Re: Taverne du Loup Hurlant à la Lune

[Melkerah]

Elasa étant en train de servir un client, ce fut le barman, Nerit, qui vint récupérer la pièce que ramenait l'étrange oiseau. Dès que la noctalienne eut un moment de libre, elle vint voir Arkvenor et lui fit signe de sortir de la taverne tout en se dirigeant vers la porte elle-même.

-Allez, viens, tu déranges les clients...

Elle se demandait quand même où Ismène avait trouvé cet animal...

[Zodiac]

Le faucon se cambra soudainement, comme si il se préparait à égorger toutes les personnes présentes dans la taverne. L'oiseau se mit alors à griffouiller le bois du fût, il ordonnait et exigeait une bière, dans la logique des choses, il avait payé quelque chose contre autre chose, c'était là une particularité des faucons Phissiens, ils ne volaient jamais mais échangeaient toujours.


"Skraaaaaaaaaak"

Il ne bougea plus, continuant de fixer Elasa de ses grands yeux jaunes, le dos droit, les serres enfoncées dans le comptoir.

[Melkerah]

Il fallut un moment à la serveuse pour comprendre ce que voulait Arkvenor, mais elle ne se fit pas prier. Elle alla chercher une chope de bière et la posa sous le bec de l'oiseau.

-Tu veux autre chose ? demanda Elasa sans savoir s'il comprenait un seul mot de ce qu'elle disait.

Se demandant quels ennuis risquait de lui causer le rapace, elle prit sa pause et une chope de bière pour le surveiller.

[Zodiac]

Arkvenor se mit à laper sa bière avec sa petite langue pointue, mais le bec du général ne passait pas très bien... Il approcha un ramequin vide prévu d'ordinaire pour les cacahouètes et versa le contenu de sa chope dedans avant de continuer sa dégustation. Une fois qu'il eut fini, il voleta vers Elasa et resta à distance respectueuse de la noctalienne. Le rapace la fixa à nouveau et s'approcha en se méfiant tout de même. Il fourra son bec dans ses plumes et sortit un collier avec une petite plaque en argent. Elle portait sur le devant le mot Arkvenor en Phissien, de l'autre coté on pouvait lire "Amis à jamais, Ismène". Bien sûr, le Phissien était désormais une langue morte, mais le prénom, Elasa l'avait déjà vu quelque part, sur ses lames. Avec un entretien plus approfondi, on pouvait deviner qu'elle était plutôt ancienne.

L'oiseau s'inclina alors doucement devant Elasa avant de s'envoler et se planter juste au dessus de la porte avant que celle-ci ne s'ouvre et qu'il ne tombe sur une jeune femme qui se mit à jurer, puis rire en reconnaissant qui l'avait sauté dessus. Elle se remit debout en époussetant son armure. Ses yeux clignèrent plusieurs fois avant qu'elle ne se mette à courir vers Elasa et lui sauter au cou en embrassant son front. Le faucon repartit se poser sur sa poutre et s'endormit à moitié.


"Je suis rentrée ! Désolé pour mon petit mensonge concernant les quelques jours avant mon retour... Je me suis dit que vous auriez une surprise comme ça..."

[Melkerah]

La noctalienne mit plusieurs secondes à se remettre de sa surprise, mais pas autant que Nerit, qui n'avait jamais vu sa cousine dans ce genre de situations. Avec sagesse, il décida de faire comme si de rien n'était.
Une fois qu'elle eut récupéré ses esprits, Elasa répondit joyeusement à l'étreinte de la Phissienne, la serrant fort comme pour vérifier qu'elle était bien là. Quel soulagement de revoir Ismène, et en bonne santé ! Malgré toute son éducation de noctalienne, le mois écoulé et les soucis qui l'avaient occupée, Elasa n'avait pas pu s'empêcher d'attendre le retour de la jeune femme.

-C'est pas grave, c'est une agréable surprise ! répondit-elle aux excuses de son amie.

Elle se dégagea de l'étreinte pour regarder Ismène, vérifiant soigneusement qu'elle n'était ni blessée ni malade, et perçut au passage le regard réprobateur de Nerit qui peinait à les ignorer.

-Viens, je t'offre un verre pour fêter ça ! fit-elle en désignant la table où elles avaient bu ensemble lors de leur rencontre.

Si Ismène avait l’œil attentif, elle remarquerait qu'Elasa avait quelque chose de différent de la dernière fois. Son teint blafard n'avait presque plus cet aspect maladif qui la caractérisait autrefois, sa façon de se mouvoir avait subtilement changé...

