Le vieux cercle de pierre

[Jolebo]

Dans une minuscule forêt où aucun chemin ne mène, et dont une clairière est le centre, se dresse un petit cercle de pierre que tout le monde sait hanté. Hanté, donc abandonné par les hommes qui ont toujours été sensibles aux rumeurs et aux dires. Il y règne un grand calme, et même les bruits de la nature semblent y être silencieux. Peut-être des âmes y rodent, peut-être est-ce seulement une impression, due à l'ambiance étrange qu'on y retrouve.

Le cercle de pierres fait moins de cinquante mètres de diamètre, et les pierres ont une hauteur d'à peu près un mètre. On dit qu'autrefois, des mages y invoquaient des monstres, et que des sorcières et convoquaient le Malin en personne.

Toutefois, aujourd'hui, même si le lieu est toujours abandonné, la plupart des origines de ces légendes ont été oubliées.

[Melkerah]

Uri était arrivée un peu par hasard dans cette clairière, quelques heures plus tôt, et l’ambiance inquiétante qui y régnait l’avait attirée pour la simple raison que personne ne viendrait la déranger par ici. Il faut dire que la jeune femme était plutôt bien assortie au décor inquiétant, avec sa peau livide et son air maladif. Ses yeux sombres et cernés cachaient cependant un esprit éveillé, que l’on pouvait deviner à ses mouvements vifs et presque silencieux.
De plus, elle ne croyait pas aux mauvais esprits. Après une longue marche sans pouvoir calmer un seul instant sa vigilance, un moment de paix était bienvenu, et la noctalienne s’assit en tailleur au pied d’une pierre. Laissant aller sa tête vers l’arrière, Uri tenta de faire le vide dans ses pensées en se concentrant sur sa respiration. Il lui fallut un long moment pour étouffer sa méfiance naturelle, mais elle put enfin laisser aller son esprit sans guetter la moindre vibration de l’air.
Elle se sentait incroyablement légère, presque comme si elle s’évaporait…

[Jolebo]

Un vent frais s'engouffrait dans la petite clairière quand Groshnak y mit son pied droit. Il hésita à s'engager dans cet endroit à l’apparence froid, et failli rester dans la forêt, au chaud. Mais enfin, qu'avait-il à perdre ? Personne ne venait ici, et ce n'est pas un simple vent qui l'arrêterait !

Il marcha donc dans l'herbe en direction du milieu du cercle de pierre, voulant traverser la clairière en son centre. Son apparence était celle d'un demi-orque pacifique. Oui, car pour un représentant de sa race, ne pas avoir d'épée ou d'armure sur soit, c'était plutôt inhabituel. Peut-être en cachait-il une dans son dos ? Non, non plus. Il n'avait pas quitté les vêtements que la famille de Mél lui avait passés, et s'en portait très bien. C'étaient des vêtements solides, mais pas très riches, et de couleur brune, type cuir. Il continua à avancer, humant l'air et oxygénant ses poumons au maximum. Rien de tel pour se concentrer.

Il ne s'attendait pas du tout à croiser quelqu'un ici, au fait. En encore moins à la trouver derrière la première pierre, à moins de deux mètres de lui. Il fit un bond en arrière, et bredouilla des excuses.
- Oh, euh, pardonnez-moi, je ne vous avait pas vue !

Autour d'eux, le même silence qu'à leur arrivée régnait. Leur rencontre dans un endroit aussi isolé relevait du hasard, ... ou du destin.

[Melkerah]

A peine l’inconnu avait-il commencé sa phrase qu’Uri se redressait, un peu perdue, essayant de se reconcentrer sur le présent. Elle toisa l’inconnu avec suspicion, et l’identifia comme un orque, ou peut-être un demi-orque, donc même son air avenant ne la rassurait pas. Rocahn lui avait parlé de la violence de cette race. Il ne semblait pas porter d’arme… Mais elle savait mieux que quiconque que les apparences peuvent être trompeuses. Portant discrètement une main à sa dague, Uri l’interrogea.

