Le Marché noir

[Melkerah]

Dans une rue de Clantor se tient depuis peu un petit marché proposant une diversité étonnante d'objets, de la hache d'armes incrustée de rubis au livre rare en passant par quelques grands crus de vin ; bref, on peut y trouver tout ce qu'on veut pour peu qu'on cherche... ou qu'on le demande aux deux marchands qui tiennent la "boutique". Le premier est un jeune homme de taille moyenne, à la musculature fine et sèche et au visage anguleux et blême, visage dissimulé par un masque similaire à ceux des trois serveurs de la taverne du Loup Hurlant à la Lune. Le second, une femme à la peau presque translucide à force d'être maladivement pâle, ne portait pas de masque, laissant ses yeux d'un noir à la fois opaque et brumeux visibles à tout un chacun. Elle était de petite taille et son corps semblait porter les stigmates d'une longue et dure maladie, mais son sourire doux laissait oublier ces signes inquiétants pour ne plus voir que la femme au regard amical.
L'homme, qui répondait au nom de Noru, s'occupait des armes et de tout ce qui concernait le combat et la magie, et la femme, Ludé, gardait les étals où l'on trouvait les livres, les vins et autres alcools, et la plupart des autres petits objets.

[Jolebo]

La porte fut poussée par une main gantée. Accroché à la main : le corps d'un homme de forte stature. Il était habillé d'une armure en métal. De fines languettes d'acier étaient cousues dans un tissu solide. Le tout était destiné à parer les coups de taille lors d'une éventuelle échauffourée. L'homme se déplaçait avec agilité. Les premiers pas qu'ils fit dans la "boutique" étaient empreints de fluidité. La pointe de son épée émit un tintement lorsqu'elle rencontra le montant de la porte.

Le guerroyeur s'arrêta au centre de la boutique et prit une grande inspiration tandis que son regard explorait ce qui était à explorer. Armes de bonne qualité, arbalète de poing, multitude de carreaux divers et puis, aussi, deux personnes curieuses de savoir où le nouveau client portait son intérêt. Finalement, il se tourna vers l'homme.
- Vous vendez des carreaux pour une arbalète à poing de ce type ?

Il décrocha son sac et en sortit un objet qu'il présenta au teneur de la boutique.

[Melkerah]

Noru examina l'arbalète que présenta l'homme avec attention. Il avait déjà utilisé une telle arme, quoique rarement, mais suffisamment en tous cas pour être à peu près sûr du type de carreaux adapté. Le noctalien indiqua l'étal sur lequel étaient présentés les flèches et les carreaux.

-Par ici. Comme ce ne sont pas les plus courants, ils sont un peu en retrait...

Il se pencha par-dessus l'étal de bois et attrapa un petit sac de toile dans lequel une bonne vingtaine de carreau attendaient un acheteur.

-Voilà, si je ne me trompe pas, c'est ce genre de carreaux qu'il vous faut. J'en ai plusieurs sacs si vous voulez.

Il sortit un carreau du sac pour permettre au guerrier de l'examiner.

[Jolebo]

Ce dernier le prit avec délicatesse et chargea lentement l'arme. Il tourna le dos aux tenants de la boutique pour ne pas les effrayer ni les mettre en danger. Les projectiles s'ajustaient parfaitement au rail de l'arbalète, ce qui fit sourire le guerrier. L'instant d'après, il avait refermé le petit sac et sorti sa bourse.
- Je prends tout. Combien cela me coûtera-t-il ?

Il estima lui-même la valeur de la marchandise et sortir de la bourse deux pièces d'or, en attendant qu'on lui donne le prix exact.
- Est-ce que vous avez le nom de l'artisan ? J'ai une fois acheté des carreaux de ce type, mais ils se brisaient dès la première utilisation. Guère pratique, avouez-le...