[Zodiac]

"Tu... Aurais pas changé de parfum par hasard ? Et c'est normal que tu semble en meilleure forme que d'habitude ? Tu étais malade ? Bah... Laissons cela, pour le moment... Je suis bien heureuse d'être rentrée, et d'avoir retrouvé mon cher Arkvenor !"


Le faucon gonfla ses plumes au niveau de son torse, fier qu'on parle de lui. La Phissienne s'installa et posa deux pièces d'or sur la table. Avant de froncer ce qui semblait être ses sourcils et tourna le dos aux deux jeunes femmes.



"J'espère qu'il n'a pas fait de bêtise cet empoté pleins de plumes... Bah, raconte-moi, qu'est-ce que j'ai raté ? A part de belles soirées à boire, fumer et rire ! Orae va bien ? Surtout que j'ai... Quelque chose pour elle..."


Ismène tira de son sac un objet long enroulé de tissu épais qu'elle posa sur la table, il s'agissait d'une épée en fer volcanique forgé par Saura lui-même. Au moins, son combat pour le bien continuerait à travers cette lame aux reflets gris.

[Melkerah]

Elasa se contenta de sourire aux questions d'Ismène, préférant profiter de ce moment de joie plutôt que de parler de choses sérieuses. Elle regarda l'oiseau un peu différemment en apprenant l'affection que lui portait la Phissienne, bien qu'il semble que l'animal soit... taquin.

-Non, pas de bêtises... Enfin, c'est la première fois que je sers une bière à un oiseau ! rit-elle. Par contre, je ne sais pas où est Orae, elle reviendra sûrement plus tard.

Elle regarda avec curiosité l'objet enveloppé de tissu qu'Ismène sortit de son sac, se demandant quelle merveille attendait Orae. Son instinct de voleuse lui souffla de "récupérer" l'objet, mais elle refusait de faire un coup pareil à ses amies.

-Quant à ce que tu as raté... eh bien, pas grand-chose de passionnant, rassure-toi. Sans toi, j'ai nettement moins fait la fête ! Et toi, raconte-moi ce qui s'est passé.

[Zodiac]

Ismène baissa les yeux, elle ne pouvait cacher qu'au fond d'elle, la joie qui pulsait de sa bouche n'était qu'un masque pour cacher son deuil. Elle avait tué le dernier membre de sa famille, le dernier roi Phissien. La jeune femme parcouru les veines de la table, comme si elle cherchait un moyen d'oublier cette scène, mais c'était trop tard...



"Nous nous étions donnés rendez-vous sur un volcan... Une fois arrivé au lieu de rendez-vous, il était là, quelque chose l'ayant changé, il transpirait quelque chose de malsain. Il n'a pas dit un mot, il a juste saisi son épée (elle tapota la lame sur la table), levé son bouclier et nous nous sommes battus... Je te passe les détails des bottes Phissiennes. J'ai surtout été surprise lorsqu'il s'est mis à me bombarder avec des éclairs qui formaient des javelots, j'ai du les esquiver en me prenant des graviers dans le visage qui volaient sous la puissance des éclairs... Finalement nous étions à plusieurs mètres l'un de l'autre, nous avons fait ce que tout membre de la famille royale Phissienne savait faire... Mais ça je préfèrerais garder ça secret, c'est bien trop dangereux pour que j'en parle ouvertement à l'abri des regards... Toujours est-il que j'ai finalement réussit à lui déchirer son casque, il était méconnaissable, une espèce de présence maléfique ou une saloperie du genre le possédait... Ce n'est qu'après le combat que j'ai réellement compris à quoi il pensait depuis le début... Il pensait que d'après une vieille légende, les deux derniers Phissiens, frère et soeur, devaient s'entre-tuer pour que la race puisse s'éteindre et qu'ils puissent trouver la paix... Mais j'ai réussit à le désarmer près du bord du volcan, et je l'ai percé de mes lames au niveau du torse, alors il avait compris que nous n'étions pas les derniers Phissiens au monde, car il n'était pas censé mourir, je devais mourir si l'on en croit la légende..."




Elle regarda le plafond quelques instants puis passa à Arkvenor.



