Re: Rencontre, naissance, et début de deux nouvelles vies.

[Melkerah]

Il fallut bien le couinement de Rexia pour que l'aînée regarde à ses pattes et aperçoive enfin la petite dragonne rouge. Ses yeux d'azur s'agrandirent comme si elle voyait là une véritable merveille, et elle se pencha, baissant son imposante tête au niveau de la toute petite dragonne, qui avait posé sa patte sur celle de Melkerah.
La dragonne d'émeraude resta quelques instants à observer Rexia, puis huma longuement son odeur, pour enfin lui donner un délicat coup de museau presque fraternel.

#Qui es-tu ? Où était ton œuf ?# demanda-t-elle avec une douceur qu'elle ne se connaissait pas elle-même.

Elle était extrêmement intéressée par la petite. Comment se faisait-il qu'elle avait quatre pattes en plus de ses ailes, alors qu'elle-même n'en avait que deux ? Cette couleur, rouge comme un soleil couchant, rouge comme le sang, rouge comme la rage du combat, c'était une teinte tout à fait noble, digne d'un Seigneur des Cieux dont elle s'était jusque-là crue la seule représentante en vie. Melkerah avait également toujours été bien plus trapue et massive, aussi loin qu'elle se souvienne, tandis que la petite rouge semblait souple et déliée et deviendrait sans doute une chasseresse d'une redoutable agilité...
Tout à coup, la grande verte prit conscience d'une autre odeur à laquelle elle n'avait pas prêté attention jusque-là... Une odeur d'humanoïde. Elle eut l'équivalent d'un haussement d'épaules : l'intrus n'oserait sans doute pas se montrer, et dans le cas contraire, Melkerah lui inculquerait le respect dû aux dragons, quel que soit leur âge et leur taille.



Depuis sa cachette, Jari dévorait la scène des yeux. Elle était partagée entre la terreur que lui inspirait la grande dragonne et la fascination que lui inspiraient ces deux merveilles scintillantes qui se découvraient...
Elle n'entendait pas les paroles de la dragonne vertes, qui ne lui étaient pas adressées, et se demandait même si son esprit ressemblait plus à celui d'un animal, comme un lion par exemple, ou à celui d'un être conscient comme celui d'un humanoïde. Rexia et son aînée ne se ressemblait qu'à peine, et la plus grande ne semblait pas accompagnée d'un dragonnier, alors comment savoir à quoi s'attendre ?
Au cas où, elle s'efforçait de garder son esprit près de celui de sa compagne d'âme.

[Rexia]

[center]Rexia pencha la tête sur le côté, une manière bien à elle, à la fois mignonne et clair, de montrer l'incompréhension : elle avait bien entendu les paroles de la grande dragonne verte résonner dans sa tête, en revanche elle n'avait pas saisie leur sens. Ce n'était pas comme avec Jari, où les pensées de la noctalienne se mélangeaient dans sa tête et prenaient la forme d'idée, ni des paroles, ni de vraies pensées... elle comprenait quand sa dragonnière lui parlait ainsi, parce que c'était comme si ces pensées venaient directement d'elle. En revanche, avec la grande dragonne verte, elle l'entendait réellement dans sa tête comme si elle lui parlait à voie haute. L'explication devait cependant être simple à deviner : Jari et Rexia étaient liées, en-temps que dragonnière et dragonne, mais entre Melkerah et Rexia, il n'y avait aucun lien particulier. Leur compréhension ne se faisait pas de manière aussi naturelle.

L'adulte ne pouvait se faire comprendre aussi facilement du bébé dragon, qui n'avait même pas encore vingt-quatre heures. Et même si elle l'avait comprise, elle n'aurait sue lui répondre... Rexia était encore beaucoup trop jeune. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était partager ses émotions avec elle, via la pensée... des émotions enfantines d’incompréhension, mais aussi d'admiration, presque comme si elle voyait en cette dragonne adulte celle à qui elle voulait ressembler plus tard. Le délicat coup de museau qu'elle lui donna plu grandement à la petite, qui oublia finalement les mots qu'elle n'avait pas compris, et se mit à sautiller sur place en poussant de petits cris joyeux.

