Le marché

[Zodiac]

Chaque semaine le lundi et jeudi, la grand-place fourmille de monde et d'étals. L'odeur des épices et du poisson au soleil agresse presque les narines. Si les marchands vantent leurs prix et la qualité de leurs produits, ce n'est que celui qui arrive à porter sa voix le plus loin qui racole le plus de clients. Si on oubliait ces désagréments, les yeux étaient enchantés par la quantité de marchandises et le soin apporté aux décorations des étals et des rues. De temps à autre on voyait un flûtiste, un jongleur, des arracheurs de dents et autres charlatans.

Prospérité ? Hé, là où il y a de la richesse il y a des voleurs. Et quoi de mieux que la garde pour prévenir et guérir. Une vingtaine d'homme arrivèrent aux abords de la grand-place, à leur tête, Karl scrutait déjà des yeux le théâtre du crime. Il se retourna et donna ses instructions sans dire un mot, quelques mouvements de mains et les gardes se séparèrent en groupe, laissant là leur capitaine qui sourit comme un père fier de ses gamins. Il s'engouffra à son tour au milieu de la foule. Il ne portait pas sa zweihander ce jour-là, une simple matraque pendait à sa ceinture.




#Pouh... Quelle chaleur, je m’achèterais bien un chapeau à l'occasion... J'espère que ça va être calme aujourd'hui.#

[Miia]

Maëly venait tout juste d'arriver en ville. Elle avait faim, elle avait soif. Ses réserves de nourriture s'étaient épuisées 2 jours plus tôt et depuis elle n'avait croisé personne : ni voyageurs ni marchands. Sa seule compagnie a été un chat errant au pelage aussi sombre que les ailes d'un corbeau.

La ville était pleine de gens qui criaient et couraient dans tous les sens. Cette agitation typique d'un jour de marché était parfaite pour elle : elle pourrait remplir sa sacoche de nourriture et sa gourde d'eau pour reprendre sa route.

Maëly attacha soigneusement ses cheveux avec une cordelette trouvée par terre et les couvrit avec sa capuche, il ne faudrait pas attirer l'attention sur ses cheveux d'une couleur si peu commune. Elle venait de repérer une étale de fruits qui attirait une quantité de gens phénoménale : une petite main au milieu de cette foule ne se verrait très certainement pas.
Elle s'approcha lentement et attrapa une grappe de raisins avec assurance puis s'éloigna en la rangeant dans sa sacoche.

« Bon maintenant je doit trouver du pain au moins pour ce soir et puis un petit poisson pour toi » dit-elle en se tournant vers le chat qui ne l'avait pas quitté d'une semelle


A peine eu-t-elle terminé sa phrase qu'elle trébucha sur le pied de ce qui lui paraissait être un géant et s'étala de tout son long sur le sol ce qui eu pour effet de détacher ses cheveux qui retombèrent en boucles rouges sur son visage.

[Zodiac]

Karl avançait, aux aguets, dans le dédale de la grand-place. Parfois, on le reconnaissait, certains le saluait poliment et bavardaient avec lui pour un bref moment, d'autres baissaient la tête, c'était généralement ceux qui avaient quelque chose à se reprocher. Mais sans preuves concrètes, il ne pouvait pas les arrêter. De temps en temps, il croisait un de ses initiés qui lui donnait un rapport rapide sur quelqu'un de suspect. Le géant posait alors sa main sur l'épaule de son collègue et passait en disant "Surveille-moi ça alors, discrètement".




Arrivé au niveau des vendeurs de fruits et légumes, il fut bloqué par le monde autour d'un vendeur de raisins. Mais le geste quoique discret de Maëly entre les badauds ne lui échappa pas. Il soupira et croisa les bras sur sa poitrine. Par chance, elle semblait distraite, voleuse en herbe sans doute, mieux valait prévenir que guérir. Lui-même étant jeune avait déjà volé une pâtisserie un jour de marché, il eut un sourire nostalgique en se souvenant de la rouste lorsque les gardes l'ont ramené chez lui. Il se plaça de façon à lui bloquer la route, le choc cependant, bien qu'il soit pour lui faible, n'était pas dans ses intentions.

"Eh là, faites attention où vous marchez petite demoiselle. Vous n'avez rien ?"