"Des fois je suis peu fière d'être Phissienne, j'ai l'impression que ma race existe pour être condamnée... Puis ensuite sur le chemin du retour j'ai chanté pour me changer les idées... Tu sais une chanson que j'avais déjà entonné ici même pendant cette soirée où... Et du coup Arkvenor m'a retrouvé. C'est un faucon Phissien, ces oiseaux peuvent atteindre la taille d'un lion à leur centième année, ils adorent les chansons et la musique en général, et aussi faire du troc lorsque quelque chose leur plait... Mais ce sont avant tout d'excellents chasseurs, ce gaillard est capable de chasser seul des sangliers... Dont il lance la carcasse depuis les airs pour voir le son qu'elle fait en s'écrasant... C'est un grand artiste, parfois il jette plusieurs bouteilles de verre en même temps et ça sonne très bien, pour peu qu'on se protège les yeux !"





L'oiseau se mit alors à roucouler, sachant qu'on parlait de lui en bien. Ismène ne souriait pas, son visage était marqué par les stigmates du deuil.




"Je pense que je vais arrêter le combat quelque temps... J'ai besoin de me poser... Et de faire son deuil."

[Melkerah]

Le visage d'Elasa se décomposa quand elle comprit que l'expression joyeuse de son amie cachait une profonde tristesse. Le deuil était fondamentalement étranger aux noctaliens, ou du moins tellement différent que la jeune femme ne sut pas comment réagir. Elle écouta attentivement le récit douloureux d'Ismène, essayant de montrer son soutien sans avoir l'air envahissante.
Les informations au sujet d'Arkvenor la laissèrent perplexe, mais elle comprenait mieux son comportement. Elle sourit même à l'anecdote sur les talents de mélomane du volatile, même s'il était évident que la Phissienne était tout sauf joyeuse.

-Je... je ne prétendrai pas que je comprends ce que tu ressens, dit-elle d'un ton hésitant, mais je t'assure que tu as mon soutien, pour ce qu'il vaut. Si je peux faire quelque chose pour t'apaiser... Tu pourrais rester, si tu le souhaites, le temps qu'il te faudra...

La noctalienne se sentait infiniment maladroite, mais elle était sincère. Timidement, elle prit la main d'Ismène, cherchant son regard pour vérifier que ses paroles seraient bien reçues. Parfois, elle regrettait de n'avoir appris à manier les sentiments et émotions que pour mener à bien des arnaques plutôt que pour tisser des liens avec les autres.

[Zodiac]

HRP : Pardon pour le retard, coupure d'internet pendant trois jours...



Ismène saisit lentement la main d'Elasa, elle semblait légèrement plus confiante dans l'avenir, peut-être parce qu'un seul de ses yeux versait des larmes. Pourtant aucun sanglot ne fit irruption, pas un mouvement de visage, juste des gouttes salées qui coulaient sur sa joue gauche. Arkvenor ne fit rien, préférant ne pas empirer les choses avec sa maladresse naturelle. L'oiseau s'envola doucement et reparti par la fenêtre en se cognant, quelqu'un l'avait visiblement fermé... Il préféra prendre la porte en se dandinant et grognant.


"Merci... En parlant de ça... Non en fait il n'y a aucun rapport."


La jeune femme mis la main à sa ceinture et lui rendit sa dague, elle n'avait visiblement pas servie, mais on pouvait deviner à son regard attendri qu'elle l'avait vu comme un souvenir de la noctalienne, un souvenir qui emplissait ses rêves de joie. Elle lui posa dans la main et craqua sa nuque qui fit un bruit atroce. Ismène sourit faiblement...


"C'est dommage, cette dague aurait pu avoir du sang royal rougir sa lame... Mais le sang des justes est trop précieux pour être versé. Oh... Voilà que je me met à philosopher... J'ai intérêt à me coucher tôt ce soir..." 


Ses yeux s'égarèrent sur le plancher... Elle pris une grande inspiration et souffla longuement pour calmer sa crise de larmes.


"Tu m'as manqué... Je crois que tu es la première amie que je me suis faite sur ce continent. Et pourtant je l'arpente depuis des années..."

[Melkerah]

La Noctalienne dut se retenir de rire devant le spectacle d'Arkvenor se prenant la fenêtre que Yoré venait de refermer. Ce n'était pas le moment. Elle reporta immédiatement son attention sur Ismène, qui versait des larmes, juste au moment où cette dernière lui rendit sa dague. Surprise, ayant presque oublié qu'elle avait donné son arme en plus de sa promesse, Elasa regarda la lame comme s'il s'agissait d'un cadeau merveilleux. A la fois contente et un peu déçue que sa dague spéciale n'ait pas servi, elle la prit et la remit à sa propre ceinture.

-Quitte à avoir du sang royal sur son arme, dit-elle, autant que ce soit celui d'un tyran corrompu !