La dragonne adulte était douce avec elle, donc maintenant, elle n'avait plus peur. Elle finit par se dresser sur ses pattes de derrière et posa celle de devant sur le museau de la dragonne verte. Elle se mit à lui câliner, et à lui donner des coups de langue sur le nez. C'était comme si elle avait une soudaine envie de jouer avec elle... ou alors, on pouvait presque avoir l'impression que la petite prenait cette adulte pour sa mère. Tiens, en pensant à cela, la dragonnette rouge se souvint d'une chose : ce n'était pas cette dragonne verte, qui avait assistée à son éclosion, mais la petite bipède. L'émotion de voir une version adulte d'elle-même devant-elle lui avait faite oublier sa dragonnière.

Alors elle quitta soudainement le museau de Melkerah et trottina vers là cachette de Jari, où elle savait qu'elle était toujours... elle sentait son odeur, ainsi que son esprit. Elle se mit à pousser de longs cris de dragonnette, faisant des gestes du museau, l'air de lui demander de venir la rejoindre. Ses yeux brillaient d'une lueur enfantine, l'air de dire "T'as vu ! J'ai trouvée une autre dragonne !".[/list]

[Melkerah]

Jari avait fini par se détendre en observant la rencontre, émue par le bonheur que cela avait procuré à Rexia. La fillette se sentait tout de même très fragile face à de telles créatures, et si sa petite dragonne rouge ne l'avait pas inquiétée auparavant, elle se rendait à présent compte de la puissance latente qu'elle possédait déjà.
Au bout d'un moment, où la noctalienne avait veillé à ne pas s'immiscer entre Rexia et son aînée, la dragonnette vint vers elle en trottinant gaiement et se mit à pousser de petits cris où l'on devinait déjà le futur rugissement adulte, puissant et majestueux.
La fillette comprit que sa compagne d'âme l'invitait à rejoindre la dragonne verte avec elle. Peu sûre d'elle, elle essaya de transmettre une question : la grande dragonne voudrait-elle de sa présence ? Mais en levant le regard, elle constata que les grands yeux bleus de l'imposante créature étaient déjà rivés sur elle, avec une expression que Jari interpréta comme de la défiance.
A ce niveau, rester cachée pourrait être irrespectueux. La jeune fille sortit de l'ombre des arbres et rejoignit Rexia, dont elle accueillit l'enthousiasme avec attendrissement, avant d'avancer vers la dragonne verte.


Melkerah était perplexe. La petite dragonne de rubis avait eu une attitude qui avait bouleversé la dragonne d'émeraude, qui n'avait jamais eu ce genre de rapports avec qui que ce soit auparavant, mais la voir à présent se rapprocher de l'humanoïde avec ce comportement si plein d'affection et de familiarité la laissa proprement stupéfaite. Elle-même avait passé la majeure partie de son existence à mépriser les petits humains et leurs semblables, et n'avait appris à les apprécier que depuis peu, et encore seulement quelques individus choisis. Mais comment cette toute petite dragonne s'était-elle retrouvée dans cette situation ?
La triste réalité était que Melkerah ne connaissait pratiquement rien de sa propre espèce, leur histoire, leur diversité lui étaient absolument mystérieuses. Elle ne savait que ce qu'elle avait appris du vieil ermite d'autrefois et ce que la vie lui avait permis de découvrir. Elle n'avait jamais entendu parler des Dragonniers.
Elle finit par comprendre que la ravissante créature de rubis ne comprenait pas les mots, même envoyés directement par l'esprit. Elle devait être très jeune et n'avait sans doute pas appris ces choses-là. La petite bipède, aussi malingre soit-elle, avait donc une certaine utilité en l’occurrence. Elle saurait sans doute éclairer quelques points pour Melkerah.
Mais d'abord, la dragonne d'émeraude devait absolument trouver de quoi se nourrir. Elle avait volé sans trêve deux jours durant et l'émerveillement de la rencontre cédait sa place à l'épuisement.

#Je vais chasser# dit-elle à Jari #reste ici avec cette dragonne, je reviens vite.#

Puis elle s'écarta, déploya ses puissantes ailes et prit son envol avec lourdeur, la faim et la fatigue atténuant momentanément la grâce de la dragonne.