-Qui êtes-vous ? Et que faites-vous là ?

La jeune femme était prête à disparaître au moindre doute. Elle n’aimait pas cette situation, mais elle était intriguée. Plus elle observait cet orque, moins elle était convaincue que c’en était vraiment un. Un être de nature violente n’aurait pas cette expression sur le visage, et son regard lui inspirait même une confiance toute relative. Etait-il un bon manipulateur ou ses intentions étaient-elles sincèrement pacifiques ? S’était-il vraiment approché sans voir la noctalienne, ou cherchait-il à la piéger d’une façon ou d’une autre ?

[Jolebo]

- Je ... Hey, mais vous êtes super agressive !

L'orque recula d'un pas en levant le bras, et ouvrit grand la bouche, comme pour montrer qu'il était étonné. Puis il baissa les bras, fronça les sourcils, et répondit à la question.
- Je passais par là ! Et je suis Groshnak ! Et puis, aussi, je vous r'tourne la question !

Il avait parlé d'une voix mi-sympathique, mi-ironique, tel l'homme qui voulait prouver qu'il n'était pas là pour voler des bourses. Il ne put s'empêcher de jeter un regard curieux à la jeune fille, et ferma enfin la bouche, pour éviter de gober un insecte.

[Melkerah]

Après un petit instant d’hésitation, la voleuse se détendit et éloigna la main de son arme. L’attitude de l’homme (il semblait plus homme qu’orque) calmait sa méfiance, elle se sentait encore fatiguée, elle décida donc de prendre le risque de lui faire un peu confiance.

-Je m’appelle Uri, je me reposais.

Elle baissa le regard, un peu gênée.

-Pardonnez mes réflexes un peu… vifs, s’excusa-t-elle. J’ai été surprise.

Relevant le regard, elle fixa un instant le dénommé Groshnak, se demandant ce qu’elle devait faire. Allait-il maintenant s’en aller ? Curieusement, elle préférait qu’il reste un peu. La solitude, son habituelle compagne, commençait à lui peser. Elle tenta un petit sourire.

-Ce n’est pas courant de voir quelqu’un passer comme ça dans ce genre d’endroit, d’habitude les superstitions dissuadent les gens. Alors soit vous n’êtes pas superstitieux, soit vous êtes fou.

[Jolebo]

Le demi-orque se calma instantanément.
- Oh, je vois. Uri, c'est un nom que je n'avais jamais entendu.

Il sourit.
- Vous n'avez rien à vous faire pardonner, mademoiselle, il est normal que vous ayez été surprise. Les jours ne sont pas sûrs, et les hommes ne se font plus confiance.

Groshnak écouta la suite attentivement, sans cesser d'observer la jeune femme. Il fronça les sourcils un quart de secondes, et puis lui rendit un sourire enthousiaste.
- Ah, oui, je vous l'accorde. Mais je ne suis pas vraiment un demi-orque comme les autres. Toutefois, fou est un mauvais mot, et mon passé me dit que toutes les superstitions ne sont pas à prendre à la légère.

Son regard se fit distant, comme s'il était en train de se remémorer un passé lointain.
- Les gens qui ne se rencontrent pas dans les lieux faits pour que les gens se rencontrent, comme maintenant, on tendance à se fuir. Sans doute pour les mêmes raisons que nous avons été surpris de nous rencontrer ici. Toutefois, j'ai une vision bien particulière sur l'attitude à adopter lorsqu'on croise une personne sur sa route. En particulier lorsqu'elle ne vous chasse pas, et que même elle semble encline à échanger quelques mots avec vous.