[Melkerah]

Noru fit signe au client que les deux pièces d'or suffisaient à payer les carreaux. A la question suspicieuse, il répondit qu'il lui fallait chercher dans la liste de son inventaire pour trouver l'information. Le noctalien fouilla dans le recoin encombré où se trouvaient les divers documents nécessaire au bon fonctionnement du petit commerce et en sortit plusieurs parchemins, qu'il feuilleta jusqu'à trouver celui qui l'intéressait.

-Hum... Apparemment, ces carreaux nous ont été revendus par un tireur qui avait décidé de prendre sa retraite, ce qui rend le nom de l'artisan incertain...

Il releva le visage vers le client et sourit d'un air aussi honnête qu'il en était capable.

-Dans ce cas, essayez-les, et s'il s'avère qu'ils sont de mauvaise facture, vous n'aurez qu'à les ramener et nous les échangerons. Cela vous convient-il ? Peut-être désirez-vous une garantie...?

Bien sûr, Noru n'avait pas tout à fait dit la vérité au sujet de ses marchandises, mais tant que le client était satisfait, quelle importance avait la véritable provenance des produits...?

[Melkerah]

Elasa emmena Eric à travers les ruelles de Clantor jusqu'à déboucher sur un croisement entre plusieurs voies où se tenait un étal aux marchandises pour le moins éclectiques. La noctalienne sourit aux deux "marchands" qui les regardaient arriver du coin de l’œil.
L'homme finissait de s'occuper d'un client, ce fut donc la femme qui les accueillit. Ludé était une femme mûre, surtout aux critères noctaliens : sa santé dangereusement déclinante indiquait une fin inéluctable et proche. Malgré tout elle était souriante et chaleureuse, et son teint grisâtre, ses cernes noirs, son regard vitreux, ne parvenaient pas à lui ôter son air accueillant.

-Bonjour Ludé, salua Elasa, je te présente Eric, un... ami. Et un client pour Noru. Eric, voici Ludé, ma tante.

Il ne fallut qu'une ou deux minutes à Noru pour expédier l'affaire précédente et il vint à la rencontre de sa sœur et de l'inconnu qui l'accompagnait. Le noctalien avait le visage bien plus fermé et austère que ses deux congénères, mais il se montra parfaitement aimable.

-Et voilà mon frère, Noru, continua Elasa. Noru, Eric. Il aurait besoin de visiter tes marchandises.

[Irio]

Eric suivit Elasa dans le dédale de Clantor. Les habitants de celle-ci le dévisageant, si on peut parler ainsi d'un sans-visage. Ils arrivèrent alors à l'étal du frère de la noctalienne. 

-Bonjour Ludé, salua Elasa, je te présente Eric, un... ami. Et un client pour Noru. Eric, voici Ludé, ma tante.

"Enchanté !"

Vint ensuite le frère d'Elasa.

-Et voilà mon frère, Noru, continua Elasa. Noru, Eric. Il aurait besoin de visiter tes marchandises.

"Enchanté ! J'aimerais voir ce que vous auriez comme arc si possible. Et si je pouvais les tester, ce serait parfait !"

Le mort-vivant s'avança vers Noru.

[Melkerah]

Le voleur toisa un moment Eric, comme cherchant à l'évaluer, puis lui fit signe de venir vers l'étal le plus éloigné. Diverses armes y étaient entreposées, dont certaines avaient du appartenir à de riches seigneurs vu leur facture et les pierres qui les décoraient. Noru attrapa un grand arc en bois, simple et visiblement usé mais solide et fiable. Il le tendit au mort-vivant.


-Essayez ça pour voir.

Puis il se pencha pour fouiller sous l'étal et en sortit un carquois de flèches bas de gamme mais qui seraient amplement suffisantes pour tester l'arc.

[Irio]

Eric prit l'arc en remerciant Noru. L'arc faisait à peu près sa taille et était plutôt léger. Le mort-vivant chercha une cible afin de tester ses capacités au tir à l'arc. Il vit une affiche collé au mur, un avis de recherche. Il visa la cible, banda son arc et tira. La flèche se planta en plein milieu de la cible, sur le visage de l'homme recherché.

