Une caravane mise à sac..

[Zodiac]

           Dans le ciel s'était dressé à l'horizon une ombre menaçante, l'on devinait facilement que cela n'avait rien du simple feu de bois, c'était plutôt l'incandescence de matériaux du quotidien, comme une maison en proie aux flammes.. Avec un brin de jugeote, on pouvait deviner que le cœur du brasier était en pleine forêt, sans doute sur l'un des chemins servant à la traverser.. Il arrivait souvent que des bandits pillent des caravanes marchandes qui les empruntait, cependant c'était plutôt rare de jour.. Une fois arrivé, l'on voyait l’œuvre d'une bande de professionnels.. Pas un des chariots n'avait encore ses quatre roues en état technique pour stopper net les chariots et empêcher toute fuite.. Pour faire sortir les occupants, les toiles avaient été enflammés, facilitant alors la sortie des marchandises, pensant qu'ils allaient en sortir, ils s'étaient précipité pour mettre leurs biens en sureté.. Alors se mit en marche l'attaque qui fut des plus rapides, neutraliser les gardes, puis les marchands, empiler les corps (des hommes-rats), puis les entasser et les faire brûler avec le bois des chariots et les marchandises inutiles dont sans doute une cargaison d'huile à lampe.. Afin d'empêcher toute identification et faire de lien avec une bande, les corps des bandits morts durant l'attaque avaient étés récupérés.. Pourtant, les trainées de sang vers le brasier et l'approximation du nombre de défunts faisait penser qu'il n'y eut aucun bandit touché.. Néanmoins, c'était toujours la même paire de bottes qui laissait des empruntes dans la terre humide du chemin..


       C'était trop fin pour un ogre et à la fois trop profond pour être un humain.. Aucun être vivant n'aurait pu pourtant faire ce carnage sans perdre la moindre goutte de sang, un mage peut-être, mais les membres tranchés prouvaient qu'ils s'agissait d'une créature combattante et pensante, capable de faire passer cette attaque pour l’œuvre d'une bande.. Les marques du passage s'enfonçaient plus loin dans la forêt, laissant de grosses traces bien visibles dans la végétation, pour peur que l'on ai remarqué les premières s'éloignant du brasier..

[Shaommon Tayen]

"Non..."

Malgré les doutes initiels que la colonne de fumée avait instillée en elle, Shaommon refusa de comprendre ce qu'elle voyait. Cela faisait maintenant deux semaines qu'elle suivait cette caravane en espérant ramasser les quelques vivres qui finissaient sur la route. Elle n'osa jamais se montrer car sa tenue autrefois luxueuse aurait élevé des soupçons. Même si elle pouvait changer son aspect physique à tout moment, il n'en était hélas pas de même pour sa tenue.
Depuis son échappée récente du dongeon de Dame Emmerly, elle ne pouvait que survivre de ressources naturelles et cette caravane fût un cadeau divin; les homme-rats ont le gaspillage facile. Hors, en dépassant la crête de la colline, elle vit ce spectacle cauchemardesque et eût un haut-le-cors
Une fois le rythme de son coeur calmé, Shaommon nota que ce qui avait provoqué l'incident était reparti et qu'elle n'était pas en danger immédiat. Autant cela la rassurait, autant elle en restait cloué sur le sol. La vision des toiles brûlées, des corps empilés et des traces de combats acharnés la tourmentait de plus en plus fort. Sa tête tournait et elle peinait à reprendre son souffle.

"Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi atroce... Comment une Forme peut-elle infliger autan de mal à ses congénères ?! Qui peut autant avoir oublié la Voie de la Vie et la Voix de la Nature ?"

Après quelques minutes, Shaommon commençait à retrouver une chaîne de pensée plus lucide et pragmatique. Elle raisonna d'abord qu'elle ne devait pas s'approcher du convoi dans les premiers temps afin de s'assurer que personne de malveillant ne soit aussi attiré par la fumée. Ensuite elle estima qu'elle ferait bien d'analyser la scène atroce de loin pour vérifier de quel côté les assaillants se sont dirigés un fois l'attaque finie.
Ce fut donc après s'être accroupie derrière un amas de racine à la lisière de la forêt que Shaommon distingua un détail perturbant.

