Re: Taverne du Loup Hurlant à la Lune

[Melkerah]

Elasa le guida donc dans les ruelles de Clantor en direction de chez elle, évitant par habitude les chemins les plus fréquentés. Peut-être d'ailleurs Eric préférait-il éviter les regards trop curieux en attendant de se rendre plus avenant, songea-t-elle quand elle se rendit compte de ses propres détours. Ou alors préférait-il assumer sa condition de mort-vivant ? Bah, elle aurait tout le temps de voir comment il se comporterait.
Ils arrivèrent assez rapidement, et Elasa indiqua a salle de bain à son invité.

-Sans vouloir vous insulter... fit-elle d'un ton hésitant, je ne sais pas l'effet qu'un bain aura sur vous, vu votre état, mais ne vous inquiétez pas d'éventuelles... salissures. Enfin faites comme chez vous quoi !

Elle pria pour que sa maladresse ne vexât pas Eric, mais elle ne savait vraiment pas comment se montrer délicate dans cette situation.

[HRP : j'ai un sujet "maison d'Elasa", mais s'il n'y a pas de partie RP intéressante à y faire, je suggère de ne pas l'utiliser]

[Irio]

"Sans vouloir vous insulter... fit-elle d'un ton hésitant, je ne sais pas l'effet qu'un bain aura sur vous, vu votre état, mais ne vous inquiétez pas d'éventuelles... salissures. Enfin faites comme chez vous quoi !"

"Ne vous inquiétez pas, je vais juste m'enlever les morceaux de chair en décomposition qui traîne, et laver mon crâne. Mes mains sont en assez bon état, je vais pas essayer d'y toucher."

Eric entra dans la salle de bain et referma derrière lui. Il défit son lourd manteau et le laissa tomber au sol au côté de son carquois et des flèches qui s'étalèrent dans tous les sens. Si quelqu'un pouvait voir le corps du mort-vivant à ce moment, il pourrait voir plusieurs de ses côtes ressortant de sa poitrine et une déchirure au niveau du ventre, recousu à la va-vite, provoqué sans doute par un charognard quelconque. Ses bras et ses jambes était quant à eux en meilleurs état.

Il entra dans le bac d'eau, ne pouvait sentir si celui-ci était chaud ou froid. L'eau pourrait bien lui faire fondre sa chair qu'il ne pourrait pas s'en douter. Il commença alors à prélever les morceaux de chair restant sur son crâne et à les laisser tomber dans l'eau. Son crâne était alors tout lisse. Il tenta ensuite de rentrer ses côtes dans sa poitrine, sans succès. Il resta alors quelques minutes ainsi, puis remarqua que des morceaux de peau de son pied se décollait. Il sortit donc du bac et prit de quoi se sécher, il frotta frénétiquement l'eau sur son pied afin de le faire s'en aller, provoquant ainsi une perte de chair plus rapide. Il cessa donc et se rhabilla. Il prit de quoi se parfumer et s'aspergea afin de masquer le reste d'odeur de décomposition. Il sortit ensuite de la salle et retourna à la rencontre d'Elasa.

"Voilà, c'est pas plus propre comme ça ? Comment me trouvez vous ?"

Il commença à avancer vers la sortie.

"Donc vous disiez que votre frère pourrait me trouver un arc ? Ah, et il reste quelque morceaux de chair dans votre salle de bain, j'en suis désolé."

[Melkerah]

Elasa s'efforça de voir Eric sans le comparer à un humain vivant, juste comme un être à part entière, un mort-vivant, avec des critères esthétiques sans commune mesure. Sinon, elle serait forcément insultante.

-Oui, c'est plus net, acquiesça-t-elle, et avec un arc vous aurez sans doute l'air plutôt impressionnant.

"Donc vous disiez que votre frère pourrait me trouver un arc ? Ah, et il reste quelque morceaux de chair dans votre salle de bain, j'en suis désolé."

-Oui, il a du stock, vous devriez trouver quelque chose qui vous plaise je pense. Ah, pas de souci, je nettoierai plus tard. Au moins vous devez vous sentir mieux comme ça.

Elasa suivit son invité vers la sortie.

-Venez, je vous emmène au marché de mon frère, dit-elle.

[HRP : ce coup-ci, changeons de RP pour "le marché noir" de la Maison]

[Thurias de Narzyom]

Le barbare ne dit plus rien de tout le trajet, il répondait de brefs hochement de tête avec un air mauvais. Visiblement le barbare n'aimait pas trop qu'on lorgne sur ses faits et gestes. Peut être vaudrait-il mieux, à l'avenir qu'il ne se passe pas la même chose. Il entra après Uri dans la taverne et observa les coins et recoins de la salle, inspirant un grand coup pour se calmer. 

-C'est ta taverne ? Comment s'appelle t-elle ?

Il s'attarda dans la pièce principale, tournant sur lui même pour mieux se rendre compte de la superficie et de l'agencement de la pièce, puis il retourna vers Uri :

-Tu veux que j'fasse cracher des clients qui veulent pas payer, c'est ça ?

[Melkerah]

Uri ne put retenir un gloussement grinçant.

-Bien sûr que non, je n'ai jamais eu de problème à ce sujet. Mon frère s'occupe parfaitement de ce genre de problèmes. Et puis je ne vois pas pourquoi je t'emploierais pour une bêtise pareille...


Ils croisèrent la serveuse, une jeune femme qui ressemblait énormément à Uri, mais en plus jeune et avec un teint maladif qu'elle dissimulait derrière un masque coloré. Elle salua aimablement Thurias et se dépêcha d'apporter la commande qu'elle transportait.

-Ah, reprit Uri, et cette taverne s'appelle le Loup hurlant à la Lune.

Elle guida son invité derrière le comptoir, sous le regard sombre et perçant d'un autre serveur qui ressemblait également beaucoup à Uri, mais lui aussi possédait ce teint maladif qu'avait la première serveuse. Il ne les lâcha du regard que quand ils passèrent la porte en bois sombre cachée derrière le bar, qui débouchait sur un petit escalier jusqu'à une salle confortablement aménagée.

-Ne fais pas attention au barman, il surveille tout le monde en permanence dans la salle d'en bas. Ici en revanche, la discrétion et la tranquillité sont assurées. Et calme tes nerfs, aucun de mes amis ne te surveillera à partir de maintenant.

Puis elle se dirigea vers un des immenses placards qui meublaient la pièce, se plaça de façon à cacher la serrure et déverrouilla la porte, dévoilant une impressionnante collection d'alcools de tous les genres.