Jari reçut avec stupéfaction les paroles de la grande dragonne verte. Elle hésita entre le sourire et la grimace inquiète ; une telle créature dotée d'intelligence pouvait sans doute être une alliée de poids, mais également un terrible ennemi. Mais elle se reprit de son mieux et traduisit les mots en pensées plus simples pour Rexia.

[Rexia]

Ce coup-ci, la petite dragonnette comprit, sans-doute parce que les mots venaient de l'esprit de sa dragonnière, et que leur lien lui permettait d'encore mieux lire dans son esprit que dans le sien... Rexia était tellement jeune que ses pensées s’emmêlaient, elle-même avaient parfois du mal à suivre... mais celles de la jeune-fille suivaient toujours des lignes normales... des lignes plus matures, tout-simplement, ne se laissant pas détourner l'attention par des bruits, des odeurs ou des mouvements particulier, et ne se posant pas deux-cents question en même-temps de penser. Elle comprit, donc, que la dragonne était partie se chercher de la nourriture, et qu'elle n'allait pas tarder à revenir... ce ne fut pas pour autant qu'elle fut contente de la voir partir.

Poussant à-nouveau ses rugissements rudimentaires de dragonnette, elle courut vers elle, mais, tendis qu'elle battait des ailes pour monter dans le ciel, elle fut happée par le courant de celles-ci et repousser en-arrière. Elle dut s'allonger sur le sol, les griffes plantées dans la terre, pour ne pas rouler sur elle-même. Ses ailes pendaient dans son dos comme deux voiles. Lorsque son petit corps ne fut plus soumis à la pression de la puissance des ailes de l'adulte, elle se releva, observant la grande dragonner verte partir... elle avait envie de l'accompagner.

Elle se mit à sauter sur place, imitant les mouvements de ses ailes, battant aussi fort qu'elle le pouvait... mais c'était tellement rudimentaire et tellement maladroit qu'elle ne créait même pas assez de courant pour coucher l'herbe à ses pattes. Elle sauta sur place, tenta même de s'aider en se dressant sur sa queue... elle ne réussit qu'à se faire mal. Elle continua à essayer jusqu'à ce qu'elle soit complètement épuisée... elle n'y arriverait pas, c'était certain, mais au moins, ce serait en essayant qu'elle apprendrait. Finalement, elle tomba sur le ventre, et abandonna l'idée.

Elle se redressa, assise, et regarda le ciel... elle n'arrivait même plus à voir le point vert lumineux de l'adulte qui s'en était allée. Elle savait qu'elle reviendrait, c'était déjà ça. En attendant, elle se dressa, et marcha tristement jusqu'à sa dragonnière, déçue d'avoir encore échouée à s'envoler. Elle se mit à lui câliner la jambe, à la recherche d'un peu de réconfort.

[Melkerah]

La fillette sourit quand Rexia vint se pelotonner contre sa jambe, toute penaude de n'avoir su s'élever à la suite de son aînée. Elle transmit à la dragonnette quelques pensées simples, racontant qu'elle-même n'était vraiment pas douée autrefois, mais qu'en grandissant et en s'entraînant, elle avait fini par devenir une bonne voleuse. L'exemple n'était sans doute pas le meilleur moralement parlant, mais Jari n'en avait pas d'autre. Elle dit aussi que la grande dragonne lui apprendrait peut-être comment devenir une vraie grande dragonne, et que bientôt Jari serait très fière de la voir s'envoler.



Au bout d'un petit quart d'heure, le point d'émeraude scintillante réapparut dans le ciel, visiblement encombré. La dragonne sembla grossir, grossir, au fur et à mesure qu'elle descendait, et bientôt on put discerner les deux biches qui pendaient de sa gueule. Elle se posa enfin, le choc de ses pattes sur le sol faisant retentir un coup sourd, et la grande créature revint près de Rexia et Jari pour poser son repas à proximité et ainsi parler tout en se restaurant.
Melkerah regarda la jolie dragonnette rouge, puis Jari, et dit à celle-ci :

#Elle peut partager si elle en a envie. Toi aussi d'ailleurs, puisque tu as l'air d'avoir son estime#

La grande dragonne verte s'étendit devant ses proies, laissant ses ailes déployées dans l'herbe pour leur permettre de se remettre du long vol qui l'avait amenée là.