Son regard repris sa brillance normale et se posa sur Uri. L'orque avait - pour ceux qui ne le connaissaient pas - quelque chose d'effrayant lorsqu'il réfléchissait. On aurait dit qu'il se coupait du monde pendant un instant, jusqu'à trouver une réponse à la question qu'il cherchait. Ici, il s'agissait de "comment rester un instant de plus avec cette personne nouvellement rencontrée". Sa réponse, il lui avait donnée.
- Alors, à moins que cela ne vous dérange, et en ce cas, n'hésitez pas à me le dire, je vais aller m'adosser à la pierre suivante. Je vous laisserai méditer ou vous reposer en paix, si c'est ce que vous désirez, tout en restant dans votre champ de vision - ça serait fort malpoli, sinon. J'aime beaucoup les nouvelles rencontres, et tant qu'à faire - encore une fois si ça ne vous dérange pas - je parlerai bien un moment avec vous.

Le demi-orque alla vers sa pierre, et ne put s'empêcher de décocher un bâillement. La nuit dernière avait été mouvementée, avec Shany, et la matin lui avait procuré un surplus d'émotion. Il devait en faire fi, et cet endroit était idéal.

Il s'assit, et ferma les yeux ...
- Hmm ... vous avez passé une bonne journée ?

Et il bâilla une nouvelle fois.

[Melkerah]

« Quel étrange individu » songea Uri.

Elle n’avait pas l’habitude qu’on la traite ainsi, son éducation y avait veillé, mais elle se surprit à sourire au demi-orque.

-Vous pouvez rester… Ce n’est pas souvent que j’ai l’occasion de parler.

Quand Groshnak bâilla, la noctalienne ne put s’empêcher de s’étonner qu’il lui fasse déjà suffisamment confiance pour se laisser aller à sa fatigue, sans qu’aucune circonstance particulière ne l’y oblige. Quelque part, elle songea qu’il ne lui prêtait pas attention au point de se soucier d’un éventuel mauvais coup de sa part, mais elle ne sut décider si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Cette question s’écarta toutefois quand il lui demanda si sa journée avait été bonne.

-Hmm… Pas vraiment, mais pas une mauvaise journée non plus. La marche n’est pas très divertissante. Et vous ?

La jeune femme se rassit dos à sa pierre et replia ses jambes contre elle. Elle jeta un coup d’œil au demi-orque, haussa les épaules, et laissa ses paupières se fermer.

[Jolebo]

- Ah, super ... j'ai quelque chose contre ce vent, mais c'est sans doute que je suis encore sous le choc de ma soirée d'hier.

Un voile de tristesse passa sur son visage, juste une fraction de seconde. Puis il reprit le sourire, voulant garder l'esprit sur Zaerod.
- Oh, vous avez marché ? Vous voulez m'en parler ? Je suis fort curieux. Bwah, euh, ... pour ma part, j'ai ...

Il prit une grande respiration.
- J'ai, ... comment dire, ... abandonné la fille que j'aimais. Je pense qu'elle comprendra, et que tout reviendra à la normale quand elle reviendra, mais ...

Soudain, il fut triste. Fort triste. Au point même de regretter, presque.
- Je ...

[Melkerah]

Uri attendit que Groshnak continue sa phrase, mais il ne dit rien. Elle ne savait trop que dire, les histoires sentimentales lui étaient totalement étrangères, mais elle essaya de comprendre ce qu’il pouvait ressentir.

-Pourquoi vous l’avez quittée ? Si vous l’aimez, j’imagine que la raison est importante.

La tristesse du demi-orque la touchait, mais elle ne savait comment le réconforter. Elle essaya
quand même.

-Si elle vous aime aussi, je suppose qu’elle vous pardonnera, surtout si elle comprend votre décision. Vous savez, moi aussi j’ai un être cher qui m’a abandonnée… Mais je suis sûre qu’il avait une bonne raison, et je le cherche sans repos depuis.