Les petits intermèdes philosophiques de la Phissienne étaient certes parfois étranges, mais la Noctalienne finissait par les apprécier, aussi cela la fit plus sourire qu'autre chose. Surtout que n'étant absolument pas philosophe elle-même, Elasa y voyait une forme de réflexion étrangère et parfois difficile à comprendre, et donc particulièrement intéressante.
Elle rougit un peu à la déclaration d'amitié d'Ismène, émue malgré elle par ses paroles et son attitude. Même avec son teint à présent moins crayeux et maladif, elle restait très pâle, ce qui faisait superbement ressortir ses pommettes rosies. Elle le sentait et détestait ça. Une Noctalienne qui rougit, on n'avait jamais vu ça !

-Tu m'as manqué aussi, répondit-elle. J'avais vraiment peur de ne pas te voir revenir...

A son ton, on sentait qu'il ne s'agissait pas uniquement de la crainte qu'il soit arrivé quelque chose à Ismène, mais aussi celle d'être abandonnée. Et aussi, bien que son interlocutrice ne puisse pas le savoir, la terreur de n'être plus là elle-même pour l'accueillir.

-Euh, tu... tu as un endroit où dormir...? Sinon j'ai de la place chez moi... Enfin si tu veux...

Rougissant de plus belle, Elasa se perdit dans la contemplation de la table, affreusement gênée.

[HRP : aucun souci ]

[Zodiac]

Ismène cessa de verser son chagrin entre les interstices des planches et sourit légèrement. L’œil gauche toujours baigné de larmes, elle s'approcha d'elle par-dessus la table et la serra dans ses bras. La jeune femme la relâcha cependant très rapidement, se rappelant que des yeux indiscrets pouvaient les observer.


"A vrai dire, je ne dirais pas non à dormir sur un lit, les grottes et les tapis de mousse ça va bien une semaine ou deux mais au delà... On a le dos tendu !"


Ismène sourit encore un peu plus, ô surprise, ses joues prenaient de la couleur ! Elle sortit néanmoins un éventail de sa poche et le déplia en un éclair, il était tout couvert de lame sur tout le tranchant. La jeune femme fronça un sourcil et le rangea, elle s'était visiblement trompée de poche car celui qui suivit était tout à fait normal... Elle se rafraîchit un peu, sentant que l'air devenait de plus en plus suffocant, en particulier dans cette armure qu'elle n'avait pas ôté depuis un mois, sauf exceptions.


"Tu sais que je ne peux pas refuser l'hospitalité si elle m'est proposé. C'était d'ailleurs l'un des précepte du monastère dans lequel j'ai été entrainée... Héhé... Donc c'est d'accord, ce soir tu seras mon hôte !"

[Melkerah]

Elasa rit, elle connaissait ce genre de problème.

-Ah, je n'ai pas encore essayé les grottes, mais après tout ça ne doit pas être bien différent d'une cave clandestine ! Quoique tu avais l'avantage de l'aération.

La noctalienne eut l'air perplexe devant les éventails, n'ayant pas eu le temps de voir que l'un était en fait une arme vicieusement dissimulée. Elle ne commenta pas, se contentant de songer qu'Ismène était décidément quelqu'un de bizarre. Peut-être était-ce pour cela qu'elle lui plaisait tant.

-Parfait ! fit la Noctalienne. Mais tu as peut-être besoin de quelque chose en attendant, un repas, un bain ou quoi que ce soit d'autre...? Si tu as faim, il vaut mieux que tu manges ici ou chez Uri, ma cuisine risquerait de te faire regretter nos retrouvailles !

En fait, Elasa ne cuisinait pas vraiment mal... pour une Noctalienne. Elle ne maîtrisait que les repas nourrissants et sans goût qui avaient toujours constitué le régime alimentaire du clan, ce qui manquait sérieusement de charme. Heureusement qu'Irano et Yoré avaient fini par se mettre à la gastronomie, sinon, ils n'auraient jamais gardé les clients qui commandaient des repas de temps à autres.

[Zodiac]

"J'ai besoin de me changer avant tout. Et puis sans mentir j'ai pique-niquer avec Arkvenor avant, un conseil, si il te tend quelque chose à manger ne refuse jamais... Ils sont d'un tel orgueil... Étant petite je lui avait refusé un ver de terre, il m'a fait la tête pendant une semaine... Je préfère éviter de parler ce qu'il m'a fait manger... Il avait "échangé" des courgettes dans un champ avoisinant contre un bouquet de fleurs sauvages façon faucon... Ca ressemble à rien... Toujours est-il que ces horreurs vertes m'ont coupé la chique... Beurk..."