Il avait pris une intonation grave et aimable en lui tendant la main pour l'aider à se relever. Mais il ne la relâcherais pas si facilement.

[Miia]

« Je suis vraiment désolée monsieur je ne regardais pas ou j'allais » fit-elle d'une voix aiguë et tremblante ses cheveux cachant encore en parti son visage pâle.


Maëly releva la tête vers le géant et pris la main qu'il tendait a son intention. En se relevant elle inspecta rapidement sa tenue et en conclu, de par son armure et sa matraque, qu'elle avait en face d'elle un garde de la ville.


Une fois debout elle leva ses grands yeux émeraude vers l'homme qui se tenait en face d'elle : il n'avait pas l'air de vouloir la laisser partir. Peut-être l'avait-il vu devant l'étale de fruits ? Par chance, il n'avait pas l'air méchant pour un sou et Maëly se dit qu'elle pourrait facilement utiliser ce défaut pour s'échapper sans trop de réprimandes. Dans le doute, elle lui sourit timidement et lui demanda de sa voix innocente :

« Je peux y aller monsieur ? Ma maman va s'impatienter et je ne voudrait pas qu'elle attende trop longtemps comme elle ne peut plus trop bouger à cause du bébé dans son ventre. »

*Avec ça il ne devrait pas me retenir trop longtemps, se dit-elle, les femmes enceintes attendrissent toujours les gens*

[Zodiac]

Elle avait de jolis yeux, un mignon sourire, mais son air innocent sonnait faux, passer du larcin à la douceur aussi facilement, c'était la marque de fabrique des futurs professionnels. Elle tentait de l'amadouer, c'était évident, mais il allait retourner son propre piège contre elle.



"Ah vraiment ? Bien, je te ramène à elle alors, tu y sera plus vite et tu ne risquera pas de tomber."


Il eut un éclat de rire bienveillant, il ne cherchait pas à la mettre en cellule ou à la punir, juste à lui donner une leçon, mentir et voler n'étaient pas le bienvenue dans la société, et encore moins dans la ville dont il gérait l'ordre public.

"Bien, guide-moi veux-tu, on ira dire à ta mère de payer cette grappe de raisins que tu as pris à ce marchand à l'instant."




C'est alors que son visage devint grave et qu'un de ses sourcils s'éleva. Karl n'était pas quelqu'un de méchant, mais il avait parfois une étrange façon d'amener les choses, de façon à déstabiliser et de briser les moindres barrières.

[Miia]

Il l'avait coincé. Elle n'avait pas l'habitude de se faire repérer comme ça. Il était plus intelligent qu'il ne le paraissait. Il allait falloir qu'elle se reprenne rapidement si elle voulait remplir son sac sans se faire attraper à chaque étale. Comme il lui tenait encore la main elle n'avait aucun moyen de courir pour lui échapper et puis de toute façon, si elle voulait faire le plein de nourriture dans cette ville il valait mieux pour Maëly qu'elle ne se fasse pas repérer. Elle allait devoir être plus convaincante pour qu'il la laisse s'en aller.

Elle fondit en larmes :

« Je suis désolée... J'avais si faim.... On ne me donne presque rien a manger à l'orphelinat.... Je voulais juste savoir quel goût ça avait des vrais fruits. »

Elle essuya ses joues a la manière d'une petite fille avant de continuer :

« Je recommencerais plus c'est promis. »

Elle sorti alors la moitié de la grappe de sa sacoche et la tendit au garde les yeux rougis et ses lèvres tremblantes.

[Zodiac]

Karl soupira en claquant ses lèvres, exaspéré par autant de mauvaise foi. Ce n'était pas son premier coup, le geste avec lequel elle avait glissé sa main entre les gens sans se faire repérer la trahissait. Qui sait, elle avait peut-être récupéré quelques bourses qui étaient à présent cachées dans son sac.

"Si seulement je pouvais te croire... Tiens, dis-moi le nom de l'orphelinat."




Manus la fixa, cette fois, comme si il était fatigué d'un coup. Devant son silence, il soupira à nouveau. Des gens commençaient à les observer, mais un la simple vue de l'uniforme aux couleurs de Clantor faisait reculer les curieux.