[Jolebo]

Groshnak n'avait pas vraiment prêté attention aux mimiques de Uri, parce-que son regard était rivé vers le vide, au loin, près des arbres qui entouraient la clairière. Dans son visage, on ne voyait ni sourire, ni étincelle. Ses lèvres prononçaient une tristesse non feinte. Sa voix était tremblante, et confirmait ce que son visage exprimait. Une grande peine.
- Shany a toujours été la chef, dans notre relation. J'ai essayé de lui faire comprendre que j'attendais plus d'explications quand elle prenait des décisions soudaines, et je lui ait dit que je l'attendrai ici, à Clantor. Mon coeur me dit qu'il lui est arrivé malheur, ou que ça ne saurait tarder. Je ne sais pas où elle est, et je ne connais personne qui pourrait savoir.

Il tira ses lèvres vers le haut, mais sans regarder la noctalienne. Il avait un sourire, mais son regard ne trompait personne, il n'était pas vraiment réconforté par les paroles de la jeune fille.
- Oui, elle me pardonnera sans doute. Vous savez, elle a l'esprit d'un enfant. C'est une des raisons pour laquelle je me suis attachée à elle. Elle n'a jamais perdu sa jeunesse.

Ses yeux brillèrent d'un éclat, pendant un court instant. Sa peine fut moins visible sur son visage, et enfin, il tourna la tête vers le jeune femme.
- J'aimerai vous aider à retrouver cette personne.

[Melkerah]

-Je vous souhaite de la retrouver, dit Uri après avoir écouté Groshnak.

Les regrets devaient être infiniment plus grands lorsqu’on avait soi-même quitté la personne que l’on veut retrouver. La tristesse sembla tout de même s’estomper un peu sur le visage du demi-orque.

-Si je dois trouver des informations, dit-elle, ça sera certainement parmi les grands érudits, ou alors les gens atypiques qu’il aurait étudiés… C’était un magicien, il cherchait le savoir avant tout. Je crois que c’est d’ailleurs pour ça qu’il m’a recueillie.

Uri laissa un instant dériver son regard dans le ciel, songeant qu’elle avait de la chance d’être une noctalienne, car sinon, jamais Rocahn ne se serait intéressé à elle… Mais elle secoua la tête, voulant rester dans le moment présent, avec cet être amical.

-Sans vouloir être indiscrète… Comment avez-vous rencontré cette Shany ?

[Jolebo]

[Ca va venir, hein, excuse-moi ! ]

[Jolebo]

Pour les gens, c'est très facile de souhaiter des choses à leurs semblables. Seulement, il est rare qu'ils prennent vraiment la peine de réfléchir à ce que ces choses impliquent, et ont tendance à espérer bonheur et joie pour eux. Cependant, quelle valeur ont ces mots, tellement souvent prononcés ? Sont-ils dits avec le coeur, ou poussés par une politesse, voire quelque chose de plus obscur, de plus secret ? Ces questions traversèrent l'esprit de Groshnak, rien qu'un instant. Il les chassa pour se concentrer sur le moment présent.
- Merci. Moi aussi j'aimerai qu'elle revienne ...

Son visage avait reprit sont apparence normale, même si le sourire qu'il aurait pu avoir était invisible. Il passa sa main droite sous ses yeux, pour essuyer un larme invisible, et posa ta tête contre le rocher, derrière lui.
- Je pense qu'à présent, Shany a eu le temps de réfléchir sur le pourquoi du comment j'ai refusé de la suivre. Elle doit s'en vouloir, et aura probablement envie de ... de me revoir. Pour, ... pour confirmer ses soupçons. Vous savez, Uri, on a beau dire qu'on est pas fâché, et donner des arguments convenables, quand on refuse de suivre la personne qu'on aime - et qui nous aime - ça crée beaucoup de mal. Elle doit penser que je ne l'aime plus, quelque chose comme ça, ... pourtant, c'est faux. Et je lui ai dit, avant de partir.

Il respira rapidement, et continua, pas encore satisfait de sa réponse :
- Le symbole de ne pas vouloir suivre son aimée suffit à faire penser qu'on ne l'aime plus. Pourtant c'est faux. J'espère que Shany est assez ... intelligente, assez passionnée de moi pour comprendre cela. Si ma décision la détruit, je m'en voudrais pendant longtemps encore.