-Sers-toi, dit-elle à Thurias, j'espère que tu y trouveras quelque chose de satisfaisant...

Toutes les bouteilles étaient de bonne qualité, agrémentées de quelques crus de grande valeur, le tout d'origines aussi diverses que variées. Uri elle-même ne savait pas d'où venaient certaines de ces boissons et n'avait pas l'intention de les présenter à des experts. Ces crétins avaient bonne mémoire...

[Thurias de Narzyom]

Sans converser, Thurias suivait son hôte jusqu'à une petite salle bien aménagée. Sur le chemin, il croisa des individus qui ressemblaient étrangement à Uri.Le barbare fronça les sourcils et laissa échapper un grognement sourd : Peut être qu'une sombre magie était à l’œuvre, peut être que non, quoi qu'il en soit, ce genre de choses ne lui plaisait pas trop. Une fois dans la petite salle, il remarqua la collection d'alcool de la jeune femme et pouvait en effet constater la qualité de la collection. Il dessina un sourire vicieux sur son visage.

-Vous avez du fortham ?

Encore un nom qui sonnait étranger. Thurias put constater qu'aucune bouteille de ce breuvage n'était présent dans la collection. Il haussa les épaules et reprit :

-Je prendrais de la bière naine alors.

Malgré sa commande, il attrapa une bouteille au hasard, la déboucha et la sentit. L'alcool semblait lui avoir piqué le nez si bien qu'il grimaça, puis ponctua d'un sourire satisfait avant d'amener la bouteille à sa bouche et d'en descendre une bonne gorgée. Il déposa son paquetage contre un mur et se défit de son épée pour la garder, fourreau en main. Thurias se trouva une place qu'il jugea confortable, s'approchant un tabouret sur le quel il posa son pied droit, s'avachissant sur le beau fauteuil qu'il avait sélectionné, son épée rengainée sur ses jambes.



-C'est pas mal le Loup Hurlant à la lune ... Ça m'change de la taverne du Pré Fleuri qui n'accepte pas que j'essuie mes bottes sur sa d'vanture. Mais c'est pas mon nom de taverne préféré.


Il prit un moment pour ricaner et se porter une nouvelle gorgée de sa bouteille à présent considérée comme acquise. Il inspira un bon coup et questionna :



-Et pour ce travail alors ? J'aimerais bien savoir ce qu'on me propose et pour combien.

L'air nonchalant du barbare jurait quelque peu avec le décor, mais il savait qu'il n'était pas payé pour sa finesse ni pour la causette. Thurias avait une cicatrice qui lui barrait le nez, étrangement voyante. Ses yeux verts mi-clos confortaient l'aspect sauvage de sa blessure. En effet, Thurias semblait avoir frôlé la mort de quelques centimètres, et pourtant, les autres cicatrices sur son corps semblent prouver qu'il n'y a pas échapper qu'une fois. Les cicatrices et l'aspect de cet homme de 6 pieds de haut l'ont beaucoup aidé à se faire une place au soleil dans cette contrée qui n'est pas la sienne. Évidemment, nombreux sont les hommes puissants qui veulent s'enlever une épine du pied, et Thurias avait bien compris ça. Des épines, il en avait déjà enlever, et il ne semblait pas être décourager d'en enlever une de plus.

[Melkerah]

Uri haussa les épaules à la critique du nom de sa taverne.

-Ce nom n'est pas fait pour te plaire, il a été choisi parce qu'il semblait évident.

Elle haussa les sourcils en retint un soupir en voyant Thurias poser ses bottes sales sur ses meubles. Elasa venait de nettoyer... Mais bon, vu la fréquence à laquelle elle-même salissait cet endroit, il aurait été hypocrite de se plaindre. Il était amusant de voir à quelle vitesse l'étranger prenait ses aises, et encore plus de constater la vitesse à laquelle il vidait sa bouteille. Tant qu'il ne finissait pas ivre mort, ça le regardait, et vu sa constitution indéniablement solide, il en faudrait plus que ça pour l'enivrer.
Bon, le travail.

-Le travail consiste à peu de chose près en une chasse à l'homme, expliqua-t-elle, à ceci près que la cible doit rester vivante. Il ne sera sans doute pas seul, et la mort de ses compagnons m'indiffère tant que je récupère celui que je veux. Je ne sais absolument pas où il se trouve, c'est pourquoi tes talents de pisteur seront requis, puisque les miens ont leurs limites et que je ne pourrai sans doute pas l'approcher avant qu'il soit acculé. La cible elle-même est dangereuse, bien que je ne puisse pas dire avec certitude à quel point.

La noctalienne s'efforça tout du long de garder un ton neutre et professionnel, mais la tristesse et le ressentiment menaçaient à chaque instant de faire trembler sa voix. Elle ne put pas le dire, mais elle espérait secrètement que ce traître serait blessé durant cette mission, qu'il souffrirait, tout en même temps qu'elle souhaitait retrouver le frère qu'elle avait connu avant cette trahison...
Elle chassa ces pensées avec détermination. La faiblesse n'avait aucune place dans cette histoire.

-Quant au paiement, il peut s'agir d'une bourse remplie d'or ou de divers services, selon tes besoins.

A force d'observer son nouvel employé, Uri commençait à se sentir des points communs avec lui, au milieu des évidentes différences. Les nombreuses cicatrices qu'il arborait montraient qu'il avait passé de nombreuses difficultés et s'en était toujours sorti, et son attitude prouvait qu'il n'avait pas perdu sa détermination à continuer sa route en dépit des obstacles. Et cet air sauvage et dangereux n'était pas sans lui rappeler son propre aspect qui, bien que moins éclatant que celui de Thurias, avait souvent dérouté son entourage. Cependant, la noctalienne avait toujours joué de son art de la dissimulation pour se donner une présentation inoffensive au prime abord, ne dévoilant l'étendue de ses étrangetés qu'au moment opportun.

[Thurias de Narzyom]

Thurias haussa les épaules et pouffa.

-J'ai jamais dit qu'il devait m'plaire, et puis, j'trouve pas ça si évident, je faisait juste ... une remarque.