"Je vous avez dis que j'étais archer ! Je devais être même plutôt doué !"

Cependant, aucune des 5 autres flèches qu'il tira n'atteignit l'avis de recherches, l'une d'elle faillit même se planter dans un passant.

"Bon, j'étais peut-être pas si bon que ça, je pense que je vais devoir m'entrainer un peu"

Il rendit les flèches à Noru.

"C'est combien pour l'arc ?"

[Melkerah]

Elasa s'était retenue à grand-peine de glousser en voyant le visage blême du passant qui venait de frôler la mort avant de filer sans demander son reste.

-Vu votre tête, commenta Noru, même si vous étiez bon, il va vous falloir le temps de reprendre. Et puis il y a pas mal de flèches mal équilibrées dans ce lot.

Le noctalien consulta rapidement une liste qu'il venait de sortir de sous l'étal, cocha une case et rangea le papier.

-5 pièces d'or. Vous voulez une garantie ? Échangé pendant deux semaines en cas de problème, pour une pièce de plus.

On sentait le commerçant dans l'attitude de Noru, mais la présence d'Elasa évitait à Eric les arnaques et autres coups bas devenus coutumiers chez lui.

[Irio]

"Nan c'est bon, pas besoin de garantie, je vais vous le prendre."

Eric glissa sa main jusqu'à sa hanche où... ne se trouvait aucune bourse. Il chercha alors dans son manteau, sans aucun succès. Il fouilla alors son chapeau, ses bottes, mais ne trouvât rien, pas une seule pièce de monnaie.

"Euh... Je... J'ai... J'ai du me faire voler. Je peux vous payer plus tard ?"

[Melkerah]

Noru haussa un sourcil, cherchant à déterminer si l'autre essayait de l'arnaquer d'une manière si basique. Mais même un mort-vivant au cerveau décomposé ne serait pas assez bête pour y croire, aussi il hocha la tête en signe d'assentiment. Puis, pris d'un doute, il se tourna vers sa soeur.

-Ah non, ne me regarde pas comme ça Noru, c'est pas moi ! protesta-t-elle.

Le noctalien acquiesça et nota quelque chose sur sa liste.
Elasa se retourna vers Eric.

-Bon, voilà un arc... Il te fallait autre chose ?

[Irio]

Eric prit l'arc en remerciant le marchant.

"Je vous ramène les sous dès que possible !"

Le mort-vivant se retourna vers la noctalienne.

"Nan, je pense que c'est tout ce que j'avais besoin ! Je vais visiter la ville maintenant et m'entraîner avec l'arc. Et pour votre... Maison, quant pensez-vous que je pourrais passez l'entretien ?"

[Jolebo]

On toqua à la porte de la boutique, un soir, juste après sa fermeture. Le soleil n'était pas encore couché, mais il avait entamé sa longue descente depuis déjà un bon moment. Devant l'enseigne de trouvait un homme assez grand, habillé de rouge. Il avait un parchemin en main et une longue épée bâtarde incrustée à son flanc. Il était entouré de deux soldats du palais de Leiyoh, qu'on reconnaissait facilement à leur tenue bleu et verte. Ces derniers étaient équipés d'une épée courte et d'une arbalète chacun. La patience ne devait pas être leur fort car, après quelques secondes sans réponse, il toquèrent de plus belle.

[Melkerah]

Immédiatement, la porte s'ouvrit et dévoila une petite femme au teint blafard, aux yeux vitreux et cernés comme si elle ne dormait plus depuis des semaines et à l'allure quasi agonisante. Elle sourit pâlement et salua le nouveau venu.

-Bonsoir, dit-elle, entrez, je vous en prie, que puis-je faire pour vous ?

Tout en parlant, elle s'effaça pour laisser entrer les trois hommes.

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