La jeune femme sembla devenir toute verte tellement le souvenir de cet infâme contact avec les courgettes l'avait chamboulé, elle avait connu la guerre, l'abandon et les réveils avant le soleil, mais rien ne pouvait l'éloigner assez d'une courgette...


"Brrr... N'y pensons plus ! Et puis on pourra cuisiner ensemble bientôt, histoire d'échanger, et ne me fais pas dire que tu cuisine plus mal que l'intendant Tsé-Bon-Tsé... Il était capable de recycler les animaux à moitié dévoré par les vautours et de nous le servir avant une escarmouche, nous avions du la reporter au lendemain, plus de la moitié des hommes était en train de vomir ses tripes à cause d'une intoxication alimentaire... Ah... La cuisine de l'armée ! Crois moi, tout ce que tu cuisineras avec un tant soi peu d'amour je le mangerais avec un plaisir immense !"


La jeune femme alluma une cigarette en plissant un peu les yeux, quand elle posa les doigts sur son talisman elle repensa à son combat avec Saura... Au moins sa mémoire ne sera pas ternie comme celle d'un immonde couard... Il avait combattu comme personne, il était mort en roi, dignement.


"Changeons de sujet ! Tu aurais une pièce où je pourrais me laver ? Je pense qu'après un mois sans me laver le corps je dois... Sentir..."


La jeune femme renifla l'air et eut un spasme de dégout lorsqu'elle constata sa propre odeur...

[Melkerah]

La Noctalienne rit de bon cœur à l'évocation de la "cuisine" de l'intendant, à la fois dégoûtée et terriblement amusée par l'anecdote.

-Je n'ai jamais intoxiqué personne avec ma cuisine, rassure-toi... du moins jamais involontairement. Mais je demanderai quand même quelques conseils à mes cousins si je dois te préparer quelque chose !

Elasa regarda son amie allumer une cigarette et se rappela avec un sourire de cette fameuse soirée où elle avait d'abord regardé la fumée comme s'il s'agissait de la chose la plus fascinante au monde pour ensuite essayer de la lui voler.
Ismène la surprit en se plaignant de sa propre odeur corporelle. Elasa, qui avait pourtant un odorat très fin, ne s'en était même pas rendu compte. Probablement parce qu'elle avait croisé dans cette taverne des gens tellement malodorants qu'elle y avait gagné une sorte d'immunité.

-Il y a bien les baignoires de l'étage, avec les chambres de la taverne, mais si tu veux plus d'intimité, je peux t'emmener chez moi tout de suite.

[Zodiac]

Ismène sourit en comprenant le sous-entendu, elle avait donc déjà participé à des assassinats par poison, voilà qui était intéressant. Elle devrait lui demander comment en faire, elle avait beau savoir comment distiller les alcools parmi les plus forts du monde, elle n'y connaissait rien en toxines et autres poisons.


"Chez toi..."


Elle ne dit rien de plus, préférant finir sa cigarette en la fixant avec un air un peu enfant et un peu prédateur à la fois.


"J'ai déjà assez combattu pour un moment... Je n'ai aucune envie de devoir tabasser un intrus jusqu'à ce qu'il ai oublié mon image..."

[Melkerah]

Elasa gloussa en imaginant le pauvre fou qui aurait eu l'idée de venir voir Ismène toute nue... Il aurait définitivement oublié l'idée que les femmes sont de petites choses fragiles et aisément manipulables. Enfin, s'il était encore capable d'avoir la moindre pensée après ça.

-Je te comprends. Juste le temps de prévenir Nerit et on y va.

La Noctalienne se leva en souriant et se dirigea vers son cousin, au bar. Nerit la regardait avec une espèce de résignation, se doutant de ce qu'elle venait lui dire, et lui fit signe d'y aller avant même qu'elle ait ouvert la bouche. Elasa le remercia, jeta un regard noir à Yoré qui lui lançait un clin d’œil entendu et revint vers son amie.

-On y va ?

Puis elle la mena hors de la taverne jusque dans un dédale de petites ruelles, jusque chez elle.

[HRP : suite à "la maison d'Elasa", "Maison Umbra"->"Public"->"Habitations"]

[Orae]

(désolée pour l'éclipse j'ai eu des problèmes....)