Il termina la bouteille et la posa d'un air satisfait au sol, au pied de son fauteuil. Il écouta attentivement la jeune femme lorsqu'elle se mit à lui exposer les contrat. Calmement, il demanda ensuite :


-C'est plus dur de ne pas tuer, je peux au moins l'estropier ? C'est un sorcier ou un guerrier ? Combien à t-il d'hommes environ ? Pour le pister, il faudrait que je sache où il est, pour pouvoir suivre sa trace. D'ailleurs, à quoi il ressemble ? Parce que moi, je vous fait le travail sans problème, mais il me faut un peu d'précision, savoir ce que j'embarque et où ?

Il s'avachit encore un peu plus dans le fauteuil, et secoua la tête l'air borné, répondant sans perdre de temps :


-J'ai surtout besoin d'or, je n'ai pas besoin d'aide pour me battre.


Thurias soupira sèchement, les yeux dans le vague un instant. L'orgueil du barbare semblait le brider quelque peu. Il avait énormément de mal à faire confiance aux gens et ne s'alliait pas à eux pour cette raison. Cependant, Thurias ne semblait pas solitaire de nature. Sa fierté pouvait le cacher, mais ses yeux trahissait une certaine tristesse et un grand mal du pays.

[Melkerah]

Uri soupira à son tour, regrettant elle-même la difficulté de la mission qu'elle confiait à Thurias.

-Je ne t'enverrai pas seul à sa recherche, dit-elle, je viendrai moi-même et il me faudra au moins une autre personne. Comme tu l'as dit, c'est parfois plus compliqué de capturer quelqu'un vivant que de tuer simplement. Je préférerai qu'il soit encore en un seul morceau au final, mais si la nécessité l'exige, le blesser sera un moindre mal... d'autant qu'il doit pouvoir se régénérer rapidement maintenant.


Elle s'adossa au canapé et sortit une de ses dague pour jouer distraitement avec tandis qu'elle résumait les informations qu'elle possédait pour guider les recherches.

-J'ai très peu d'informations, malheureusement. Il n'est ni guerrier ni magicien, du moins pas dans le sens habituel ; à la base il s'agissait d'un voleur, le genre dont on ne repère le passage que quand on constate qu'on a plus sa bourse, sans magie d'aucune sorte. Mais lors de sa... disparition, il y a plusieurs mois, il a subi une transformation qui a totalement changé ses capacités. A présent, il contrôle vraisemblablement des insectes de diverses sortes et ses capacités physiques n'ont plus grand-chose d'humain.

Elle fouilla une de ses innombrables poches et en sortit deux dessins de sa propre main, sans charme mais suffisamment réalistes pour les besoins du moment, pour les tendre à Thurias.

-Voici deux portraits, l'un de sa forme originelle, qu'il peut sans doute encore reprendre à volonté, et l'autre de sa nouvelle apparence.

Le premier représentait un jeune homme extrêmement semblable au serveur croisé un peu plus tôt, même cheveux noirs, mêmes yeux sombres et perçants, même peau blême au teint maladif, la principale différence résidant dans ses traits plus doux. Le second montrait une créature inhumaine, n'ayant que la structure générale du corps en commun avec le premier dessin, arborant trois tentacules terminés par des crocs dans le dos, une peau parcheminée, un crâne squelettique aux dents acérées et dévoilées par la quasi-absence de lèvre supérieure.
Ce second portrait était en vérité plus inspiré d'Amok, l'auteur de cette métamorphose chez la cible de la mission et ancien ennemi mortel d'Uri. Cependant, il était largement représentatif de ce qu'était devenu le frère de la noctalienne.

-Quant aux compagnons qu'il n'aura pas manqué d'assembler, ils auront sûrement subi la même transformation, mais je n'ai aucun moyen de savoir combien il a pu en trouver. Je n'ai qu'une vague idée de la direction qu'il a prise, on a retrouvé plusieurs de ses campements, mais j'admets que ça reste un point flou... Il nous connaît trop bien, moi et les autres, pour se laisser prendre par nos propres méthodes. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai besoin de tes compétences.

Elle se redressa et se pencha en avant pour fixer son regard sur celui de Thurias.

-Je ne doute pas que tu n'aies besoin de personne pour te battre, mais je peux te fournir du matériel, même si je constate que tu es déjà parfaitement armé, ou un logement, ou je ne sais quoi d'autre que tu puisse vouloir.

[Thurias de Narzyom]

Thurias grogna lorsqu'il entendit Uri énoncer certaines particularités de la cible, mais, plus comme ci c'était une épine dans son pied.


-La régénération, c'est d'la triche. Mais ça m'éviteras de le tuer.

Il inclina la tête sur le côté, se rendant soudain compte du bon côté de la chose. Il attrapa les portraits de ses grandes mains, tout en écoutant, d'un air distrait, les informations que lui donnait son employeuse.

-C'est plutôt une aberration donc. Ça coûte un peu plus cher ce genre de contrat. Mais dîs moi, ce mec te ressemble, ainsi qu'à la plupart des personnes qui travaillent ici.

Le barbare releva tout à coup ses yeux de la feuille pour fixer Uri, tentant sans doute de percer une émotions qui pourrait lui en dire plus sur la situation.


-Je partirai du campement qui vous semble le plus récent et j'essayerais de pister sa route à lui et ses sbires. Je pourrais m'occuper de cette mission seul, mais, si t'insistes pour m'épauler ... Et, je n'ai besoin que d'or.

Il conclut fermement et sèchement ses propos, examinant à nouveau les portraits. Il semblait évaluer chaque traits de l'illustration, afin probablement d'étudier la cible avant de passer à l'action.

[Melkerah]

-A ta guise, répondit-elle au sujet de l'or. Et j'insiste pour accompagner cette mission ainsi que pour engager une autre personne. Je ne remets pas en cause tes compétences, mais avec autant d'inconnues, je préfère toujours avoir un coup d'avance.

Elle soutint le regard de Thurias sans ciller avant d'éclairer un peu sa lanterne au sujet de la ressemblance entre Uri et ses "employés".

-C'est normal qu'il me ressemble, dit-elle sur le ton de la conversation, c'est mon frère. Tout comme l'homme en bas. Les serveuses sont ma sœur et ma cousine.

Malgré son ton neutre, une certaine fierté perçait dans la voix d'Uri, une fois le dégoût dû à l'évocation de la cible effacé. Puis elle se remit à réfléchir plus sérieusement.

-Une petite chose, reprit-elle d'un air ouvertement méprisant, méfie-toi de ses insectes, ces saloperies sont parfois plus dangereuses qu'on veut bien le croire, même quand elles ne font pas un mètre de haut. Ils peuvent aussi bien t'asperger d'acide que te pondre dans le corps, t'empoisonner, ou t'espionner.

