La clairière des Chattemittes

[Zodiac]

Direction la porte Sud de Clantor, quelques bornes plus loin, un chemin terreux à peine visible bordé de champignons et voilà. La clairière était ni plus ni moins qu'un bosquet rond dont les herbes étaient étrangement courtes ou même absentes par endroits. Des petits animaux gambadaient en croquant les rares chardons sucrés. Une branche craqua, tous se retournèrent, un intrus avait pénétré la clairière. Tous ces petits êtres à fourrure se réfugièrent en un rien de temps dans leurs terriers, sortant parfois leurs museaux pour s'assurer si l'étranger était toujours là. Mais cette personne n'avait rien d'une chasseuse. Elle toussa affreusement, faisant s'envoler quelques oiseaux. Ses yeux s'ouvrirent comme si elle avait été réanimée. Ses mains agrippèrent un bout de bois fin qui sortait de son épaule. Ismène tira et la flèche s'en alla de son bras. Elle retira sa cuirasse avec précaution et se fit un bandage avec un morceau de toile de son sac. Une blessure de plus pensa-t-elle. Elle tapota son sac pour s'assurer que le coffret qu'elle avait du récupérer n'était pas tombé pendant la fuite des caravaniers. Regardant la lune s'étirer dans le ciel, la jeune femme sourit et se mit en quête de trouver du petit bois, c'était fort simple, à l'orée de la clairière pullulaient les petits buissons secs étouffés par leurs cousins les arbres. La dernière Phissienne s'assit sur un rocher qu'elle avait posé près de son tas de branches et alluma une cigarette qu'elle avait roulée en attendant les caravaniers. Mais elle n'alluma pas le feu, pas encore... Elle attendit, attendit... Jusqu'à ce que finalement... 

[Melkerah]

...un nouveau craquement de branches retentisse, suivi d'un juron étouffé.
Elasa s'était efforcée de rester silencieuse en traversant le bosquet, mais elle était bien plus citadine que campagnarde et s'était ainsi trahie. Elle n'essayait pas particulièrement de surprendre Ismène en arrivant sans se faire repérer, en fait il s'agissait plus d'une habitude ainsi que de fierté étrangement placée. Agacée par son incompétence sur ce genre de terrain, elle soupira et abandonna la discrétion pour venir à la rencontre de la Phissienne.


-Tu m'attendais depuis longtemps ? demanda-t-elle, peu ravie à l'idée d'être en retard en plus de bruyante.

[Zodiac]

Ismène jeta sa cigarette au loin dans des herbes vertes. Son sourire était légèrement déformé, rapport à la douleur que lui causait sa blessure.


"Non, j'ai eu le temps de fumer pour décompresser après une course-poursuite dans les bois."


Elle regarda le ciel quelques instants, la Lune continuait de monter de plus en plus haut dans le ciel.

"Tu as emmené Sange avec toi ? Ne t'inquiète pas, nous commencerons dans quelques instants, assied-toi près du "feu"."


Elle désigna un rocher un peu branlant installé juste en face de la Phissienne. La jeune femme frotta son épaule en soupirant.

[Melkerah]

Elasa haussa les sourcils en comprenant qu'Ismène était blessée mais ne chercha pas à en savoir plus, elle estimait que ce serait déplacé. Quant à la course-poursuite, elle verrait bien si sa vis-à-vis en parlait spontanément. Elle sortit la lame et vint s'asseoir près du rocher promu au rang de feu de camp.

-Je ne suis pas pressée, dit-elle simplement, mais je dois admettre que je suis vraiment curieuse.

Se souvenant de la vénération d'Ismène pour l'astre nocturne, Elasa leva les yeux et constata que le ciel dégagé la laissait apparaître dans toute sa splendeur. La noctalienne n'avait jamais été vraiment sensible à la beauté de ce spectacle quasi-quotidien, mais pour une fois elle prit le temps de l'observer.

[Zodiac]

Ismène continua de fixer la Lune, les yeux remplis de lumière. Sa voix se fit tremblante, comme si elle avait soudainement froid. Ses mains passèrent sous le col de son kimono et en sortirent un pendentif rond en acier. Elle tourna un mécanisme et en sortit une espèce de petite braise noire veinée de rouge-orangé. Elle se saisit d'une poignée d'herbes sèches et les embrasa avec avant de les laisser tomber sur les branches. Le feu prit immédiatement, une flammèche orangée apparut, puis une autre et ainsi de suite. La fumée ne fut pas noire, mais d'un blanc pur, comme une brume d'hiver. Elle rangea la petite braise mystérieuse dans son pendentif et contempla les flammes. Le petit crépitement habituel ne se fit pas entendre, à la place, il semblait que de doux murmures lents s'échappaient des danseuses ardentes.