"Ces traces de bottes n'appartiennent pas aux gardes, elles sont bien plus grande... Toujours les mêmes, partout où je regarde. Non, ce n'est pas possible, les voilà de nouveau", admetta-t-elle en contemplant les profondes empreintes qui s'en allaient de la clairière. "Une seule Forme aurait donc causé tout ceci !"

Cette pensée rassurait Shaommon Tayen à propos de sa ligne de conduite. Elle était résolue à attendre pour s'assurer qu'elle soit seule avant d'examiner le carnage de plus près. La vision d'horreur se déroulant une centaine de mètres derière elle ne quittait plus son esprit. Elle nappa son corps d'un jeu complexe d'ombre et de lumière afin de se dérober à l'oeil inattentif et se prépara à une longue attente.
Elle lâcha une dernière larme amère.

[Tristan Akasha]

Suivant la route jusqu'aux abords de la forêt, et commençant peu à peu à être masqué par l'écran de verdure que produisait les lieux tant ils étaient envahis par les fourrés, un cochon dépassant les 7 m de haut avançait d'un pas des plus ragaillardi. Charlotte avait toujours aimé les fumets et autres senteurs des bois, et à l'approche de tels paysages, l'impressionnant animal était des plus vifs et des plus curieux, humant à grandes respirations afin de débusquer glands et champignons. Bien qu'à contre coeur, Tristan la laissa vagabonder à loisir car après une telle route, elle pouvait bien souffler un peu!

Après un moment indéterminé, le cochon s'arrête brusquement, et sans un bruit. Une odeur a très clairement attiré son attention, et c'est avec prudence que Lolotte reprend la marche. Son propriétaire, lui, est monté s'équiper d'une brigandine couleur bordeaux, prendre son arbalète ainsi qu'une épée légère. On est jamais trop prudent! A son retour sur la terrasse en bois de la taverne, un vol de corbeau pouvait lui donner une idée plus précise de la direction, et ça n'augurait rien de bon.

A mesure que l'animal avançait, l'odeur de chair carbonisée se faisait de plus en plus forte, et pour cause, ils étaient arrivés sur les lieux d'un massacre récent. Le tavernier en armes fit stopper sa "monture". Loin de lui l'idée de descendre sans avoir vérifié les environs avant. Tandis que le jeune homme épiait les lieux, Charlotte se remit à renifler les environs avec insistance, comme si un fumet particulier retenait son attention.

"-Qu'est-ce qui va pas ma Lolotte? Tu as senti quoi?..."

[Shaommon Tayen]

Info OOC:

Shaommon neut pas le temps de finir ses prières pour les défunts que le sol se mit a trembler. Elle sentit d'abord les pulsions dans le bas du ventre pour ensuite remarquer la terre se raffermir autour des racines environnentes. La première chose qui lui traversa la tête fut que quoi que ce soit qui ait causé le carnage soit en train de revenir sur les lieux. Elle se morda langue pour ne pas sombrer dans la panique. C'est à ce moment qu'elle se rendit compte qu'elle s'était posée du côté de la clairière d'où vient le vent.

"Quelle idiote ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé ?! Vite, battre en retraite là où le vent ne portera pas mon odeur..."

Se souvenant de ses cours d'umbrokinésie, Shaommon contrôla son souffle et prit son temps pour se concentrer. Peu à peu, elle invoqua une image virtuelle de la hauteur d'un rocher, tout le long de la lisière de la forêt. Sur cette image elle appliqua un jeu d'ombre et de lumière qui permettrait de la cacher le temps de son déplacement.

"Pas le temps de jouer les virtuoses.. S'il vous plait, faites que l'illusion tienne le coup !"