Le loup dans son esprit retenta de se manifester, la colère ayant nourri son agressivité, mais il ne put que transformer les ongles d'Uri en espèces de semi-griffes. Il était temps que cette histoire se termine, sinon la noctalienne risquait de se faire submerger par la fureur sauvage de sa nature de lycan.


-Bien, en attendant le départ, tu peux profiter un peu de la taverne si ça te tente... dit-elle en espérant profiter de ce moment pour reprendre son calme.

[Thurias de Narzyom]

Thurias ne répondit pas au début, laissant la jeune femme parler tandis que son regard fixait le vide. Il se permit de sortir son épée le temps que cette dernière lui parles de la mission, la toisant de temps à autres, et sortit une pierre avant de commencer à aiguiser son épée avec cette dernière. Il ne répondit que lorsque la jeune femme lui proposa de profiter de la taverne par une réponse qui n'avait rien à voir :


- En somme je dois attendre que tu aies plus de monde pour débuter la mission ? Soit ... J'imagine que tu as une baignoire quelque part ? J'ai besoin de me laver.


Il fit grincer une dernière fois la pierre contre sa lame avant de la remettre dans son paquetage et de ranger son épée dans un sifflement de metal bref mais bruyant. Il continua de fixer Uri en attendant que cette dernière lui réponde.

[Melkerah]

Uri haussa les épaules, agacée par ce bruit qui agressait son ouïe sensible.

-Il y a une baignoire à l'étage des chambres, répondit-elle, et tout ce dont tu peux avoir besoin pour te décrasser. Profites-en autant que tu veux. Je serai au bar.

Elle se leva et lui indiqua la porte pour le mener à la salle de bains, puis appela une des serveuses pour remplir le baquet.

[HRP : suite quand Mortelune nous aura rejoints ?]

[Thurias de Narzyom]

Thurias suivit la serveuse tout en commençant à se dévêtir sur le chemin. Visiblement, la pudeur semblait lui être étrangère. Il répondit à la jeune femme avant de passer la porte :

-Très bien, mais, j'en ai probablement pour un p'tit moment ...

Puis il referma la porte tranquillement.

[Hrp : D'accord, pas de problèmes pour ma part ]

[Melkerah]

Un peu plus tard, la porte de la taverne s'ouvrit de nouveau sur des nouveaux venus. Enfin, Noru n'était pas vraiment un "nouveau venu", pas plus qu'Irano qui était arrivé quelques minutes plus tôt, mais la jeune femme qui les accompagnait, elle, l'était bel et bien. Noru fit signe à Saké d'entrer.
Les trois serveurs, deux femmes et un homme, étaient les portraits crachés des deux premiers noctaliens qu'avait vus la jeune femme : teint blême, cheveux et yeux noirs, sveltes ou même maigrichons en ce qui concernait l'une des deux serveuses. Le noctalien posté au bar était sans doute le plus étrange du lot avec son visage taillé à la serpe et son regard attentif et presque tranchant. A peine entrés, Saké et Noru furent accueillis par la plus jeune des serveuses, sans doute la plus avenante des employés.

-Bonjour et bienvenue au Loup Hurlant à la Lune ! lança-t-elle d'un ton guilleret. Puis-je vous trouver une table à votre convenance, ou peut-être désirez-vous autre chose ?

Elle semblait ignorer la présence de son cousin malgré le rapide regard qu'ils avaient échangé. Ce qui n'empêcha pas ce dernier de s'adresser à elle.

-Occupe-toi d'elle, elle est à crédit. Et va chercher Uri.

La jeune noctalienne acquiesça et reporta son attention vers la cliente.

[Mortelune]

Saké emboîta le pas de Noru et pénétra dans la taverne du Loup hurlant à la lune. A peine eut-elle replié son ombrelle rouge qu'elle se sentit aussitôt à l'aise dans cet établissement. Comme si elle avait fréquenté cet endroit de façon assidue dans une autre vie.


La comédienne inspecta la disposition des lieux en un regard circulaire. Elle appréciait l'atmosphère feutrée que donnaient à l'endroit quelques les chandeliers disposés sur les tables. Elle fut par ailleurs fort aise de pouvoir se retrouver ici, au calme, loin de l'agitation de la rue qui commençait à lui donner le mal de crane. L'auberge avait un certain cachet et était décorée avec gout, du moins, Saké appréciait ce qu'elle même qualifiait d'élégante sobriété. 
 
Elle retraça mentalement le chemin parcouru depuis son exil et parvint à la conclusion qu'elle devait beaucoup à la chance d'être parvenu jusqu'ici en un seul morceau. Se savant sur le point de rencontrer un employeur potentiel, elle ajusta ses cheveux en bataille en replaçant les baguettes qui tenaient son chignon et comme souvent s'assurait que son œil droit aveugle et entaillé verticalement par une fine cicatrice était bien dissimulé par un pan de ses cheveux de jais.

Ça irait bien, décida-t-elle.

A son tour, Zabuza, la cruche magique, prit connaissance de l'endroit... à sa façon. Elle déambula quelques secondes de gauche à droite, inspecta les tables et chaises sans faire attention aux éventuels regards puis jeta son dévolu sur un petit tabouret qui semblait fort confortable et s'y installa dans la foulée.

Il n'échappa pas le moins du monde à Saké l’étrange similarité des traits qu'affichait le personnel de la taverne. Ils se ressemblaient tous de façon frappante si bien que l'espace d'un moment, la jeune femme se demanda si elle avait à faire à des clones ou à une manifestation d'un sort de duplication, qu'elle même maîtrisait. 

Mais elle nota tout de même quelques différences sur les visages des uns et des autres qui coupaient court à chacune de ses théories. Elle décida donc de ne pas en tenir compte plus longtemps et qu'ils avaient simplement un air de famille extrêmement prononcé.

La plus vieille des serveuse et le barman semblaient peu avenants, à priori. C’était d'ailleurs le moins que l'on puisse dire pour le barman. Peut-être n'aimait-il pas les clients. Saké estima que dans ce cas, il aurait probablement mieux valu pour lui d’exercer un métier dans lequel le relationnel n’était pas impactant pour le chiffre d'affaire... Croque-mort par exemple, plaisanta-t-elle pour elle même. 
Elle se garda pourtant bien de faire tout commentaire, ayant toujours dans l'idée de respecter la résolution qu'elle s’était fixée avant d'entrer dans la Taverne recommandée par Noru à savoir : essayer de ne pas tout faire foirer trop vite.