Jari traduisit l'invitation de la créature d'émeraude pour Rexia et refusa poliment pour elle-même, puisqu'elle avait déjà sa nourriture. Elle exprima aussi à Rexia, par leur lien privilégié, la joie qu'elle avait de voir sa petite protégée aux écailles de rubis sous la tutelle d'une de ses semblables.


Après quelques larges bouchées, Melkerah redirigea son attention sur sa cadette. Elle pencha sa tête massive à sa hauteur et l'invita à approcher d'un mouvement du museau. Puis elle arracha quelques morceaux de chair choisis d'une des deux biches et le déposa pour la petite dragonne rouge.
Enfin, elle soumit Jari à un interrogatoire sur Rexia, son âge, son origine, comment elle avait été traitée... La petite noctalienne s'appliquait à transmettre à sa dragonne une traduction approximative de ce qui se disait, puisque ça la concernait.

[Rexia]

[center]Jari pouvait au moins se vanter d'être douée en une chose sans avoir eu besoin de temps, sans avoir eu besoin d'apprendre à le faire : celle de remonter le morale à sa petite compagne-d'âme. Tendis qu'elle lui parlait, Rexia s'imagina, un jour, être capable de suivre la grande dragonne verte dans le ciel... elle s'imagina, un jour, voleter autour d'elle, et suivre l'enseignement de cette puissante dragonne émeraude, qui lui apprendrait à voler, à chasser, et à faire tout ce qu'une dragonne se devait de faire... elle s'imagina que si elle en avait trouvée une, il devait y avoir d'autres dragons... il lui tardait que l'adulte lui en présente d'autres. Mais quand elle voyait tout-cela dans son esprit, elle ne s'imaginait pas le vivre toute-seule, et elle le fit savoir à sa dragonnière en la regardant dans les yeux et en lui envoyant ses propres idées de ses vols.

Dans son esprit, elle volait, mais pas seule : la noctalienne était là, sur son dos, perchée entre ses épaules, se tenant à ses cornes, comme sur le dessin dans le livre. Même après avoir rencontrée une dragonne sauvage, la petite bête ne pouvait imaginer sa vie sans sa dragonnière. C'était ainsi... elles étaient désormais liées à jamais, et ceux, peu importe ce qu'en pensaient les dragons sauvages. Et rien, si ce n'est la mort, ne pourrait jamais les séparer. Rexia aimait sa dragonnière autant que si elle était sa mère, et vu qu'elle l'avait faite éclore et qu'elle se devait maintenant de l'élever, c'était plus ou moins la vérité.

La petite dragonnette n'avait pas encore la notion du temps, surtout après avoir patientée deux-cent-cinquante ans dans un œuf, si bien que lorsque finalement, Melkerah revint au bout de seulement un quart d'heure, et bien elle courut vers elle, couinant de joie, comme si elles s'étaient quittées depuis plusieurs heures. Tendis que l'adulte commençait à manger, elle vint lui donné un gros coup de langue sur l'épaule, toute contente. Rexia avait déjà mangée une bonne partie de son lapin, aussi aurait-elle due être rassasiée... mais elle venait de naître, et elle était en pleine croissance... aussi, lorsque Melkerah l'invita à manger quelques morceaux qu'elle avait choisie, la dragonnette ne se priva pas et arracha de beaux morceaux de chaire... mais sa viande n'était pas ce qui l'intéressait le plus, chez la dragonne adulte...