"Fixe les flammes et dit moi ce que tu vois. N'aie pas peur de te concentrer sur elles. Laisse ton esprit se faire bercer, tu dois entendre comme des petits chuchotements, écoute les avec attention... Tu y trouveras quelque chose. Et ne crois pas que j'oserais juger ce que tu me diras, personne n'a la même émotion en regardant les feux Phissiens."

Ismène préféra taire ce qu'elle voyait, observant dans la combustion des images de son Île disparue, ses batailles, ses contrats puis des gens qu'elle n'avait jamais encore rencontrés. Néanmoins, elle sentait déjà les effets curatifs pénétrer son esprit, l'apaisant, lui faisant oublier la douleur à son épaule.

[Melkerah]

Elasa fronça les sourcils en écoutant l'explication d'Ismène. Les flammes qui se tortillaient sous ses yeux étaient magiques, aucun doute là-dessus, mais la noctalienne n'était pas très sûre de comprendre ce qu'elles étaient censées faire. Ou en tous cas, ce qu'elle en avait compris ne lui plaisait pas beaucoup. Regarder ces flammes, se laisser aller à ne voir qu'elles, devait donner une sorte de vision, faire ressortir des émotions propres à chaque personne ? Les émotions étaient une chose dont elle se méfiait depuis toujours, ne serait-ce que parce qu'on l'avait élevée dans cette optique. Surtout quand il s'agissait d'émotions personnelles. A la limite, si elles étaient extérieures, imposées par une illusion, ou quelque chose dans ce genre, on n'était pas exposé directement. Mais Elasa tut cette répulsion instinctive et tenta de voir les choses sous un autre angle. Les Umbra avaient rejeté la majeure partie de leur passé, leur éducation traditionnelle en premier lieu. De plus, Ismène ne lui paraissait pas menaçante, surtout en cet instant où elle avait même l'air plutôt vulnérable.
Eh bien, ça valait peut-être le coup d'essayer.

-D'accord, dit-elle d'une voix moins détachée qu'elle l'aurait voulu.

Elle fixa son regard sur les flammes, sur cette fumée qui ne ressemblait pas à de la fumée et la perturbait par son aspect pur et éthéré, et s'efforça de lâcher prise. Au bout d'un moment, elle parvint à saisir les mots que le feu lui murmurait et sentit son cœur se glacer. Ses yeux s'arrondirent et elle se raidit. Les mêmes mots se répétaient comme un écho obsédant. Elle les répéta pour Ismène d'une voix qui lui parut faible et lointaine.

-On doit disparaître. On n'existe déjà plus...

Le "on" était une légère inexactitude, mais cela permettait de laisser une certaine distance avec ces mots douloureux.
"Nous n'avons jamais existé", fit soudain une voix familière, bientôt accompagnée d'un visage connu aux traits terriblement ravagés, "nous n'existerons jamais". Sa mère. Un mouvement de recul anima la noctalienne, mais elle s'immobilisa en plein mouvement. Un autre visage se formait dans les flammes. Uri lui sourit avec du défi dans le regard, puis des crocs apparurent dans son sourire, et un loup noir prit sa place pour sauter à la gorge de la mère d'Elasa, dont le regard resta désespérément vide. "Je suis vivante". Cette fois, la noctalienne s'arracha à la transe induite par le feu Phissien et essaya de reprendre le contrôle de sa respiration tout en cherchant le sens de ce qu'elle avait vu.

-Je... je ne suis pas sûre de comprendre, fit-elle.

Malgré l'assurance qu'Ismène ne la jugerait pas, Elasa hésitait à lui parler de ce qu'elle venait de vivre. C'était trop personnel. Et surtout, elle avait violé un tabou, même si c'était involontaire.

[Zodiac]

Ismène pour sa part était en train de vivre quelque chose de tout aussi infect. La jeune femme se voyait attachée à un tronc d'arbre, criblée de flèches, le sang perlant à ses lèvres. Elle tenta d'agiter les bras mais n'y parvint pas, littéralement clouée à l'écorce. Soudainement, elle se réveilla et chassa le souvenir de ce mauvais rêve. Elle fixa Elasa d'un oeil froid, presque mort.



"Tu sais ce qui fait le bonheur, c'est de se dire que l'on est pas dans ce cas-là. Je comprend que le premier contact avec les feux Phissiens peut laisser perplexe. Mais il faut simplement comprendre qu'ils nous montrent nos mauvais souvenirs, nos plus grandes peurs. Dis-toi que ta vie présente n'est pas comme ce que tu as vu."




La jeune femme se frotta les yeux. Elle cligna des yeux. La dernière Phissienne se leva et alla poser sa main sur l'épaule d'Elasa.