Elle fut arrachée à son état contemplatif par la question posée par la plus jeune des serveuses, qui affichait également le visage le plus agréable.

Surprise, Saké baissa son regard vers l'employée qui visiblement attendait une réponse.

-"Je... ahem... Bonjour mademoiselle. Désolée, j’étais perdue dans mes pensées. Hé bien oui, je prendrai bien une pinte de...."

La comédienne s'interrompit alors et se remémora  la promesse qu'elle s’était faite plus tôt de mettre toutes ses chances de son coté. Si elle commençait à boire maintenant, c’était l'assurance que d'ici deux ou trois heures, les choses dégénéreraient inévitablement. Elle avait eu son lot de combats, rixes, courses poursuites, incendies et explosions ces dernières semaines. 

Et puis fauchée comme elle l’était, il lui fallait absolument ce boulot, quel qu’il soit. Dans ce contexte la sobriété était de mise. Elle aurait tout le temps de boire une fois le contrat passé.

-"... de thé. Oui, du thé sera très bien. Une théière suffira... avec un bol. Oh et si je peux abuser... et je sais que je peux... si vous aviez quelques amuses bouches qui traînent, ça serait parfait. Oh et je souhaite m'installer ici". dans le même temps Saké désigna une table disposée sur le coté de la pièce. L'un des fauteuils était positionné le long d'un mur. D'ici, elle pourrait observer à sa guise toute la pièce sans se soucier de ce qui se passerait dans son dos.

[Melkerah]

La jeune serveuse, Yoré, acquiesça poliment et fit signe à sa cliente de s'asseoir à la table qu'elle avait choisie, puis partit chercher la commande ainsi que la patronne. Elle transmit la première au barman patibulaire et emprunta la porte dissimulée par le bar. Puis elle revint et prit la théière préparée par le noctalien avec une assiette de petits gâteaux sucrés et salés, qu'elle apporta à Saké avec le bol demandé. Quant à lui, Noru s'adossa au mur à quelques mètres de l'étrangère et attendit l'arrivée d'Uri.
Cette dernière fit bientôt son entrée. Elle était un peu différente des autres noctaliens, bien que le lien familial soit évident : son teint, tout aussi pâle, n'avait cependant pas l'aspect maladif qui caractérisait les autres, et sa posture indiquait quelqu'un d'assuré par rapport à leur attitude discrète. Elle portait une cuirasse souple de qualité, agrémentée de deux dague et un sabre fin, et un œil attentif discernerait une large cicatrice au niveau de sa gorge. Elle mesura Saké du regard et vint s'asseoir face à elle en la saluant d'un signe de tête.

-Je m'appelle Uri, se présenta-t-elle. Yoré ne m'a donné ni votre nom ni les raisons de votre présence...

Effectivement, ladite Yoré n'avait pas pensé à poser la question. Noru s'abstint de répondre à la place de la première concernée.
Uri aperçut la cruche qui patientait, confortablement installée sur son tabouret, et fronça les sourcils. Même elle, qui commençait pourtant à avoir l'habitude des étrangetés, n'avait jamais rien vu de tel. Cependant, elle garda ses interrogations à ce sujet pour elle-même. La diplomatie exigeait de commencer par un terrain moins risqué.

[Mortelune]

Recroquevillée sur son fauteuil, les genoux pliés sous son menton, Saké soufflait doucement sur son bol de thé chaud lorsque celle que Noru avait désigné comme étant la patronne des lieux se présenta face à elle.


Elle ne fut qu'à moitié étonnée de constater que son interlocutrice disposait elle aussi du teint livide qui caractérisait chaque employé de la taverne. Disons que l'effet de surprise avait disparu.


Malgré la ressemblance frappante, celle qui s’était présentée sous le nom d'Uri dégageait une aura différente. Sa prestance, son allure, une lueur dans ses yeux noirs, quelque chose en imposait chez elle. Peut-être aussi le faite qu'elle se présentait à elle armée jusqu'aux dents.


Elle devina rapidement qu'il ne s'agissait pas d'armes d'apparat comme les portaient parfois certains nobles lorsqu'elle remarqua une magnifique cicatrice sur la gorge de la tenancière. Elle avait déjà donc du risquer sa vie par le passé. Elles auraient toutes les deux déjà au moins une chose en commun.


Saké porta solennellement le bol jusqu'à ses lèvre fines, la paupière de son œil visible fermée. Elle n'avait jamais vraiment été une grande amatrice de thé en dépit du fait que son pays était réputé dans tout Zaerod pour en produire le meilleur, mais cependant elle associait à sa dégustation le rituel qui convenait dans sa contrée, mélange de méditation et d'introspection. Un moment privilégié pour réfléchir à ses actes et prendre des décisions importantes.


Alors qu'elle aurait du observer le silence jusqu'à la fin de son bol, Saké décida de rompre avec la tradition pour éviter d'être taxer d'insolence ou d'impolitesse. Elle était peu au fait des coutumes locales, mais elle se doutait que les siennes pouvaient prêter à confusion.


Elle se dressa donc face à Uri, et s'inclina respectueusement avant de s’asseoir à nouveau. Saké était excentrique, imprévisible, sans pitié et probablement folle à lier, mais elle était respectueuse de certaines valeurs dont la politesse faisait partie.

-"Je suis honorée Uri. Je me nomme Keira Itsusémi, mais on m'appelle la plupart du temps Saké" indiqua la comédienne en omettant intentionnellement de mentionner la raison pour laquelle on l'avait affublée de ce sobriquet.

-"Pour être tout à fait honnête avec vous, les raisons pour lesquelles je me trouve à Clantor m'échappent complètement. Pour faire simple, on peut dire que je suis ici par la force des choses, ou du destin, ou des dieux que vous vénérez peut-être... Si j’étais un peu plus pragmatique on peut aussi dire que je suis ici parce que Noru s'est, l'espace d'un instant, demandé qui pouvait bien être cette femme qui descendait le fleuve en naviguant sur une porte dégondée."

Saké porta à nouveau son bol de thé jusqu'à sa bouche. La boisson était encore chaude et dégageait une fumée blanche translucide qui dansait entre les deux jeunes femmes.


Le visage de la comédienne était impassible et apaisé mais ne laissait volontairement transparaître que le minimum d'information.

