L'extérieur, près des remparts.

[Zodiac]

Le château de Brannanburg était situé en hauteur par rapport au village, à flanc d'une montagne, ce qui lui donnait l'air d'être la modernisation concrète de la montagne tellement les deux étaient intimement liés. De très hauts remparts droits et lisses comme des feuilles de pierre, polies par d'habiles artisans. On arrivait à différencier plusieurs bâtiments, qui s'élevaient encore plus haut. Mais la plus haute construction était le donjon central, où un fanal avec la tête de cheval barrée par plusieurs épées sur fond mauve flottait. On arrivait à distinguer de la lumière à la fenêtre de l'immense tour. On pouvait accéder au château en suivant une route pleine de caillasses pointues qui menait à un pont-levis avant une lourde herse où ceux qui voulaient entrer devaient montrer la preuve qu'ils étaient des amis. Dans le cas contraire, les arbalétriers sur les remparts auraient fait feu à volonté et laissé les restes aux loups.

[Melkerah]

Après un voyage qui lui sembla interminable, elle arriva enfin en vue de son objectif, superbement éclairé par le soleil couchant. Elle fit un signe de remerciement à Arkvenor, qui l'avait guidée jusque-là depuis les airs, et se mit à réfléchir. Il semblait évident que ce qu'elle cherchait se trouvait dans ce château, ce qui ne l'arrangeait pas car il était visiblement bien défendu. A peu près certaine de n'avoir pas été repérée, elle prit sa forme lupine et approcha prudemment pour repérer un peu mieux le terrain.
La muraille était infranchissable, très haute et parfaitement polie afin d'empêcher l'escalade. Il devint vite évident que le seul passage était le chemin qui menait au pont-levis défendu par des gardes sans aucun doute équipés d'armes de tir. Le problème était donc de réussir à passer sans se faire remarquer. Elle regretta de n'avoir ni le pouvoir d'invisibilité ni la fourrure noir de sa cousine, qui l'auraient grandement aidée en l'occurrence ; mais il faudrait bien faire avec ce qu'elle avait.
Elle se glissa dans l'ombre, fluide et silencieuse, et s'approcha du pont-levis, craignant de se faire repérer à tout instant.

[Zodiac]

Par chance, c'était l'heure de la messe, tout les gardes étaient en train d'assister à l'office où Shaydeh'n devait prêcher les bienfaits de l'Abysse pour le monde entier et que tout ceux qui n'accepteraient pas ses préceptes ne méritaient pas de vivre. La voie était libre. Le faucon semblait frisonner en approchant ces lieux, il inclina la tête et disparut sans bruits. A des centaines de mètres de là en hauteur et en longueur, debout sur un rocher, se tenait Amok, qui ne souriait pas, les yeux fixés sur ce qu'allait faire Elasa. L'oiseau vint le rejoindre, il s'assit, les jambes dans le vide, et attendit la suite des événements.

[Melkerah]

La lycan ne sentait aucun garde proche, mais elle ne s'y fiait pas : elle ne connaissait pas assez l'Abysse et ses pouvoirs pour se laisser aller à l'imprudence. Elle poursuivit sa route, tendue, jusqu'à avoir passé le pont-levis, où elle eut la stupéfaction de se trouver devant une herse levée.
Elle avait le sentiment que tout se passait trop bien.
Mais elle ne pouvait pas reculer, aussi se contenta-t-elle de rester aux aguets. Elle entra dans le château.

[Zodiac]

La grande porte de chêne claqua. En passant, près de la chapelle, Elasa entendit les nombreux fidèles répéter le mantra abyssal, d'où l'apparition de la brume sombre dans toute la cour du château.  Le donjon central était là, semblant se dresser face à elle, semblant monter la garde à lui-seul. Pourtant, pourquoi craindre une simple tour aux allures de forteresses, si elle n'était pas habitée par âme qui vive, pour le moment.

[Melkerah]

Il n'en fallait pas plus à la Noctalienne pour filer vers ledit donjon ; inutile d'attendre que quelqu'un vienne lui barrer la route. Toujours sous forme de louve, elle gardait le museau en l'air pour repérer les traces olfactives des lieux, tournant les oreilles dans tous les sens au cas où. Il fallait admettre que cette forteresse était impressionnante, non seulement par son apparence, mais surtout par sa conception : il devait être facile d'en interdire l'accès... ou la sortie.
Au bout d'un moment, elle prit sa forme hybride, plus pratique pour guetter le tableau qu'elle venait chercher. Dans un endroit aussi grand, elle sentait que ce ne serait pas une partie de plaisir de le retrouver, surtout qu'elle n'avait pratiquement pas d'indices sur la manière de le dénicher.

[Zodiac]

La grande porte de chêne claqua. Néanmoins, l'intérieur avait été épargné par le brouillard. Néanmoins, un drôle de murmure commençait à se faire entendre. Tout droit se trouvait la salle de banquet où les mercenaires étaient la plupart du temps, mais aucun n'aurait voulu rater l'office, d'autant que Shaydeh'n avait formellement défendu à quiconque de la manquer, sous peine de mort. A droite se trouvait un couloir menant vers les quartiers et autres services. Vers la gauche, une autre galerie pleine de tableaux divers et variés mais qui semblaient aussi vieux que le château lui-même avec au bout, un escalier en colimaçon.

[Melkerah]

Elasa frissonna et coucha les oreilles quand un murmure glaçant lui parvint. Les autres lui avaient parlé d'un phénomène similaire quand Shaydeh'n avait attaqué le manoir, pendant qu'elle-même prenait la fuite avec les pendentifs. Par déduction, cela venait de l'Abysse, d'une manière ou d'une autre, et était donc menaçant, quoique d'une façon qui échappait à la Noctalienne. Elle s'efforça de l'ignorer et prit la galerie de gauche, où de vieux tableaux ornaient les murs. Sans conviction, elle chercha celui qu'elle voulait parmi eux, mais il lui semblait peu probable de le trouver ainsi.

[Zodiac]

Aucun des tableaux ne ressemblaient à celui décrit par le vieil Homo Novus, d'autant que ceux-ci représentaient des hommes et des femmes bien trop vieux, tous avaient sur le cadre une inscription gravée "Van Brannanburg" ainsi qu'un prénom. Néanmoins, les marches près de l'escalier étaient couvertes d'une trainée noire similaire à de la boue comme en laissait Shaydeh'n dans son sillage.

[Melkerah]

Cette traînée convainquit la lycan qu'elle tenait une piste intéressante, que ce soit la bonne ou non. Elle s'en approcha, plissant le museau de dégoût, et chercha un chemin pour monter les escaliers sans entrer en contact avec la substance douteuse.
Décidément, Shaydeh'n aimait laisser des traces de sa présence en ces lieux, et cela commençait à porter sur les nerfs d'Elasa. Quoi que soit l'Abysse par ailleurs, elle avait un goût étrangement prononcé pour les manifestations diversement répugnantes. Il serait difficile de toutes les éviter, mais la demi-louve parvint à escalader les marches gluantes sans mettre les pattes dans l'espèce de boue noirâtre.

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