Orae avait tenté divers petits métiers peu glorieux et qui ne lui rapportait pas assez. Elle avait fini par tente de voler un bourgeois ce qui s'était soldé par un échec cuisant et une course-poursuite qui avait finalement tourné à sa faveur. Elle s'était réfugiée dans une grange abandonnée pendant un long moment en espérant que tout ça se tasse. Elle savait qu'Ismène était de retour mais ce n'est que quelques jours plus tard qu'elle se décida enfin à revenir à la taverne.
Elle s'installa à la table où elles avaient fait connaissance et demanda un verre de chintrovodka. Elle semblait épuisée, et elle n'avait pas même envisagée de juste se coiffer un peu les cheveux ou même se laver... Elle se sentait vaguement perdue et la mort de so père lui semblait omniprésente. Elle aurait pu demander à Elasa de rester bien sûr mais elle n'avait pas vraiment oser et avait eu peur de la déranger et d'être un poids pour elle. Elle avait honte maintenant. Elle se dit qu'il faudrait peut être mieux pour elle de partir après tout si Ismène la voyait dans cet état la jeune femme ne la verrait plus que comme une misérable.
Le goût de la chintrovodka la fit sourire. La soirée passée en la compagnuie d'Ismène et d'Elsa avait été si agréable.... Elle regarda sa bourse... Elle avait de quoi s'en payer encore deux autres verres mais après elle serait fauchée comme les blés. Elle soupira. Tout cela la fatiiguait et elle réclama un nouveau verre qu'elle descendit bien plus vite que ce qu'elle ne pensait. Elle rigola... L'alcool était plutôt rapide à faire effet sur elle et puis ce lieu, ce goût, les odeurs... Elle se sentit si à l'aise... Elle embraya sur un troisième verre et là se mit à chanter doucement une comptine qu'elle connaissait de son père:
"Un jour les elfes, les nains, les humains feront le rondeuh
Feront la rondeuh...

Et on dansera tout sous le clair de lune en faisant la rondeuh....
La rondeuh.... "
Elle chantait en jouant avec sa dague nerveusement. Une brise légère se leva et elle se balançait en rythme sur sa chaise. Elle finit par remplir son dernier verre d'eau à l'aide de sa dague qui crachait de petits jets d'eau. Orae ne s'émerveilla même pas du phénomène se disant que décidément rêver était toujours plaisant. Elle sirota son verre et se mit à guetter la porte...

[Melkerah]

Quelques temps après avoir enfin ramené Romias à la maison, le temps de prendre un peu de repos et de s'occuper de divers détails, Uri avait donné rendez-vous à Saké à la taverne. Elle souhaitait s'entretenir calmement avec la comédienne, dont les talents l'avaient vivement intéressée.
Elle s'était assise au bar en attendant son arrivée, discutant à voix basse avec Nerit, le barman, une verre de vin posé devant elle.

[Mortelune]

Saké avait apprécié à leur juste valeur les quelques jours de repos qu'elle s’était octroyé à son retour à Clantor. Elle avait profité de cette petite parenthèse d'accalmie pour découvrir la Capitale un peu plus en profondeur. Ses musées, ses marchés, ses commerces.... ses tavernes aussi. Bien évidement, toujours sans le sous, elle avait vécu à crédit la plupart du temps, aux frais des Noctaliens. D'ailleurs Uri devrait prochainement recevoir une facture assez salée en provenance d'une maison close peu recommandable dans laquelle elle avait fêté peut-être un peu trop joyeusement le succès de sa précédente mission...

Toujours était-il que jamais la devise Carpe Diem ne s’était aussi bien appliquée à l'existence que menait la jeune comédienne. Ainsi s’éveillait-elle se matin là... ou plutôt cet après midi, les yeux encore pleins de sommeil et l'haleine chargé, au son d'un poing qui s'excitait contre la porte en bois de sa chambre d’hôtel. 

Le réveil fut si rude qu'elle eut bien du mal à s'extirper des draps dans lesquels elle gisait, à moitié nue. Pathétique elle s'effondra de son lit en tentant de s'en extraire, puis rampa sur le sol pendant quelques mètres en direction de la porte avant de se relever difficilement. Elle usa de ses draps pour masquer son anatomie intime aux yeux les plus prudes et ouvra la porte en grand. Un Noctalien se trouvait là, visiblement agacé et avant même que ce dernier n'eut prononcé le moindre mot, Saké lui claqua la porte au nez.