-"Votre cousin est fort aimable, mais il est peu loquace. Il semblerait qu'il ait détecté chez moi quelque chose de suffisamment intéressant pour m'offrir une ardoise dans votre coquette petite taverne. Pour être tout à fait transparente avec vous je suis une artiste. Mais pas au sens conventionnel du terme... J’étais autrefois une des attractions principales de la Compagnie du Théâtre des Songes dirigée par Moon le désillusionniste..."

Elle n’espérait pas grand chose de l'évocation de son ancienne troupe puisque sa renommée avait rarement percé au delà des frontières du Pays du Thé. Cela dit, elle ne souhaitait pas en dire plus pour le moment ne sachant pas réellement encore à quoi s'attendre avec Uri.

[Melkerah]

Si Saké était intriguée par Uri, l'inverse était au moins aussi vrai. L'une et l'autre savaient cacher ce qu'elles avaient en tête et la communication n'en serait sans doute pas simplifiée, mais la noctalienne avait bien l'intention de décider si elle devait accorder à la nouvelle venue suffisamment de confiance pour l'embaucher.
Il sembla à Uri qu'elle avait déjà entendu le nom de la troupe mentionnée par Saké, mais elle n'aurait pas su dire où ni ce qui avait été dit à ce sujet. Parmi toutes les informations qu'elle possédait, il devenait parfois difficile de récupérer celle qui convenait.

-Noru est en fait l'un des plus bavards de la famille, dit Uri avec un sourire, mais c'est vrai que ça reste limité. En revanche, je fais confiance à son sens des affaires. S'il vous a ramenée ici et vous offre les services de cette taverne à crédit, c'est qu'il y a une bonne raison. J'ose espérer qu'il ne s'agit pas de vos talents de navigatrice sur porte...

Elle scruta le visage de sa vis-à-vis à la recherche du moindre indice, mais on n'y lisait presque rien, ce qui était surprenant. Pour quelqu'un comme Uri qui avait passé sa vie à manipuler des gens, c'était toujours frustrant de croiser une personne capable de rester si opaque. La noctalienne décida donc de poursuivre.

-Je vais être directe : je suppose que vous avez besoin de travail, ne serait-ce que pour payer les frais de cette taverne. Je me trompe ?

Tout en disant cela, Uri songea que cette femme avait vraiment un aspect étrange. Il ne faisait aucun doute qu'elle était étrangère, rien que le nom semblait l'indiquer. Mais il n'y avait pas que ça : elle semblait à la fois totalement débraillée, mais aussi minutieusement apprêtée au niveau de certains détails. La mèche par exemple : elle dissimulait trop bien son œil pour avoir bêtement glissé du chignon ; ou encore toute son attitude qui oscillait apparemment entre spontanéité débordante et contrôle habile. Quoiqu'il en soit, Uri doutait qu'elle ne soit qu'une simple comédienne, même non-conventionnelle. Ce qui l'arrangeait : elle avait besoin de compétences particulières pour la mission qu'elle avait enfin décidé d'entreprendre.
Mais un doute la taraudait depuis qu'elle avait aperçu Saké. Discrètement, la noctalienne huma l'air, cherchant avec ses sens de lycan une trace inhumaine dans l'odeur de la femme. Mais à part une vague odeur d'alcool et de saleté sans doute due au voyage sur porte, rien de suspect ne fut révélé ainsi. Il fallait donc attendre de voir...

[Mortelune]

Saké n'appréciait guère le fait d'être scrutée ainsi par Uri, jusque dans les moindres recoins de son être. Que cherchait-elle exactement ? A débusquer la part de sombre en elle ? Sa folie serait-elle mise à nu ? Autant de questions se bousculaient dans la tête de la jeune femme.

-"Un bon groupe d'aventuriers doit toujours s'assurer qu'il compte un véritable navigateur sur porte dans ses rangs. Sans quoi, c'est l'échec à coup sûr" répliqua Saké d'un ton des plus sérieux et les sourcils froncés.

La comédienne avait toujours eu une appétence particulière pour le maniement de l'absurde et de l'ironie. Elle savait qu'elle avait affaire avec une femme qui avait suffisamment d'esprit pour s'en amuser également. La seule chose qu'elle ignorait, c’était de savoir si le moment était opportun ou non pour ce genre de déclaration.

Elle se reprit donc dans la foulée.

-"Mais j'ai bien entendu d'autres talents. Je suis épéiste émérite. J'aurais même plutôt tendance à dire hors pair, mais ma modestie naturelle me l'interdit présentement. Cela dit, des bons combattants, on en trouve à tous les coins de rues, et dans toutes les tavernes peu fréquentables. Si vous avez uniquement besoin de gros bras, engagez un semi-orc ou un nordique. En plus vous ferez probablement une bonne affaire vu leurs faibles capacités de négociateurs... en général, un gros sac d'or leur suffit pour risquer leur vie. Non... moi, je vous propose bien plus que cela..." dit elle mystérieusement avant de marquer une pause.

-"Ce que je vous propose, c'est d'assister à une représentation hors du commun". Cette phrase étonnamment ne fut pas prononcée par Saké mais par une personne qui venait de pousser la porte de la taverne avant de s'installer à une table toute proche des deux jeunes femmes.

La personne en question ressemblait trait pour trait à la comédienne si bien qu'il était impossible de les différencier si ce n’était un large sourire sur le visage de la Saké originelle.

-"Et ce n'est qu'un aperçu de mon talent" déclara alors une deuxième copie de Saké qui entrait à son tour dans la pièce en provenance d'une porte qui donnait surement sur les cuisines. 

Sans attendre la réaction d'Uri, la Saké "principale" qui se trouvait devant elle depuis le début l'interpella à nouveau.

-"J'ai bien d'autres numéros à mon répertoire, mais j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop si je les garde de côté pour un prochain spectacle -  demanda-t-elle avant de claquer des doigts de sa main droite. Aussitôt après ce geste les deux copies conformes se volatilisèrent dans de légères volutes de fumées brunes scintillantes - La vie serait tellement triste si l'on ne se réservait pas quelques surprises !" dit-elle d'un air excité en se resservant du thé

Elle reprit une gorgée, silencieusement puis s'adressa à nouveau à Uri tout en sortant sa pipe.

-"Suis autorisée à fumer ici ?- demanda-t-elle avant de poursuivre sans attendre vraiment de réponse - Tout ça pour dire, Madame, qu'en effet, j'ai besoin de travail ! Mais pas à n'importe quel prix. Telle que vous me voyez, je fais probablement peine à voir, mais ces derniers mois ont été éprouvants, je vous prie de le croire. Ce que je vous demanderais donc en retour, ce n'est pas de l'or... mais un logement."