"Apprend qu'un enseignement sans souffrance n'a aucune valeur."

[Melkerah]

La noctalienne fut si surprise du changement dans l'attitude d'Ismène qu'elle faillit oublier son propre trouble. Mais ses explications le remirent au premier plan, laissant au moins autant de questions qu'avant dans l'esprit d'Elasa.
Elle faillit avoir un mouvement de recul au contact de la main de la Phissienne, mais se laissa finalement aller au réconfort de ce geste amical.

-Un enseignement sans souffrance, répéta-t-elle pensivement. J'ai encore du mal à laisser mon éducation au passé. Et selon elle, je viens de commettre un acte de trahison. Est-ce la souffrance qui doit donner sa valeur à l'enseignement ? Ou même l'enseignement lui-même ? Ou encore suis-je simplement coupable ?


Plongée dans ces réflexions, elle ne se rendit pas compte qu'elle fixait de nouveau le feu et une nouvelle image s'imposa à elle. Un souvenir cette fois, ou quelque chose qui y ressemblait. Le jour, il y avait si longtemps, où Uri avait disparu pour ne réapparaître que dix ans plus tard. Le père d'Uri, le visage plus inexpressif et immobile que jamais, avait simplement déclaré que sa fille avait échoué et qu'elle n'existait donc plus. C'était là que Nerit était devenu celui qu'il était aujourd'hui, pour compenser la perte de leur plus efficace voleuse, et accessoirement sa sœur.
Elasa n'avait jamais réussi à oublier sa cousine et s'en était toujours sentie coupable, jusqu'au jour où Uri était revenue. Elle revint brusquement à la réalité.

-Excuse-moi, fit-elle à Ismène avec le sentiment qu'elle n'aurait jamais du se laisser happer par le pouvoir des flammes.

Elle regarda la Phissienne un instant.

-J'avoue avoir du mal à comprendre que les tiens utilisent... aient utilisé ce genre de magie. Sans doute une différence de culture, je ne devrais pas juger.

[Zodiac]

Ismène fit une petite moue. A l'évidence, Elasa n'était pas prête pour ce genre de leçons, elle aurait du se douter qu'un peuple aussi accablés de nature ne pouvait se frotter aux Feux sans conséquences. La dernière Phissienne compris soudainement qu'elle avait eut une nouvelle vision. Elle ne pris pas ses questions en compte, elle y réfléchirait à tête froide de son propre chef.

"Ne t'excuse pas, s'excuser reviens à avouer une faute or tu n'y es pour rien. Il y a certaines choses qu'on ne saurait pouvoir empêcher, la perte d'un être cher, de son foyer, d'une bataille. Les regrets sont toujours les plus mauvais enseignements qu'on puisse tirer, l'expérience est l'essence de l'erreur, mais c'est ce qui permet de tirer profit d'une mauvaise situation. C'est ainsi que l'on devient plus fort, telle est la philosophie Phissienne."

La jeune femme tapota son épaule doucement puis se leva avant de passer sa main dans les flammes, brisant leur magie, les dégradant au rang de feu de camp.

"Si les miens ont fait des instruments capable de voir nos pires frayeurs c'est simplement pour que nous soyons en mesures de comprendre nos faiblesses. Être fort ne veut pas dire ne pas avoir de tare, être fort, c'est avant tout connaître ses défauts et tout faire pour les dominer. Les prêtres du Volcan devait passer une sorte de test, tuer un monstre nocturne et purifier son coeur avec des cendres du dit Volcan afin d'en faire sa propre Braise."

La jeune femme prit une grande respiration, elle avait perdu beaucoup de sang et semblait plus pâle qu'à l'ordinaire. Ses yeux s'égarèrent dans le ciel, alors elle devint encore plus blanche.

"Les nuages... Ils couvrent la Lune soudainement... Il faut partir..."

[Melkerah]

Elasa, ayant écouté le discours plein de sagesse d'Ismène, fit soudain quelque chose de franchement bizarre : elle se mit une gifle. Il lui arrivait de faire ça, parfois, pour se forcer à réagir quand elle estimait qu'elle se ramollissait trop.

-Eh bien, je suppose que je finirai par comprendre, dit-elle avec un sourire un peu forcé. En tous cas il vaudrait mieux, on a bien besoin de dépasser nos faiblesses dans la famille, et ça ne peut pas toujours être les mêmes qui s'y collent.