"Tu viens d'arriver c'est ça ? Sans le sou et t'as du survivre depuis pas mal de temps sans tes parents... Ou alors tu fais partie d'une troupe de vagabonds qui recrutent des enfants pour voler et attendrir les gens pendant qu'un complice me chipe ma bourse..."





Il se retourna mais il n'y avait aucun enfant.


"Hum... Alors, tu me dis la vérité ? Toi et moi on préférerais se quitter en bons termes, t'es pas d'accord ?"

[Miia]

Le géant ne la croyait pas et son peu de connaissance sur la ville dans laquelle elle se trouvait n'allait pas aider sa cause. Maëly ne voulait pas perdre plus de temps.

Son expression changea du tout au tout. Ses yeux humides quelques minutes plus tôt s'étaient séchés, ses lèvres tremblantes s'étaient affirmées. Son visage était devenu neutre en quelques secondes. Dans ses yeux on ne voyait aucune émotion ce qui la vieilli.


Elle dégagea quelques mèches de cheveux de son visage d'une main et fixa l'homme qui tenait encore sa main fermement.

« Je viens d'arriver et je suis seule. Comme tu dis, j'ai rien qui ressemble de près ou de loin à de l'argent. J'avais juste prévu de me remplir les poche de nourriture avant de repartir. Je n'aime pas les endroits trop plein de monde. »

Sa voix, bien que toujours aiguë, était devenue glacée et sèche ce qui créait un décalage avec son visage de poupée. Maëly commençait à s'agacer, son ventre grondait et il lui semblait qu'elle n'allait encore pas pouvoir manger avant un moment.

[Zodiac]

Si elle avait eu son âge, il aurait forcément été impressionné, mais la gamine faisait le tiers de sa taille. Néanmoins, il était satisfait qu'elle fasse enfin tomber le masque. Il relâcha légèrement la prise, sans pour autant la laisser filer.

"Bien. Je pensais pas que tu allais avouer. Ca ira pour cette fois alors, par contre, j'espère que tu compte pas continuer ton pillage, je serais pas aussi coulant la deuxième fois."





Il souffla longuement, même si c'était une voleuse, ça restait une enfant, il n'allait pas la laisser là où la mettre en prison avec les ivrognes... Le capitaine secoua la tête pour chasser de sombres pensées et reprit sa voix aimable.

"Viens, j'ai pas encore déjeuné et j'ai envie de grillade, je t'invite. J'aime pas voir des enfants affamés, ça me rappelle de mauvais souvenirs."



Devant ses yeux, les gens se transformèrent en mendiants, orphelins, infirmes. Les victimes des cités qu'il avait conquis. Les morts qui jonchaient encore les rues sous les gravats. Ces enfants qui cherchaient leurs parents en déblayant ce qui restait de leurs maisons... Il fut à nouveau happé dans la réalité par un passant qui le bouscula légèrement.

"Bon, qu'est-ce que t'en dis, je te laisse le choix."



Il la relâcha, mais n'éloigna pas sa main, la paume ouverte, il attendait sa réponse, en souriant légèrement.

[Miia]

Maëly ne s'attendait pas à une telle réaction de la part du géant. Surtout après qu'elle ait montré son vrai visage. En général les gens avaient tendance à devenir agressifs face à son expression d'indifférence constante.
Mais ce qui l'étonnait bien plus encore c'était la gentillesse de Karl: c'était la première fois qu'un garde la prenait la main dans le sac à voler et l'invitait à déjeuner juste après.
Elle ne chercha d'ailleurs pas à masquer son étonnement.

"Oui je veux bien" répondit-elle après un moment en hochant la tête

Elle se disait qu'avec un ventre plein elle n'aurait même pas forcément besoin de voler de la nourriture en plus sur ce marché avant de reprendre sa route vers nulle part. Elle n'avait pas spécialement envie de tester la parole du garde et puis elle avait vraiment faim.

[Zodiac]

Karl sourit et mena la gamine vers la bordure de la grand-place où se déroulaient un véritable ballet de viandes autour de longues tables en bois, les serveurs officiaient tout vite, vite, vite, toujours plus vite, attisés par les coups de torchons du tenancier dont la spécialité étaient les grillades. Ils s'installèrent un peu à l'écart sous une longue draperie faisant office de store, même si elle puait la fumée du brasero quelques mètres plus loin. Le serveur arriva, le front couvert de sueur. Manus sembla s'occuper de ses pieds lorsqu'il commanda.