Il regarda Uri pendant quelques secondes, et quand elle secoua la tête, crut voir un signe d'exaspération. Il dit :
- Je l'ai rencontrée dans une taverne, il y a ... très longtemps. L'histoire vous intéresse-t-elle ?

[Melkerah]

Uri essayait de comprendre ce que ressentait le demi-orque. Elle n’avait que les relations avec son père et Rocahn comme comparaison, et ça semblait loin de cela, mais elle pensait saisir un peu. Elle avait envie de comprendre ce dont il parlait, ça semblait important. Ses pensées semblaient sur le point de s’envoler, et elle commençait à avoir du mal à réfléchir, mais elle fit de son mieux pour se concentrer.

-Oui, j’aimerais l’entendre, répondit Uri sans trop savoir si elle commettait une impolitesse.

Elle tourna le regard vers Groshnak et attendit qu’il commence son récit.

[Jolebo]

[J'suis absent jusqu'au 7 juillet graaaaaand minimum. Ca peut durer jusqu'au 15 facilement.]

[Jolebo]

Groshnak leva les yeux et échangea un regard avec Uri. Il rabaissa son regard et se mit à parler. Son visage ne montrait plus de réelle expression, il avait pris celle de l'homme qui raconte une histoire dont il avait oublié les détails. Il semblait réfléchir tout en parlant.
- C'était dans une auberge, à Clantor, si mes souvenirs sont exacts ... Nous avons vécu tant de choses, que tout se mélange, ... Son amour était comme acquis, et voir que ce n'est pas forcément le cas, c'est perturbant, ...

Il laissa planer un instant de silence, comme pour montrer qu'il y avait encore beaucoup à dire, mais que ça faisait partie d'une autre histoire, d'une autre époque.
- J'ai toujours été assez social, et il me semble que c'est moi qui ai été l'aborder, alors qu'elle sirotait une boisson sucrée à une table, au centre de la pièce, éclairée par un rayon de soleil matinal.

L'orque leva les yeux au ciel quelques secondes, déglutit, et continua.
- En fait, l'histoire n'est pas bien passionnante, si on omet les détails que je ne peux pas raconter, et que vous ne pouvez pas imaginer tellement ils sont ... invraisemblables ...

Il regarda Uri, à nouveau.
- Nous avons parlé une bonne partie de la matinée, et puis, nous ne nous sommes plus quittés.

Il déglutit et rougit - pour peu que ça soit possible pour un peau-verte. Puis il plongea son regard plein d'intérêt dans celui d'Uri.
- Quelle est votre histoire, à vous ?

[Melkerah]

Uri avait écouté l’histoire du demi-orque avec intérêt, enviant presque l’éclat que semblaient avoir eu ces jours pour Groshnak malgré la situation actuelle du couple.

-Mon histoire ? Hum… Je crains qu’il n’y ait pas grand-chose à dire…

En réalité, elle hésitait à parler des siens, qui mettaient tant d’énergie à disparaître… Mais cet homme lui inspirait confiance et elle avait envie, quelque part, de raconter un peu son passé.

-Eh bien je suis née dans une famille de cambrioleurs nomades, avec laquelle j’ai appris beaucoup de ce que je sais faire aujourd’hui, je suis moi-même devenue une voleuse plutôt habile… Même parmi mes frères, plus âgés, j’étais considérée comme douée. Et puis un jour j’ai été voler un magicien réputé puissant, mais j’étais jeune et je ne connaissais pas ces gens. J’étais trop confiante en mes capacités, et il m’a piégée. Et malgré ce que j’étais et ce que je venais de faire, il m’a prise à son service. Il m’a fait découvrir une autre vie, il a même essayé de m’instruire, et en échange je lui obéissais. Aujourd’hui, ça fait deux ans qu’il a disparu, et je le recherche à travers Zaerod… Je n’ai jamais trouvé le moindre indice depuis.