La noctalienne parvint presque à prendre un ton léger. Bien que l'expérience du feu phissien soit encore trop vive dans son esprit, elle était bien décidée à y repenser et à en tirer les enseignements dont parlait Ismène. Mais plus tard. Et peut-être pas toute seule. Chez elle. Avec un verre de rhum à la main. Bref, pas maintenant.
Elle entendit soudain sa compagne parler des nuages qui recouvraient la Lune et déclarer qu'elles devaient s'en aller. Y avait-il un lien dans la tête de la Phissienne ? Si c'était le cas, Elasa n'en percevait pas la logique, mais de toute façon ce n'était pas nécessaire. Quand il s'agissait de croyances, il valait souvent mieux ne pas discuter.
Elle se rendit soudain compte de la pâleur d'Ismène, rivalisant presque avec la sienne à présent. Effectivement, il était temps de partir, car elle avait besoin de soins en toute urgence, ou du moins de repos.

-Allons-y, répondit Elasa en se levant avec raideur. Tu as besoin d'aide ?

Elle ne se rendit compte que cette proposition pouvait être perçue comme une insulte qu'après l'avoir formulée, mais songea qu'après tout, Ismène comprendrait sûrement et n'en serait pas vexée. Il valait mieux étant donné qu'Elasa ne se voyait pas rentrer seule de nuit sur un chemin campagnard qu'elle connaissait à peine. Pour une voleuse, la nuit était une alliée parfaite, mais seulement dans un environnement connu et maîtrisé.

-Au fait, dit-elle soudain, merci. Tes coutumes me dépassent un peu, mais je te suis reconnaissante de me les faire partager.

[Orae]

La lune était déjà haute dans le ciel. Orae aurait dû s'arrêter mais elle était persuadée que Clantor n'était pas loin. Elle l'avait vu sur une carte. La carte devait être inexacte à moins qu'elle ne se soit trompée... Elle se dit qu'elle n'avait qu'à marcher encore un peu et s'arrêter quand la fatigue se ferait ressentir. 
Elle en était à ce niveau là de réflexions lorsqu'elle perçu des bruits, comme des bruits de pas... Elle plissa les yeux et distingua au loin deux silhouettes. Heureusement que sa vu était si perçante elle n'y aurait pas fait attention sinon... Elle réfléchit un peu. Cela pouvait être des bandits, très certainement même vu l'heure tardive... En même temps elle n'avait pas parlé à quelqu'un depuis bien longtemps.... 
Elle décida donc de s'approcher et advienne que pourra: 
"Bonjour... Euh..."  
Mince elle n'avait pas pensé à ce qu'elle allait dire. Après tout autant être sincère... 
Elle regarda les deux jeunes femmes avant de rajouter: 
"Je cherche Clantor et un peu de compagnie vous pourriez au moins juste me montrer où est la ville, je ne voudrais pas non plus vous déranger....et..."
Elle s'interrompit. L'une des deux femmes étaient vraiment très pâle... Comme si.... Elle se mordit les lèvres avant de lancer sèchement: 
" Besoin d'aide? "
Bon sang Orae tu es vraiment trop maladroite!!!! Il reste plus à espérer que tu ne te sois pas mêler de ce qui ne te regarde pas. 
Elle soupira

[Zodiac]

"Je t'en prie, c'est normal. Quelqu'un d'aussi habile au combat et ouvert d'esprit aurait eu droit à ce même cadeau sur l'Île Phissienne, c'est ce que feu mon père aurait souhaité. Pour ce qui est de l'aide, un whisky suffira, j'ai déjà connu une flèche dans le torse, ça c'était douloureux."

Ismène sourit tendrement aux paroles d'Elasa, sa leçon avait finalement porté ses fruits, elle avait semé la graine de la sagesse, ou du moins celle qu'elle considérait comme étant la sagesse. La jeune femme ramassa Sange et la remis à sa ceinture avant de se cambrer et de se retourner vivement dans une certaine direction. Elle savait de source sûre que la noctalienne l'avait aussi entendu, c'était le genre de craquement qui n'était pas celui des branches écrasés par des animaux, ou du moins un gros bestiau de taille humaine.




Elle écarquilla les yeux, devant elle se trouvait une jeune femme qui semblait perdue, néanmoins elle ne fut pas convaincue, il s'agissait peut-être d'une chasseuse de prime envoyée pour récupérer la cargaison de la caravane qu'Ismène avait pillé. Les sens en alerte, elle observa les buissons alentours et tendit l'oreille pour détecter le moindre tireur embusqué.


"Votre nom, votre occupation, les raisons de votre venue ici et ne faites plus aucun geste !" 


Ismène avait pris son ton de générale orientale, une voix si autoritaire que l'on sentait l'herbe ployer sous l'écho de ses cordes vocales. Ses mains se posèrent sur les gardes de ses deux sabres. Son regard était rivé sur la nouvelle arrivante qui semblait inoffensive, mais l'expérience lui avait appris à se méfier du serpent caché derrière la haie de fleurs.


"Si vous êtes armée déposez vos outils à terre et tout se passera bien, nous ne sommes pas des bandits, nous étions venues ici pour admirer les lieux, vous avez ma parole !"