"Deux plats de travers de porcs au miel avec salade et pommes sautées. Et deux bi... Une bière et une carafe d'eau s'il vous plaît."



Il paya directement, sortant une bourse plate mais remplie d'or, avant de la remettre dans sa botte. En attendant les plats, Manus alluma sa pipe.

"Alors... Comme ça chipie tu compte repartir, pour aller où ?

[Miia]

Elle avait suivi Karl de prêt histoire de ne pas se perdre et, une fois arrivés, s'était installée en face de lui. Elle le fixait de son regard émeraude alors qu'il commandait. Il avait l'air de la prendre pour plus jeune qu'elle ne l'était en réalité mais elle s'en fichait elle avait l'habitude. 

"Je ne sais pas encore, je verrais bien où les chemins me mèneront, répondit-elle a la question du garde, je n'ai pas d'objectif précis j'aime juste bouger"

Le serveur revenait déjà avec les boissons. Maëly se servit un gobelet d'eau et reprit avec un sourire en coin regardant la botte du garde.

"Tu devrais pas ranger ta bourse aussi loin de tes mains, un enfant pourrait te la chiper facilement sans que tu t'en rende compte."

Pour confirmer ses dires Maëly pointa du doigts un enfant qui allait certainement passer à l'acte devant une étale de fleurs en face.

[Zodiac]

Karl sourit et son regard se perdit là où elle indiquait le lieu du futur délit.

"Ne t'inquiète pas pour ma bourse, j'ai toujours aimé mes bottes serrées au possible. A l'époque quand j'étais soldat on avait nos bourses dans le pantalon, comme maintenant mais... A l'avant... Bref..."

Le capitaine sortit un petit instrument avec lequel il fit sonner quelques notes suraïgues, un de ses initiés sortit de la foule et chercha des yeux le géant. Sans dire un mot, Manus lui fit quelques signes de mains et s'en suivi une course poursuite entre un gamin voleur de bourses et le garde. Il souffla et saisit sa chope.


"Hum... Je comprend... Tu es jeune et tes genoux vont bien. Bah, tu t'en fatiguera un jour et tu t'installera. J'en sais quelque chose, j'ai parcouru les campagnes pendant une vingtaine d'année. Même si j'étais pas seul comme toi..."

Karl but une gorgée de bière avant  de reprendre.

"Tes parents savent que tu fais ça ?"

[Miia]

Maëly observait le jeune soldat à l'action: bien qu'il fut moins agile que le petit qu'il tentait de rattraper, il avait l'avantage d'être plus rapide. La course du gamin ne dura d'ailleurs qu'une minute car il fut rapidement attrapé par le soldat qui le prit par le bras et s'éloigna avec lui dans la foule.
Son regard revint alors vers Karl:

"Je n'ai pas de parents alors je fais un peu ce que je veux, répondit-elle le plus naturellement du monde à l'homme installé en face d'elle, et cela doit faire six ans que je voyage seule mais j'ai voyagé toute ma vie et ce dès mon plus jeune âge."

Ce n'était pas la première fois qu'elle parlait de ses parents à un inconnu et elle savait que cela provoquait chez eux un certain élan de solidarité. Elle ne comptais plus le nombre de fois où on lui avait proposé de s'installer. 
La première fois, elle avait accepté: elle était encore très jeune et doutait de sa capacité à vivre seule dans une nature parfois hostile. Mais Maëly s'était rapidement rendue compte que cette vie ne lui conviendrait pas: trop de contraintes pour si peu d'avantages. Elle avait donc reprit la route une nuit sans faire de bruit; elle n'avait pris que sa sacoche et quelques vêtements. Et depuis elle n'avait plus jamais accepté de telles offres.

Elle se resservit de l'eau et continua:

"J'ai déjà essayé de m'installer hein, mais c'est pas une vie pour moi: s'installer signifie travailler pour gagner à peine de quoi manger et puis c'est bien trop calme."