Elle n'aurait pas su dire lequel d'entre eux s’était présenté à elle, tant ils se ressemblaient tous, mais en tous cas, elle savait pertinemment pourquoi il était là. Elle avait été mandée par Uri, quelques temps plus tôt et leur rendez-vous avait été fixé à.... il y a trois heures. Lorsqu'elle constata avec une certain amertume son retard elle décida qu'elle n'était plus à une heure prêt et prit donc le temps de se préparer comme il convenait à ce genre d'entretien. Elle se débarbouilla donc en plongeant ses mains dans l'eau froide entreposée dans une bassine qui siégeait dans un coin de la pièce, apprêta ses cheveux convenablement en les parant de bijoux achetés récemment... ou plutôt empruntés. Elle positionna comme à son habitude une épaisse mèche devant son œil droit invalide et entreprit de se revêtir d'un kimono de qualité qu'elle s’était faite offrir en usant de ses charmes particuliers avant de se parer de ses armes.






Elle n'était pas coquette outre mesure, mais force était de constater que le port de son vêtement de voyage n’était plus indiqué hors des missions. Ici à Clantor, il valait mieux se produire vêtue d'une toilette convenable, surtout face à son employeur potentiel.

Alors qu'elle déambulait dans les ruelles sombres de la ville en direction de la Taverne du Loup Hurlant à la Lune, elle n'aurait pas su dire si elle était ravie ou non de revoir Uri. Impatiente très certainement, mais elle ignorait finalement tout de l'objet de cet entretien. C'est finalement une Saké méfiante et inquiète qui poussa la porte de l'auberge et qui prit place face Uri après l'avoir saluée d'une courbette traditionnelle.

-"Vous êtes rayonnante aujourd'hui" mentit-elle poliment.

[Melkerah]

Uri haussa un sourcil presque amusé au compliment de la comédienne, arrivée avec plusieurs heures de retard. La Noctalienne ne s'était pas vraiment ennuyée durant l'attente, elle en avait profité pour discuter un peu avec son frère, mais le sens de la ponctualité douteux de Saké avait fini par l'agacer. C'est d'ailleurs pourquoi elle avait finalement envoyé Irano la chercher.

-Inutile d'essayer de me faire oublier votre retard avec un compliment, répondit-elle avec un petit sourire, mais j'apprécie l'attention.

Elle rendit son salut à la jeune femme d'un légère inclinaison de la tête puis lui indiqua la porte derrière le bar, qui menait à la salle où elle avait fait passer l'entretien pour la mission.

-Je souhaiterais vous parler un moment, au calme, cela vous convient-il ? Et puis, j'avais promis de fêter le succès de la mission avec vous, même si je doute que vous vous soyez privée depuis notre retour.

[Mortelune]

La petite pique adressée à son endroit par Uri concernant son retard aurait presque pu la faire rougir de honte si elle n'avait pas été si bonne comédienne. Elle se contenta de répondre à son sourire mi-figue mi-raisin par un autre sourire gêné. Le sourire destiné à meubler les moments où les excuses viennent à manquer.


Comme ravie de ne pas avoir à supporter le regard accusateur de la Noctalienne, bien que la situation, dans le même temps, l'amusait, elle se leva d'un bon lorsqu'elle lui indiqua la direction de la pièce des "conversations secrètes" comme l'artiste se plaisait à la dénommer. Alors qu'elle zig-zaguait entre les tables et chaises disséminées dans la grande pièce de la taverne, elle répondit à la requête d'Uri.

-"Avec plaisir ! Voila plusieurs jours que je n'avais plus de vos nouvelles. Je commençais à croire que vous m’évitiez suite à notre mission. Puis j'ai finalement reçu votre message de rendez-vous. Là encore, il m'aurait été agréable de vous voir en personne mais j'ai fait contre mauvaise fortune bon cœur me disant que je vous reverrais sous peu."

Les gens du Pays du Thé étaient connus pour être passés maître dans l'art de la diplomatie. Si bien qu'il était souvent difficile de distinguer le compliment honnête de la flatterie hypocrite dans leurs discours. Saké ne dérogeait pas à cette coutume et Uri aurait été bien maline de connaitre avec exactitude les intentions des mots de l'illusionniste. Cette dernière reprit alors :

-"En effet, Dame Uri, j'ai... comment dire... remercier les Esprits pour m'avoir permis de revenir en vie de cette mission. J'ai trinqué à leur santé... Plutôt deux fois qu'une. C'est assez drôle d'ailleurs que vous vous en doutiez...il faut croire que, même si nous nous connaissons depuis peu, vous avez du cerner quelques unes de mes particularités. Mais... pas toutes !"