[Orae]

Orae sursauta. La réponse lui fit l'effet d'une forte rafale de vent et elle se dit que décidément elle aurait mieux fait de passer son chemin. Elle se mordit les lèvres un peu nerveuse et bredouilla:

"Je...Cherche Clantor. Je suis perdue... Je crois....". 

Ses yeux se levèrent au ciel comme pour chercher de l'assurance et sa voix se fit plus confiante:


"Je viens d'un village, perdu, Nuigmle. J'ai plus de parents, je cherche Clantor pour y travailler. Je vous ai vu de loin, j'ai vu personne depuis longtemps et comme j'étais persuadée que Clantor n'était pas loin...mais j'avoue avoir oublié où exactement je me suis dit que vous pourriez m'aider.". 


Elle se dandina un peu surprise par son assurance. Après tout son père avait raison si on répondait aux choses de façon logique il n'y avait plus de raisons d'être effrayé. 

Mince elle avait oublié la dernière instruction.
 
Après, un instant elle retira sa dague et s'agenouilla pour la déposer délicatement au sol. Ce geste la rassura un peu. Elle respira profondément avant de se relever. 

En tout cas elles ne sont pas là que pour le paysage. Ca crève les yeux. 


Elle ne pouvait effectivement pas s'empêcher de constater la fébrilité des deux femmes. Et puis l'une d'elles venait de lui demander de se désarmer en justifiant sa présence dans le lieu, comme si elles avaient été prises en faute. 

Dans quoi me suis-je embarquée.... 


Elle respira profondément. Si elles avaient voulu la tuer elles l'auraient déjà fait...

[Melkerah]

Durant cet échange, Elasa était restée silencieuse et immobile, les muscles discrètement tendus en cas de nécessité. C'était vraiment impressionnant de voir à quel point Ismène pouvait changer d'attitude, en quelques instants qui plus est !
L'intruse n'avait pas l'air menaçante, mais la noctalienne était bien placée pour savoir à quel point ce genre d'attitude pouvait être trompeuse. Combien de fois s'était-elle elle-même rendue si peu menaçante, si insignifiante, pour mener à bien une arnaque ou autre vol ? Elle resterait sur ses gardes.


-Quoiqu'il en soit, dit-elle d'une voix si monocorde que c'en était presque dérangeant, vous êtes effectivement perdue si vous cherchez Clantor.

Sans y faire attention, Elasa venait de régresser, revenant instinctivement au comportement traditionnel des noctaliens qu'elle s'efforçait de rejeter depuis des mois. Rester inexpressive. Se contenter d'énoncer des faits. Se préparer à réagir à la menace ou à l'opportunité.
Mais juste après, elle reprit l'attitude avec laquelle elle avait suivi Ismène peu auparavant. Sans jamais se rendre compte qu'elle pouvait paraître totalement instable. Elle se tourna vers la Phissienne.

-Je pense qu'on peut la laisser venir avec nous pour le moment. Elle n'a pas l'air menaçante, et si elle est perdue, on peut aussi bien l'emmener à Clantor. De toute façon, je préfère l'avoir à l’œil.

Elle revint à l'intruse et lui adressa un petit sourire.

-Comment vous appelez-vous?

[HRP : peux-tu changer de couleur pour tes dialogues ? C'est illisible là, c'est tellement foncé qu'on le distingue à peine du fond ^^" merci d'avance !]

[Orae]

Orae devint plus angoissée. Ces deux femmes l'impressionnaient terriblement mais il était bien trop tard pour faire demi-tour au risque d'une course-poursuite. 
Elle se dandinait, légèrement gênée... 
Elle prit une longue respiration

Au moins elle allait trouver Clantor c'était déjà ça. 

"Je m'appelle Orae, merci de bien vouloir m'accompagner jusqu'à Clantor. Et vous? "

Nouvelle longue respiration... Ses yeux détaillaient ses interlocutrices...
Oui, l'une d'elles était blessée elle en était sûre. 
 Elle ne put s'empêcher de dire: 

"Désolée mais vous êtes sûre que vous n'avez pas besoin d'aide vous êtes vraiment pâle..."


Elle se mordit la lèvre violemment. Elle baissa instinctivement la tête. 

Pourquoi avait-elle dit ça? Elle l'avait pas dit à haute voix si? 

Elle leva les yeux au ciel exaspérée par sa propre attitude avait de de nouveau baisser la tête pour mieux fixer ses chaussures...