Une fois le mirage mis en place elle sauta hors du renfoncement et se mit à courir. Son coeur battait la chamade. Dans la foulée elle s'apperçut qu'elle avait oublié son sac. Elle bondit de retour tout en s'efforçant du mieux qu'elle pouvait de ne pas cligner des yeux. Elle ramassa sa bandouillère et reparti de plus belle. Elle vit un arbre dont le tronc paraissait assez large pour la cacher.

"Si seulement il n'y avait pas tellement de feuilles mortes par terre !"

Juste avant de se mettre à couvert, elle vit du coin de l'oeil une énorme masse s'avancer dans la prairie. Son coeur s'arrêta le temps de deux souffles courts. La terreur la submergea. Elle n'osait plus regarder et entendait à peine la voix provenant de la clairière. Shaommon ferma les yeux et le mirage cessa d'être. Elle pria pour que le monstre ne l'ai pas remarqué. Elle tendit l'oreille et entendit:

"...Tu as senti quoi?"


Quelque chose clochait. Une curiosité enfouie en elle se réveilla; cette voix n'émanais décidément pas de l'abomination qu'elle avait remarqué pendant sa cavalcade. Cela la rassurait. En écoutant mieux elle distingua facilement deux bruits de pas distincts. Ses muscles se décontractèrent, ce n'est finalement pas ce qu'elle craignait.

"De toute façon, " pensa-t-elle, "cette bête est bien trop massive que pour mettre des bottes..."

Shaommon se retint quand même de marquer son soulagement. Elle ne connait encore rien des nouveaux venus et pour le peu qu'elle ai discerné de cette partie du monde et de ses habitants, ce ne sont que d'autres maraudeurs parmis les bandits. C'est alors qu'elle perçu que les pas du géant se rapprochait de l'endroit qu'elle venait de quitter.

"Décidément, cette chose a l'odorat fin. Ou est-ce que ça fais si longtemps que je n'ai plus baigné dans une rivière ?"

La curiosité l'emporta sur sa peur. Elle utilisa sa magie pour créer une surface étherielle afin de courber les rayons de lumière provenant de la clairière. Enfin, elle put contempler de plus près la créature qui lui avait autant filé la trousse.

"Oh ! Mais... C'est un grand, que dis-je, un énorme... Cochon ?! Un cochon de la hauteur d'une tour de garde..", elle réprima un rire nerveux, " Le pauvre, dire que je l'ai pris pour une atrocité ! Tout ce qu'il fait c'est renifler, et il à l'air d'apprécier..."

Se souvenant de la deuxième voix, elle tourna sa projection. Ce qu'elle vit la metta directement sur ses gardes. Un homme, grand et musclé avec le regard empli de tristesse et la démarche sûre. Bien que ses traits soient enfantins, elle devina derrière ce visage un passé tourmenté. Pour Shaommon, il ressembla a tous les autres hommes qu'elle ait rencontré. Soit ils furent des clients, interessé par seulement par son entrejambe et sa poitrine, soit c'était son maître, interessé seulement par son obéissance. Dans les deux cas, c'était toujours eux qui avaient le dernier mot.

Elle laissa le miroir à une face en place, cala son dos contre le tronc et resta assise à examiner la scène, ses pensées se bousculant en un brouhaha inextricable.

[Zodiac]

Sans se douter ni même se soucier de la présence de témoins, Shaligs examinait son précieux butin étendu sur une toile de jute au milieu d'une petite clairière à des centaines de mètres de là.. Il s'agissait de lingots de métaux, du plus commun au plus raffiné et résistant.. Si il avait pu sourire, il l'aurait sans conteste fait de toutes ses dents.. A la place, il laissa s'échapper un long jet de vapeur.. Saisissant un morceau de fer, il le plaça contre sa main afin de comparer la couleur.. Du métal du sud sans aucun doute, plus foncé.. Il entassa ses trouvailles et ficela solidement les quatre extrémités du tissu, créant ainsi un sac de fortune.. il se saisit de son prototype de hache-lame qu'il essuya dans les fougères..