Le regard de Maëly se perdait dans le vide alors qu'elle repensait à ses années durant lesquelles elle avait voyagé seule. Pour rien au monde elle ne quitterait cette vie là.

[Zodiac]

Karl eut une petite moue pleine de compassion à l'égard de Maëly, il ne voulait pas imaginer les épreuves par lesquelles elle était passée. Ne pas avoir connu ses parents, il avait beau ne pas avoir eu la chance de connaître sa mère, il avait au moins eu son père pour lui apprendre à se battre. Néanmoins, elle avait pu mûrir à une vitesse extraordinaire, on lisait dans ses yeux que son âge n'était pas représentatif de sa capacité à se débrouiller. Le capitaine garda le silence un moment, pensif.

"Des fois on a plus le choix de devoir s'installer tu sais, c'est ça ou la pendaison... On est parfois emportés par le courant. Tout simplement..."



Karl tapota sa choppe, pensif.

"Et puis, se mettre à travailler au service du bien collectif n'est pas une mauvaise chose, certes, je fais pas des banquets tous les soirs mais je m'en contente. Qu'importe le calme, je n'aspire plus qu'à ça... J'ai déjà vu assez de sang couler pour dix existences. Bah..." Il leva la main et balaya l'air d'un geste. "Tu trouvera sans doute ta place un jour dans ce monde. Pour l'instant, déjeunons."




L'oeil d'un affamé et tel celui d'un faucon, il guette le moindre mouvement, le moindre plat qui passait en fumant. Karl avait repéré le serveur tenant leurs plats chauds. Le géant sortit de sa poche un canif pliable et se mit à détacher proprement la chair des os au moment même où le serveur déposa l'assiette devant lui.

"Bon appétit, chipie."

[Miia]

En voyant le serveur arriver avec leurs plats, le ventre de Maëly gronda à nouveau et elle sorti son plus petit couteau d'une de ses bottes. Lorsque son assiette fût posée, elle commença a couper minutieusement sa viande en morceaux et fixa le garde assis en face d'elle.

"Eh dis, t'as fais quoi pour avoir le choix entre la pendaison et te poser? demanda-t-elle entre deux bouchées, Parce que bon t'as pas une tête de méchant alors je t'imagine mal en mercenaire sanglant. Et puis tu n'as clairement pas le physique d'un voleur."

[Zodiac]

Karl posa son couteau lentement à côté de son plat. Il croisa ses mains et pressa les phalanges de ses index sur son front.

"On fait parfois des choses pour la gloire qu'on regrette. Je n'étais pas mercenaire, j'étais commandant. Mais le général nous a trahis... On luttait pour la démocratie, mais il s'est avéré que cette baltringue avait du sang royal et que tout la campagne qu'on avait mené était pour éliminer les prétendants au trône pour qu'il soit le seul restant... Moi et mes gars on était au courant, on coutait trop cher, et à la fin de la guerre il avait peur d'un putsch... J'ai vu mes hommes se faire pendre, décapiter, écarteler sur les places publiques de toutes les villes de mon pays... Soit disant, on était des traîtres... Je n'avais pas d'autre choix que de fuir. Je suis simplement un réfugié politique, pas un meurtrier. Maintenant je suis capitaine de la garde. J'en ai assez des campagnes, je n'aspire qu'à la protection et éviter le pire..."




Manus soupira et vida la moitié de sa pinte d'un trait.

"Hum... Je parle trop... J'ai pas l'habitude de parler de ça."

[Miia]

Devant la profonde tristesse apparente de Karl, Maëly posa sa main sur celle de l'ancien commandant. Elle ne comprenait pas cette émotion mais savait d'expérience que ce genre de petites attentions étaient appréciées par ceux qui en souffraient. Mais elle ne savait que dire face à la souffrance de l'homme assis devant elle.

"Je suis désolée je n'aurais peut-être pas dû, lui dit-elle doucement, peut-être préfèrerais tu parler d'autre choses?"

Maëly avait beau essayer de paraitre aussi compatissante que possible, ses yeux éternellement froids trahissaient toujours son grand vide intérieur, son incompréhension des émotions humaines, le manque de ce que l'on appelle le "coeur". Et elle le savait. Elle n'avait pas l'habitude de croiser des gens avec un passé aussi lourd et cela la mettait mal à l'aise.

