Re: Mission récupération

[Thurias de Narzyom]

Thurias se sentit bête lorsqu'il vit le corps de Saké laisser place à un vulgaire mannequin qui disparu ensuite dans un épais nuage de fumée. La voix de Saké porta à ses oreilles alors qu'il fermait les yeux, se sentant quelques peu trahi. Il se retourna vers le son pour y découvrir Keira, bel et bien vivante. Elle se déplaçait alors sur les feuilles mortes d'un air satisfait, moqueur. Thurias détester ça. Quelle trahison. Il avait bien compris le but de la manœuvre, et répondit de sa voix de géant enveloppée de son accent rustre :

"Je ne suis pas blessé... Quel cruel manque d'honneur. Je te pensais plus digne."

Plutôt frustré par ce genre de comportement, il passa ses nerfs sur le cadavre d'un des insectes, envoya son épée trancher le corps de la créature. Ce dernier éclata si bien qu'il ne donna plus qu'une purée bleu verte répugnante, manifeste de la rage de Thurias. Cela pouvait sembler déplacer comme réaction, mais les nazyites n'apprécient pas vraiment la fourberie, encore moins ceux de Thtronm. Le barbare laissa transparaître un air bougon, boudeur et colérique. Il avait bien saisi l'intérêt d'une telle manœuvre et savait à présent l'avantage que cela pourrait leur conférer, mais il n'appréciait pas vraiment qu'on lui simplifie les choses. Uri suggéra d'aller au campement, ce à quoi Thurias répondit d'un hochement de tête. D'habitude, il aurait dit non, prêt à progresser et toujours désireux de combattre, mais il n'était plus d'humeur après un tel coup. Cette dernière s'adressa ensuite à lui, evoquant ses faiblesses à affronter des petites cibles et lui proposant alors de s'attaquer à de plus gros morceaux. Thurias fût tout à coup plus souriant qu'avant et répondit :

"J'aime pas trop ces p'tits trucs non, ça demande de la concentration et ça attaque jamais seul. Mais je pense quand même pouvoir faire l'affaire pour eux. Et pour les gros modèles, à partir du moment où ils sont plus simple à toucher, ça me va. C'est toujours des sortes de grosses guêpes, c'est ça ? "

Thurias continua de progresser vers le campement. Il ne trouva pas l'idée très bonne, mais il avait l'habitude de faire avec les ordres que ses commanditaires lui donnaient : Ça rapportait plus et ça éviter de se faire virer ... Et par conséquent, ça lui évitait d'avoir à faire un meurtre de plus et de se ficher comme criminel dans la région. Alors le guerrier s'installa à nouveau dans la clairière alors que le jour faiblissait. Il s'allongea dans l'herbe, les deux mains derrière la tête et ferma les yeux, s'étant au préalable débarrassé de son paquetage. Il repensait à Saké et à sa technique de transposition. Ce fût intéressant et cela le rendait plus méfiant encore auprès d'elle. Il avait vu des guerriers qui attaquaient par derrière, des guerriers qui feintaient la mort et certains qui attaquaient à mains armé sur un ennemi désarmé. Certains avaient même reçu en retour, un petit concentré de phalange narzyite dans le visage, laissant un souvenir de quelques jours sur leur petites têtes qu'il trouvait bien fragiles. Mais le fait de tromper l'ennemi à ce point, à l'aide d'un sortilège et d'un mannequin, cela lui restait en travers de la gorge. Cependant, le barbare prit le temps de méditer à tout cela et son air redevint reposé. Certes, il n'allait pas frapper Saké, Thurias n'aimait d'ailleurs pas affronter les femmes, car même en son clan, ces dernières repartaient avec des hématomes, et ça, c'était pas vraiment joli... Mais il se sentait remonté après elle. Lui qui pensait qu'elle montrera plus de bravoure lors du premier affrontement, il fût assez déçu.

[Mortelune]

La jeune comédienne ne fut pas vraiment étonnée de la réaction de ses compagnons de route. Elle avait l'habitude d'être confrontée à des situations similaires lorsqu'elle était amenée à dévoiler ses talents face à des inconnus.


En fait, au fil de ses aventures, elle avait catégorisé trois types de personnes. L'offusqué tout d'abord, qui se vexe de ne pas avoir été mis dans la confidence, mais aussi parce qu'il ne l'a pas vu venir. Comme si les prestidigitateurs prévenaient leur public avant de libérer une colombe de leur chapeau. Et le style nom de dieu !!! Qu'est-ce que vous en faites ??? Le deuxième type de personne est le jaloux. Le jaloux va souvent bouder dans son coin en invoquant de grands principes d'honneur, de respect de l'adversaire et de sacro-sainte dignité. Il explique que se comporter ainsi n'est pas fair-play, que cela ne respecte pas le code... etc Cette phase de rejet cache souvent, selon Saké, la profonde envie de disposer de tels talents et une jalousie éhontée. Et enfin, plus rare, le troisième type de personne, le reconnaissant. Celui là, il comprend tout de suite le but de la manœuvre et se réjouit de compter dans ses rangs un personne dotée de ces aptitudes. Bien évidement, ces profils ne sont que rarement tranchés. On retrouve parfois des variantes, comme le jaloux reconnaissant ou le reconnaissant offusqué... en tous cas, telle est la vision des choses de Saké.


Uri semblait légèrement tendue suite à ce petit interlude martial. Sa nervosité était palpable avant qu'elle ne parvienne finalement à se calmer à l'aide de quelques exercices respiratoires. Saké avait cru déceler une grande colère dans son regard lorsqu'elle était réapparue en descendant de son arbre. Une colère motivée probablement par la peur, ou la contrariété. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Ses techniques étaient vraiment particulières et pouvaient ne pas plaire à tout le monde. L'artiste fut néanmoins surprise lorsqu'Uri lui présenta ses excuses pour les échanges qui avaient précédés. Pour elle, la situation ne l'exigeait pas, ce qui lui fit pensé qu'elle avait abordé un sujet sensible. Un sujet sur lequel il serait avisé de revenir ultérieurement. Saké se contenta de rebondir sur l'allusion faite à ses funérailles.

-"Vous m'en voyez navrée Madame. Je pensais que dans ce genre de situations, les survivants mettaient de coté leurs croyances pour honorer celles des défunts. Mais peu importe, car je ne suis pas morte !" à la fin de cette phrase, elle se retourna vers Thurias qui boudait dans son coin, après lui avoir manifesté sa désapprobation.

-"Et je ne suis pas morte parce que j'ai fait preuve d'une grande efficacité au combat ! Quoi que vous en pensiez, Messire de Narzyom. Voyez vous, la dignité, c'est un truc que je laisse volontiers aux morts. Des gens dignes, y'en à plein les cimetières. Ceux qui ne s'attendaient pas à ce que leur ennemis les frappes dans le dos parce que, ça n'est pas honorable. L'honneur, moi, je m'en passe si cela me permet de rester vivante. Si je dois frapper dans le dos pour sauvegarder ma vie, je le ferai. C'est un parti prit, voila tout. Il y a au moins autant d'honneur dans mon attitude que dans la votre, lorsque vous avez défait l'ennemi de votre précédent récit en profitant de son affaiblissement lié au manque d'oxygène provoqué par l'altitude. Était-ce une victoire honorable ? Auriez-vous vaincu sans cette artifice naturel ? Je vous le demande ! Ne soyez donc pas si prompt à juger les autres."

Saké employait un ton dur. Son visage exprimait une certaine incompréhension et une colère emprunte de déception. Elle ne souhaitait pas que Thurias réagisse ainsi et elle aurait préféré le voir s'extasier devant ses capacités plutôt que de les juger avec tant de mépris. Et elle reprit sur le même ton, voire plus agacée encore.

-"J'assume ma part d'ombre et de vices. J'avais d'ailleurs prévenue Uri sur la particularité de mon style de combat. Mais s'il ne vous convient pas, libre à vous d'abandonner la mission. Je partagerais les gains entre mon mannequin et moi."

Sans s'en apercevoir, Saké avait mécaniquement rassemblé ses affaires alors qu'elle vilipendait le semi-orc et avait même repris la route vers le campement. Lorsqu'ils parvinrent tous les trois jusqu'au lieu dit elle posa son paquetage et s'en prit à nouveau au Barbare qui s'était allongé au sol en le toisa de son œil noir.

-"Thurias - grogna-t-elle dans un Narzyite parfait - La nature m'a faite telle que je suis. Femme, menue, et borgne qui plus est" Elle illustra ses propos en levant son épaisse mèche de cheveux noirs qui masquait son œil crevé, laissant ainsi apparaître l'endroit mutilé par la fine cicatrice qui traversait la partie droite de son visage, de haut en bas, en passant par sa cavité oculaire occupée par un œil blanc. 


-"Je n'ai ni vos muscles, ni votre force, ni même votre talent à l'épée. Alors je dois m'adapter si je veux vivre. Car je n'ai peut-être pas de dignité, comme vous vous plaisez à l'insinuer, mais ce que j'ai en revanche, c'est une idée du prix de la vie. Donc je me bats avec mes armes pour ne pas finir les pieds devants et maximiser nos chances de survie. Au passage, je n'ai pas l'impression d'avoir laisser ma part d'insectes aux chiens durant notre combat. Mais tant pis si mon style fait de moi une guerrière qui ne correspond pas à votre idéal de combattante. A vrai dire, et pour rester polie, je me soucie autant de vos états d’âme que de ma première culotte. De toute façon, une fois la mission finie, vous reprendrez votre chemin, et moi le mien, et tout ira pour le mieux."  