( HRP: couleur plus agréable non? Je peux toujours encore changer. ^^)

[Zodiac]

Ismène était rassurée, Orae avait obéi à ses injonctions sans discuter et donné la totalité des renseignements demandés. Au fond, voir cette pauvre fille orpheline lui rappelait sa propre condition passée. Elle secoua la tête pour chasser une envie de s'allonger par terre afin de dormir un peu et se présenta, avec une voix légèrement plus douce.

"Je suis Ismène Hina Chandra Aysun Ayfer Aata Luane Erialos IIIème du premier prénom. Et en ma qualité d'ex générale de l'armée orientale, ce n'est pas une flèche qui va me faire passer l'arme à gauche !"

Au fur et à mesure des mots, son intonation se faisait de plus en plus faible, si bien qu'on cru entendre "gorge" au lieu de "gauche". Elle se frotta légèrement les yeux et observa Orae, malgré la faible luminosité des flammes, elle put à nouveau remarquer qu'elle se mordait les lèvres. Un simple tic ou un signe de mensonge ? Elle ne pouvait en être certaine. Elle repensa aux mots de la noctalienne et annonça tout haut.


"Bien... Nous étions en route pour Clantor de toutes façons, ramasse ton couteau petite, tu viens avec nous. Si mon amie te fait confiance alors j'en ferais de même. Du moins j'essayerais."

[Melkerah]

Elasa préféra "oublier" de se présenter. Elle ne connaissait pas cette Orae, et même si elle ne lui semblait pas menaçante, un noctalien restait un noctalien. C'est pourquoi elle déclara :

-Il y a une différence entre faire confiance et estimer que la menace potentielle est maîtrisable. Ta présence n'est pas un problème, mais sache que si tu essaie de nous menacer d'une façon ou d'une autre, on sera prêtes à réagir.

Ce discours clairement hostile ne correspondait pas exactement à l'état d'esprit d'Elasa, qui essaya de contrebalancer d'un ton plus doux.

-Clantor n'est pas très loin, tu y arriveras sans encombres. Quel genre de travail comptes-tu y trouver ? Tu n'as vraiment pas l'air d'une mercenaire...

[Orae]

La jeune fille respirait mieux au fil de la discussion. Elle arrivait peu à peu à mieux cerner ses interlocutrices... 

Visiblement des mercenaires ou tout de moins des personnes marchant sur des sentiers périlleux mais riches en aventures. En tout cas des gens qui n'aiment pas trop qu'on se mêle de leurs affaires. 
Elle les sentait encore méfiantes mais tout du moins étaient elles moins en alerte qu'au départ. 

Elle lâcha un profond soupire. C'était comme si un poids venait de la quitter. 
Elle fit un petit sourire avant de récupérer sa dague qu'elle rangea soigneusement. 

"J'aimerai tenter de trouver un apprentissage auprès d'un érudit dans l'idéal mais étant donné que je n'ai aucuns titres de noblesse je pense que je vais tenter de trouver quelque chose dans une taverne.... J'avoue ne pas trop y avoir réfléchi... J'ai surtout voulu fuir... "

Orae se rendit compte alors qu'elle ne connaissait la ville que par de vieux plans urbains... 

Elle murmura pour elle-même plus que pour ses interlocutrices:

"Ca risque de vraiment se compliquer...."

Elle posa nerveusement sa main sur sa dague en se rendant compte qu'elle s'était exposée à beaucoup plus de dangers qu'elle ne le pensait et ces deux femmes en étaient la preuve... Elle ne doutait absolument pas qu'elles pourraient la découper en tout petit morceau au moindre geste suspect. D'ailleurs.... Elle retira rapidement sa main en se disant que justement en parlant de geste suspect celui-ci en était un. Pour se rassurer elle reprit la discussion sur un ton fluide: 

"J'ai de nombreux savoirs notamment médicaux mais aussi historiques, géographiques, littéraires, scientifiques... J'ai passé pratiquement toute ma vie à lire... Je sais parler dans plusieurs langues même si je devrais éprouver ma connaissance face à des personnes dont c’est la langue maternelle... Mon père soignait les gensj'ai tout appris de lui... On ne peut pas savoir les dégâts que peuvent causer une fourche, une cuillère ou...." 

Elle rigola en repensant à toutes les blessures extravagantes qu'elle avait vu. Elle se rendit finalement compte qu'elle parlait en continu depuis un moment. Elle s'était comme réfugiée derrière tout ce qu'elle savait. Elle acheva gênée. 

"Non je ne suis pas mercenaire, j'en serai même une très mauvaise en l'état actuel des choses."

Elle eut un bref sourire plein d'auto-dérisions. 

Elle savait des tas de choses mais elle était à la merci du premier venu... 