[Zodiac]

Karl se mit à sourire. Il leva les yeux et plongea son regard dans ceux de Maëly.

"Ne t'inquiète pas chipie, c'est du passé et on ne peut rien y faire. J'ai la chance d'être encore en vie, d'avoir mes deux jambes et surtout de pouvoir être en mesure de faire ce que j'aime, entrainer des hommes pour qu'ils puissent défendre leurs foyers. Je suis le dernier de mon bataillon, je n'ai pas le droit de céder au désespoir, ce serait comme trahir mes amis et les valeurs de notre bannière..."

Karl ramassa son couteau et continua de détacher la viande des os de ses travers de porcs.

"Je me posais une question. Tu as un rêve toi ?"

[Miia]

"Un rêve? Non." répondit-elle franchement au garde.

Elle piqua un bout de viande avec la pointe de son couteau et le mâcha lentement.
Devant le silence de l'homme assis en face d'elle, Maëly avala son morceau de viande et ajouta quelques explications.

"Je n'ai jamais compris l'intérêt de rêver. Des personnes que j'ai croisé qui rêvaient, très peu d'entre elles on réalisés leurs rêves. Et sur ces personnes, déjà en nombre réduits, très peu en étaient aussi contents qu'ils l'imaginaient. Au final les Hommes ne sont jamais satisfait de ce qu'ils ont et vouloir toujours plus les poussent à faire des choses qu'ils auraient trouvé amoral quelques temps avant."

Elle pris un autre morceau de viande qu'elle avala rapidement et poursuivit.


"En bref, les rêves sont destructeurs et inutiles. Donc je n'en ai pas."

Maëly mangea quelques morceaux de pomme de terre avec un bout de viande et fixa le garde alors qu'elle mâchait le tout lentement.

[Odysseus]

Trey était perdus, il s'était perdus, il ne savait plus du tout ou il était, ce qu'il avait fait. Tout portait a croire que c'était Aexon qui l'avait mit dans cette situation... Il priait maintenant pour n'avoir massacré personne. Il s'était réveillé en pleine ville, pas dans une prison ou sur un monticule de chair sanguinolente, c'était déjà un bon début. Mais il n'avait également plus que loques et vêtements déchirés pour se couvrir, ce qui, vus la chaleur, ne semblait trop problématique. En revanche il n'avait jamais a ce point ressemblé a un clochard. Il était donc sortit d'entre deux maisons, en réfléchissant a ou il pouvait être, et ce qu'il avait fait pendant son sommeil, il s'empressa donc de le demander a sa conscience si repoussante.

-Hey, t'es là ? Je suis ou ?

Aucune réponse, c'était étonnant, Aexon passait son temps a lui susurrer ses envies de meurtres a tout bout de champs, mais il semblait que Trey pouvait profiter d'un peu de repos pour une fois... Mais cela laissait plus place a l'inquiétude qu'autre chose. Il s'aventura maladroitement, il n'avait pas vraiment le sens de l'équilibre, et avait du mal a cacher ses marques noires a cause de ses vêtements en lambeaux. Il se dirigea petit a petit vers un marché des plus banal, dans ce qui semblait être un village, ou une ville, des plus banale. Il n'y vit pas grand chose mais sentit la délicieuse odeur de viande et de bière.. Oh... oh il avait faim et soif, très soif,.

D'un seul coup, d'un seul instant, une faim insatiable et une soif dévorante s'étaient emparées de son corps, et il se dirigea tel un zombie vers la source de ces odeurs. Il s'aventura ainsi maladroitement jusqu'au banquet, y bousculant quelques personnes au passage, et ne manquant pas ainsi de se faire remarquer des serveurs qui vinrent a lui. Il leur murmura rapidement :


-Soif.. faim, aidez moi...

Avant de s'écrouler sur une chaise. Sans comprendre la réaction des gens aux alentours, Trey perdait conscience... Pourquoi la faim et la soif avait-elles de tels impacts sur son organisme ? Pourquoi Aexon ne communiquait pas ? Combien de temps s'était-il passé depuis... depuis ?

