
"Vous êtes attendu sur scène pour que l’on puisse commencer, exécution !"
"Dégagez !" Il le poussa hors de son chemin et se mit à courir vers la sortie, faisant fi des menaces dans son dos.
"Ambreciel ! Vous êtes viré ! Vous avez fichu toute votre carrière en l’air !"
Il récupéra son cheval et se mit à galoper jusqu’à son manoir, où son majordome l’attendait sur le pas de la porte.
"Monsieur ! Votre femme… Elle a fait une rechute. Monsieur le médecin a dit qu’il souhaitait vous voir dans les plus brefs délais dans la chambre de Madame."
"Merci Gaston, mettez Lucian à l’écurie je vous prie."
Zaccharie gravit les marches en toute vitesse, sans faire attention à son point de côté. Une fois arrivé devant la porte de la chambre à coucher, il se fit interpeller par le médecin. Cet homme avait toujours eu un air grave, mais jamais l’acteur ne l’aurait cru capable d’aller au-delà. Sa moustache était déformée, on devinait qu’une moue inquiète se cachait sous cet amas de poil grisâtre.
« Monsieur D’Ambreciel… J’ai une très mauvaise nouvelle… Madame Esther est souffrante, très souffrante, je ne vais pas vous mentir, elle n’en a plus pour très longtemps. »
« Qu’est-ce que vous voulez dire ! »
« Allez la voir, nous en parlerons ensuite. »
Zaccharie se précipita sur la porte avant de se calmer pour ravaler ses larmes. Les gonds grincèrent lourdement alors qu’il poussa la clenche lentement avant de la refermer et d’aller à son chevet.
"Zaccharie ? C’est toi ? Tu dois retourner sur scène…"
"L’opéra attendra. Que se passe-t-il ?"
"Ce n’est rien, ce n’est rien. Tu as été merveilleux ce soir, comme toujours, j’aurais aimé en entendre un peu plus…"
"Ne t’inquiète pas, demain j’irais voir Langétron pour qu’il me reprenne et tu pourras retourner à l’opéra dans quelques jours pour voir l’opéra en entier, je t’en fais le serment."
"Zaccharie…"
Elle tendit la main pour caresser sa joue d’où coulait une larme, dès qu’elle fut sous son menton, elle lui releva la tête pour pouvoir plonger ses yeux dans les siens.
"J’ai peut-être vécu dix ans avec toi, mais pour rien au monde je ne voudrais échanger ma vie contre celle de n’importe quelle autre femme, mon seul regret est de ne pas avoir été en mesure de porter ton enfant." Elle s’arrêta un moment, hésitante, elle craignait de lui partager son mal. "Serre-moi."
Zaccharie s’approcha et l’étreignit, les yeux pleins de larmes.
"Chante-moi ce que j’entendais l’autre soir, c’était si beau…"
"Je… Je me suis juré de te le faire entendre une fois que j’aurais terminé… Tu… Tu pourras l’entendre… Ca va s’arranger, tout ira bien. Je te le promets."
"Zacch’… Tu sais très bien ce qui va arriver…"
Que pouvait-il dire ? Elle avait raison au fond, elle ne survivrait pas à sa maladie. Dans son regard, le chanteur pouvait comprendre qu’il s’agissait-là de ses derniers instants avec elle. Alors il se mit à lui siffler doucement à l’oreille l’ouverture de la pièce qu’il composait pour elle depuis des années. Elle ferma les yeux en souriant, savourant son dernier instant. J’aurais aimé moi aussi revoir leurs moments passés ensembles comme elle le fit à cet instant, mais ceci restera à jamais de précieux souvenirs. D’un coup, elle se mit à tousser affreusement, Zaccharie se précipita vers la sortie et héla le médecin de tous ses poumons, faisant trembler le manoir dans son intégralité. L’homme accourut avec sa sacoche et entra dans la pièce avec deux servantes. Dès qu'il sentit Zaccharie s'approcher, il se retourna et lui barra la route.
"Non Monsieur D’Ambreciel, vous ne pouvez pas la voir ainsi, ceci vous fendrait le cœur, j’ai trop connu ce genre de situations."
La porte se referma avec un claquement si sec qu’à l’instant même où tout son s’arrêta, Zaccharie se mit à errer dans les longs couloirs de son manoir. Sa femme était mourante, et il ne pouvait rien faire pour elle. Il descendit les escaliers et entra dans la serre où toutes les merveilleuses plantes de Esther croissaient paisiblement, même si elles ne recevaient plus autant de soin qu’à l’époque où la jeune femme pouvait encore le faire. La simple vue des jonquilles, sa fleur préférée, fit pleurer Zaccharie. Je n’ai pas envie de décrire ce genre de choses, je n’en ai pas les mots, disons simplement que quelque chose est mort en lui à ce moment précis. Alors que ses jambes se firent lourdes au point qu’il se mit à genoux, des pas raisonnèrent dans son dos. C’était le médecin.