Aussi se désintéressa-t-elle bien vite de ce repas, la faim temporairement cachée par le désirs de savoir. Et, tendis que sa dragonnière et la dragonne adulte se mettait à discuter d'elle, n'écoutant que d'une oreille distraite les explication de Jari, elle se mit à faire le tour de la dragonne. Dans un certain sens, elle l'admirait... elle admirait la parfaite courbe de ses ailes allongées sur le sol. Rexia avait commencée à un peu réussir à les faire tenir en place... mais, voulant lui ressembler, elle les lâcha et les laissa tomber sur le sol. Et elle continua à faire le tour de la dragonne verte, admirant sa taille, sa puissance... lorsqu'elle arriva derrière-elle, elle s'assit et s'amusa à imiter les mouvements de sa queue.[/list]

[Melkerah]

Melkerah suivait du coin de l’œil les moindres faits et gestes de la petite dragonne rouge, et comme elle avait appris de Jari tout ce qu'elle désirait savoir, elle se mit à agiter la queue sous le nez de sa cadette. Elle toucha même le museau de Rexia du bout de la queue.
Le tout sans cesser de se remplir l'estomac à grand renfort de craquements d'os qui faisaient pâlir Jari.

#Cette petite doit vivre comme un Seigneur des Cieux# dit soudain la créature d'émeraude #Elle n'a rien à faire dans ta fourmilière. J'y suis allée plusieurs fois, et il n'y a pas pire environnement pour un dragon, surtout de cet âge. Elle n'y retournera pas#



Jari resta pétrifiée par le ton catégorique de l'imposante dragonne verte. C'était impossible ! Rexia devait rester avec elle, elles ne se sépareraient pour rien au monde ! Elles étaient liées. Mais comment l'expliquer ? Sa petite dragonne rouge étant trop occupée à contempler son aînée, Jari prit son courage à deux mains et parla en leur nom à elles deux.

-Je suis désolée, grande dragonne, dit-elle, mais je crains que tu n'aies pas encore tout à fait compris le lien que Rexia et moi partageons... C'est une magie ancienne, qui n'existe presque plus aujourd'hui, c'est sans doute pour ça que tu n'en as pas eu connaissance. J'ai lu un livre à ce sujet, je pense donc pouvoir t'expliquer. En fait, l’œuf de Rexia aurait reçu une espèce de sort il y a longtemps, qui faisait en sorte qu'elle n'éclose que quand elle aurait trouvé la bonne personne. Et elle a éclos pour moi, elle a décidé que nos vies seraient liées. Je ne peux donc pas me séparer d'elle. Et je ne le veux pour rien au monde, je ferai tout pour elle...

Voyant que la grande dragonne dressait dangereusement la tête en retroussant les lèvres sur ses énormes crocs, la fillette se dépêcha de poursuivre :

-Attends, je crois que je me suis mal exprimée... Je sais bien que Rexia ne serait pas à sa place dans la ville, entourée seulement d'humains. L'intérêt que tu lui portes me fait très plaisir, parce qu'il n'y aurait pas meilleur tuteur que toi pour la guider dans sa vie de dragonne. Alors peut-être un compromis pourrait-il satisfaire tout le monde ? Rexia t'admire déjà énormément, et je suis sûre qu'elle sera ravie de passer du temps avec toi pour apprendre. Alors voilà ce qu'on peut faire : Rexia et moi restons ensemble, elle passera la nuit avec moi en ville, et nous viendrons te voir chaque jour. Et puis... Quand elle sera devenue trop grande pour vivre en ville... Eh bien elle saura nous dire ce qu'elle désire faire. Qu'en penses-tu ?

Jari croisa les doigts pour que la dragonne verte ne lui fasse pas payer son audace...



Melkerah était moins furieuse contre l'humanoïde que stupéfaite par ce que cette dernière venait de lui apprendre. Des dragons liés à des humains, de l'éclosion à la mort ? Quelle magie pouvait bien condamner d'aussi nobles créatures à une chose pareille ? Mais elle n'avait pas son mot à dire à ce sujet semblait-il, si le mal était fait et que Rexia était bel et bien liée à cette frêle créature, elle n'y pouvait plus rien.

#J'aimerais en savoir plus sur cette magie# dit-elle à la petite noctalienne.

La créature d'émeraude scintillante resta pensive quelques instants. Elle regarda à nouveau Rexia et la fixa longuement. Elle ne pouvait pas abandonner cette toute petite dragonne, sa seule et unique congénère, la première de ses semblables qu'elle rencontrait. Melkerah soupira.

#Très bien. Si Rexia est d'accord, nous ferons comme tu as dit. Nous nous retrouverons ici même. Mais je te préviens, humaine : si j'estime que cette dragonne n'est pas traitée comme il se doit, tu auras affaire à mes crocs. Explique-lui tout cela, je veux qu'elle écoute et qu'elle comprenne bien#



Jari s'efforça de capter l'attention de sa compagne d'âme pour lui transmettre les décisions qui venaient d'être prises et lui demander son avis...

[Rexia]

[Je ne sais pas si je te l'ai déjà signalé, donc je te le dis maintenant : excuse-moi d'avance si je te fais attendre le lundi et la mardi, et également parfois le jeudi, c'est parce que ce sont des jours où je suis au lycée. Je n'ai pas le temps, et le lundi soir, je reste à l'internat, je ne rentre que le mardi]

[center]Cela pouvait sembler être très anodin, comme jeu, mais la petite dragonnette rouge s'amusa beaucoup à imiter les mouvements de la queue de la puissante dragonne adulte... bien-sûr, elle avait toujours un train de retard, suivant d'abord la pointe de sa queue avec son museau, puis tentant de refaire le même mouvement, ce qui n'était pas simple avec sa queue de nouveau-né, encore un peu raide. Elle éprouva beaucoup de difficulté lorsque la queue de Melkerah se mit à frémir de colère à-cause de ce que lui avait dit Jari, au début. En outre, sans le savoir, c'était pour elle un jeu éducatif : en imitant l'adulte, elle apprenait ainsi toute-seule à connaître les mouvements de sa propre queue, à la bouger et à l'utiliser en balancier lors de ses mouvements et de ses vols. Son jeu la prenait tellement qu'elle ne vit pas le temps passer, et que sa dragonnière eut un peu de mal à avoir son attention...

Finalement, ayant un petit nuage d'agacement dans l'esprit, le bébé dragon accepta de s'arracher à sa contemplation de la queue de la dragonne émeraude, afin de se tourner vers la noctalienne et d'écouter ce qu'elle avait à lui expliquer. Rexia ne saisit pas, bien-sûr, toutes les nuances de cette histoire qui avait faillie créer une grande dispute entre les deux seules créatures en qui elle tenait déjà... mais elle comprit quand-même le minimum : elle allait pouvoir continuer à voir cette dragonne adulte, la journée, et elle pourrait rester auprès de sa dragonnière, elle dormirait avec elle la nuit.

Même si Melkerah avait voulue la contraindre à la suivre et à abandonner sa compagne bipède, la dragonnette ne l'aurait pas voulue, elle aurait couiné, elle aurait peut-être même tentée de se défendre, et elle aurait gaité la première occasion de s'enfuir pour rejoindre sa dragonnière, sachant la retrouver par instinct, en suivant le filament de ses pensées qui les reliaient. Elle aimait beaucoup cette dragonne adulte, elle la voyait comme un modèle, peut-être même comme sa mère... mais elle ne pourrait jamais aimer quelqu'un autant que Jari. Abandonner la jeune-fille lui serait aussi douloureux que de s'arracher le cœur de ses propres griffes, lui être retirée de force lui ferait autant de mal que de se faire écarteler. Et donc, apprendre qu'elle pourrait passer du temps avec elle-deux, qu'elle pourrait continuer à vivre auprès de Jari et voir l'adulte tout-les-jours... la dragonnette éclata de joie, sautant sur place et donnant des coups de langue sur le museau de Melkerah... et cela fut suffisant pour la terminer.

La journée n'était pas très avancée, mais elle avait déjà était longue, pour un bébé dragon d'à-peine vingt-quatre heure. Si ce n'était pas encore l'heure de dormir, la sieste était envisageable, pour elle. Apprendre, rencontrer, ses peurs et ses émerveillements... tout-cela lui avait pompée toute son énergie... elle s'assit un instant entre la noctalienne et la dragonne, dressa le museau et poussa un long et bruyant bâillement. Puis elle se leva et partit directement vers sa dragonnière. Elle s'allongea aux pieds de celle-ci, trouvant l'herbe soudainement très confortable, se lova en boule et ferma les yeux, commençant déjà à s'endormir. Sa queue s'était enroulée autour de la cheville de Jari et la serrait affectueusement.[/list]

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