[Melkerah]

En effet, Uri ne parvint pas à déterminer le degré de sincérité et d'ironie du discours de Saké, ce qui la perturba un peu. Cette femme avait un talent certain pour la comédie et la Noctalienne n'était pas sûre de ce qu'elle en pensait. Tout dépendait comment ce talent serait utilisé en fin de compte.
Elle la guida vers la salle à l'étage et lui indiqua les fauteuils d'un geste pour qu'elle s'y installe à son aise, réfléchissant à l'attitude à tenir.

-J'avais malheureusement beaucoup de choses à régler ces derniers jours, suite à la mission, c'est pourquoi je ne suis pas venue vous voir plus tôt. J'espère ne pas vous avoir offensée.

Face à quelqu'un qui maniait la langue de bois, le mieux était souvent de feindre le prendre au mot pour lui répondre sur le même ton, ainsi que l'avait appris Uri lors de sa carrière de voleuse.


-Je n'oserai pas prétendre vous avoir vraiment cernée, mais du peu que je connais de vous, cela me semblait évident.

Elle s'installa dans un des canapés pour faire face à Saké et l'observa un moment, cherchant à décrypter son comportement, mais finit par y renoncer. Elle sourit avant de reprendre la parole.

-Bien, je vous ai donné ce rendez-vous pour une raison particulière. Bon, également pour me faire pardonner de vous avoir délaissée ces derniers jours et de n'avoir pas encore tenu ma parole de fêter avec vous notre succès, mais surtout au sujet de vos talents. J'ai été très impressionnée par vos capacités d'illusionniste, entre autres, c'est pourquoi j'aimerais vous proposer une collaboration plus poussée.

[Mortelune]

Passée la petite joute verbale politicienne, la tournure que prenait la conversation commençait à intéresser Saké. C'est précisément le moment que choisit Zabuza pour surgir de nulle part, au détour d'une banquette confortable.

-"Ah te voilà toi..." s’étonna mollement la comédienne en fixant la cruche d'un air blasé tout en décrochant la boucle de sa ceinture à laquelle pendait ses trois lames fines et de déposer celles-ci à ses côtés, sur le canapé confortable qu'elle occupait à présent.


-"Je comprends ne vous inquiétez pas, le retour de votre frère a du vous demander beaucoup de temps et d'organisation... Il y a effectivement des priorités à respecter" ponctua Saké comme pour se convaincre elle même qu'être sérieux et responsable pouvait être une bonne chose.


Puis l'artiste cligna de l’œil de surprise, à l’évocation d'une collaboration plus poussée, selon les termes d'Uri et ne pu, pour le coup retenir le dessin d'un large sourire sur ses lèvres roses et ce malgré tout le talent dont elle faisait montre pour dissimuler ses émotions.


-"Je... he bien. Je ne m'y attendais pas vraiment en fait. Non pas que je doute de mon talent, car en vérité et en toute honnêteté, je sais pertinemment que Romias ne serait pas ici sans mon intervention... Mais je doutais par contre que vous partagiez ce sentiment et de votre considération à mon endroit. Disons que j'ai pris l'habitude de voir mes méthodes contestées et remises en question... Un peu à la manière de Thurias, même si au final notre association a eut quelques effets positifs. Mais je lui reste cependant supérieure en tout point... Mais là n'est pas le sujet. Enfin... je suis ravie de vous voir enfin admettre l'étendue de mon talent personnel !"

Saké croisa les jambes avec une élégance nonchalante et posa son menton au creux de l'une de ses mains, comme pour mieux se concentrer sur les prochaines paroles que prononcerait la Noctalienne.

[Melkerah]

Ravie de voir que le jeu d'actrice de la comédienne laissait un peu plus place à la vraie Saké, Uri se détendit et poursuivit avec un sourire sincère, gloussant même en l'entendant affirmer sa supériorité sur le barbare.

-Vos méthodes déplaisent peut-être à beaucoup de gens, mais en tant que Noctalienne, je ne peux que les admirer. Vous avez du comprendre que nous-même étions du genre fourbe, même si c'est d'une façon un peu différente, mais ça nous rend sensibles à vos qualités.

Uri hésita un peu à entrer dans le vif du sujet. Elle n'était pas exactement sûre de pouvoir faire confiance à Saké et ne parvenait pas à anticiper sa réaction. En même temps, il ne servait à rien de tourner autour du pot. Au pire, elle rattraperait la situation d'une façon ou d'une autre.

-Je crois vous avoir déjà parlé de l'organisation que je dirige, reprit-elle prudemment. Je suis certaine que vous seriez un atout pour nous, c'est pourquoi je souhaite vous offrir une place parmi nous.

Elle se tut et attendit de voir la réaction de son interlocutrice.

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