[Zodiac]

Ismène écoutait attentivement les remarques de la noctaliennes. La Phissienne savait parfaitement que cette inconnue tout droit sortie des bois faisait en quelque sorte fondre son coeur de par ses mêmes regards étonnés qu'elle avait eut il y a une quarantaine d'années. Puis le sang qu'elle avait perdu n’arrangeait pas sa faculté de raisonnement. La dernière remarque d'Uri était bonne, beaucoup étaient ceux qui cherchaient du travail en ville, mais peu arrivaient à trouver quelque chose qui requerrait de l'intellect.


"Gamine, l'existence c'est une balance à deux plateaux, tu as le corps et l'esprit. Si tu alimente trop un plateau, le résultat sera informe, il faut travailler les deux pour être un pur être. Médite ça. Si tu as vraiment une tête bien faite tu pourras être en mesure de comprendre où je veux en venir."


Elle posa une main sur sa nuque courbaturée par la fuite de tout à l'heure. Que devait-elles faire ? L'accompagner jusqu'à Clantor ? Lui trancher la gorge pour éviter tout danger de sa part ? Le mieux était peut-être de la cuisiner un peu.


"Tu as fuis dis-tu ? Mais quoi donc ? Ce ne sont pas les simples corvées qui forceraient une enfant à quitter son foyer sans préparation préalable et ainsi se perdre dans les bois la nuit en étant armé d'une dague sans savoir la maîtriser."


Elle fixa à nouveau le ciel, la lune était désormais cachée par une multitude de nuages gris, les étoiles aussi étaient masquées par l'eau du ciel. La jeune femme écarquilla les yeux et observa aux alentours.


"Partons. Nous n'avons plus rien à faire ici. Approche gamine, il y a quelque chose dans les parages et on ne pourra pas discuter avec ça. Et ne tente rien de stupide, j'ai déjà coupé des mains à des espions alors qu'ils voulaient me trancher la gorge dans mon sommeil."

Bien sûr, elle était en train de bluffer, ça n'était arrivé qu'une fois. De plus elle avait eu une telle migraine ce soir là qu'une simple série de pas lui martelait les tempes comme un burin. Elle s'adressa à Elasa.

"Tu sens quelque chose toi ? J'ai trop regardé les flammes, il faut que je me réhabitue à l'ombre."

[Melkerah]

Elasa s'apprêta à partir sans vraiment se presser, mais l'avertissement d'Ismène lui fit froncer les sourcils. "Quelque chose" ? Et quelque chose de dangereux à n'en pas douter. A la question de la Phissienne, elle tendit l'oreille et scruta les ombres alentour, mais elle aussi mettait du temps à se réhabituer à la pénombre, et il ne lui sembla rien entendre de suspect.

-Je ne perçois rien, mais je ne suis pas sûre d'être fiable dans cette situation. Quel genre de chose doit-on craindre ?

La noctalienne fit signe à Orae et prit la direction de Clantor sans cesser d'écouter et de scruter les environs avec attention.

[Zodiac]

Ismène fit quelques pas en continuant de regarder un peu partout, où des formes se dessinaient, parfois des ombres dansantes la faisait croire à une embuscade de gobelins ou autre monstre difforme. Sa tête commençait à se faire de plus en plus lourde. Soudainement, ses mains se mirent à trembler.


"Ah... Du poison à effet retardé. C'était donc ça. Je vais dormir un peu je crois... Près du feu..."

La jeune femme s'approcha du feu et ses genoux heurtèrent le sol avant que le reste de son corps ne suive. Elle ferma les yeux. Ses mains se mirent à trifouiller l'arrière de sa ceinture et ne s'arrêtèrent pas avant d'avoir saisi et porté à ses lèvres une autre fiole d'alcool réservé au combat.


"Vous occupez pas... Ca va... Aller..."

[Orae]

Orae avait suivi les instructions des deux femmes. Lorsque celle nommait Ismène après avoir eut un tremblement de main que Orae releva, tomba tout prêt du feu... Orae entendit le mot poison et se mit à analyser rapidement les symptômes. Sans se soucier d'une quelconque menace le plus important pour elle était de soigner la femme. 
Du poison donc... A retardement avec de tels symptômes... Elle demanda: 


" Depuis combien temps pensez vous qu'il ait présent en vous?"  

Elle regarda Ismène avec un regard presque dur. Cette personne était sage mais aussi terriblement têtue et pas prête à accepter l'aide de n'importe qui:

"Si vous me répondez je pourrais trouver quelque chose qui sans vous guérir vous aidera à vous déplacer jusqu'à un endroit où trouver les herbes nécessaires à la préparation d'un antidote. Vous me faites confiance? "

Elle se tourna vers l'autre femme qui ne lui avait pas encore communiqué son prénom: 

"Pourriez vous être nos yeux et nos oreilles pendant que je la soigne s'il vous plaît'

[Melkerah]

Sur le coup, Elasa ne pensa même pas à protester en voyant Orae se précipiter sur Ismène, qii venait de s'écrouler en parlant de poison. Et elle n'avait rien dit ! Comment pouvait-on faire comme si de rien n'était ? La noctalienne eut la réponse avant même de la chercher quand elle se demanda ce qu'elle-même aurait fait dans cette situation.
Avec inquiétude, elle songea qu'Ismène n'avait rien à perdre à se laisser soigner par la jeune intruse.