Uri regarda Groshnak, un sourire un peu triste sur le visage.

-Nous sommes un peu dans la même situation d’une certaine façon.

[Jolebo]

Groshnak échangea le petit sourire avec Uri. Le sien aussi était empli de tristesse. Il ne savait plus trop quoi faire. Lui, le demi-orque qui avait réussi sa vie, qui avait toujours pris les bonnes décisions, était maintenant dans une impasse. Le fait qu'il soit éduqué, civilisé et sage ne lui conférait rien du tout s'il ne pouvait pas s'en servir pour être heureux.
- Voulez-vous que nous devenions amis ?

Une brise légère et plutôt froide s'était levée. Cela tira Groshnak de sa somnolence, et il fit mine de se lever, avec un regard à Uri, comme pour avoir son accord.
- Allons dans la forêt manger un bout, il commence à faire froid.

Il n'avaient pas beaucoup parlé, mais le temps était passé assez vite. Le soleil commençait à disparaître derrière des nuages nouvellement venus. La pluie menaçait.

[HRP] Désolé Melk' ... j'ai pris beaucoup de temps ...

[Melkerah]

-Amis… ? Euh, je… oui, balbutia la noctalienne.

Elle ne savait pas bien ce qu’impliquait cela, mais elle voulait apprendre. Elle fut gênée par son envie presque avide de faire confiance à Groshnak, mais après tout, à quoi bon se méfier éternellement, enfermé dans sa solitude auto-imposée ?
Ce ne fut que quand le semi-orque mentionna le froid qu’Uri en sentit la légère morsure, qui ne tarderait pas à forcir. Elle acquiesça à la proposition et suivit son nouvel ami sous le couvert sombre des arbres. Elle s’installa sur un tronc à terre et sortit quelques galettes de céréales.

-Vous en voulez ? proposa-t-elle.

Elle savait parfaitement que ces galettes manquaient sérieusement d’attrait, mais n’ayant rien d’autre… Elle espérait ne pas froisser Groshnak.

-Vous faites quoi dans la vie ? Vous avez un métier ? Comment vous gagnez votre vie ?

[Jolebo]

[Melkerah, tu es de retour ! Comme je suis content ! ]

Groshnak ne put s’empêcher de sourire devant le visage surpris de la noctalienne. En plus d’avoir été plutôt anticonformiste, le jeune demi-orque avait de surcroît réussi à créer un sentiment plus ou moins nouveau chez son interlocutrice. Tout du moins, en apparence. C’est vrai que la jeune femme n’avait pas l’air d’être une personne sociable et pleine d’amis. Pourtant, elle ne manquait pas de charme. Pendant quelques instants, le demi-orque resta songeur à contempler le visage de sa nouvelle amie, puis se ressaisit brusquement et la suivit sous le couvert des arbres, là où il faisait sensiblement plus chaud.

Il s’assit en face d’elle et lui lança un regard souriant, complice. C’est ce qu’il essayait de créer de prime abord : de la complicité. L’amitié s’en suivrait rapidement, pourvu que les deux êtres parviennent à se comprendre et s’apprécier.

Même si ce fut imperceptible, le premier regard que posa Groshnak sur les galettes fut teinté d’un soupçon de dégoût. Il est vrai qu’elles n’avaient pas l’aspect des pâtisseries de la ville, ni même du pain de campagne pourtant pas très ragoutant. Il se força à sourire, au début. Puis son sourire devint un vrai sourire, naturel et franc, que quiconque aurait reconnu comme tel. Il saisit délicatement une galette, l’observa sous tous ses recoins, et en prit promptement une bonne bouchée. Il ferma les yeux pour en aspirer le plus de goût possible, mais ne put masquer une très légère déception. Il est vrai que parfois, les apparences ne sont pas trompeuses.
- J’espère que vous mangez d’autres choses que ces galettes. Je peux vous offrir un repas, Uri ?