Saké savait que sa requête pourrait probablement surprendre. Mais elle avait suffisamment de talent et d'idées pour faire fortune plus tard. A l'inverse, disposer d'un pied à terre à Clantor, serait un atout de maître dans sa manche pour ses futurs projets. Si en plus elle parvenait à s'attirer la sympathie d'une personne comme Uri, qu'elle imaginait comme une femme de pouvoir et d'influence dans cette ville... elle ferait d'une pierre deux coups

[Melkerah]

Comme l'avait supposé Saké, la remarque au sujet de l'importance de la navigation sur porte fit sourire Uri. Il fallait admettre qu'un peu d'humour faisait toujours du bien. Elle reprit son sérieux pour écouter l'étrangère et s'amusa de la proposition d'engager un semi-orque : c'était déjà fait. Mais l'histoire de la "représentation hors du commun" la laissa sceptique. Que voulait-elle dire par là ?
La réponse arriva vite, sous la forme d'un clone parfait de la femme avec qui elle parlait. Uri ne put empêcher ses réflexes de prendre le dessus, mais parvint tout juste à les étouffer pour que cela reste discret. Le loup, qu'elle avait eu tant de peine à soumettre, retenta de se manifester.
Il fallut quelques instants à la noctalienne pour retrouver une contenance.

-Je vous en prie, répondit-elle à la question de fumer. Très bien, un logement sera mis à votre disposition dès que vous vous serez engagée pour le travail que je vous propose. Vous me semblez avoir des... talents adéquats. Je ne chercherai pas à vous extorquer plus d'informations à ce sujet, tant que je pense pouvoir me fier à vous en tous cas.

Effectivement, Uri était plutôt impressionnée par la petite démonstration à laquelle elle avait eu droit, d'autant qu'à en croire l'auteur, ce n'était pas tout ce qu'elle avait à disposition. Mais autre chose avait éveillé son intérêt, bien qu'elle ne puisse pas encore satisfaire sa curiosité.

-Puisque le prix semble réglé, peut-être voudriez-vous en savoir plus sur le travail proprement dit...? Pour cela, je vous demanderai de me suivre dans un endroit plus approprié.

Elle désigna le bar, ou plutôt la porte dissimulée juste derrière, d'un signe de tête. Sans attendre de réponse, la noctalienne se leva et se dirigea dans la direction indiquée puis s'arrêta à mi-chemin pour attendre Saké.

[Mortelune]

Saké jubila intérieurement à l'évocation de l'accord sur le prix. Elle s'était attendu à une négociation plus ardue. Ou alors la comédienne avait été suffisamment impressionnante pour justifier de l’octroi d'un tel gain.

L'artiste ne savait pas trop ce que cela pouvait augurer. Soit Uri était bien plus puissante et plus riche encore que ce qu'elle pouvait imaginer et dans ce cas, un logement ne représentait pas grand chose à ses yeux. Soit elle savait pertinemment que jamais elle n'aurait besoin de s’acquitter de sa dette. Peut-être imaginait-elle qu'elle mourrait pendant la mission... ou qu'elle aurait un regrettable accident par la suite.

Dans tous les cas Saké décida de rester vigilante.

Elle rendit un signe de tête approbateur lorsque Uri l'invita à la suivre vers un endroit qui apparemment devait être réservé pour les conversations spéciales. Celles qu'il est préférable de tenir à l'écart des oreilles indiscrètes.

La pipe à la bouche, en quelques gestes précis et élégants, Saké rassembla ses affaires, son ombrelle, sa magnifique épée de maître qu'elle avait déposée contre un fauteuil. Elle prit également soin de finir son bol de thé. Le breuvage commençait déjà à refroidir et perdait de sa saveur. Par contre, elle profita d'un instant durant lequel Uri avait le dos tourné pour engloutir les derniers petits fours goulûment. Elle mourrait de faim, littéralement.

Alors qu'elle se levait, Saké la bouche pleine et les joues gonflées comme celles d'un hamster adressa un clin d’œil amical et complice à Yoré, la jeune serveuse qui s’était occupé d'elle plus tôt et qui l'avait vu jeter son dévolu sur les petits gâteaux.  

Puis, en marchant vers Uri, Saké asséna au passage un petit coup de pied au tabouret sur lequel s’était installée Zabuza, visiblement endormie. Cette dernière tomba à la renverse et roula sur le sol ! La cruche, horripilée par le traitement que lui avait réservé sa maîtresse agita ses petits bras en l'air pour lui signifier silencieusement sa colère.

La jeune artiste se trouvait à présent à la hauteur de son interlocutrice. Elle s'adressa alors à elle, en murmurant, sans véritablement la regarder.

-"Je sais que ce genre de pratiques n'est pas forcément d'usage dans le milieu mais... Je viens d'arriver à Clantor et... avant de m'engager, j'apprécierai de disposer de quelques informations concernant votre organisation. Non pas que je me méfie particulièrement de vous. Du moins pas plus ou pas moins que n'importe quel employeur, mais j'aime bien savoir où je mets les pieds. Surtout si le fait de travailler pour vous implique de se mettre à dos certaines personnes ou organisations. Ah et une dernière chose, je n'ai pas vraiment pour habitude de travailler en équipe. Je n'aime pas trop la compagnie à vrai dire. Les mercenaires ont toujours quelque chose à redire, des conseils à vous donner, des recommandations à faire... surtout les mauvais. Nous ne saurions nous encombrer de canards boiteux, n'est-ce-pas ?" demanda-t-elle cette fois en tournant son regard vers Uri et en implorant presque une confirmation.

[Melkerah]

-Je sais que ce genre de pratiques n'est pas forcément d'usage dans le milieu mais... Je viens d'arriver à Clantor et... avant de m'engager, j'apprécierai de disposer de quelques informations concernant votre organisation. Non pas que je me méfie particulièrement de vous. Du moins pas plus ou pas moins que n'importe quel employeur, mais j'aime bien savoir où je mets les pieds. Surtout si le fait de travailler pour vous implique de se mettre à dos certaines personnes ou organisations. Ah et une dernière chose, je n'ai pas vraiment pour habitude de travailler en équipe. Je n'aime pas trop la compagnie à vrai dire. Les mercenaires ont toujours quelque chose à redire, des conseils à vous donner, des recommandations à faire... surtout les mauvais. Nous ne saurions nous encombrer de canards boiteux, n'est-ce-pas ?" demanda-t-elle cette fois en tournant son regard vers Uri et en implorant presque une confirmation.