Il avait tout oublié, ce qu'il avait fait, sa justice, ses principes, il se souvenait simplement de son vieux passé de mercenaire au service du juste, de sa ferme brûlant et de sa douleur à la poitrine marquant depuis sa misérable existence ? Qui était-il ? S'en était la question qu'il allait se poser avant de perdre conscience...

Hrp : oui je m'invite, c'est gratuit, je sais.

[Zodiac]

Karl était soucieux, ne pas avoir de rêve, c'était comme boire une bière sans bulles. Ca reste une bière, mais ça n'a pas d'intérêt. Pourquoi était-elle si sombre au fond d'elle ? Errer, sans but. Quelque chose motivait ses choix, mais elle ne lui en parlerai sans doute pas, voir même qu'elle ne l'avouerai jamais à quiconque. Le vieux garde passa sa main dans sa barbe et ouvrit la bouche pour parler. C'est alors que ses yeux s'écarquillèrent. Cet homme, il lui semblait avait déjà vu ce genre de tatouages quelque part. Il détacha de sa ceinture un livre à la couverture de cuir et se mit à feuilleter. Pendant toute la durée de l'opération, il lançait des regards inquiets vers lui, comme pour surveiller ses faits et gestes.

"Bordel de merde..."



Une marque maudite, le signe d'un possédé, d'une entité démoniaque... Il y avait un démon dans sa propre ville. N'étant pas connus pour leurs qualités de pâtissiers, ces choses étaient plutôt annonciatrices de malheurs. Instinctivement, Karl passa sa main sur le côté de la table, mais il se souvint qu'il avait laissé sa Zweihander à la caserne. Il s'approcha du visage de Maëly et lui souffla :

"Chipie, si les choses tournent mal, cours, le plus loin possible."



Le vieux garde se leva et s'approcha du nouveau venu. Il pouvait être dangereux, mais il n'était pas impossible qu'il se trompe. Néanmoins, il resta à bonne distance lorsqu'il se plaça à côté de lui.

"Dites-moi, je cherche pour un bon tatoueur, vous les avez eus comment les vôtres ?"

[Odysseus]

Il avait la tête qui tournait, ou alors c'était le monde entier qui tournait aussi vite mais c'était peu probable, Trey essaya de réfléchir, une fois. Les serveurs étaient affolés, ils semblaient courrir dans tout les sens, mais garder sa tête vide était bien plus intéréssant. Deux fois, une petite voix grattait a l'arrière de son crâne, ça faisait... toc toc ? Il vallait mieux garder la tête vide, et dormir.

A la troisième tentative, Trey prit une grande inspiration, comme s'il avait manqué de se noyer, avant de tomber de sa chaise et s'effondrer au sol... S'il était dans un tel état a cause du manque d'hydratation et d'alimentation, sans doutes qu'il avait été inconscient pendant des jours.. des semaines voir peut être plusieurs mois... Il essaya de se relever sans y parvenir.

-Trop faible...

Murmura-t-il entre deux souffles...

Puis, sans doutes parce qu'il était allongé et lui debout, il vit un géant s'approcher, il s'arrêta a un peu moins d'un mètre de lui, l'air méfiant, inquiet. Trey tourna sa tête vers lui, il avait l'air très bien équipé et tout a fait capable de lui séparer la tête du corps si il perdait le contrôle de lui-même, et il lui posa une bien étrange question.

-Vous...ne.. voulez pas le savoir..

Il arrêta de fixer l'homme, qu'il ne pouvait distinguer clairement a cause du soleil l'aveuglant, et posa sa tête contre le sol, en une position de totale faiblesse, s'en était insultant pour un guerrier de sa trempe... Aexon ne l'aurait pas supporter. Mais..

-Il n'est pas là... il est pas là, ou il est ? J'ai besoin d'eau, de nourriture, j'ai de l'argent...

Oui, il avait eu de l'argent, mais avant sombrer dans cette démence, et il se doutait bien que sa bourse n'avait pus que se vider entretemps. Ainsi s'étalait au sol, ce qui semblait être un fou, malade, a moitié nus et dont le torse exhibait des marques bien intrigantes...

[Tinùviel]

[HRP : Puis-je m'incruster également... ?]

[Odysseus]

Hrp : Moi je dirais oui ça fait longtemps qu'on ne s'était pas "vus" Tinu ^^

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