Il avait dit cela spontanément, ne se rendant compte que juste après que ça aurait pu paraître vexant. Il déglutit en espérant qu’elle le prenne bien.
- Je vous avoue que depuis ma mésaventure, je n’ai plus travaillé. J’étais sage, autrefois, mais j’ai également servi dans une cellule tactique de défense, dans une ville nommée [j’ai oublié le nom, ça reviendra -- ]. Après ces deux métiers, je suis parti à l’aventure, et les pactoles que j’ai rassemblés m’ont permis de vivre sans travailler par après. Je rendais service, et tentais de faire de ma vie une vie heureuse …

Son sourire avait disparu, et il plissa les lèvres un moment, formant une demi-grimace ne masquant pas totalement la nostalgie qui l’envahissait. Il leva les yeux vers Uri, qui était assise quelques centimètres plus haut que lui, sur la souche, et la dévisagea à nouveau. Dès qu’il senti qu’elle allait détourner le regard, il fit de même, comme pour lui envoyer un message de respect. Son teint rougit très légèrement, perdant son vert d’origine pendant une fraction de seconde ...

[Amyo]

Jasper arriva dans cet endroit étrange par un étrange hasard, un courant d´air assez puissant l´avait inconsciemment sorti de sa route.
Il aperçu deux personnes qui avait l´air en grande discussion, il s´approcha d´eux, l´air décontracté, et... s´étala de tout son long sur une racine d´arbre.

[Melkerah]

Uri, malgré son habitude bien ancrée des galettes de voyage, accepta avec plaisir le repas que lui proposait Groshnak. Elle comprenait le dégoût du demi-orque à vrai dire.
Elle écouta avec curiosité le parcours professionnel de son nouvel ami. Sage, stratège de défense, puis aventurier… Ça valait mieux que voleuse. Uri se sentit un peu honteuse par rapport à ça. Il semblait avoir eu une vie bien remplie jusqu’ici ! Elle espérait pouvoir en dire autant un jour.
Quand elle leva les yeux, sortie de ses réflexions, elle vit que Groshnak la fixait. Elle soutint son regard un moment, ne sachant trop comment le prendre, mais ne put s’empêcher de détourner finalement les yeux. A tous les coups elle s’était mise à rougir ! Elle regarda ses mains, n’osant plus lever les yeux. Décidément, les rapports humains étaient bien plus compliqués que l’art du cambriolage discret... Malgré, ou peut-être à cause de la gentillesse exemplaire du demi-orque, Uri se sentait totalement à côté de la plaque. Elle avait presque envie de disparaître ! Pourtant, elle était aussi très contente de se trouver avec quelqu’un comme lui. C’était rafraichissant pour quelqu’un qui s’était toujours limité à des relations totalement professionnelles, comme avec Rocahn…

-Au fait, vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous faites dans les environs, dit-elle en souriant timidement.

[Jolebo]

J'étalai sur mon manteau de bûcheron que je venais d'enlever les quelques denrées récupérées chez celui qui m'avait recueilli quelques heures plus tôt. Trois pommes, une miche de pain et un peu de fromage. Mon regard alla de nouveau vers les yeux d'Uri, à peine une seconde. Je détournai les yeux et demandai :
- Tu as un couteau ?

Il en fallait un pour couper le pain et le fromage. C'est étonnant que mon ami n'ait pas pensé à m'en fournir un ... peut-être un soupçon de méfiance enfoui.

Autour de nous, le vent avait continué a souffler.

[Zl]

Soudain , une brise gelée traversa la clairière et une forme humanoïde fantomatique apparue brièvement derrière Groshnak en prononçant :
- Toujours.
Un couteau splendide à la lame très fine et d'une teinte sans égal jonchait au pied de la brume devenue difforme .
On pouvait lire deux lettres gravé dans l'étrange matière de la lame : Z et L.

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