Uri eut un petit sourire sans joie. N'était-ce pas une de ces recommandations que Saké venait d'imputer aux mauvais mercenaire ? Mais elle garda cette pensée pour elle-même et chercha comment expliquer diplomatiquement qu'il faudrait observer ses propres méthodes.
Elles entrèrent dans la pièce réservée aux négociations et Uri ferma la porte avant d'inviter son interlocutrice à s'asseoir sur un des fauteuils et canapés et de se diriger vers le placard du fond pour y pêcher de quoi boire. Elle n'avait aucune idée des soucis d'alcool de la jeune femme, n'ayant pas fait le rapprochement avec le surnom de cette dernière, et lui en proposa donc tout en se plaçant de façon à dissimuler la manière dont elle déverrouillait ledit placard. Elle prit une bouteille et vint s'asseoir face à sa potentielle employée.

-Mon organisation n'a pas d'ennemis que vous pourriez récupérer au passage, rassurez-vous là-dessus, commença la noctalienne en se servant un verre. Nos... activités se font rarement au grand jour et si quiconque doit nous en vouloir, il ne sait pas contre qui diriger sa rancœur. Je suppose que ces informations sur mon organisation vous suffisent.

Elle but un coup et s'adossa dans son fauteuil.

-En revanche, je suis contrainte de vous décevoir sur un point : nous serons trois pour cette mission, et ce n'est pas négociable. J'ose croire que ma compagnie ne vous offusquera pas, et la troisième personne connaît son travail et s'y tiendra sans vous importuner. Il est aussi solitaire que vous, semble-t-il. J'ai pour habitude de travailler en groupe, même réduit, afin de combiner au mieux les compétences de chacun et d'assurer l'efficacité du travail. Il n'y aura pas de "canards boiteux", mais il faudra se faire à la coopération. Bien sûr, je vous laisserai libre des méthodes à employer, tant que l'objectif est rempli.

La noctalienne se tut un moment, puis planta ses yeux dans ceux de Saké.

-Je vais être honnête avec vous, Saké, le peu que j'ai pu voir de vos compétences me seraient très utiles pour la mission que je vous propose, et j'espère donc que nous parviendrons à un accord.

[Mortelune]

Saké haussa son unique sourcil visible lorsqu'Uri la renseigna sur son organisation et lui rendit un petit sourire complice en retour.

-"Je vous remercie pour ces indications. Elles seront amplement suffisantes. Néanmoins, il faut croire que certains de vos ennemis ont finalement su à qui ils devaient s'adresser pour regler leurs comptes avec votre organisation, si je fais référence à ça" En même temps Saké fit avec son pouce droit le geste caractéristique d'une lame qui tranche un gosier tout en pointant d'un signe du menton la balafre qui ornait le cou d'Uri.

-"A moins que vous ne vous soyez coupé en vous rasant, mais, j'en doute. Vous avez une peau magnifique..." plaisanta la comédienne en se laissant tomber sur un canapé extrêmement confortable.

-"M'enfin, ça m'ira bien de toute façon - poursuivit Saké - Je ne suis pas en position de faire ma Diva. Pas pour le moment. Vos conditions seront donc les miennes et je le accepte. Je tenterai donc de suivre vos consignes du mieux qu'il me sera possible. Un jour peut-être lorsque mon talent incomparable vous aura éblouit et que vous ne pourrez plus vous passer de moi, oserai-je vous imposer mes propres conditions". Après ces quelques mots prononcés elle se perdit dans un léger rire cristallin, puis à son tour, fixa Uri du regard.

-"Oh et une dernière chose, Madame. Il y a deux types de solitaires dans la vie. Ceux qui choisissent d’éviter les autres, et ceux qui subissent la solitude. Sachez qu'il ne me sied guère de voyager seule. J'ai toutefois quelques vieux démons, comme on dit, qui se chargent de me tenir compagnie et de me rappeler d'ou je viens et les épreuves que j'ai pu traverser." Saké termina sa phrase en fixant mélancoliquement Zabuza, sa cruche, occupée à fouiner dans les recoins de la pièce secrète, puis elle redressa son visage pour adresser un léger sourire à Uri.

[Melkerah]

Uri eut une petite grimace à la mention de sa cicatrice et ne put s'empêcher d'y porter la main. Elle hésita un instant, et expliqua finalement avec simplicité :

-Ça n'avait rien à voir avec nos activités, c'était personnel. Ça date d'avant la formation de l'organisation, c'est d'ailleurs ce qui m'a poussée à la créer.

La noctalienne rit tout de même à l'idée de se couper au rasage. Ne serait-ce que parce que ça avait malgré tout un certain côté possible : un loup, c'est poilu. Mais le compliment sur son visage la toucha. Ce n'était pas souvent que les gens de sa race en recevaient.
En revanche, sa méfiance naturelle s'éveilla légèrement par la suite. Elle savait d'expérience que les discours du genre "vous ne pourrez plus vous passer de moi" avaient souvent un sens caché et rarement avantageux pour celui à qui c'était adressé. Mais elle préféra laisser le bénéfice du doute à Saké, tout le monde n'étant pas aussi tordu que ça.
Elle ne cacha pas son étonnement en apprenant que la solitude n'était pas un choix pour l'étrangère, ni son intérêt à la mention indirecte de la cruche magique. Cet intérêt ne venait pas du bénéfice potentiel qu'un tel objet rapporterait, elle n'en avait pas besoin et connaissait la difficulté de revendre ce genre de chose en toute discrétion, mais d'une pure curiosité d'ordre pratique. Elle préféra cependant repousser encore la question qu'elle mourait d'envie de poser.

-En fait, il existe également ceux qui s'imposent une solitude qu'ils n'aiment pas, dit-elle évasivement, mais je comprends ce que vous voulez dire.

Uri rendit son sourire à Saké et décida qu'il était temps d'en venir au contrat.

-Bien, nous sommes d'accord sur les conditions, je vais donc passer à la mission elle-même. Il s'agit de retrouver un... homme, et de le ramener vivant ici même. Il sera sans le moindre doute bien entouré, mais la mort de ses acolytes n'est pas un problème.

La lycan scruta le visage de son interlocutrice, cherchant une réaction quelconque à cette explication simplifiée.

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