-Bien sûr. Occupe-toi d'elle, je surveille les environs, répondit-elle à la question qui lui était adressée.

Le guet, au moins, elle connaissait. Les antidotes, en revanche, elle n'avait pas la moindre idée de comment les fabriquer. Elasa s'éloigna un peu des deux autres et sortit sa dague, plus pour se remettre dans le bain que par nécessité.

-As-tu besoin de quelque chose ? demanda-t-elle.

[Zodiac]

Ismène se sentait faible, mais pas morte pour autant, son heure n'était pas encore venue, elle avait guidé des hordes de soldats dans l'enfer des batailles et en était toujours sortie victorieuse. Une simple flèche empoisonnée ne pouvait pas la faire rejoindre l'abysse, pas elle, la dernière Phissienne... Elle frappa le sol du poing et s'assit sur les genoux, sa main se porta à nouveau sur son pendentif et la braise se mit à rougeoyer, les flammes reprirent une teinte différente.

"Ne... M'enterrez pas déjà... Le poison des caravanes... Ca ne sera pas... Ca devrait aller..."


La jeune femme piqua du nez. Dans un dernier effort elle rangea la braise et se mit à fixer le feu pour penser à autre chose. Elle se remémora alors son Île, son frère, ses guerres, sa rencontre avec Elasa.


"C'est l'occasion pour faire tes preuves petite. Tu as... Carte blanche..."


La fiole qu'elle avait ingurgité fit alors effet... Elle sombra dans le sommeil, lui permettant ainsi d'être parfaitement anesthésiée pour la suite des opérations.

[Orae]

Orae respira profondément... L'angoisse la prit un instant. Après tout son père avait toujours surveiller la moindre de ses actions en matière médicale... Mais son père n'était plus.... 

Baptême du feu alors... Ok parfait. 

Son angoisse s'envola doucement. Pas le temps d'être tétanisée par la peur il fallait agir. Elle sortir la couverture de son sac et la plaça en oreiller pour Ismène. Puis elle ouvrit son kimono pour mieux voir l'ampleur des dégâts.

 Pendant ce temps son cerveau fouiller pour trouver toutes connaissances sur le poison des cavernes... 

La plante dont elle avait besoin pour l'antidote était plutôt spécifique bien que poussant aux alentours de Clantor la chercher prendrait bien trop de temps. Par contre elle avait deux plantes sur elle dont une connue pour ralentir les effets du poison et une autre plus spéciale.... Cela lui permettrait alors de chercher de la Tholienne, elles étaient très répandues et l'une d'entre elle était directement dans son champ visuel. Les effets indésirables étaient cependant quelque peu ennuyeux.... 


Qu'importe autant tenté le coup il valait mieux l'aider à guérir et le temps pressé... 


Elle observait à présent la plaie. Effectivement ce n'était pas très impressionnant à première vue et le bandage réalisée par Ismère était plutôt de bonnes qualités. Elle sortit alors de son sac une fleur aux longues pétales marron auxquels les villageois avaient donné le sublime non de fleur-à-merde. Son père la connaissait pour l'avoir déjà rencontré lorsqu'il avait voyagé sous un nom bien plus beau, celui de Dame-de-la-Terre.
Quoiqu'il en soi elle en récupéra les longues pétales, connues pour ralentir les effets de n'importe quel poison. Elle observa de nouveau la plaie et l'ouvrit un peu...  Elle ne voyait rien. Ismène avait certainement du retirer les potentielles échardes mais le feu ne l'aidait pas à y voir clair. Elle préféra laver la plaie pour être bien sûre. 
Elle interpella la femme qui faisait le guet: 

"Vous auriez de l'eau et des morceaux de tissus s'il vous plaît? Il faut nettoyer la plaie. Et j'aimerai lui refaire un bandage après y avoir ajouté des plantes..."

Tout en parlant elle se mit à rouler en boule les pétales de la Dame-de-la-Terre entre elles qui dégagèrent alors une odeur très forte et peu accommodante. Un liquide glissait le long de ses doigts. Elle le récupéra dans l'une des deux fioles qu'elle avait sur elle "au cas où". Elle avait ainsi un petit fond brunâtre dont elle imbiberait un tissu pour refaire le bandage.


(HRP: J'espère éviter l'incohérence médicale sur certains points. XD. ^^. )

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