D'un geste rageur elle laissa tomber son épée au sol, et s'adossa à un arbre tordu, avant de soupirer bruyamment et de fouiller dans sa manche pour y débusquer sa pipe. Visiblement contrariée par l'état de nervosité de sa maîtresse, Zabuza se précipita à ses côtés pour se blottir contre son flanc. Elle jeta alors un regard à Uri, comme pour invoquer la solidarité féminine afin qu'elle lui vienne en appui puis elle finit par hurler 


-"Non mais c'est vrai quoi, mince ! On devrait fêter notre victoire en buvant un coup et se remplissant la panse d'un bon repas, mais au lieu de ça Thir Klumth Shroov Thurias, Thir Dojron Thurias de mes deux nous fait sa vexée !!!"

[Melkerah]

-Non, leurs insectes ne ressemblent pas toujours à des guêpes, loin de là. Les plus gros que j'ai eu le malheur de voir ressemblaient plutôt à des espèces d'araignées monstrueuses croisées à des mille-pattes blindés... Et ne juge pas trop vite leur mode d'attaque. Ils peuvent faire bien plus vicieux que ça.

Elle préféra ne pas penser plus précisément à ce "vicieux" qu'elle évoquait, vomir n'étant pas franchement le meilleur moyen de rester crédible dans son rôle.
Uri se contentait d'observer avec une inquiétude inquiétude mêlée d'amusement la querelle qui venait d'éclater entre Thurias et Saké. Il serait évidemment problématique qu'un des deux quitte la mission ou la mette en péril d'une quelconque façon, mais il fallait admettre que cela avait quelque chose de divertissant. Elle se sentait mesquine de penser ainsi.
La noctalienne s'assit machinalement près du tas de cendre qui avait été un feu de camp et sortit ses dagues pour les aiguiser.

-Je sais pas vous, dit finalement Uri à propos de l'affaire du mannequin, mais il m'a toujours paru préférable d'éviter les disputes en pleine mission.

Se sentant comme un adulte qui réprimande des enfants, alors que ni Thurias ni Saké n'avaient rien d'enfantin, Uri opta pour un point de vue moins détaché.

-A vrai dire, j'admire ta façon de voir les choses, Thurias, et je peux comprendre que les méthodes de Saké te posent problème, mais il faut de tout dans la nature. En plus, je crains de ne pas être beaucoup plus honorable. Disons que tu es digne pour trois ! N'empêche, Saké, je dois admettre que vous m'avez fait un choc. Si ça n'a pas convaincu Romias, je veux bien me retrouver dans un nid de ses saletés !

Elle rit et ajouta d'un air mi-figue mi-raisin :

-Et je ne sais pas trop ce que signifient tous les titres dont vous avez affublé Thurias, mais je doute que ce soit propice à une entente cordiale...


La situation avait quelque chose d'extrêmement désagréable. Si elle prenait parti, d'un côté comme de l'autre, elle risquait de se mettre l'autre à dos, et c'était tout simplement hors de question. Cependant, rester neutre risquait d'avoir le même effet... Il était tellement plus simple de diriger des noctaliens ! Elle regrettait presque de ne pas en avoir emmené un avec elle en cette occasion.
Uri soupira, rangea ses dagues et se redressa pour faire un tour d'inspection dans les restes du campement abandonné. Évidemment, tout avait été minutieusement nettoyé, ou du moins tout ce qui aurait pu servir d'indice pour avoir Romias. Agacée, elle revint vers ses deux collaborateurs.

-Bon, je suggère qu'on passe la nuit ici, et à partir de demain je vous laisse carte blanche pour la suite.

[Thurias de Narzyom]

La réponse d'Uri avait convenue à Thurias. Quand ça rampe et que c'est gros, ça ne va pas bien loin ni trop vite. Quant aux réprimandes de Saké, Thurias répondit négligemment, le ton sec, mais sans animosité :

"Les guerriers qui sont morts dignes ont au moins le mérite de pouvoir aspirer à la Dernière Rive de leurs ancêtres. Ceux qui meurent après toutes ces minauderies ne font que condamner leur éternité au Grand Vide des Ténèbres. Quant au chef de clan que j'ai vaincu, vu le peu de moyens que j'ai utilisé pour le tuer, je l'aurais probablement tué quelle que soit les conditions. Et en effet, y a pas vraiment d'honneur à l'avoir battu, mais, c'est pas moi qui ai provoqué quoi que ce soit."

La dite Saké semblait quelque peu vexée par les insinuations du barbare, et le fait qu'elle revienne un peu à la charge ne pût l'empêcher de le faire sourire. Elle voulait sans doute le rendre nerveux ou le vexer à son tour, mais le jugement de Thurias s'apaisa à propos de Saké. Il répondit alors aux réprimandes :

"Tu sais Saké, ma mère a combattu jusqu'à ce qu'elle en meurt, bien qu'elle eût perdu un bras suite à une bataille, elle continuait à affronter les clans ennemis. Mais tu semble accorder tant d'importance à la vie... Alors qu'elle n'est qu'une infime partie de l'existence. Je ne t'empêche pas d'utiliser des techniques plus fines et agiles que les miennes, ni d'user d'un arc ou encore de magie. Mais mentir à un adversaire afin qu'il jette pas toutes ses forces dans la bataille ou qu'il se sente trop confiant, c'est une tromperie qui manque d'honneur. Je n'ai rien à redire sur le nombre de bestioles que t'as bousillé ni sur ta vitesse et ton efficacité, mais tu fais en sorte qu'on ai moins de cible à défourailler une fois arrivés là bas, moi, ça m'plait pas trop. Quant à ton avis sur moi, et bin, visiblement, si tu me tiens la jambe pour cette reproche, c'est bien parce que tu a besoin d'ma reconnaissance, non ?"

Thurias se redressa en ricanant, fixant Saké. Il écoutait ensuite cette dernière qui hurlait ironiquement en narzyite. Elle le pratique bien, mais elle n'agit pas comme eux. Le Barbare se mura à nouveau dans le silence et répondit à l'ordre d'Uri d'un hochement de tête. Il sortit alors de son linge les restes de sangliers qu'il avait fait griller et se mit à manger. Le soleil déclinait bon train, et Thurias se releva, observant les alentours. Il dégaina son épée et fit le tour du petit campement, prenant sans doute son tour de garde de manière autonome.

[Mortelune]

-"La Dernière rive de leurs ancêtres...- grommela Saké en imita le ton employé par Thurias - Pfff. La dernière rive de mes fesses oui..." 

Le barbare était déjà loin, probablement occupé à entamer une ronde de garde tandis que la jeune orientale ruminait toujours dans sa barbe. Elle constata le fossé culturel qui la séparait du Narzyite. Sur le principe, les croyances de son peuple n'étaient pas si éloignées de celles des habitants du Pays du Thé. Mais la jeune artiste n'avait jamais vraiment eu la foi et n'avait pas été l'élève la plus assidue aux enseignements religieux de son village. Ces histoires d'après-vie, voire de réincarnation, les panthéons divins, les miracles, tout ce bazar, très peu pour elle. D'un naturel pragmatique, sa rencontre avec le Diable et le massacre des membres de sa troupe de théâtre avait eu raison de ses derniers penchants idéalistes et pieux.

Après une rapide introspection, il était aisé de faire le lien être cette expérience et son acharnement à vouloir survivre. Et après tout, tant pis si cela choquait. Elle s'en accommoderait bien.

Après le départ du semi-orc, elle se retrouva donc en tête-à-tête avec Uri, qui avait eut bien du mal à se positionner entre les caractères diamétralement opposés de ses employés du moment. Finalement, la neutralité avait eut la vertu de laisser le soufflé retomber de lui même. La tension était, avec le départ de Thurias, redescendue d'un coup.

Un peu gênée vis-à-vis de la Noctalienne et ne voulant pas rester à rien faire, Saké s'agitait autour du campement, essentiellement en ramassant du bois sec et quelques feuillages épais pour passer une nuit plus confortable. En effet, avec tout le soin qu'elle avait mis à préparer son paquetage, elle n'avait pas emporté de couverture ni de matelas de voyage et elle s’apprêtait donc à passer une nuit compliquée. Passées ces quelques minutes à installer le camp, l'artiste s'installa autour du tas de bois sec auquel elle entreprit de mettre le feu. La nuit allait tomber et cette source de chaleur ne serait pas de trop pour trouver un sommeil réparateur.

Puis, brisant le silence après de longues minutes sans le moindre mot, Saké s'adressa à Uri, le plus calmement du monde.

-"Je conçois aisément que nous ne vous avons pas offert le plus beau des spectacles et je vous présente à mon tour mes excuses pour la situation. Mais ne vous en faites pas. Je ne le tuerai pas. Du moins, je n'en ai pas l'intention pour le moment" fit-elle en designant d'un geste de la tête la direction par laquelle Thurias avait quitté le campement.

Se rendant compte que sa phrase pouvait prêter à confusion, la comédienne jugea bon de l'accompagner d'un sourire qui trahissait alors son intention de plaisanter.

-"Et puis, bon, faut aussi se rendre à l'évidence, je pense pas que ce soit une mince affaire de faire trépasser cette vieille carne... surtout s'il a hérité de sa mère ! Alors bon, j'ai décidé de l'épargner, voila." Cette fois ci, Saké ria de bon cœur et alluma sa pipe bourrée d'herbe en la passant rapidement au dessus du feu de camp.

La jeune femme redevint alors sérieuse après sa première bouffée et poursuit alors son monologue, l’œil dans le vague, fixant les flammes et s'adressant indirectement à Uri

-"Je voulais mettre personne mal à l'aise. C'est juste que... je suis comme ça, c'est tout. Je comprends sa réaction, mais je ne changerai pas. J'ai vu la mort de trop près pour ne pas avoir envie de m'y frotter à nouveau".

Machinalement, Saké tendait le bras vers Zabuza. La petite cruche, qui avait saisit l'intention, se laissa faire par sa propriétaire qui la porta jusqu'à sa bouche et avala trois ou quatre grosses gorgées d'affilée. Puis, négligemment, la comdédienne passa la manche de son kimono sur ses lèvres afin d'en faire disparaître l'humidité.

-"A votre santé, Dame Uri" murmura-t-elle les joues déjà rosies par l'alcool. Puis après un silence ajouta "et à celle de l'autre abruti de semi-orc"

[Thurias de Narzyom]

[Petit aparté HRP : Thurias a du sang orc, mais il est au moins aux 3/4 humains quand même :)Voili voilou :3]

[Melkerah]

Uri soupira de soulagement en constatant que la tension s'était évanouie sans causer de dégâts. Cependant, une parole de Thurias avait fait écho en elle de manière fort désagréable : "Ceux qui meurent après toutes ces minauderies ne font que condamner leur éternité au Grand Vide des Ténèbres", avait-il dit. Le Grand Vide des Ténèbres. Autant le reste de la phrase ne la concernait pas, autant cette expression lui semblait trop familière.
La noctalienne fut ravie de la distraction que lui offrit Saké en parlant et en plaisantant avec elle.

-Quelle indulgence ! C'est sûr que je ne me risquerais pas à l'attaquer moi non plus, répondit-elle en riant. J'ose croire que je ne suis pas facile à tuer, mais je préfère ne pas prendre de risques inutiles.

Saké prit sa cruche, qui attira le regard d'Uri sans qu'elle puisse s'en empêcher. L'objet n'attisait pas sa convoitise, mais sa curiosité, ce qui était bien plus difficile à contrôler chez elle.

-Bah, je vous comprends, reprit-elle, la mort ne m'a jamais paru très amicale non plus. Les paradis dont parlait Thurias ne m'attendront jamais de toute façon, alors tant pis si on me traite de lâche, au moins je suis encore là pour dire que je m'en moque.

Elle fit un geste pour accompagner le toast de la comédienne même si elle n'avait rien à boire, puis s'allongea à même le sol.

-Thurias, lança-t-elle, si tu fais un tour de garde, je prends le deuxième, réveille-moi quand tu veux dormir.

Uri n'avait pas encore envie de dormir, mais il valait mieux se montrer prévoyant.
Maintenant que l'atmosphère s'était détendue, la noctalienne devait bien admettre qu'elle appréciait la compagnie de Saké et Thurias, malgré leurs différences de culture pour le moins flagrantes. C'était agréable de côtoyer des gens qui n'avaient rien à voir avec le milieu dont elle avait l'habitude. Enfin, Saké connaissait apparemment plutôt bien la tromperie et la malhonnêteté qu'Uri avait accepté comme partie intégrante de sa vie, mais son extravagance et même sa tendance à l'arrogance étaient à l'opposé des noctaliens.
Cette ambiance lui donna envie de parler malgré sa réserve naturelle.

-Je vous avais un peu parlé de celui qui a transformé mon frère, fit-elle. Lui aussi avait un certain talent d'acteur. Et de stratège. La première fois que je l'ai rencontré, dans une taverne, j'avais bu avec lui et il s'était montré sympathique, quoique bizarre. La deuxième fois, c'était dans une source chaude près de Clantor. On a commencé par parler plutôt cordialement... Et juste après il a essayé de me tuer en créant un nid d'insectes géants. Il a réessayé plusieurs fois par la suite. Même après un combat qui avait mal tourné, il a réussi à me faire croire qu'il s'était rangé. Ensuite, il a détruit la moitié de Clantor et a encore essayé de me tuer. Je me suis fait avoir comme une bleue. Mais bon, j'ai survécu, et je dois lui reconnaitre de m'avoir appris à m'attendre à tout.

Elle rit un peu jaune, se sentant bête de s'épancher comme ça, mais après tout ça concernait la mission, même indirectement...

[Thurias de Narzyom]

Le barbare ne répondit à l'interpellation d'Uri que par un hochement de tête. Il réajusta son harnais qui soutenait le fourreau de Farnodir et entama son tour de ronde. Plutôt éloigné du campement, Thurias observait ce qui pouvait arriver des bois environnants. Il resta muré dans le silence le plus complet, s'assiégeant lui même de tonnes de questions. Sur son pays, sa situation actuelle, sur ses proches restés là bas et sur l'avenir de son peuple. Mais il ne se questionna que légèrement à propos de la mission. Pour lui, ce serait une mission comme une autre, bien qu'assez étrange, cela ne l'effrayait en rien.

Après un premier tour complet de clairière ou le guerrier ne trouva rien à signaler, Thurias jeta un œil au campement, s'arrêtant droit comme un I. Les deux femmes semblaient s'entendre plutôt bien. Thurias sourit alors en coin et ricana entre ses dents. Après tout, c'était son œuvre. Avant cette dispute, Saké semblait en vouloir à Uri, et une tension s'était installée entre les deux. Étant parfaitement conscient de l'aspect misogyne de sa pensée, il savait que lors d'une mission, surtout hors de narzyom, il valait mieux garder les deux femmes en bon terme avant que cela ne tourne au vinaigre. Il avait déjà connu ça et avait même été contraint d'en assommer une. Encore une fois, Thurias ne souhaitait pas en arriver là. Bien sûr, il se doutait qu'elle gloussaient probablement sur sa personne, mais, il n'en avait que faire. Après tout, elle ne le connaissaient pas assez pour dire assez de choses vexantes à son propos. Un bruit dans les bois interpella le barbare dans sa rêverie. Il fit tournoyer sa lame à côté de lui, prenant une posture de combat en quelques fractions de secondes. Ses yeux tentaient de percer le sombre voile de la forêt.

Probablement un animal nocturne, de toute manière, si c'est un bandit de grand chemin ou une créature hostile, il prendra le risque de sortir dans la clairière, si ce dernier pense avoir ses chances évidemment. Le narzyite recula alors de sa position et retourna à son tour de garde, doublant de vigilance, chacun de ses sens en alerte. La nuit se faisait alors claire et la brise venait faire voler les cheveux et le bouc du barbare au vent. La fraîcheur de la brise nocturne lui rappelait un peu le vent du nord qu'il sentait en Narzyom. Cela le rendait quelque peu joyeux et il ne aspira une longue bouffée, continuant à nouveau sa ronde. Après avoir effectué quelques rondes de surveillance, il revint plus proche du campement afin de maximiser la sécurité du groupe. Tel une statue de pierre, il se tint droit et planta son épée dans le sol, appuyant ses mains sur le pommeau de cette dernière. Il ferma les yeux un instant, se fiant plus au bruit qu'à la vision en de pareilles situations. Tant que les bruits de la forêt restent constant, tout va bien.

[Mortelune]

Saké sorti l'oreiller qu'elle avait dérobé à la Taverne du Loup Hurlant à La Lune et le positionna contre une grosse souche d'arbre afin de s'y adosser confortablement. Elle songea un instant à jouer un peu de musique, mais, elle décida finalement que ce n’était pas forcément avisé en cette heure tardive. Le bruit de ses notes aurait pu attirer quelques maraudeurs voire d'autres insectes hostiles. Quand bien même elle avait quelques différends avec Thurias, elle ne souhaitait pas pour autant rendre son tour de garde plus compliqué que prévu.

Elle se contenta donc de fumer sa pipe tout en se rinçant le gosier avec sa cruche de temps à autres. Elle fixait Uri d'un œil attentif. Détaillant ses traits fins, son allure distinguée, la pâleur de sa peau sur laquelle se projetait les ombres des flammes du feu de camp. Elle était plutôt belle pour une non-humaine pensa Saké qui écoutait en même temps les paroles de son interlocutrice. Des paroles beaucoup moins légères que ses propres considérations actuelles et dont la teneur la surprit quelque peu. Comment une femme qui semblait extrêmement avisée et prudente s'était-elle laissée avoir par cet individu qui a plusieurs fois essayé de s'en prendre à elle.

-"Vous étiez amoureuse de lui ? - trancha-t-elle soudain après qu'Uri eut finit de détailler son histoire - Je vous demande cela car, ce sont souvent les personnes amoureuses qui se font berner de la sorte, parce qu'elles sont finalement aveugles et tendent à voir le meilleur chez les personnes les plus sombres pour finalement en payer le prix.... parfois de leur vie. Ou alors à l’époque, vous étiez beaucoup moins prudente qu'à présent. Quoique... à bien y réfléchir, vous prenez quand même quelques risques inconsidérés au combat, alors que vous pourriez sagement rester dans votre auberge, ou votre demeure, château ou manoir que j'imagine bien douillet, en attendant que Thurias et moi fassions le sale boulot. Bon, après tout c'est vous que ça regarde... Mais en général, les mercenaires n'aiment pas bien ce genre d'affaire, car si le commanditaire meurt au combat, il reste plus personne pour payer ensuite. Bon à vrai dire, moi je m'en moque un peu, je fais surtout cela pour passer le temps, et puis... je ne suis pas une mercenaire, du moins pas au sens conventionnel du terme. Enfin bref... je me comprends. Et au final savez-vous pourquoi il souhaitait vous voir passer l'arme à gauche ?" demanda-t-elle en sautant allègrement du coq à l'âne.

Sur ces mots la jeune actrice prit une nouvelle gorgée d'alcool, et grimaça légèrement à l'issue de celle-ci. Saké avait bien remarqué les regards répétés d'Uri à l'attention de sa cruche magique. Elle même n'y prêtait plus vraiment attention avec le temps. Elle s'était faite à la malédiction, et puis il fallait bien avouer qu'il y avait pire. Son contenu était vraiment délicieux. Le meilleur saké du monde en fait. 

-"Je ne vous ait pas présenté Zabuza - fit Saké en désignant sa cruche blottie à ses côtés - Je vous vois l'observer depuis un moment. J'oublie parfois que sa présence peut faire s’interroger les gens qui me croise. Habituellement je ne prends pas vraiment le temps de m’épancher sur ce sujet là, mais puisque nous en sommes aux confidences entre filles hein..."

Saké tira une longue bouffée sur sa pipe. Elle en cracha la fumée dans l'air, au dessus d'elle, en levant légèrement la tête vers le ciel. Les étoiles qui illuminaient la voûte céleste se reflétèrent alors dans sa pupille sombre. Saké reprit la parole. Son ton se fit moins léger et plus mélancolique. Son visage gracieux se faisait aussi plus triste à mesure qu'elle entreprenait de conter à Uri l'histoire de sa cruche, qui n’était rien d'autre finalement que sa propre histoire. L'alcool aidant ainsi que son naturel expansif et volubile, Saké raconta à son employeur les aléas du destin qui l'avaient conduite à être exilée du Pays du Thé.

En premier lieu sa volonté de ne pas suivre la voie indiquée par ses parents au profit de sa volonté de devenir comédienne. Puis elle conta sa rencontre avec Moon le désillusionniste et la troupe du Petit Théâtre des Songes. Elle raconta aussi comment au gré de ses voyages et de ses représentations, Keira Itsusémi était devenue Saké, elle qui avait apprit l'art subtil de l'illusion et de la manipulation mentale grâce à l'enseignement de maître dispensé par Moon. Enfin elle narra, non sans un brin d'émotion dans la voix, sa rencontre avec le Diable, le seul et l'unique. Elle expliqua le marché de dupe qu'il leur avait proposé et comment, en jouant sur les faiblesses des membres de sa troupe, il avait réussit à s'accaparer leurs âmes après les avoir tuer. Sauf elle, sauf Saké, qui à défaut de perdre la vie, se vit ôter un œil en compensation.

-"Depuis lors Zabuza me suit, comme mon ombre. Indéfectiblement et me rappelant régulièrement à mes vieux démons et mes pertes passées. Une malédiction en somme, c'est ainsi que l'a nommé le Diable. Suite à cette rencontre, je fut contrainte de mener une mission pour lui. Une mission qui m'amena à être arrêtée puis confondue devant la plus grande juridiction de mon pays. Je fut alors condamnée à l'exil et mes parents furent exécutés pour l'exemple en compensation de mon crime. " Dit-elle enfin le regard triste plongé dans les flammes et en portant une nouvelle fois le goulot de sa cruche jusqu'à ses lèvre.

Elle redressa ensuite son visage et regarda Uri, en forçant un sourire qui ne parvenait pas à rendre son visage moins mélancolique.

-"Je ne sais pas vraiment pourquoi je vous raconte tout ça, peut-être que j'ai encore un peu trop abusé de la boisson... Le pire c'est que je ne peux même pas vous en proposer."

A ce moment elle nota la présence de Thurias non loin, qui s'était silencieusement rapproché du camp et qui se tenait dans une posture plutôt solennelle. Elle regretta un instant de s'être livrée de la sorte sur sa vie alors que le Narzyite était à même de tout entendre, mais se dit que l'un dans l'autre, peut-être alors comprendrait-il mieux ses agissements et sa façon d'être.

Elle se sentait bizarrement bien à présent, apaisée, comme libérée d'un poids qui handicapait sa conscience depuis bien trop longtemps. Se laissant aller à fermer les yeux, elle tira sur sa pipe en écoutant l'agréable chant des grillons nocturnes qui donnait à ce moment un saveur particulièrement agréable.


[hrp : l'histoire complète que Saké à raconté dans les détails est dispo dans sa fiche si besoin] 

[Melkerah]

-Vous étiez amoureuse de lui ? fit Saké.
-QUOI ?! s'écria Uri avec horreur.

Elle écouta la suite des paroles de la comédienne, stupéfaite, et la détrompa.

-Non, j'étais simplement bien trop influençable. J'étais seule à l'époque. Je n'avais ni clan, ni taverne, ni manoir... Enfin, j'ai acquis tout ça pendant cette fameuse histoire. Et j'avoue qu'après qu'il m'ait laissé ça (elle montra sa cicatrice en travers de la gorge) je ne devais plus avoir les idées très claires. Quant aux missions... Il m'a toujours paru naturel d'y participer, et il restera toujours quelqu'un derrière moi en cas de problème. On a toujours agi comme ça.


Enfin, Saké présenta sa cruche magique. Depuis le début, la noctalienne n'avait put s'empêcher d'y jeter de fréquents regards curieux, et en apprendre plus était une petite victoire. Elle n'aurait pas cru que la comédienne le ferait spontanément. L'histoire était surprenante, bien que le début semble somme toute assez banal : une fille de bonne famille qui finit par abandonner son destin tout tracé pour devenir artiste... La suite était plus déroutante. Uri écouta attentivement toute l'histoire, agréablement étonnée d'avoir les confidences de la jeune femme et rassurée de ne pas être la seule à s'épancher.

-Je vous en ai moi-même raconté pas mal, essaya-t-elle de la rassurer, et je ne suis pas du genre à raconter ce que je peux apprendre sur les gens. Mais c'est une bien étrange malédiction qui vous afflige...

Finalement, songea Uri, elles se ressemblaient un peu toutes les deux.
Elle se dit aussi qu'il valait mieux essayer de se reposer, car le lendemain commençait la traque qu'elle attendait depuis longtemps. La noctalienne se roula en boule sur le sol et ferma les yeux pour appeler le sommeil.

[HRP : Thurias, si tu veux tu peux aller directement au lendemain pour passer à l'action ]

[Thurias de Narzyom]

Après avoir veillé une bonne partie de la nuit, Thurias réveilla Uri vers une heure et demi du matin, afin qu'elle prenne son tour de garde. Il se coucha non loin de son paquetage et s'endormit aussi sec. A six heure, le barbare se leva d'un bon et partit seul dans la forêt à la recherche de mûres, de framboises et autres fruits des bois. La cueillette fut fructueuse, et Thurias revint au campement, sous la lueur montante du jour, avec la bouche barbouillée de rouge et de noir. Il avait cependant pensé à ramener quelques survivantes à ses compagnes de voyage, les déposa directement sur le sol, non loin du feu, fumant encore de quelques petites braises. A peine eût-il déposé les fruits qu'il s'éloigna à nouveau du campement, avec son épée. Il n'avait pas envie de parler, si tôt dans la matinée. Sans être ronchon, Thurias exprimait son besoin de solitude au réveil, évitant alors tout contact avec les autres, sans pour autant les négliger.

Un peu en retrait par rapport au groupe, le barbare dégaina Farnodir et commença à frapper dans le vide, reproduisant des mouvement de combat et même des esquives. Le schéma semblait certes classique, mais l'ennemi imaginaire était presque visible tant les mouvements de Thurias étaient réels. Son visage était concentré, sourcils froncés et bouche serrée. Il jeta quelques coups d’œil au campement ou Uri était partie se recoucher, et où Saké avait prit le dernier tour de garde. Son esprit vigilant le poussait à veiller sur la troupe malgré tout. Même lors de cette nuit, il avait été interrompu dans son sommeil par des instincts primaires qui avaient mis ses sens en alerte, mais, malgré tout, le narzyite était en forme. Il avait dormi 4h tout au plus, mais son sang orc lui offrait une vigueur importante qui ne nécessite pas qu'il dorme aussi longtemps qu'un humain normal. Après cette démonstration, Thurias planta assez profondément son épée dans le sol et se mit à genou face à elle, la tenant toujours par son manche. Pour ceux qui connaissent les narzyites, cela semble être un hommage à Ockar, ou plutôt à tout le panthéon guerrier de la mythologie narzyite. Il se recueillit alors quelques minutes de cette façon avant de se relever, sortant son épée du sol comme on arrache une carotte.

Thurias revint au campement, épée en main et s'assit sur une souche avant de sortir un linge pour nettoyer sa lame souillée de terre. Il la récura de manière énergique jusqu'à ce que le soleil se reflète à nouveau dedans. Une fois son ouvrage terminé, le barbare observa les deux femmes et glissa quelque mot de manière neutre :

"J'ai repéré un coin d'eau non loin, j'vais m'laver, j'en ai pas pour longtemps."


Il défit son harnais qui maintenait le fourreau de Farnodir et partit dans la forêt sans plus de discours, son épée à la main. Aussi étrange que cela pouvait paraître, le barbare inculte semblait attacher une certaine importance à son hygiène, ce qui est plutôt rare pour un homme de sa trempe. Thurias avait bien conscience que cette habitude était curieuse même chez lui, cependant, il savait que cela faisait partie de son succès auprès de la gente féminine. C'est important après tout ! Et puis, le barbare n'aimait pas vraiment voir des mouches trainer autour de lui. Cela demeure probablement le point le plus charmant du barbare, c'en serait presque... Mignon.


Une fois arrivé au petit lac, le barbare sourit et se mit même à rire comme un dément. Il se dévêtit, posa son épée contre un arbre et plongea tel un enfant surexcité. Peut être que Thurias appréciait également le fait de s'immerger régulièrement dans l'eau afin de savourer un autre moment de solitude, et qui dit solitude, dit aucun auditeurs. Il fût alors prit d'une furieuse envie de chanter. Cela lui brûlait les lèvres. Il se laissa dériver quelque peu dans l'eau et ferma les yeux, commençant à faire quelques vocalises bouche fermer, faisant vibrer son corps et l'eau qui l'entourait. Thurias sourit alors comme jamais et entama alors un chant narzyite des plus patriotique, à propos de Thtronm et de son légendaire chef Ishtram. Même si il fût conscient que la forêt pouvait abriter quelques dangers, cela ne le dérangea pas de chanter à pleine voix sa chanson guerrière.

De la clairière, les deux femmes pouvaient entendre au loin la voix du barbare qui résonnait entre l'eau, les roches de la cascade qui remplissait le lac et les arbres. Comme une voix grave et harmonieuse, se modulant au fil des paroles, certes étranges due au dialecte utilisés, mais dont la profondeur se ressent par l'entonnement. La mélodie se voulant harmonieuse et folklorique.

[Mortelune]

Saké s'était endormie comme une souche, quelques minutes après s'être épanchée sur l'histoire de sa vie auprès d'Uri, comme l'ivrogne qu'elle était. Elle se réveilla non sans quelques bâillements, la bouche un peu pâteuse, mais globalement en bonne forme pour honorer son tour de garde qui fût probablement l'un des plus monotones de sa vie. Néanmoins cette petite balade en forêt lui fit le plus grand bien. Décontractée, tout en marchant, elle grignotait quelques unes des framboises qu'avait déposé le barbare à leur attention. Comme c'était délicat pensa-t-elle, surtout pour un rustre comme ce Thurias !

La rosée matinale donnait à l'air une petite fraîcheur qui poussa Saké à s’emmitoufler plus profondément encore dans sa large tunique noire, tout en rentrant son cou entre ses épaules. Elle n'avait jamais trop apprécié le froid et lui préférait les climats plus cléments, surtout lorsqu'elle avait trop bu la veille au soir et qu'elle dormait à moitié debout pendant un tour de garde. Son pas décidé mais leste lui permettait d'évoluer tout à fait silencieusement autour du campement. De ce fait elle surpris un couple d'écureuils en pleine toilette, qui détalla dès qu'ils virent approcher la comédienne, tout sourire.

Plutôt citadine depuis son exil, elle n'avait que peu l'occasion d'évoluer dans de pareils endroit, sauf lors de ses transits entre deux "représentations". Transits relativement fréquents puisque la particularité de ses spectacles ne lui permettait que rarement de rester plus d'une journée dans une même ville...

La comédienne suivi un petit sentier entre les arbres et les herbes hautes qui la mena jusqu'au campement. Uri était toujours endormie et Saké cru bon de devoir la réveiller, en posant délicatement une main sur son épaule et en secouant légèrement. Au même moment, Thurias débarqua d'on ne sait-où pour leur indiquer son intention de procéder à quelques ablutions matinales. Cela eut pour effet de surprendre quelques peu la jeune femme, mais dans le même temps de la réjouir aussi. Trop souvent avait-elle du endurer les effluves caractéristiques des mercenaires peu regardant de leur hygiène. Son sens olfactif s'en souvenait encore, pour son plus grand déplaisir.

Elle hocha la tête en signe d'approbation avant d'indiquer à son tour que son tour de garde prendrait fin à son retour. Souvent, les gens aimaient disposer de quelques moments le matin, dans le silence, seuls. Saké en faisait partie et visiblement Thurias également. La fin de son tour de garde permettrait également à Uri de se retrouver un moment en paix au camp, pour se réveiller tranquillement. Saké s'enfonça donc à nouveau dans la foret. Alors qu'elle déambulait au gré le long d'un ruisseau qui lui permit de se rafraîchir le visage et que seuls le bruissement du vent dans les cimes des arbres et les chants des oiseaux meublaient le silence sylvestre, Saké fut surprise par un bien étrange phénomène auditif... celui d'un Narzyite chantant.

Elle qui disposait d'une oreille avertie, reconnu au loin la voix du mercenaire dès la première note. Elle fut extrêmement étonnée car celui-ci chantant juste et de son avis, de façon plutôt agréable. Elle ne put alors retenir sur son visage le dessin d'un large sourire qui se déploya presque de l'une à l'autre de ses oreilles. Lorsque le chant pris fin, elle estima que Thurias devait en avoir finit avec sa toilette, elle décida de rebrousser chemin vers le camp. Elle y retrouva donc Uri à laquelle elle adressa un salut de la main accompagné d'un sourrire sincère.

-"Bien dormi ? - demanda-t-elle - Prête à reprendre la route ?"

[Melkerah]

Il n'avait fallu qu'une ou deux minutes à Uri pour sortir du sommeil et commencer sa journée. S'éveiller rapidement était une qualité très recommandée chez les noctaliens, et elle avait reçu suffisamment de coups de pieds au cul pour avoir somnolé dans sa jeunesse pour que cela devienne naturel. Saké était allée faire un tour de garde, Thurias était parti faire autre chose, Uri était donc seule pour le moment. Tant mieux, la solitude était un repos de l'esprit dont elle avait bien besoin. Elle fit quelques étirements, sortit ses griffes de lycan pour les aiguiser sur un tronc d'arbre et sortit de quoi manger.
Soudain, un son lointain et étouffé parvint à son ouïe fine. Un voix. La personne qui faisait ce bruit devait y aller à pleine voix pour faire un boucan pareil malgré la distance... Il fallut quelques instants à la noctalienne pour identifier la voix de Thurias, mais elle ne put percevoir la chanson, trop assourdie de là où elle se trouvait.
Enfin, Saké revint de son tour et la salua. Uri répondit à son sourire et à son signe de la main.

-Oui, bien dormi, et prête à repartir. De toute façon, à partir d'aujourd'hui, je ne dirige plus les opérations pour ne pas faciliter la tâche à mon frère. Je me contenterai de suivre et de faire ce que vous me direz, Thurias et vous.

La pleine nature faisait un bien fou à la noctalienne, dont la seconde nature lycanthrope se réjouissait de retrouver son élément naturel. L'appel de la chasse était fort, mais Uri avait appris à brider ce genre d'instincts.
Elle finit son petit-déjeuner, réarrangea sa tenue et son équipement et fit signe qu'elle était fin prête pour reprendre la traque. Il n'y avait plus qu'à attendre le retour de Thurias.

Une nuée d'insectes, noirs et minuscules, attendait répartie un peu partout dans la forêt, à bonne distance de leur camp, pour espionner les intrus à leur passage. Beaucoup plus loin, dans la direction du campement actuel des homo-novus, un escadron de géants blindés accompagnés des gros bleus attendaient le signal d'attaque.

[Thurias de Narzyom]

Le barbare apparut à nouveau dans la clairière, encore trempé, son épée en main. Il n'adressa pas plus la paroles aux deux jeunes femmes qu'avant de partir. Il s'assit alors sur une souche présente non loin du petit campement, rangea son épée dans son fourreau et se mit à tresser son long bouc d'un doigté agile et précis. Tout en même temps, il observait autour de lui ce qu'il se passait sans vraiment s'en soucier. Il ramassa son paquetage et ses provisions, ne manquant pas de balayer les cendres d'un coup de pied. Lorsqu'il constata que la troupe s'était assemblée et que le départ semblait imminent, Thurias attrapa Saké sans même lui demander son avis et la porta sur son épaule tel un sac à patate, sa main droite sur son dos. Il se permit cependant de lui expliquer :

"Étant donné que tu veux faire la morte, Saké, ce serait bien de le faire jusqu'au bout. J'ai entendu des vrombissements pareils à ceux des insectes de Romias, il y a donc de fortes chances pour qu'ils nous repèrent à nouveau, et si ils apprennent à leur maître que tu es en vie, et bien, tu te sera donné tout ce mal pour rien."

Le barbare avait finalement accepté la feinte de Saké. En effet, si il semblait réticent à la manière de procéder, Thurias n’interférerais jamais à l'encontre d'un bon plan. Ce ne sont pas ses méthodes, c'est tout. Sa démarche était plutôt rapide et son regard vagabondait. Il cherchait des traces d'insectes de Romias, chaque indice le mènerait probablement à lui. Une griffure sur un arbre, un nouveau vrombissement, Thurias suivait une piste assez claire au final. Il sauta sur des rochers en surplomb et tourna sur lui même pour s'assurer qu'il n'y a aucun ennemi proche. Thurias était presque vexé qu'il n'y en eusse pas. Il se permit d'indiquer à Uri, une fois sur le surplomb :

"Rien ici, mais je pense qu'on se rapproche. L'odeur de ces insectes et leur vrombissement se fait plus vif."

L'odeur ? Thurias possédait vraisemblablement des sens plutôt affûtés, probablement dus à son ascendance orque. Il n'y avait qu'à le voir pister pour se rendre compte de tout ça. Il était cependant dur de distinguer ses origines de par son physique. Sa couleur de peau était étrange et ses yeux également, mais tout ceci frappait aux yeux lorsqu'il agissait de la sorte ou qu'il combattait. Il tourna la tête de tous les côtés tel un oiseau de proie, cherchant la moindre trace.

[Mortelune]

Saké ne put retenir un sursaut de stupeur et de surprise lorsque Thurias s'empara d'elle avec autant de facilité que s'il s'était agit d'un fétu de paille ou d'une vulgaire bûche.

-"Hey mais qu'est-ce qu'....." eut-elle à peine le temps d'expirer qu'elle se trouvait déjà en balancier sur la puissante épaule du barbare.

Alors, ce dernier lui expliqua la démarche, qu'elle eut tôt fait de comprendre. C’était plutôt bien vu, pensa-t-elle alors sans pour autant le faire remarquer à l'instigateur de la brillante stratégie. 

-"Je vois.... Mais fait gaffe ou tu poses tes mains et n'en profite pas pour me reluquer l'arrière train..." se contenta-t-elle de répliquer d'un ton qui mêlait résignation et approbation. Après quoi elle se tût définitivement, d'autant que Thurias semblait avoir perçu quelque chose.

Saké décida donc de jouer le jeu du cadavre. On ne peut pas dire que la position était confortable mais elle avait appris avec l'experience que tous les voyages ne formaient pas la jeunesse et qu'il fallait parfois, pour le bien de tous et surtout pour assurer sa survie, s'en accommoder et s'y adapter. Aussi, elle ralenti volontairement sa respiration de façon drastique et se calma radicalement. Ses pulsations cardiaques, en toute logique, sur firent plus espacées et plus discrètes également. Puis, la comédienne laissa aller ses membres comme si elle n’était plus qu'un poids mort et inerte dont les seuls mouvements étaient provoqués par la démarche du Narzyite qui la portait. Bientôt, elle savait que Thurias même ne sentirait plus sa présence.... 

Elle était prête, tous ses sens aux aguets. 

[Melkerah]

Uri était à la fois soulagée et inquiète à l'idée de repartir. Cela faisait des mois qu'elle préparait le moment où elle pourrait enfin retrouver son traître de frère, et l'idée d'en finir avec cette sale histoire la grisait et l'angoissait à la fois. Sentant bien que son esprit faisait n'importe quoi, la noctalienne se recentra sur le moment présent.
Il était surprenant de voir avec quelle facilité Thurias avait soulevé Saké, qui était certes mince, mais avec tout le paquetage, cela devait quand même peser. Le Narzyite avait également non seulement intégré la stratégie de la comédienne avec une rapidité étonnante vu sa première réaction, mais fait en sorte que la supercherie fonctionne au mieux.
Saké aussi se montrait fort compétente : il ne fallut pas longtemps pour qu'elle paraisse véritablement morte, ballottée par les mouvements de son porteur comme si plus rien ne pouvait la faire réagir.
En revanche, il restait un petit détail qui chagrinait Uri : Thurias marchait bien trop vite pour elle avec ses longues jambes. Elle n'était pas spécialement lente, loin de là, mais le barbare l'obligeait presque à courir pour rester à sa hauteur. Si elle voulait le suivre sans s'épuiser, elle devait se transformer. La dissimulation était tellement ancrée dans ses habitudes que briser un secret pour ça lui semblait stupide, mais elle savait aussi que ce secret n'avait aucune bonne raison d'être gardé. Sauf peut-être l'incertitude sur la réaction de ses deux acolytes.
Elle allait le savoir tout de suite.

-Thurias, l'interpela-t-elle.

Elle préférait le prévenir afin qu'il ne soit pas surpris. On ne sait jamais.
Uri s'arrêta un instant, le temps de se changer en une grande louve noire plus apte à suivre l'ample foulée du guerrier que des jambes de noctalienne. Cela ne prit que quelques instants, après quoi elle se remit en route en trottant souplement, estimant qu'il ne faudrait pas longtemps à Thurias pour retourner à la mission.

[Thurias de Narzyom]

Thurias souriait tel un prédateur face à une proie facile lorsque Saké répondit à son acte par quelques phrases plutôt peu communes, pour une femme non narzyite. Il appréciait même l'humour de cette dernière, finalement proche du sien. Thurias ne fût surpris que d'une chose : La capacité qu'avait Saké pour faire croire qu'elle était bel et bien morte. Le barbare lui même commençait à avoir le doute.

La fougue du guerrier l'avait porté un peu en avance par rapport à la noctalienne, sans doute l'air matinal, le réveil progressif dans le cours d'eau et le petit-déjeuner l'avaient probablement rendu trop énergique. Visiblement, il en fallait peu. Uri se permit alors de freiner l'élan du barbare en l'interpellant. Thurias se tourna vers la noctalienne qui, peu à peu, se changea en une louve plutôt imposante, et assurément, redoutable. Elle lui faisait penser aux loups qui peuplaient les forêt de la région de Thtronm, imposant, rapides et mortels. Hormis cet étrange impression de déjà vu et l'admiration qu'il portait pour les bêtes sauvages, Thurias ne se sentit pas impressionné par le petit tour de métamorphe de sa commanditaire. Il était simplement ravi. Je comprends comment cette petite femme nous sera utile, pensa t-il. Dans cette forme bestiale, la noctalienne semblait pouvoir suivre plus aisément la marche soutenue du géant du nord. Thurias se mit alors à ricaner, d'une voix rauque et presque sinistre, comme bercé par quelques idées morbide.

La réalité, c'est que Thurias se trouvait au final bien mieux entouré qu'il ne le pensait. Il prit alors un air rêveur et s'égara dans les combats à venir, imaginant et interrogeant les méthodes que chacun utiliserait pour écraser son adversaire. Il sortit de sa rêverie, revenant à la mission, et se mit à chercher partout si il ne voyait aucune trace, ne sentait aucune odeur ou n'entendait aucun bourdonnement. Il s'arrêta à chaque endroit susceptible de servir de cachette à un des sbire microscopique de Romias, tel une bête sauvage qui cherchait son repas. Ses mouvement rapide et ses demi-tour fréquents, proche des arbres, firent virevolter le corps de Saké qui manquait à chaque fois de se prendre le moindre obstacle. L'intuition du barbare s'en trouvait alors plus impressionnante. Il parvenait à suivre sa mission et, malgré tout, à ne pas blesser sa factice cargaison funèbre. Depuis quelques minutes, le barbare n'avait plus dit un seul mot, se terrant à nouveau dans le silence, peut être par souci professionnel.

[Mortelune]

Ballottée comme elle l'était, ainsi positionnée sur l'épaule de Thurias, et feignant la mort, Saké n'avait guère la possibilité de s'enquérir de ce qu'il se passait autour d'elle. L’œil clos, elle ne pouvait vraiment compter que sur ses sens auditif et olfactif pour se faire une idée de la situation. Les mouvements du Narzyite étaient également un indicateur précieux, ainsi que son souffle, la fluidité de ses mouvements, mais aussi sa tension musculaire. Une analyse fine de ces éléments permettaient à l’héritière de la famille Itsusémi de tirer quelques conclusions au sujet de la nature du terrain, les moments d'alertes du Barbare et ceux durant lesquels il progressait bon train. 

Puis vint un moment plutôt surprenant qui suivit l'appel d'Uri. Soudainement, l'odeur caractéristique d'un animal sauvage vint doucement titiller l'odorat de l'artiste. Elle mit tout d'abord cela sur le compte du fait que leur petit groupe traversait justement le cœur d'une forêt, lieu de résidence tout indiqué pour certains canidés, mais bientôt son ouïe décela également les bruits de pas d'un quadrupède qui progressait à leurs côtés. Elle pensa d'abord à un chien errant ou un renard peu farouche, mais elle dut se rendre à l'évidence, au son que produisait l'animal, qu'il s'agissait de quelque chose de plus gros et plus imposant.

Saké fut sur le coup assez frustrée de ne pas pouvoir en savoir plus, handicapée qu'elle était par sa cécité volontaire. Ce petit intermède l'amena à penser que bien que cela fasse partie du plan, sa situation était plutôt contraignante et pourrait éventuellement se retourner contre eux en cas d'embuscade. Sa réactivité se trouverait forcément altérée en pareille situation. Il lui fallait donc une fois de plus improviser. Ce qu'elle fit aussitôt.

Il sembla alors à Thurias qu'une main invisible et douce vint subrepticement effleurer sa tempe droite. Une sensation extrêmement agréable qui survint quelques secondes avant l'apparition d'une brise légère qui, au même moment, vint caresser son visage. Cette brise fut comme un souffle rafraîchissant et frissonnant qui emporta avec elle quelques feuilles mortes virevoltantes et monopolisa un instant l'attention du natif de Thtronm. Puis le mercenaire senti sur son épaule chargée comme un imperceptible fourmillement accompagné d'un inquiétant soupir malsain, semblable à celui que rend un homme juste avant son ultime rendez-vous avec la grande faucheuse.

L'instant d'après, la brise était tombée, d'une façon si subite qu'elle paraissait presque surnaturelle. L'épaule de Thurias, quant à elle, n’était plus animée d'aucune sensation inhabituelle. Bizarrement, Saké lui semblait encore plus légère que précédemment ce qui était plutôt déroutant. Malgré toute sa concentration, il ne parvint plus à déceler le moindre mouvement respiratoire de la jeune comédienne qui affichait même à présent quelques signes de rigidité cadavérique. 

Un œil averti aura aperçu, à l'issue de ce petit laps de temps plutôt étrange, un petit rouleau de parchemin blanc et déplié épinglé à un très fin fil de pêche, qui pendait à présent depuis l'ample manche du kimono de Saké. Sur ce dernier étaient dessinées quelques calligraphies orientales compliquées et sur son verso, à qui le lirait, un message bien mystérieux : "Je vous ai à l’œil...".


[hrp : Saké a usé d'un tout petit tour de contrôle mental sur Thurias. Normalement, je sais que ce genre de chose ne se fait pas sans l'accord du PJ impliqué, mais en l’occurrence, c'est plus pour le style et apporter un peu de fun au récit. Si cela avait été dans le cadre d'un combat contre un ennemi, je lui aurai évidement laissé l'opportunité de résister (ou pas) à la tentative de Saké. Tout cela pour dire que la brise fraîche n’existe que dans l'esprit de Thurias et que Uri ne perçoit rien de tout cela :p - PS : si ça vous gêne je modifie sans problème]

[Melkerah]

Uri se sentait bien plus à l'aise maintenant qu'elle avait pris sa forme lupine, ne serait-ce que parce qu'elle n'avait plus à forcer pour soutenir l'allure de Thurias. Ne percevant rien de ce que Saké venait de faire au barbare, elle se contenta d'avancer en analysant les odeurs, comme elle le faisait toujours une fois transformée.
Elle se sentait un peu anxieuse du fait de l'absence de menace, connaissant assez Romias pour penser que ce n'était que le calme avant la tempête et que cette tempête finirait bien par se déclencher tôt ou tard. Ne pas savoir quand était stressant.

Grâce à sa capacité toute récemment découverte de détection de la magie, Thurias fut le premier à percevoir l'approche des insectes de Romias. Ils étaient encore loin, mais le petit groupe avançait droit dans leur direction, et l'intensité du bourdonnement indiquerait peut-être au barbare que leurs ennemis étaient nombreux.
Enfin, un minuscule espion chitineux vint en reconnaissance pour transmettre à son maître l'état des trois intrus, leur tournant autour à distance respectueuse d'un vol quasi silencieux. Il vit que le grand humain portait leur compagne morte au combat et transmit cette victoire à Romias. Finalement, il repartit aussi vite qu'il était venu, faisant des détours pour ne pas risquer de trahir la position des escadrons de combat.

La lycan ne put percevoir que le tout petit insecte espion, mais cela suffit à la mettre sur ses gardes. Ses instincts sauvages, toujours plus puissants sous sa forme de louve, la rendaient impatiente à l'idée d'un affrontement.

[Thurias de Narzyom]

Le guerrier sentit tout à coup son fardeau pseudo-mortuaire s'alléger d'une manière plutôt... Subite. Une légère brise également fit son apparition, caressant la tempe du solide narzyite. Tout ceci lui semblait... calculé. Il ne préféra pas tarder sur cette impression, réalisant que ce fût probablement un autre artifice de Saké, pour se concentrer sur une sensation qui grandissait ne lui, comme une immense vague, puissante et évocatrice, plus forte qu'un pressentiment. Cette sensation, il commençait à la connaître, mais aussi forte... Cela lui rappelait la gorgone. Cette créature colossale était repérable de par sa présence immense. Thurias ne comprenais pas ce que cette sensation fût réellement, mais il savait qu'il pouvait l'utiliser. Quelque chose de gros se rapprochait. Non ! Pas quelque chose de gros... Plusieurs petites choses ? L'intuition de Thurias s'avérerait peut être juste, quoi qu'il en fût, la sensation s'amplifiait. Il fronça les sourcils et haussa la voix pour prévenir Uri :

"Je crois qu'on s'approche. Prépare toi à quelque chose de costaud."

Après sa petite réplique, déclamée avec son accent barbare, Thurias se mit à sourire et glissa quelques mots à Saké, d'une voix soudainement plus posée, plus chaude, mais toujours enveloppé d'un accent rude :

"Je te laisse deux solutions, Saké. Soit je te pose au sol le temps de l'affrontement, sois je te garde sur mon épaule, et de cette manière, tu pourrais te rendre utile furtivement. Qu'en pense tu ?"

Sans même avoir posé un oeil sur la concernée, le barbare sortit à nouveau son épée. Si c'était une nouvelle nuée d'insecte, elle serait la meilleure option, mais si c'est un monstre absolument colossal, peut être vaudrait-il mieux qu'il sorte sa masse. C'est pour cette raison qu'il la jeta sur le sol après l'avoir négligemment glissée hors de son paquetage. Lorsqu'il sortit cette dernière, sa façon négligente de traiter son arme témoignait de l'usage qu'il faisait de cette dernière : Frapper, fracasser et écraser. Mais sa facilité à l'envoyer hors de son paquetage témoignait d'une force brute terrorisante. La masse en question était une sorte de marteau de guerre, fortement cabossé à l'enclume, terminé par une lame décorative et pourtant assez usée ainsi qu'un bec de corbin, plus proche d'une lame de faux qu'autre chose. L'aspect brut de l'objet témoignait encore une fois de l'héritage orc encore présent dans la civilisation Narzyite.

[Mortelune]

Saké était déjà loin du barbare lorsque ce dernier s'adressa au mannequin qui avait pris sa place sur son épaule, encore une fois à son insu. Il est probable que Thurias bouderait un bon moment après cette nouvelle supercherie mais elle avait souhaité rester la plus discrète possible dans sa démarche pour n’éveiller aucun soupçon ennemi. Elle se doutait que de nombreux espions devaient patrouiller dans les environs, il s'agissait donc de demeurer indétectable jusqu'au début du combat. Elle profiterait alors d'un effet du surprise et, qui sait, peut-être pourrait-elle débusquer un Romias, positionné en retrait et en observation, tandis que ses deux compères se chargeaient des bestioles.

Elle aviserait en fonction des forces en présence. Si l'infériorité numérique devait se révéler périlleuse pour ses compagnons, elle les rejoindrait pour leur prêter main forte. A l'inverse, si tout semblait dans leurs cordes et sous contrôle, elle tenterait alors de débusquer le repaire du frère maudit...

Perchée qu'elle était sur la cime d'un chêne probablement plusieurs fois centenaire, la comédienne observait Thurias, un mannequin à l'épaule, rendu copie parfaite de l'artiste à l'aide d'une illusion temporaire, tandis qu'un magnifique loup rodait à ses côtés. 

Le tableau était somptueux. Il y avait une certaine grâce qui se dégageait de ce moment. Le mercenaire progressait d'un pas qui alliait puissance et élégance, une masse énorme à la main, n'éprouvant visiblement aucune peur mais dont l’excitation provoquée par le prochain affrontement était clairement ostensible. Uri, quant-à elle, sous sa forme animale en imposait aussi, tout en énergie, le regard fier de l'animal qui part en chasse, le pelage soyeux caressé par une brise qui le faisait danser au rythme de vagues douces et luisantes. 

Saké aurait aimé immortalisé ce moment d'une peinture, pensant que ses propres souvenirs s'envoleraient avec elle à sa mort. Malheureusement, le temps ne s'y prêtait pas. Les deux pieds en équilibre sur une fine branche et accroupie, elle ajusta solennellement une dernière fois ses cheveux d'un geste de la main et repositionna les baguettes laquées qui maintenaient son chignon en place avant d'expulser un soupir qui vida l'intégralité de l'air contenu dans sa cage thoracique. Elle venait d'achever sans s'en rendre compte le rituel qui rythmait chacune de ses préparation au combat.

La main droite sur le manche de son épée de maître, recouvert de bandages rouges et usés par le temps et les combats, elle retira le cordon qui le reliait à son fourreau. Sa main gauche crispée sur ce dernier, elle le fit glisser de quelques centimètres pour rendre visible une partie de la lame magnifiquement ouvragée et couverte de calligraphies et symboles orientaux venus de la contrée de Saké.

Son œil, fixé sur ses amis, n'était pour une fois pas mis clos, mais bien éveillé et proposait un regard d'une intensité rarement observée chez elle. Ses lèvres souvent promptes au sourire étaient cette fois irrévocablement immobiles, et témoignait de la tension qui habitait la jeune femme. 

Cette fois-ci, pas de place pour l'amusement, le combat serait sérieux et elle aussi. Chacun pourra s'en rendre compte.

[Melkerah]

Soudain, la bataille commença.
Thurias sentit arriver les poids-lourds qui leur fonçaient dessus, rapides malgré leur masse, et bientôt le bruit qu'ils faisaient alerta aussi Uri. Les cliquettements, les branchages cassés et arrachés, les grincements se firent bientôt assourdissants. De son point de vue, Saké put constater qu'ils étaient une dizaine, ce qui pouvait paraître peu, mais leur demi-tonne chacun de muscles, de chitine et de venin rendait la menace bien plus palpable.
Les créatures étaient difformes, dotées d'une douzaine de pattes étrangement articulées, courtes mais rapides, qui dépassaient à peine d'une épaisse carapace qui ne laissait que les yeux et les mandibules sans protection. Ils ressemblaient à d'énormes mille-pattes trapus et massifs, et trois d'entre eux possédaient de gros crochets à l'arrière, dont les couleurs criardes annonçaient la toxicité.

Dès qu'elle identifia le danger, Uri forma son bouclier de noirceur autour d'elle. Elle se plaça derrière Thurias afin de se protéger mutuellement le dos et tenta sans grande conviction de hérisser sa protection de pieux, qui ne firent effectivement pas grand-chose aux assaillants. Ne pouvant s'occuper du barbare, qui n'en avait de toute façon pas besoin, elle se concentra sur elle-même. Avec un effort de concentration, elle détacha un des pieux du bouclier pour le précipiter dans l’œil du monstre le plus proche. L'arthropode recula précipitamment, ce qui confirma la fragilité de ses yeux, mais un de ses congénères bloqua sa fuite et le pieu de noirceur l'éborgna malgré tout. Cliquetant de colère et de douleur, la bête pivota avec difficulté pour laisser la place à ses compagnons le temps de se remettre.
Ils étaient donc rapides, mais manquaient d'agilité. C'était bon à savoir, même si cela n'aidait pas énormément la noctalienne dans cette position. Elle reforma des organes vocaux fonctionnels.

-Thurias, je laisse tes arrières, je ne peux pas me battre comme ça !

Puis elle récupéra sa gueule lupine et prit une forme à mi-chemin entre le loup et la noctalienne pour sauter par-dessus la mêlée, laissant son bouclier s'évaporer.

[Thurias de Narzyom]

La proximité des bêtes avait permit à Thurias d'identifier leur nature. Il planta alors son épée dans le sol pour se saisir de son marteau de guerre, mais, la charge d'un des colosse en chitine survint et Thurias fût alors entrainé jusque contre un arbre. Thurias grimaça, mais plus par dégoût et agacement que par douleur. Le barbare était désarmé, mais pas de son courage. Il décida alors de frapper l'insecte en envoyant ses deux coudes cabosser le crâne visiblement fragile de la créature. L'attaque porta ses fruits, et la créature s'écarta de sa cible en lâchant des cris stridents, permettant ainsi au guerrier de s'avancer. Le narzyite laissa alors exploser sa colère dans un cri de guerre qui retentit dans toute la zone. Il inspecta son épaule et remarque que Saké n'y était plus, constatant ceci par l'apparition d'un mannequin en piteux état contre l'arbre sur lequel il avait été plaqué. Encore une nouvelle supercherie, à laquelle il ne voyait pas l'utilité, encore une fois. Le barbare bouillonnait alors d'une colère passagère, plus guerrière que récurrente. Il passa vite à l'action, ramassant son marteau de guerre après une roulade avant de le faire tournoyer pour venir éclater le crâne de son précédent agresseur. Le sang, les yeux et tout ce que ce crâne contenait vola alors en éclat sous la puissante attaque du barbare, qui se retrouva alors aspergé par le tout. Le sang visqueux de l'insecte collait à sa peau, et Thurias transforma ce répugnant liquide en peinture de guerre, l'étalant rituellement sur sa peau. Les pupilles du barbare étaient dilatées, ses yeux grands ouverts, ses sourcils froncés et ses dents serrées, tel un loup à la recherche de sa proie.

Il hurla à nouveau avant de charger quelques insectes plutôt hésitants. La course du barbare fut vive et son résultat serait probablement dévastateur, seulement, ce dernier fût intercepté par un autre monstre, cette fois ci doté de deux crochets assurément venimeux. L'insecte avait plaqué le barbare sur le sol et se tenait au dessus de lui, prêt à l'achever. Mais Thurias ne le vit pas de cette façon. Après avoir lâché son marteau sous le coup, Thurias se défendit d'abord avec ses poings, ses jambes et ses pieds, mais la bête était tenace. Il sortit son couteau de chasse et éventra l'horrible chose qui déversa ses immondes viscères sur lui, dans un cri d'agonie. Les immondes pourritures qui s'en découlaient semblaien corrosives, et le barbare eût alors vite fait de dégager le cadavre du monstre. Un venimeux en moins, c'était déjà ça. Les braies de Thurias ne ressemblaient alors plus qu'à une loque, ne couvrant presque plus que le stricte minimum. Mais ce fût le cadet des soucis de Thurias. Dans sa tête, rien n'était plus important à présent que le combat. Il s'assura cependant qu'Uri était encore en forme. Cette dernière s'était dégagée de la mêlée rapidement, bien qu'il ne le compris pas, il ne cherchait qu'à savoir si cette dernière était encore en vie. Un bref coup d'oeil avait alors assuré au barbare que cette dernière était encore ne bonne santé. A présent, il fallait se reconcentrer. Thurias rangea son couteau et s'empara à nouveau de son marteau. Il tourna sur lui même lentement et se prépara à n'importe quelle attaque, de n'importe où, puisque, à présent, il se retrouvait cerné.

[Mortelune]

Le combat avait commencé depuis quelques secondes et l'on pouvait déjà constater qu'il serait compliqué pour Uri et Thurias de s'en sortir sans encombre tant l'assaut ennemi était emplit de rage. Largement supérieurs en nombre, les assaillants insectoïdes déferlaient sur le champs de bataille à grande vitesse, brandissant mandibules tranchantes et dards empoisonnés en direction de leurs cibles.

Depuis son poste d'observation sylvestre, Saké contemplait calmement la scène de combat. Les rangs ennemis étaient constitués de plusieurs espèces qui chacune remplissaient un rôle précis. Les sortes de gros scarabées avaient foncé les premiers et tenaient le front, face à Thurias et Uri. Derrière leurs épaisses carapaces chitineuses, ces immenses bestioles étaient effectivement toutes indiquées pour les opérations d'attaque frontales et de contenance des forces adverses. Occupant ainsi les deux compères, les espèces plus vivaces pouvaient tenter de profiter des quelques ouvertures dans les défenses de la Noctalienne ou du Narzyite pour frapper chirurgicalement.

La stratégie était imparable. Si Saké n'agissait pas, il y aurait des pertes, c’était quasiment joué d'avance. Romias n'avait rien laissé au hasard, et pourtant il pensait n'avoir à faire qu'à deux adversaire...

Malgré le déroulement du combat, la jeune Dame du Thé n’était pas vraiment sûre de la meilleure stratégie à tenir dans le cas présent. Fallait-il rejoindre la bataille et porter secours à ses compagnons, au risque de perdre à nouveau la trace de Romias qui devait pourtant se trouver à portée, non loin ? Ou bien fallait-il les laisser face à leurs difficultés, et débusquer le frère maudit coûte que coûte ?

Tiraillée par ses réflexions et sa propre éthique de combattante, en peu branlante par moment, Saké décida de ne pas choisir, ou plutôt de choisir les deux options.
Embusquée qu'elle était au milieu des feuilles vertes et perchée sur sa branche, l'artiste ferma son œil et huma l'air frais de la foret pour mieux se concentrer. Ce faisant, elle percevait d'autant mieux le vacarme brutal du combat qui se déroulait plus bas. Tranquillement la jeune femme marmonna une rapide incantation et fit quelques signes étranges de ses doigts qui se muaient dans l'air. Une fois cet mystérieux rituel achevé, Saké rouvrit son œil et se redressa d'un bond, toujours en équilibre stable sur la fine branche de chêne. 

-"Voila qui devrait vous aider, les amis..." dit-elle en chuchotant presque avant de bondir de branches en branches dans une direction opposée au champs de bataille. Romias me voici, pensa-t-elle alors.

Au même moment, alors que la lutte faisait rage entre Uri, Thurias et les dangereux insectes, un phénomène plutôt déconcertant survint alors. Comme surgissant de nulle part, certains depuis la cimes des arbres et d'autres comme émergeant des tas de feuilles d'arbres qui jonchaient le sol, une bonne douzaine d'individus qui ressemblaient traits pour traits à Saké venaient de rallier le combat, épée à la main. 

Constatant la nouvelle donne des forces en présence, les insectes durent réorganiser leurs assauts. Une bonne partie d'entre eux se désintéressa de leur cible actuelle pour se détourner vers l'une des répliques de l'excentrique combattante orientale. Bien sûr, cette dernière n'avait fait apparaître que des clones d'elle même. De simples images miroirs qui ne pouvaient porter aucun dégât à l'adversaire. A peine pouvaient-elles parler et effectuer quelques actions simples comme porter un vrai objet ou bien ouvrir une porte. Elles étaient donc extrêmement faibles, un simple assaut suffisait pour les réduire en fumée scintillante, mais leur vraie force ne résidait pas là. Leur atout était leur nombre et l'effet de surprise qu'elles avaient immiscé chez l'ennemi.

Ainsi, la pression se fit moins intense sur la combattante-louve et le barbare, les deux compères de Saké qui pouvaient à présent souffler un peu et préparer leurs prochains assauts avec plus de facilité. De son côté l'illusionniste progressait bon train dans la forêt et tentait de débusquer un signe qui pourrait trahir la présence de Romias.

[Melkerah]

Uri se laissa un instant distraire par l'arrivée impromptue des clones de Saké, qui, fort heureusement, détournèrent également l'attention des insectes géants. Ne sachant pas quelle pouvait être le degré d'efficacité des copies de la comédienne, elle reprit ses esprits et profita de l'ouverture dans les rangs ennemis. Ayant préféré se dégager, elle se trouvait à l'extérieur du champ de bataille, ce qui lui permit de prendre à revers plusieurs ennemis. Toujours sous sa forme hybride, elle fit apparaître trois pieux de noirceur et bondit sur le dos de l'insectoïde le plus proche pour lui planter un des pieux dans l’œil. Avec un effort, elle parvint à enfoncer son arme jusque dans le cerveau primitif de la créature, qui continua de bouger quelques secondes avant de s'écrouler, vaincu. Sans attendre la mort du premier, elle bondit sur un second, qui connut le même sort, puis sur un troisième. Une fois les trois pieux utilisés, elle les laissa s'évaporer pour en créer de nouveaux.

Les insectes ne purent faire la différence entre les vrais adversaires et les faux. Distraits par l'assaut imprévu de douze nouveaux adversaires, ils délaissèrent les deux seuls véritables combattants, qui eurent tout loisir de les attaquer sans résistance.
Romias n'avait pas imaginé telle situation. Il avait considéré que l'orientale était bel et bien morte, tuée par ses insectes bleus piqueurs, et n'avait jamais rencontré quiconque capable de se dédoubler ainsi.
Cependant, connecté à ses troupes, il prit rapidement compte de la nouvelle donne et réagit en conséquence. Il avait gardé un escadron d'insectes bleus à disposition, trop loin du champ de bataille pour intervenir à temps, mais prêts à aller cueillir sa sœur et les mercenaires qu'elle avait recrutés. Il leur faudrait un moment pour arriver, mais lui-même ne risquait rien.
Saké ne tarda pas beaucoup à dénicher les traces de leur ennemi. Des branches cassées, arrachés par une personne pressée de s'en aller, des traces de pas sur le sol. L'homo novus qui était passé par là n'avait visiblement pas bien intégré les leçons sur la furtivité.
Bien sûr, aucun noctalien, même mutant, n'aurait laissé de tels indices sur son chemin...

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