Cette petite escapade avait été orchestré dans le but de récupérer ce métal, il se souvint alors des potins récoltés à la taverne, l'étude des cours boursiers, la bonne nouvelle d'une caravane de marchands qui devait arriver aujourd'hui.. Normalement, il n'aurait jamais exécuté les commerçants, mais le destin a fait qu'il n'eut d'autre choix.. De plus, les hommes-rats étaient réputés être les pires escrocs, c'était sans doute une bonne action de sa part après tout.. Et puis tout ce minerai.. Tout ce gachis qui allait être fait avec.. De vulgaires épées ou de vulgaires boutons dorés, il lança le sac sur son épaule et sangla le tout avec plusieurs lanières de cuir à son torse.. Shaligs jeta un regard en arrière, fier d'avoir orchestré avec brio une attaque de bandits.. Cependant il ne fallait pas traîner.. L'attaque de jour pourrait alerter des passants.. Il avait tout un tas de projets à finir, pas question d'attendre plus longtemps, il fallait qu'il retourne à Clantor coute que coute.. Néanmoins son fardeau était considérable, il était largement ralenti..

Ses yeux derrière le cristal devinrent rouges.. Quelqu'un était arrivé au site,  cela semblait regarder dans sa direction.. Il jura en silence et continua sa marche au milieu des fougères, laissant un sillage dont il n'avait pas conscience..

[Tristan Akasha]

Sa compagne de route avait montré une certaine appréhension tout le long du chemin, et à l'instant se montrait plus détendue. Tristan jeta un regard vers elle un bref instant et posa sa main sur son cou, à l'endroit où sa taille lui permettait d'atteindre, et y posa une légère caresse, signe qu'il avait bien senti son changement d'humeur, et un sourire vint émerger au coin de ses lèvres. Il pouvait compter sur elle, mais un léger bruit sec lui fit brusquement tourner la tête en direction de l'arbre. Etait-ce un animal? Ou bien l'humidité qui faisait travailler le bois?

Sa réflexion fut de courte durée, car très vite sa "monture" montra des signes d'énervement, reniflant à courte respirations en direction des bois. Un rapide coup d'oeil lui montra la voie : Une série d'empreinte de pas qui s'enfonçait plus loin dans les fourrés. Ne voulant pas mettre inutilement en danger sa bête, le jeune homme dirigea "Lolotte", comme il la surnommait affectueusement, vers la route principale avant d'inspecter un peu plus le lieu du massacre. Le feu était encore bien vif au centre du brasier, et avait encore de belle heures devant lui, et la fumée ne permettait guère de voir grand chose, si ce n'est que les brigands n'avaient pas fait dans la dentelle ou la rentabilité.

En effet, ici et là on pouvait voir quelques sacs de victuailles et de belles draperies saccagées. Un sac à bandoulière oublié derrière un buisson et certainement jeté par son malheureux propriétaire semblait même intact. Tristan s'en saisit et y trouva quelques rouleaux de parchemin et un livre soigneusement emballé. Il prit le sac en question et, toujours sur ses gardes, se dirigea vers sa taverne ambulante.

Un silence implacable, interrompu parfois par le bois qui sifflait et éclatait sous l'effet de la chaleur, régnait sur les lieux. Il n'avait aucunement l'intention de rester sur place, il n'était d'ailleurs pas payé ni équipé pour enquêter sur le drame. Après un rapide et dernier coup d'oeil, le voilà qui rejoint la Licorne haut perchée et s'empresse de remonter à son bord. Sa mine était assombrit par ce qu'il venait de voir, et malheureusement s'occuper des dépouilles lui était impossible, ce n'était pas prudent de rester en ces lieux.

"-Le mieux que l'on puisse faire c'est de rejoindre le bourg le plus proche et d'avertir ses habitants... Pauvres bougres..."

Dit-il en caressant la tête du jeune verrat, la progéniture de Charlotte qui se dorait au soleil sur la terrasse de la taverne. Et sans dire plus un mot, il émit un bref sifflement qui dictait à son cochon géant la marche à suivre : Quitter cette triste clairière.

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