"Monsieur D’Ambreciel… Je suis désolé…"
"Laissez-moi…"
Il ne dit rien, comprenant qu’il lui faudrait un moment pour accepter cette situation, il fit un simple signe de tête et s’en alla. Zaccharie glissa ses mains le long de la jardinière de pierre et cueillit une jonquille, avant de sombrer, ses yeux versant des torrents salés le long de ses joues.
_______________________________________________________________
Il resta seul devant sa tombe, bien après que le dernier témoin s’en soit allé. A coté, une tombe minuscule où l'on pouvait lire "Déa" il n'y avait qu'une seule date écrite en dessous, de naissance et de mort. Au moins, Esther serait à jamais auprès de son enfant. Belle journée pour un enterrement, plein soleil et peu de nuages pour en profiter, à qui allait-il faire croire ça ? A ce moment-là, ce n’était rien de plus que solitude et néant, il n’avait plus de raison d’être, plus aucun but. Qu’allait-il faire ? Il était pourtant toujours là, déchu et abattu, spectre parmi les vivants, sa belle voix s’était muée en une complainte sordide, une parodie de ce qu’il avait été autrefois.
_______________________________________________________________
Peu à peu, l’argent vint à manquer mais il ne pouvait se résoudre à vendre les meubles de sa demeure. Alors qu’il était comme chaque jour, attablé à son bureau, les doigts crispés sur une plume qui ne parvenait à donner vie à la musique sur du papier, un huissier vint à sa porte. Tandis que celui-ci le salua, Zaccharie resta concentré sur son travail, ne l’ayant même pas entendu venir.
"Bonjour Monsieur D’Ambreciel, je ne souhaite pas vous déranger longtemps, mais j’ai pour mission de récolter l’argent des taxes."
Aucune réponse. Le chanteur grommelait quelque chose qui s’apparentait à une tentative pour créer un rythme.
"Monsieur D’Ambreciel, nous avons été très patients, mais il est l’heure de payer, sinon nous devrons saisir votre maison."
Toujours aucune réponse, l’huissier perdit patience prit la plume des mains de l’acteur. Zaccharie tourna enfin son visage vers lui, il était squelettique, d’immenses cratères se dessinaient sous ses yeux injectés de sang à cause de la fatigue et des larmes. Il se leva et tendit la main.
"Rendez-moi ma plume…"
"Non Monsieur D’Ambreciel, vous devez payer ! Pfeuh, de toutes façons je sais très bien où en sont vos comptes, vous n’avez plus les moyens de garder ce manoir, prenez vos affaires et fichez le camp !"
Il ne pouvait pas lutter, il soupira et acquiesça en silence avant de se diriger vers sa chambre où il empaqueta son travail et différents vêtements dans une immense malle. L’huissier était toujours derrière lui, les bras croisés, impatient. Zaccharie s’approcha du mur et pointa un tableau représentant sa femme.
"Je peux au moins garder ce tableau ?"
"Non Monsieur D’Ambreciel, ces biens appartiennent à la banque désormais !"
C’en était trop, l’acteur sentit sa main se crisper et une nouvelle série de larmes couler le long de sa joue. Il rua sur l’huissier qui tomba à terre. Il le martela de coups mais il était devenu beaucoup trop faible, l’enflure le repoussa facilement et riposta d’un coup de pied dans le ventre. L’acteur plia et toussa, avant de se relever comme un éclair et l’attaquer avec un chandelier en laiton. Son adversaire encaissa le choc en plein dans la mâchoire mais ne fut pas vaincu pour autant, il le força à abandonner son arme qui enflamma le tapis, les deux hommes se séparèrent pour éviter les flammes, mais Zaccharie vacilla et brisa une vitre sous laquelle était religieusement conservée la dague de son défunt frère. Il n’eut pas d’autre choix… Il l’extirpa des débris de verre et la planta dans le cœur de son ennemi qui chargeait. L’atroce gargouillis de l’huissier ne lui fit rien… A ce moment-là, il n’avait pas d’autre choix que d’abandonner sa maison aux flammes. N’emportant pour seuls souvenirs que les vêtements de sa malle, la dague qui lui avait sauvé la vie et un petit camé représentant sa femme. Zaccharie était désormais un criminel, un meurtrier… Depuis le jardin, il regarda sa maison tomber en ruine, rongée par l’incendie qu’il avait lui-même déclenché. Il respira un grand coup…
#Je n’ai jamais voulu tout ça… Mais je dois terminer ce que j’ai commencé… Tout ça pour toi Esther…#
Zodiac- Légende
Fiche de personnage
Nom: Karl
Race et classe: Humain Lansquenet
Compétences:
Re: Zaccharie Gravitz Eskel Akillis D'Ambreciel
je lis ça demain ou ds la semaine et je te dis ce que j'en pense
yellowhub- Maître
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum